Angelo Fortunato Formiggini.
Publicité pour l'éditeur Formiggini à Rome, avec son emblème : la
louve romaine comique et bondissante
1.
En 1908, dans
La Secchia, premier livre qu'il a édité, Formiggini est caricaturé par A. Majani dit : Nasica
2 .
Angelo Fortunato Formiggini (
Modène,
21 juin 1878 – Modène,
29 novembre 1938) est un
philosophe et
éditeur italien,
juif,
franc-maçon,
antifasciste, ou mieux : « a-fasciste
3 ». Étudiant, il est
Espérantiste4. Et membre très actif des
ordini goliardici (
ordres goliardiques) et de la
Corda Fratres, dont en
1903 il préside le Consulat de Rome, puis l'importante section italienne
5. En
1907, passionné par l'humour, il présente à
Bologne une thèse
universitaire de philosophie sur la
Filosofia del ridere (Philosophie du rire).
En
1908, il fonde la maison d'éditions qui porte son nom. Qui publie en trente ans, de
1908 à 1938, plus de 700 titres, dont en particulier sa collection la plus célèbre :
I Classici del ridere (« Les Classiques du rire », 105 volumes de
1912 à
1938). Il crée la
Casa del Ridere (Maison du
Rire), bibliothèque et musée du Rire.
De
1918 à
1938, il édite le périodique mensuel culturo-bibliographique
L'Italia che scrive (L'Italie qui écrit), connu également par ses initiales :
ICS. En
1920, il crée l'
Istituto per la Propaganda della Cultura Italiana
(Institut pour la Propagation de la Culture Italienne), maison
d'éditions qui a vocation de réaliser la première grande encyclopédie
italienne : la
Grande Enciclopedia Italica (Grande Encyclopédie Italica). Le projet n'abouti pas suite à l'opposition du ministre
Giovanni Gentile. Qui est plus tard à l'origine de l'
Enciclopedia Italiana di scienze, lettere ed arti (dite : la
Treccani). En
1922, Formiggini crée une
Biblioteca Circulante (Bibliothèque Mobile) à
Rome, qui compte rapidement 40 000 volumes.
Sa famille, ses études et activités professionnelles, l'amènent à habiter à Modène, Bologne,
Gênes
et Rome. En 1938, il meurt prématurément et tragiquement à l'âge de 60
ans, poussé au désespoir et au suicide par les persécutions
fascistes.
Sa notoriété n'a pas dépassé les frontières de son pays. Ses écrits, rédigés surtout en
italien et aussi en
dialecte de Modène (it)6, n'ont jamais été traduits dans d'autres langues. Encore très connues en Italie jusqu'à la fin des
années 19307,
sa personnalité et son œuvre sont aujourd'hui largement oubliées du
grand public italien. Et ne sont plus connues que d'un nombre réduit de
spécialistes
8.
Ajout à l'article de
Wikipédia : il s'agit probablement ici de la toute première étude publiée en français sur ce philosophe. Je suis heureux de concourir ainsi à le faire connaître au public francophone. C'est une forte et attachante personnalité, un esprit libre et authentique. Qui aimait la Culture, le rire, la fête, sa famille, l'Italie et Modène.
Biographie
Les débuts dans la vie
Angelo Fortunato Formiggini est né le jour du
solstice d'été,
21 juin 1878 à Collegara, une banlieue de Modène. Après la naissance de
Sofia, Giulio, Emanuele et Peppino, il est le cinquième et dernier fils
de Pellegrino Formiggini et Marianna Nacmani
9.
Il appartient à une famille juive installée très anciennement à Modène.
Le plus ancien document connu attestant sa présence dans cette ville
remonte à l'année
1629. Les ancêtres de Angelo Fortunato sont originaires de
Formigine, d'où ils ont pris leur nom de famille
10. Les Formiggini, durant une période, ont été les bijoutiers de la
famille d'Este, puis sont devenu financiers
11.
