lundi 3 juillet 2017

803 Se libérer de la sexualité

Depuis des siècles en France la société a prétendu nous dicter des impératifs dans notre vie intime dite « sexuelle ». Encore de nos jours notre Code civil indique que les époux se doivent soutien mutuel et « fidélité ». C'est dire que le législateur met ici son nez dans le slip des autres. Plus anciennement c'était pire. Julien et Marguerite de Ravalet, frère et sœur, furent accusés d'adultère et d'inceste. Et pour cela emprisonnés, torturés et assassinés légalement par décapitation le 2 décembre 1603 devant l'Hôtel de ville de Paris. La sœur venait d'accoucher. Le roi Henri IV aurait dit, selon le Journal du règne de Henry IV, Roi de France et de Navarre de Pierre de l'Estoile: « si la femme n'eût point été mariée il lui eût volontiers donné sa grâce, mais que l'étant il ne le pouvait ». Si ce propos rapporté est vrai, c'est une tâche indélébile sur la mémoire d'Henri IV.

Prétendument à présent « libérée » notre sexualité est toujours régie par des contraintes et des obligations à références variables, y compris « naturelles ». La plus étrange et très patriarcale prétend que l'homme aurait des « besoins ». Ceux-ci le conduirait à une sexualité permanente et frénétique. À la différence des autres espèces animales, de l'âge de la puberté à la vieillesse il aurait besoin de « faire l'amour » régulièrement. Ce qui se traduirait par la nécessité pour lui de trouver une ou plusieurs « partenaires » sexuels. Ce discours est un ramassis de mensonges.

S'inventer une faim artificielle est chose aisée. Les obèses ont faim, c'est connu. Alors ils bouffent trop, trop souvent et trop riche. Certains se lèvent même la nuit pour bouffer. Avec le sexe c'est pareil. On développe une boulimie sexuelle masculine et plus rarement féminine. On baise, ou on cherche à baiser. C'est-à-dire qu'on cherche non pas à « faire l'amour », mais on cherche à se masturber dans un orifice naturel de quelqu'un d'autre en croyant « faire l'amour ». Parvenir à se déconditionner de cette faim parasite et artificielle est une très grande libération.

Quand on se laisse intoxiquer par le discours régnant, non seulement on cherche à satisfaire artificiellement une faim artificielle, mais on s’intéresse de très près à la conduite des autres dans ce domaine. On se sent concurrent pour être meilleur et plus chanceux et heureux, voire on cherche à piquer les « conquêtes » des autres. On est irrémédiablement envieux, jaloux. Quand on a décidé de tourner le dos à cette triste comédie, les gesticulations sexuelles des autres, ou leurs amours effectives cessent de nous concerner. Une amie me disait tout dernièrement : « j'ai trouvé un fiancé ». Elle aurait pu tout aussi bien me dire : « j'aime les tartes aux fruits ». Je me serais senti autant concerné. Le fiancé ou les tartes aux fruits qu'elle mange, c'est sa vie. Ça ne me concerne pas.

Quand on est en plein intoxiqué par les discours de la société prétendant nous dicter notre comportement « sexuel », on s'encombre avec une tonne de « normes ». Ce qui est juste et bon en matière de sexualité, ce qui est injuste et mauvais en matière de sexualité. On en fait des discours, on énumère des normes, des éloges, des approbations, des condamnations, surtout énormément de condamnations. Quand on est libéré de la sexualité, on laisse de côté ces kilos de déclarations. Simplement on se dit : « quoi qu'il arrive, quel domaine que ce soit étant concerné, il faut toujours chercher à se respecter et respecter les autres. » De toutes manières, si on est incapable de savoir se respecter et respecter les autres, les normes et les règles les plus belles ne serviront pas à grand chose. Nous avons une tête, un cœur, une conscience, il faut y faire appel et savoir en profiter.

Libéré de la sexualité et ses normes impératives, on se sent bizarre au début. Les premières semaines on a l'impression de passer à côté de quelque chose. On est un peu comme un végétarien désemparé qui mange son fromage et ses légumes au milieu d'un festin de carnivores... Puis on s'y fait. Surtout quand on réalise à quel point sont souvent malheureux et malades les passionnés d'alimentation carnée.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 juillet 2017

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