dimanche 30 juillet 2017

836 Explication du mécanisme du féminicide

Un jour, un policier m'a dit que parmi les individus dangereux il ne craignait rien plus physiquement que les drogués en manque. « Ce sont les plus dangereux », m'a-t-il dit.

Chaque année des centaines de femmes meurent assassinées par leur conjoint ou ex conjoint ou homme qui les courtisait. Les assassins ont les profils les plus divers et se suicident souvent une fois leur crime accompli. Quelle est l'origine précise de cette hécatombe ? Mieux la connaître permettrait de prévenir et éviter au moins une partie de ces meurtres.

Il y a quelques années la femme qui était ma compagne me quitte. Quelques temps plus tard je suis chez elle pour récupérer des affaires à moi. Je suis ravagé intérieurement mais accepte cette situation. Après tout, mon ex compagne a parfaitement le droit de me quitter et choisir de faire sa vie autrement qu'avec moi. Je ne cherche pas à contester son choix, dont je souffre.

Il s'est passé alors un très bref incident très troublant et bizarre. J'étais pas loin de mon ex. J'étais triste. Elle, pour un motif que j'ai oublié, mais qui n'avait pas d'importance particulière, s'est trouvée à un moment joyeuse et franchement très gaie. J'étais debout et tenais dans ma main droite un objet assez lourd et dur. Et soudain l'envie claire, nette, ouverte et précise m'a traversé l'esprit de fracasser la tête de mon ex avec cet objet. J'ai été surpris d'avoir une pareille pensée, un tel désir même une fraction de temps extrêmement bref, mais largement suffisante pour mettre cette folie à exécution. J'ajoute que je suis absolument non violent et n'ai jamais de ma vie frappé ou insulté quelqu'un. Une telle impulsion criminelle est vraiment aux antipodes de ce que je suis et ai toujours été. J'ai aussitôt contré cette pensée par une autre, apaisante : « je ne suis pas quelqu'un qui se conduit comme ça. » La pensée méchante est partie et n'est pas revenue. Mais elle m'a donné une vision précise des auteurs de crimes passionnels, qu'on nomme à présent « féminicides ». Cet incident m'a tellement troublé que jusqu'à aujourd'hui je n'avais pas osé en parler. J'en avais même honte. Quand cet incident est arrivé, si j'avais été violent, alcoolique, drogué, aurais-je hésité à suivre cette impulsion criminelle ? Peut-être pas et je serais devenu un criminel. Comme je suis quelqu'un de très pacifique qui a néanmoins eu cette pensée folle, ça signifie à mon avis certainement une chose. Un tel comportement criminel subit peut affecter à l'occasion des personnes habituellement très pacifiques.

Très souvent, après avoir commis leur crime, les auteurs de féminicides se donnent la mort. Je n'avais pas commis ce crime. Mais par la suite, et durant des mois, j'ai été harcelé par l'idée suicidaire. J'ai résisté à cette autre folie. Mon médecin traitant m'a aidé par son écoute. Et puis, au bout d'une année entière, la tentation suicidaire s'est évaporée, comme si elle n'avait jamais été là.

Ces conséquences vécues d'une rupture m'interpellent. Il ne s'agit pas d'un état conscient, mais d'autre chose. Je ne prétends pas ici pour autant excuser ou justifier les assassins, mais analyser leurs motivations. En connaissant mieux la forme et le fonctionnement exact de leur démarche criminelle, on trouvera peut-être des éléments permettant de réduire le nombre de victimes. On appelle cette démarche en langage scientifique « profilage ». On profile les criminels.

La base de la démarche criminelle serait ici le manque d'endorphines. Cette drogue naturelle est auto-produite chez un homme au contact d'une femme. Il en est subitement privé. Alors sa réaction devient sanguinaire. Rappelons la pensée du policier citée au commencement de cette page. Le drogué en manque est le plus dangereux de tous les individus dangereux. Il est ici dangereux pour la femme au contact de laquelle il s’auto-droguait et pour lui-même. Cette constatation concernant la réaction au manque subit d'endorphines aidera-t-elle à limiter demain le nombre de victimes ? Je l'espère. Une campagne de prévention des féminicides devrait en tous cas en tenir compte.

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 juillet 2017

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