Angelo Fortunato va d'abord à l'école à Modène
12. En
1889-
1890 et
1891-
1892, il est à
Milan, habite au
Convitto nazionale Longone (Pensionnat national Longone), et suit les cours du prestigieux
Ginnasio Parini (Lycée Parini). Ensuite, il va à Bologne étudier dans un autre établissement également prestigieux : le
Liceo classico Galvani (Lycée classique Galvani).
En
1894, il a seize ans et commence à écrire une autobiographie. Elle commence ainsi
13 :
- 1894 : 8 luglio, domenica. – Oggi, giorno in cui credo di aver
fatto una buona azione, ho deciso di cominciare il libro delle mie
memorie...
- (1894 : 8 juillet, dimanche. – Aujourd'hui, jour où je crois d'avoir
fait une bonne action, j'ai décidé de commencer le livre de mes
mémoires...)
La « bonne action » consistait dans le fait d'avoir sauvé la vie d'un
petit garçon nommé Bompani, âgé d'environ neuf ans, qui se noyait dans
le fleuve
Panaro, près du pont de Sant'Ambrogio
14 à Collegara près de Modène.
En
1896, Formiggini est expulsé du
Liceo classico Galvani (Lycée classique Galvani) pour avoir écrit, imprimé et diffusé à l'intérieur de l'établissement un poème satirique :
La divina farsa. Ovvero la descensione ad infernos di Formaggino da Modena (La divine farce. Telle est la descente aux enfers de Formaggino de Modène). Où, sur les traces de la
Divine Comédie de
Dante,
ils caricaturent ses professeurs et camarades de classe. Il se moque
également de lui-même par un jeu de mots, déformant ici son nom de
Formiggini en
Formaggino, qui signifie en italien : le fromage fondu. Il va poursuivre ses études secondaires au
Liceo Muratori (Lycée Muratori) de Modène.
Formation universitaire, ordres goliardiques, Corda Fratres
La
Casa Formiggini (Maison Formiggini), viale Margherita, siège estival de la
Corda Fratres à
Modène.
Ses études secondaires achevées, il s'inscrit à la Faculté de droit
de Modène. En plus de ses activités studieuses et culturelles, il est
très actif dans les
ordini goliardici (
ordres goliardiques, appelés aussi Goliardia),
sociétés festives et carnavalesques traditionnelles des étudiants
italiens. Il écrit en dialecte de Modène des poésies satiriques qu'il signe
Furmajin da Modna (Formiggini de Modène).
Il fréquente la
société festive bolognaise de l'
Accademia della Lira (Académie de la
Lyre). Qui lui donne l'idée de créer une société festive à Modène : l'
Accademia del Fiasco (Académie de la
Fiasque). Dans le cadre de cette académie, il mène des activités. Comme par exemple, faire procéder à la plantation d'un
figuier le
4 novembre 1899, à l'occasion de la traditionnelle
festa degli alberi (fête des arbres). Ce jour-là, Formiggini prononce un discours de louanges pour le figuier
12.
Formiggini doit interrompre ses études pour faire son service militaire. Il termine celui-ci avec le grade de
caporal. De retour à la vie civile, il présente le
27 novembre 1901, une thèse universitaire dont le sujet est :
La donna nella Torah in raffronto con il Manava-Dharma-Sastra. Contributo storico-giuridico a un riavvicinamento tra la Razza ariana e la semita
(La femme dans la Torah comparée au Manava-Dharma-Sastra. Contribution
historico-juridique au rapprochement entre les races aryenne et sémite).
Il affirme dans cette thèse qu'à l'origine les Aryens et les Sémites
étaient un même peuple. De nombreuses années plus tard, il a avoué qu'il
avait complètement inventé cette thèse, qui, incidemment, n'a même pas
été discuté.
En
1902, il déménage à Rome et entre à la Faculté des sciences humaines, où il suit les cours du grand philosophe
Antonio Labriola. Angelo Fortunato rejoint l'association festive et fraternelle étudiante internationale de la
Corda Fratres (les Cœurs Frères). Fondée en
1898 par
Efisio Giglio-Tos, cette association regroupe de très nombreux étudiants, dont un tiers des étudiants italiens.
