Il y a une trentaine
d'années, je regardais une émission de télévision. Sur un plateau
on voyait se dérouler un débat avec une ex ballerine danseuse
étoile, qui avait fait vœu de perpétuelle virginité au sein de
l'église catholique. Cette femme ayant formulé ce vœu se
définissait comme étant une « vierge consacrée ». Face
à elle il y avait plusieurs interlocuteurs cherchant à la
déstabiliser. En même temps on les sentait gênés. Car leur
interlocutrice très jolie dégageait un sentiment de bonheur
extatique. On la sentait se sentir très bien dans la démarche
sexuelle qu'elle avait choisie.
À
l'inverse, je connais une femme qui m'explique qu'elle éprouve
souvent et franchement l'envie de faire l'amour. Chose qui n'arrive
pas, ce qui la déçoit fortement.
De ces deux dames aux
démarches contradictoires, peut-on dire que l'une a raison et
l'autre tort ? Qu'elles ont toutes les deux une démarche
légitime et différente ? Laquelle est plus proche du bonheur ?
Et qu'est-ce que le bonheur ?
Le bonheur corresponds à
un dégagement interne d'endorphines. Ce sont des drogues naturelles.
Dans une certaine mesure cette émission dépend de nous et pas de ce
qui nous arrive précisément. Ce qui signifie qu'on peut se rendre
heureux à priori avec n'importe quoi, dans n'importe quelle
situation. Il suffit de s'autosuggestionner que tout va bien pour que,
dans une certaine mesure, nous nous sentions bien.
Cependant, cette faculté
a ses limites. Déjà face aux contraintes de la réalité. Elles
pourront contribuer à nous délivrer du fantasme, du songe, de la
rêverie qui nous met en joie. C'est pourquoi il est préférable que
les conditions de vie que nous rencontrons correspondent vraiment au
bonheur.
Ce qui soulève la
question : existe-t-il un bonheur objectif, si oui à quoi
correspond-t-il ?
Si j'observe ces deux
dames aux démarches contradictoires, je ne peux qu'enregistrer leur
point de vue. Étant donné ses propos et l'impression qu'elle donne,
je peux penser que la première est heureuse. Et que la seconde
serait heureuse à condition de connaître la réalisation de ses
rêves.
Sinon, je peux aussi
considérer que ces deux dames sont des êtres humains ayant tous les
mêmes besoins précis. Que s 'ils sont satisfaits elles iront
tout à fait bien.
Là ma démarche
philosophique suscitera les hurlements de certains de mes
interlocuteurs. Comment ? Nous ne serions pas des êtres
parfaitement uniques, dotés de sentiments et réactions parfaitement
uniques ? Et bien non, nous ne sommes que la déclinaison
répétée d'une même demi personne : l'être humain homme ou
femme. Si nous parvenons à comprendre dans une mesure suffisante
comment elle fonctionne, nous pouvons significativement améliorer
notre vie.
Revenons aux deux dames
du début de cette page. Si ça se trouve elles éprouvent toutes les
deux la très banale réaction féminine hostile au harcèlement
sexuel des mâles obsédés en permanence par le coït mécanique.
L'une et l'autre sr défendront alors chacune à sa façon. La
seconde insistera pour affirmer une sexualité qu'elle ne vit pas.
Pourquoi ? Parce que les hommes qui l'attirent ne veulent pas
d'elle, pardi ! Comme par hasard ils seront tous dans ce cas. Ce
discours sexuel dissimulera un très banal rejet au nom de l'amour
des hommes baiseurs sommaires. Ce rejet sera fait par l'autre dame au
nom de Dieu. Deux démarches apparemment différentes, un même but.
Par derrière le mur des mots il faut savoir identifier la réalité
des intentions et des situations vécues. Ces deux dames fuient, évitent ou
repoussent les hommes harceleurs en brandissant chacune un drapeau
différent.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 26 juillet 2017
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