mardi 30 mars 2021

1455 Joséphine

Joséphine princesse des légumes

Aux Saisonniers

Vend la verdure du printemps.

Je ne vois pas son visage

Dissimulé par un masque chirurgical.

J'aurais préféré

Un masque de Carnaval,

Pour l'inviter à danser

Aux très joyeux bals masqués.

On voit ses longs cheveux.

Son sourire est bien caché.

On sent sa bonne humeur,

Derrière le masque médical

Plus fait pour les belles infirmières

Que pour vendre les joyaux de la terre.

Joséphine n'aime pas son prénom.

Elle a un tas de surnoms

Dont j'ignore la composition.

J'aimerai les connaître.

Elle me les révélera peut-être

Quand je lui offrirai ce poème,

En rêvant aux jours meilleurs

Où sera restauré notre bonheur,

Festoyer, danser et chanter en chœur.

  

Basile philosophe naïf

Paris, le 30 mars 2021

samedi 27 mars 2021

1454 Rencontre avec l'Amour

M'étant levé de bon matin

J'ai trouvé une femme

Dehors, près de ma porte,

Vêtue d'une longue robe

Au tissage ancien,

Assise sur un banc de cristal,

D'opales et d'émeraudes.

Ses cheveux blonds dorés défaits

Tombant en cascade

Sur ses genoux.

Elle me regardait

D'un regard mystérieux,

Tranquille comme le sphinx

Au milieu des solitudes.

Ses prunelles

Ont capturé les miennes.

Ses yeux étaient bleus.

D'un bleu si intense

Que je me suis senti transpercé

Et incendié de l'intérieur.

Son regard rayonnait

Comme la foudre

Traversant le ciel étoilé,

Comme l'éclair

Annonçant l'orage,

Comme la pluie d'équinoxe

Lavant tout sur son passage,

Comme le vent du pôle

Effaçant le paysage

Sous la neige accumulée

Par l'hiver impitoyable.

Son regard était

Puissant et invincible

Comme la brume incendiaire

Et la flamme des volcans.

Devant cette créature mystérieuse

Et pourtant proche,

Je restais pétrifié.

L'apparition me fixait toujours

De ses prunelles d'acier bleui.

Elle me regardait à présent

Avec une tendresse infinie.

Et je me sentais

Totalement soumis

Et en accord

Avec sa présence bouleversante.

Je la percevais familière

Et pourtant venue d'ailleurs,

Amicale et inaccessible,

Nouvelle

Et venue depuis toujours.

Mais qui était donc

Cette femme inattendue

Au regard d'or

Et de profondeur marine ?

« Qui es-tu ? » Lui ai-je demandé,

Inondé par la tendresse soudaine

De la caresse de son regard.

« Je suis la sagesse de Dieu, »

M'a-t-elle répondu.

Et elle a disparu,

Laissant à sa place

Un pénétrant parfum

De lis et de roses,

Et une vaste corbeille de fleurs bleues.


Basile philosophe naïf

Paris, le 27 mars 2021

samedi 13 mars 2021

1453 Les larmes sacrées d'une maman

La seule fois où j'ai vu pleurer maman

C'était en évoquant ses deux enfants

Morts durant la guerre.

Et moi qui voyait ça,

Qui ne comprenait pas.

J'avais onze ans,

Et pour la première fois,

Et la dernière fois

Je voyais pleurer maman.

Ces drames sont arrivés

Durant la guerre.

Que de souffrances alors

Dans notre beau pays de France !

Causées par nos frères allemands

Momentanément devenus fous

En suivant un homme très méchant,

Venu d'Autriche nommé Hitler.

Combien d'enfants

Ont perdu leur mère,

Combien de mères

Ont perdu leurs enfants,

Dans les bombardements

De Dresde, Hambourg ou Berlin ?

La guerre est une horrible saloperie

Où tout le monde périt.

Célébrons la paix retrouvée !

Venez dans mes bras amis allemands !

Mes frères,

Pleurons ensemble

Les victimes des folies guerrières !

Et que l'aigle allemand

Et le coq gaulois

Ensemble, fraternellement

Viennent prendre un verre

Au bar de l'Europe,

Pour célébrer l'amour retrouvé

Pour toujours entre nos deux pays !


Basile philosophe naïf

Paris, le 13 mars 2021 3 h 56 du matin

 

1452 OK, ça roule !

Ok, ça roule !

 

Connaissez-vous Raouf

Et Djamel

 De Djerba ?