En octobre 1902, on trouve Formiggini membre du Comité de la
Società Italiana per la propaganda della lingua Espéranto (Société Italienne pour la promotion de la langue
Espéranto4).
Il devient en 1903 le responsable du consulat de Rome de la
Corda Fratres. Et fait la connaissance à cette occasion de Emilia Santamaria, qui l'assiste comme secrétaire
15. En juillet 1903, il est élu président de l'importante section italienne de la
Corda Fratres5.
La
Casa Formiggini (Maison Formiggini), viale Margherita, est le siège estival de la
Corda Fratres à
Modène16.
Le 19 septembre 1906, il épouse Emilia Santamaria. Et retourne à Bologne où il s'inscrit à l'
université. Le 28 juin 1907, il y passe son deuxième diplôme, cette fois-ci en philosophie, avec une thèse sur la
Filosofia del ridere (Philosophie du rire). Où il affirme que le rire rend fraternellement solidaire les hommes. Et que l'humour est
la massima manifestazione del pensiero filosofico (la plus haute manifestation de la pensée philosophique).
La Franc-maçonnerie
Angelo Fortunato Formiggini intègre la
Franc-maçonnerie italienne.
Le 20 février 1904, il atteint le grade de
Maestro massone (maître maçon) dans la loge maçonnique romaine
Lira e spada (Lyre et épée)
17.
Les débuts dans l'édition
Couverture de La Secchia... (Le Seau...), première ouvrage édité par Formiggini.
L'activité éditoriale de Formiggini débute le dimanche
28 juin 1908, à l'occasion d'une joyeuse
Festa mutino-bononiense
(Fête modéno-bolognaise) qu'il organise à Fossalta (et qui devait
initialement se dérouler le 31 mai précédent). Elle est sensée célébrer
le poète modenais
Alessandro Tassoni et « l'amitié renaissante entre Bologne et Modène ». À l'occasion de cet événement, il édite à ses frais deux livres :
- Un recueil bouffon de 88 pages intitulé : La Secchia, contiene sonetti burleschi inediti del Tassoni e molte invenzioni piacevoli e curiose, vagamente illustrate, edite per la famosa festa mutino-bononiense del 31 Maggio mcmviii18
(Le Seau, contient des sonnets burlesques inédits de Tassoni et
beaucoup d'inventions agréables et curieuses, vaguement illustré, édité
pour la fameuse fête modéno-bolognaise du 31 mai 1908), ouvrage
illustré, avec une préface d'Olindo Guerrini. Il commence par citer François Rabelais :
« le rire est le propre de l'homme ». Et regrette ensuite qu'il soit
plus aisé de trouver la douleur que le rire. Le livre contient quelques
écrits de Tassoni et des textes et dessins comiques d'auteurs
contemporains de l'édition, dont Formiggini. Qui écrivent en italien et
aussi en dialecte de Modène ou de Bologne. Un des textes est signé par
Formiggini Formaggino da Modena (Formaggino de Modène), reprenant le jeu de mots avec son nom et le fromage fondu déjà fait par l'auteur en 189619. Le titre La Secchia fait référence au recueil de Tassoni La Secchia rapita
(Le Seau enlevé), qui est une parodie des procédés de la poésie épique.
Tassoni y chante en vers burlesques une querelle survenue au XIIIe siècle entre Modène et Bologne au sujet d'un seau en bois d'un puits qui finit par rester au pouvoir de Modène.
- Le second ouvrage publié par Formiggini compte 510 pages et s'intitule : Miscellanea
tassoniana di studi storici e letterari, pubblicata nella festa della
fossalta, 28 giugno 1908. A cura di Tommaso Casini e di Venceslao Santi.
(Mélange tassonien d'études historiques et littéraires, publié durant
la fête de la Fossalta. Sous la direction de Tommaso Casini et Venceslao
Santi20.) Ce volume présente des essais critiques sur Tassoni écrits par certains des meilleurs spécialistes de l'époque, tels que Giulio Bertoni, Ludovico Frati, Arrigo Solmi, Albano Sorbelli. Il est préfacé par Giovanni Pascoli, poète et auteur des paroles de l'Hymne de la Corda Fratres.
