samedi 29 juillet 2017

835 Éveil, sommeil, addiction, éveil ou sommeil

Une dame bouddhiste m'expliquait l'autre jour que depuis des années elle pratiquait la méditation et rêvait de « parvenir à l'éveil » sans trop savoir ce que c'était.

L'éveil, nous le connaissons tous, quand, avant notre naissance nous acquérons progressivement nos différents sens. Cet état se prolonge un peu durant nos débuts post nataux. Ainsi, le nouveau-né ne découvre pas tout de suite que les choses qui s'agitent devant ses yeux quand il est allongé sur le dos sont ses propres membres, bras et jambes.

Et puis on commencera à nous stériliser. Sevrage tactile et répression de la créativité vont faire de nous des petits humains « civilisés et à part entière ». Fini, les jolies couleurs, les contacts chaleureux, faciles, fréquents et tactiles, on devient des humains refroidis.

Quand des années après survient le moment de notre vie où la reproduction devient possible, cette nouvelle fonction surgit dans un paysage de désolation. Depuis des années nous ne peignons plus avec de jolies couleurs, et le reste de notre vie a pris la couleur franche du gris civilisé. Nous avons appris à obéir et nous ennuyer.

Quand la sexualité adulte touche les garçons, vers l'âge de douze-treize ans, ils découvrent la masturbation masculine adulte. Et deviennent tout de suite ou presque accrocs au shoot endorphinien de l'éjaculation.. C'est une drogue pour eux, qu'ils consomment très régulièrement.

Ils vont étendre leur pratique masturbatoire à la recherche de partenaires dans lesquels ils chercheront à se masturber, pas à faire l'amour. Tout en étant convaincu de le faire. Préjugés et idées diverses conforteront leur démarche. Les garçons peuvent-ils s'éveiller un jour ? Certainement pas en continuant à se soumettre au sommeil de la raison avec la pensée unique patriarcale régnante.

Éviter de réfléchir devient un sport à pratiquer tous les jours. J'entendais hier raconter une histoire survenue à un Français habitant durant quelques années en Égypte. Une villa voisine de la sienne est habitée par une famille de Norvégiens. Il réalise un jour que ses voisins quand ils sont chez eux sont tous nus en permanence. Au lieu de se dire : « tiens ! Avec la terrible chaleur ambiante, ils ont raison, ces Norvégiens. Je vais faire comme eux ! » il se dit : « ce sont des Norvégiens, des mœurs norvégiennes ». Et comme il n'est pas Norvégien il se dit n'être pas concerné. Il évite de réfléchir et remettre ses habitudes en question. Il fait comme si les Norvégiens étaient des êtres à part.

C'est aussi là qu'on réalise le poids du conditionnement qu'on a subi. En 2013, j'ai décidé de rompre avec les vêtements. C'est à dire être nu le plus souvent possible seul chez moi sans choquer, ni déranger personne. Je m'élève intellectuellement contre la prétention de faire de l'état naturel baptisé « nudité » un état qui serait lié à « la sexualité ». Pour ne plus ressentir du tout ce lien, il m'a fallu trois années de pratique. C'est dire que je comprends que des personnes n'ayant ni cette démarche, ni cette manière de penser, ne puisse s'empêcher de suivre l'idée erronée que l'absence de vêtements est une situation « sexuelle ». Le conditionnement pèse sur les gens au moins autant sinon plus que les idées. Il est l'équivalent dans notre culture du dressage chez les animaux. Sauf qu'ici ce sont les humains eux-mêmes qui dressent d'autres humains.

Quand ce conditionnement ne prête pas à des conséquences douloureuses il est sans gravité. Mais c'est loin d'être malheureusement toujours le cas. Il en est ainsi de nombre de pratiques barbares souvent perpétuées par des victimes elles-mêmes, comme par exemple l'excision dans certains pays ou le viol rituel des très jeunes filles par les « hyènes » au Malawi.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 juillet 2017

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