Ces poètes

De la bicyclette,

Sont venus de la Tunisie,

Au bord de l'eau,

Pour réparer

Et vendre des vélos.
Dans leur boutique,

Très sympathique,

A Paris,

Rue Pernety,

Ils ont tout ce qu'on aime

Même des tandems !

 

Basile, Paris le 24 avril 2006

jeudi 11 mars 2021

1451 L'armada des extravagants taxis parisiens

Dans le labyrinthe inouï

Des innombrables rues de Paris

Roulent inlassables,

Comme des milliers de fourmis infatigables,

Une cohorte, une escadre, une flottille, une armada,

De quinze mille taxis

Grands ou petits,

Noirs, verts, bleus ou gris.

A leur volant

Sont des hommes et des femmes

Qui courageusement gagnent leur pain

En transportant des clients

Étrangers ou parisiens.

L'un de ces taxis m'a demandé

Une poésie sur les taxis,

La voici.

J'ai eu mardi

La joie et le bonheur

De rencontrer deux chevaliers

Du pavé parisien,

Deux capitaines de la flotte capitale

Deux avisés et vaillants chauffeurs

Des taxis de Paris.

Ils rêvent parfois,

Tout en conduisant leur vaisseau amiral.

Et j'entends leurs pensées quelquefois.

Ainsi Mohamed rêve à Afsa

Sa petite lionne chérie

Qui a huit ans

Écrit de très jolies poésies.

Et une dame

Dont j'ignore le prénom

Rêve à ses trois filles.

Mohamed arpente les rues de Paris

Depuis quatorze ans

Au volant de son taxi.

La dame au prénom inconnu

Fait la même chose

Depuis seulement

Trois ans.

Il y a autant de rues à Paris

Que d'étoiles dans le ciel.

Alors, de temps en temps,

Les taxis,

Qui tous les connaissent toutes,

S'égarent un peu.

Pour se retrouver

ils s'arrêtent dans un lieu discret,

Descendent et vont chercher

Dans le coffre, où il est caché

Le Grand Taximètre, un télescope

Télescopique et très puissant

Qu'ils braquent sur le ciel étoilé.

Et en les cherchant

Trouvent les astres lointains,

Sirius et Aldébaran,

Qu'ils connaissent bien.

Qui vont leur indiquer

Où se trouvent précisément

Le carrefour Pleyel et la rue de Vaugirard,

A moins que ce ne soit

La rue du Chat-qui-Pète et l'impasse de la Voie-Verte.

Ce qui permet aux taxis parisiens

De retrouver, en catimini, leur chemin perdu.

Tous les ans,

Les taxis parisiens

Tous ensemble, très joyeux et à la queue leuleu

Partent en procession sur la Marne

En souvenir des taxis de la Marne.

Parmi eux, on remarque

Quelques tapis volants

Tous conduit

Par des taxis persans.

Des fois

Ils sont accompagnés

Par le fameux taxi éléphant

Commandé par son cornac enturbanné

Venu de Pondicherry.

Et une année sur trois

Ils sont suivi

Par le taxi en chocolat

Qui transporte les enfants sages

Qui en mangent la moitié.

J'ai bien vu toutes ces merveilles !

Vous ne me croyez pas ?

Vous avez raison,

J'ai beaucoup d'imagination !

Ce sont là des contes à minets,

Des fables pour chats.

Oh la la la !

Il est déjà dix-huit heures,

C'est le couvre-feu

Et il faut que je rentre le linge lavé

Mis à sécher

Dans mon jardin rempli de gras minets,

Des chats bien nourris, et des potes âgés,

Qui aux souris sourient !

Hep taxis !

Vous me ditent être rêveur

Et délirer en parlant des taxis ?

C'est bien possible,

Car je viens de passer

Mon permis de rêver !

Hep taxi !

Emmenez-moi

Sur les nuages roses du Paradis !


Basile philosophe naïf

Paris, le 11 mars 2021

jeudi 4 mars 2021

1450 Les Saisonniers

C'est la nuit

Dans la campagne endormie,

Pas un bruit

Si ce n'est

Le frôlement d'un mulot

Qui passe

Et se faufile

Dans l'ombre,

Ou le léger craquement

D'une branche lointaine

Piétinée par un sanglier.

Soudain, quelle symphonie !

Quel vacarme !

De partout

Un chœur ailé

Sonne subitement

De la Nature, le réveil !

Quarante-cinq minutes

Avant le lever du soleil,

Les arbres lâchent l'oxygène

Et les oiseaux se mettent à chanter !

La Nature indomptée

N'obéit jamais à l'homme.