La fête a la prétention de célébrer sur les lieux de l'affrontement entre Bolognais et Modénois lors de la
bataille de Fossalta le
26 mai 1249
la renaissance de leur amitié. Cet événement, intervenant 659 ans après
la bataille, est bien sûr parfaitement imaginaire. Et un prétexte
trouvé pour une fête bien dans l'esprit des plaisanteries et canulars
des
ordini goliardici (ordres goliardiques) et de Formiggini. Qui habite Bologne et vient de Modène. Et a donc des liens avec les deux cités.
Formiggini raconte ainsi, de façon comique, ses débuts cette année-là comme éditeur :
un
bel mattino di maggio, nel 1908, svegliandomi mi accorsi che avevo le
mani come prima, il naso come prima, tutto come prima, pur essendo
completamente diverso: non ero più uno studioso, ero diventato un
editore (un beau matin de mai, en 1908, en me réveillant j'ai
réalisé que j'avais les mains comme avant, le nez comme avant, tout
comme avant, mais pourtant j'étais complêtement différent : je n'étais
plus un étudiant, j'étais devenu un éditeur).
La maison d'édition
A.F. Formiggini - Editore (A.F. Formiggini
- Éditeur) a dans un premier temps son siège à Bologne et Modène. Mais,
dès la fin 1909, elle est basée uniquement à Modène. Au nombre de ses
premières publications, témoignant de l'intérêt et l'amour qu'il porte à
sa ville natale, Formiggini écrit et publie en
1910 un
Piccolo guida e Indicatore di Modena (Petit guide et Indicateur de Modène) qui fait 99 pages.
L'éditeur développe une intense activité dès ses débuts : 6
publications en 1908, 16 en 1909, 19 en 1910, 31 en 1911. Et jusqu'à 52
publications en 1913, qui restera son record de publications annuelles.
Les publications philosophiques
Formiggini est autant passionné par l'opéra comique qu'intéressé par la philosophie. Il crée la collection de la
Biblioteca di filosofia e pedagogie (Bibliothèque de philosophie et pédagogie), et dans celle-ci les
Opuscoli di filosofia e pedagogia (Opuscules de philosophie et pédagogie). Il édite les actes du congrès national de
Parme de la
Società Filosofica Italiana (Société Philosophique Italienne) qui a lieu en 1907
21 et la
Rivista di Filosofia (Revue de philosophie), organe officiel de cette société de 1909 à 1918.
En 1911, à Gênes, Formiggini publie les
Atti del IVe Congresso Internazionale di Filosofia, Bologna 1911 (Actes du
IVe Congrès International de Philosophie, Bologne 1911) auquel ont notamment participé avec d'importantes contributions
Henri Bergson,
Émile Boutroux,
Benedetto Croce,
Émile Durkheim,
Federigo Enriques,
Paul Langevin,
Wilhelm Ostwald,
Giuseppe Peano,
Hans Vaihinger.
En tout, trois volumes de grand format de plus de quinze cents pages,
qui comprennent des essais écrits par de très grands philosophes de
l'époque, au nombre desquels « L'évolution des Lois » d'
Henri Poincaré et « L'intuition philosophique » d'Henri Bergson.
La collection Profili (Profils)
En
1909, la maison d'éditions Formiggini lance la collection
Profili (Profils) avec une monographie de
Sandro Botticelli rédigée par I. B. Supino. Suivront 128 autres, parmi lesquelles :
Darwin,
Galilée,
Archimède,
Newton,
Karl Marx,
Martial,
Giordano Bruno,
Jésus-Christ,
Saint Paul,
Saint Augustin, un
Arioste écrit par
Benedetto Croce, un
Hegel écrit par
Giovanni Gentile et un
Sarpi écrit par
Roberto Papini.
La dernière monographie éditée sera celle de
Gabriello Chiabrera, parue en
1938. Le choix de ce dernier, brillant intellectuel et poète chassé des
États Pontificaux, puis par la suite banni de sa ville,
Savone, n'est peut-être pas étranger à la pesante atmosphère de persécutions que connaît alors Formiggini.
