Une dame bouddhiste
m'expliquait l'autre jour que depuis des années elle pratiquait la
méditation et rêvait de « parvenir à l'éveil » sans
trop savoir ce que c'était.
L'éveil, nous le
connaissons tous, quand, avant notre naissance nous acquérons
progressivement nos différents sens. Cet état se prolonge un peu
durant nos débuts post nataux. Ainsi, le nouveau-né ne découvre
pas tout de suite que les choses qui s'agitent devant ses yeux quand
il est allongé sur le dos sont ses propres membres, bras et jambes.
Et puis on commencera à
nous stériliser. Sevrage tactile et répression de la créativité
vont faire de nous des petits humains « civilisés et à part
entière ». Fini, les jolies couleurs, les contacts chaleureux,
faciles, fréquents et tactiles, on devient des humains refroidis.
Quand des années après
survient le moment de notre vie où la reproduction devient possible,
cette nouvelle fonction surgit dans un paysage de désolation. Depuis
des années nous ne peignons plus avec de jolies couleurs, et le
reste de notre vie a pris la couleur franche du gris civilisé. Nous
avons appris à obéir et nous ennuyer.
Quand la
sexualité adulte touche les garçons, vers l'âge de douze-treize
ans, ils découvrent la masturbation masculine adulte. Et deviennent
tout de suite ou presque accrocs au shoot endorphinien de
l'éjaculation.. C'est une drogue pour eux, qu'ils consomment très
régulièrement.
Ils vont étendre leur
pratique masturbatoire à la recherche de partenaires dans lesquels
ils chercheront à se masturber, pas à faire l'amour. Tout en étant
convaincu de le faire. Préjugés et idées diverses conforteront
leur démarche. Les garçons peuvent-ils s'éveiller un jour ?
Certainement pas en continuant à se soumettre au sommeil de la
raison avec la pensée unique patriarcale régnante.
Éviter de réfléchir
devient un sport à pratiquer tous les jours. J'entendais hier
raconter une histoire survenue à un Français habitant durant
quelques années en Égypte. Une villa voisine de la sienne est
habitée par une famille de Norvégiens. Il réalise un jour que ses
voisins quand ils sont chez eux sont tous nus en permanence. Au lieu
de se dire : « tiens ! Avec la terrible chaleur
ambiante, ils ont raison, ces Norvégiens. Je vais faire comme
eux ! » il se dit : « ce sont des Norvégiens,
des mœurs norvégiennes ». Et comme il n'est pas Norvégien il
se dit n'être pas concerné. Il évite de réfléchir et remettre
ses habitudes en question. Il fait comme si les Norvégiens étaient
des êtres à part.
C'est aussi là qu'on
réalise le poids du conditionnement qu'on a subi. En 2013, j'ai
décidé de rompre avec les vêtements. C'est à dire être nu le
plus souvent possible seul chez moi sans choquer, ni déranger
personne. Je m'élève intellectuellement contre la prétention de
faire de l'état naturel baptisé « nudité » un état
qui serait lié à « la sexualité ». Pour ne plus
ressentir du tout ce lien, il m'a fallu trois années de pratique.
C'est dire que je comprends que des personnes n'ayant ni cette
démarche, ni cette manière de penser, ne puisse s'empêcher de
suivre l'idée erronée que l'absence de vêtements est une situation
« sexuelle ». Le conditionnement pèse sur les gens au
moins autant sinon plus que les idées. Il est l'équivalent dans
notre culture du dressage chez les animaux. Sauf qu'ici ce sont les
humains eux-mêmes qui dressent d'autres humains.
Quand ce conditionnement
ne prête pas à des conséquences douloureuses il est sans gravité.
Mais c'est loin d'être malheureusement toujours le cas. Il en est
ainsi de nombre de pratiques barbares souvent perpétuées par des
victimes elles-mêmes, comme par exemple l'excision dans certains
pays ou le viol rituel des très jeunes filles par les « hyènes »
au Malawi.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 29 juillet 2017
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