L'Humanité peut disparaître,

Les oiseaux chanteront toujours.

Dans un million d'années

Les abrutis vaniteux

Qui veulent faire pousser

Des bananiers au Pôle Nord

seront oubliés

Et les perroquets

Rigoleront.

Sachons être sage

Et obéir à la Raison.

C'est ce qui arrive parfois

A ceux qui travaillent ici.

Ainsi il est un magasin

Qui vend des diamants

Et des lingots d'or.

Les diamants de la terre

Et les lingots d'or des vergers.

Les coffres-forts

Ce sont des cageots.

Ce magasin s'appelle « Les Saisonniers »,

Il est rue Pernety

A Paris,

Ces diamants

Sont des pommes de terre,

Ces lingots d'or

Sont des pommes.

Des pommes de terre

Et des pommes

Qui respectent la Nature,

Et la Nature les salue.

Aux Saisonniers

J'ai retrouvé

Le goût des pommes de terre

Et le goût des pommes.

Aux Saisonniers

On ne trouve pas

Les pseudo pommes de terre

Et les pseudo pommes,

Produits industriels

Fades et sans goût.

Aux Saisonniers

Non seulement c'est très bon

Et authentique,

Mais en plus

Ce n'est pas cher.

On y trouve le prix

Et la qualité.

Et l'accueil est excellent

Les vendeurs sont très sympathiques.

Courez vite

Faire vos courses alimentaires

Aux Saisonniers !

Et ramenez chez vous

Les diamants de la terre

Et les lingots d'or des vergers !


Basile philosophe naïf

Paris, le 4 mars 2021

lundi 1 mars 2021

1449 La gare du regard enchanté

A Paris,

Gare Saint-Lazare

J'arrivais en retard.

Mon train était parti,

Je devais attendre le suivant,

Une demi-heure.

Soucieux de savoir

D'où il partirait

J'approchais deux employés

Qui, ô bonheur !

Sur leurs uniformes

Affichaient l'inscription

« Informations aux voyageurs ».

J'abordais l'un d'eux.

Son uniforme asexué,

Le large masque

Qui couvrait son visage

Faisaient, chose étrange

Rendre inconnu son âge

Et son sexe.

A sa voix je compris

Qu'il s'agissait

D'une jeune fille.

Elle me regarda

Droit dans les yeux.

Je réalisais alors

Qu'elle avait

Les plus beaux yeux du monde.

Éclair dans la nuit profonde,

Vibration des sources magiques

Découvrant l'aurore d'un jour nouveau,

Chant des oiseaux saluant le soleil

Reflété dans la rosée du matin,

Souffle divin, lueur magique,

Clin d'œil du Paradis sur Terre,

Montrant la vérité infinie de l'univers,

Nous réconciliant en un instant

Avec nos vies uniques,

Inestimables et merveilleuses.

Jeune fille inconnue

Messagère de symphonie

De la beauté infinie du monde,

Tu m'as offert le rayon incendiaire

De ton âme de diamant et de neige,

Tu m'as confié un instant,

Un million d'années,

Le rayon anéantissant

Du feu prométhéen

De l'orage de tes pensées,

De la tendresse apocalyptique

De tes rêves les plus secrets,

De l'aura de tes songes fantastiques

Te découvrant en guerrière

Amazone des solitudes,

En nymphe inconnue gardienne

De la forêt égyptienne,

Séduisante et nue,

Au milieu d'un peuple d'hydres*,

Et de géants monstrueux.

En fée des marécages irlandais

Hanté par une grouillance de gnomes

Et de créatures inquiétantes

Mais bienveillantes.

Ta pensée nue et tes yeux

Belle inconnue

Était un monde dé feux volcaniques

Et de tempêtes océaniques,

Mon âme de poète a bondit

Sous la flamme de ton regard,

Et t'a écrit ce poème

Dédié à tous les employés

De la gare Saint-Lazare.

Ô toi, gare Saint-Lazare,

Tu resteras pour moi

Pour toujours et à jamais

La gare du plus beau regard

Où j'ai senti un instant

Le chant des comètes,

Le souffle des étoiles,

La perfection de Dieu

Et du concert des anges

Mêle au chœur des bienheureux !

Alleluia !

Gare Saint-Lazare

Tu es et resteras toujours

A jamais dans mon cœur !

Jeune fille inconnue

Merci de m'avoir transfiguré

Avec ton regard endiamanté !


Basile philosophe naïf

Paris, le 1er mars 2021


*hydre : sorte de dragon