Le but de la collection
Profili (Profils), comme le dit le texte de présentation de son premier numéro, est de faire paraître : de
[...]
graziosi volumetti elzeviriani [...] non aridi riassunti eruditi, ma
vivaci, sintetiche e suggestive rievocazioni di figure attraenti e
significative [...] soddisfano il più nobilmente possibile all'esigenza,
caratteristica del nostro tempo, di voler molto apprendere col minimo
sforzo […] (de gracieux volumes imprimés en
caractères elzéviriens,
avec non pas d'arides et savants résumés, mais des évocations vivantes,
attachantes et concises, satisfaisant le plus noblement possible à
l'exigence caractéristique de notre époque de vouloir beaucoup apprendre
avec le minimum d'efforts).
La période génoise
Le bon accueil reçu par ses publications encourage Formiggini à
augmenter la taille de sa maison d'édition et le nombre de ses
publications. Cette activité accrue entraîne un déménagement à
Gênes en
1912. Il crée alors la collection
I Classici del ridere (Les Classiques du rire), son plus grand succès éditorial. Qui sera, selon sa définition dérivée d'un célèbre dicton en
dialecte romanesco :
er mejo fico der moi bigonzo (le meilleur fruit de ma récolte
22 ). Le premier volume des Classiques du rire sera la
Prima giornata del Decameron (la « Première journée du Décaméron ») de
Boccace. Suivront
le Satyricon, de
Pétrone,
Gargantua, de
Rabelais,
Gulliver, de
Jonathan Swift,
l'Âne d'or, d'
Apulée,
l'Heptaméron, de
Marguerite d'Angoulême, etc.
Formiggini est partisan de l'entrée en guerre de l'Italie durant le
conflit mondial débuté en
1914. À l'annonce de la déclaration de guerre de l'Italie à l'
empire austro-hongrois le
24 mai 1915,
il abandonne précipitamment famille et maison d'édition. Et part
s’enrôler dans l'armée italienne comme volontaire, laissant un seul
message à son entourage qu'il n'a pas prévenu :
Parto ! Non posso dirvi nulla. Fate quello che potete ! (Je pars ! Je ne peux rien vous dire. Faites ce que vous pouvez
23 !)
Il est au front avec le grade de capitaine de mai
1915 jusqu'à son renvoi de l'armée pour
infermità (infirmité) en mars
1916.
Quelques Classici del ridere (Classiques du rire)
L'installation à Rome
Couverture du numéro de février
1933 du périodique mensuel
L'Italia che scrive (L'Italie qui écrit).
En
1916,
Formiggini fait un grand héritage qui lui permet de quitter Gênes, où
il n'a jamais été à l'aise. Sur l'insistance de sa femme, il déménage à
Rome. Et va habiter un grand appartement sur la
colline du Capitole. Le siège de sa maison d'édition se trouve à présent près de la
piazza Venezia.
Le
1er avril 1918, Formiggini prend une initiative particulièrement moderne et originale pour l'époque. Il publie :
L'Italia che scrive. Rassegna per coloro che leggono. Supplemento mensile di tutti i periodici
(L'Italie qui écrit. Présentation par ceux qui lisent. Supplément
mensuel de tous les périodiques). Il s'agit du premier numéro du
périodique mensuel culturo-bibliographique
L'Italia che scrive (L'Italie qui écrit), connu également par ses initiales :
ICS.
Cette publication, que Formiggini poursuivra tout le long de sa
carrière jusqu'en 1938, se charge d'informer les lecteurs des nouveautés
en librairie. Comme le dit Formiggini, l'
ICS s'occupe de
« toutes les principales questions inhérentes à la vie du livre italien
parce qu'elles sont essentielles pour la vie spirituelle de la nation » (
tutte
le principali questioni inerenti alla vita del libro italiano in quanto
esse sono essenziali alla vita spirituale della nazione).
En
France, dès le
15 novembre 1919, José de Berys note, dans un article consacré à
L'Accord interscolaire Franco-Italien, paru dans
La Nouvelle Revue24 : « Déjà, l'Italie possède un excellent périodique d'information de librairie et de bibliographie, l'
Italia che scrive, dû à l'activité ardente et désintéressée de M. Formiggini. »
En vingt ans, de 1918 à 1938,
L'Italia che scrive recense 13
124 livres, annonce la parution de 52 434 autres et publie 1152
articles. Le tirage moyen de la revue est de 15 000 exemplaires, avec
des pointes à 20 000 et des creux à 11 000
25.
L'installation à Rome donne l'occasion à Formiggino d'adopter comme emblème de sa maison d'édition une
louve romaine
comique et bondissante. Un des deux jumeaux assis sur son dos tenant
une immense plume symbole de l'écriture. L'autre étant en train de
dégringoler du dos de la bête.
Formiggini et les bibliothèques
Formiggini attache une grande importance au développement des
bibliothèques publiques et populaires. Et fait de nombreux dons de
livres à la
Bibliothèque Estense de Modène et à la Bibliothèque de l'
université de Gênes.
Parallèlement à son activité éditoriale, il constitue une bibliothèque et musée de l'humour, baptisée la
Casa del Ridere (la « Maison du Rire »), récoltant tous les matériaux relatifs au rire : livres, revues, estampes, tableaux.
Sa première expérience comme promoteur de la bibliothèque publique se passe durant la
Grande Guerre.
Il participe avec ferveur à la création de bibliothèques de camp,
créées pour les soldats. Son implication est révélée par une lettre
adressée aux « commilitoni » (compagnons d'armes) en 1916 et dont la
copie est conservée dans ses archives
26. Cette lettre accompagne l'envoi de quatorze caisses de livres fait par son alors très jeune maison d'éditions.
En 1922, de façon liée à son initiative de fonder la revue
L'Italia che scrive (L'Italie qui écrit), Formiggini crée à
Rome une
Biblioteca Circolante (Bibliothèque Mobile) qui compte rapidement 40 000 volumes. Chose que Formiggini précisera à plusieurs reprises.
Un examen rapide du catalogue confirme le caractère généraliste de cette bibliothèque
27.
On y trouve des livres pour tous les types de lecteurs. Depuis des
romans contemporains jusqu'à des livres d'histoire, économie, sciences,
philosophie et les auteurs classiques grecs et latins. Une partie du
catalogue est liée à l'actualité de l'époque, avec beaucoup de livres
sur la
Grande Guerre. Mais, on trouve aussi des ouvrages comme les
Mémoires de guerre de
Winston Churchill ou
Ma vie de
Trotski. Des livres écrits par des auteurs classiques italiens et d'autres pays :
Manzoni,
Walter Scott,
Balzac,
etc. La majeure partie des romans et recueils de poèmes ont un lien
avec l'actualité, avec des œuvres de Salvator Gotta, Nino Salvaneschi,
Ugo Ojetti,
Antonio Beltramelli,
Lucio D'Ambra et d'autres contemporains italiens. Le catalogue comprend
des auteurs étrangers, dans leurs éditions et langues d'origines tels
que
James Joyce,
John Dos Passos,
James M. Cain. Trois livres écrits par
Gandhi, l'autobiographie de
Charles Chaplin, des études ethnologiques de Giuseppe Cocchiara, deux œuvres
meridionaliste de
Giustino Fortunato,
mettent en évidence l'ouverture d'esprit de Formiggini. Qui n'a pas
voulu soumettre son catalogue aux seuls impératifs distractifs ou aux
contraintes et obligations de son temps.
Les années 1920
Angelo Fortunato Formiggini dans les années 1920
28.
En
1920,
le couple formé d'Angelo Fortunato et sa femme Emilia n'ayant pas
d'enfants, en adopte un : Fernando Cecilia Santamaria. Qui sera
affectueusement surnommé par eux
Puccettino (le
Petit Poucet).
En 1920, Formiggini crée l'
Istituto per la Propaganda della Cultura Italiana (Institut pour la Propagation de la Culture Italienne), rebaptisée ensuite
Fondazione Leonardo per la cultura (Fondation Léonard pour la culture). Et initie le projet de réaliser la
Grande Enciclopedia Italica
(Grande Encyclopédie Italica). Ce projet culturel majeur de première
grande encyclopédie italienne se heurte à l'opposition du ministre
Giovanni Gentile, qui avait été invité à y participer. Gentile accuse Formiggini d’irrégularités et le contraint à quitter la
Fondazione Leonardo per la cultura en
1923. En
1925, la fondation, avec tout son patrimoine, est absorbée par l'
Istituto Nazionale Fascista di Cultura
(Institut National Fasciste de la Culture) dont le président est
Gentile. Le projet d'encyclopédie initié par Formiggini sera réalisé par
Giovanni Treccani, avec l'
Enciclopedia Italiana di scienze, lettere ed arti (Encyclopédie Italienne des sciences, lettres et arts), dont le premier directeur scientifique sera... Gentile.
En réaction à sa mésaventure encyclopédique et culturelle, Formiggini
écrit une satire amère et moqueuse contre Gentile qui a favorisé
Treccani :
La ficozza29 filosofica del fascismo e la marcia sulla Leonardo, libro edificante e sollazzevole
(La bosse philosophique du fascisme et la marche sur la (Fondation)
Leonardo, livre édifiant et divertissant). La « marche sur la (Fondation)
Leonardo » est une allusion évidente à la
Marcia su Roma (Marche sur Rome) qui a assuré aux fascistes la prise du pouvoir en Italie en
1922.
Formiggini crée de nouvelles collections : en 1923 ce sont les
Apologie
(Apologies), profils de doctrines philosophiques et religieuses.
Témoigne de son ouverture d'esprit d'avoir publié successivement : en
1923 une
Apologia dell’ebraismo (« Apologie du judaïsme ») du rabbin Dante Lattes et en
1925 une
Apologia dell’Islamismo (« Apologie de l'Islam ») de Laura Veccia Vaglieri. Il publie également une
Apoligia del Cattolicismo (Apologie du Catholicisme) de Ernesto Buonaiuti, une
Apologia del Taoismo (Apologie du Taoïsme) de Giuseppe Tucci, une
Apologia dell'Ateismo (Apologie de l'Athéisme) de Joseph Rensi et huit autres titres dans cette collection. En 1924, il crée les
Medaglia (Médailles), une collection de monographies de contemporains, dont certains détestés par les fascistes, comme
Luigi Albertini,
Giovanni Amendola,
Filippo Turati et
Luigi Sturzo.
La diffusion des monographies de ces personnalités détestées par les
fascistes est empêchée par eux. Qui les font retirer des librairies. A
l'inverse, le
Mussolini
de Joseph Prezzolini ne rencontre aucune difficulté avec les autorités
fascistes en place. D'autres nouvelles collections créées par Formiggini
sont les
Lettere d'amore (Lettres d'amour), la
Polemiche (Controverse), le
Guide radio-liriche (Guide de la radio-opéra), l'
Aneddotica (l'Anecdote) et
Chi è ? (Qui c'est ?), biographies de personnalités célèbres et encore vivantes, qui remporte un grand succès.
Angelo Fortunato Formiggini
30.
Écrit par Formiggini, le
Dizionarietto rompitascabile degli editori italiani compilato da uno dei suddetti (Petit dictionnaire de poche des éditeurs italiens, compilé par l'un de ceux-ci), est publié par
Mondadori et réimprimé par Formiggini en une deuxième édition élargie en 1928.
Formiggini aime introduire l'humour dans des publications qui en sont
en principe fort éloignées. Ainsi, il en est du titre de ce dernier
ouvrage, qui contient un jeu de mots : « rompitascabile » étant formé de
façon transparente des mots
tascabile (de poche) et
rompiscatole.
Rompiscatole se traduit littéralement en français par « casse-boîte ». Et signifie en italien « emmerdeur ».
S'agissant du sous-titre du livre, Formiggini en ajoute dans le sens de l'humour et l'auto-dérision :
- DIZIONARIETTO ROMPITASCABILE degli Editori Italiani, compilato da
uno dei suddetti. Seconda edizioni con nuovi errori ed aggiunte e con
una appendice egocentrica31.
Ce qui se traduit par :
- PETIT DICTIONNAIRE DE POCHE des Éditeurs Italiens, compilé par l'un
des ceux-ci. Seconde édition avec de nouvelles erreurs et des ajouts et
un appendice égocentrique.
Formiggini publie aussi d'autres genres d'ouvrages. Comme, le
1er janvier 1924, le livre d'
Ivanoe Bonomi Dal socialismo al fascismio ; La sconfitta del socialismo. La crisi dello stato e del parlamento. Il fascismo. (« Du socialisme au fascisme ; La défaite du socialisme. La crise de l'état et du parlement. Le fascisme
32 »).
Les années 1930 – 1937
La maison d'édition Formiggini commence à décliner dans les
années 1930.
La baisse de ventes des livres et la crise générale de l'édition
italienne contraignent Formiggini à abandonner l'approche dilettantiste
et familiale qu'il observait dans la gestion de sa maison d'édition. Il
va devoir créer le
21 décembre 1931 une société éditoriale : la
Società Anonima A.F. Formìggini Editore in Roma (Société Anonyme A. F. Formiggini Editeur à Rome). Formiggini est l'
Amministratore delegato (Administrateur délégué) de la société.
Le texte d'Angelo Fortunato intitulé
Venticinque anni dopo (Vingt-cinq années après), publié en
1933, semble prémonitoire de ce qui va arriver à sa maison d'éditions.
En
1934, elle est en déficit. Et Formiggini doit vendre sa terre de Collegara et sa maison de Modene pour éponger ses dettes. En
1937,
il se voit confisqué sa maison romaine au motif invoqué que les
autorités ont décidé d'un plan de réhabilitation de la zone où elle se
trouve.
Persécutions et suicide
Titre du
Corriere della Sera du 11 novembre
1938 :
Le leggi per la difesa della razza approvate dal Consiglio dei ministri (Les lois pour la défense de la race approuvées par le Conseil des ministres)
En 1938, le régime fasciste initie une propagande
antisémite pour commencer à préparer l'opinion publique à la promulgation de lois racistes. Le 27 juin 1938 apprenant que la
commissione per la razza
(commission pour la race) a rendu ses conclusions en faveur de la
théorie raciale, Formiggini dit qu'elle a prononcé sa sentence contre
lui.
Le 14 juillet 1938, sur
Il Giornale d'Italia (Le Journal d'Italie) sort l'article :
Il fascismo e i problemi della razza (Le Fascisme et les problèmes de la race). Le
8 août paraît le premier numéro de
La difesa della razza (La défense de la race). Même Angelo Fortunato est alors obligé de se souvenir de ce qu'il semblait avoir oublié : qu'il était
Juif. Lui, qui était distant du
sionisme et de tous les particularismes religieux ou culturels.
Le 31 août 1938, Formiggini se rend dans sa ville natale. Il visite la
Torre Ghirlandina (Tour de la Guirlande), clocher de la
cathédrale de Modène. C'est le monument le plus haut de la ville, également appelé simplement
la Ghirlandina ou
la torre civica
(tour civique). Sur le billet d'entrée qu'il conserve, il note qu'il
est venu inspecter les lieux et faire une étude préliminaire de ceux-ci
en vue de son suicide.
Les écrits d'Angelo Fortunato durant cette période, où l'antisémitisme officiel se déchaîne, seront publiés après la fin de la
Seconde Guerre mondiale, sous le titre :
Parole in libertà
(Paroles en liberté). Ils réunissent l'invective anti-fasciste et
anti-mussoliniene à des exhortations faites aux Juifs pour qu'ils
abandonnent l'identité culturelle et religieuse juive, pour
l'assimilation qui, selon Angelo Fortunato : « a avancé à grands pas ;
les nouveaux éléments l'ont contrarié. Mais c'est une pause, qui sera
plus ou moins longue, après quoi la course reprendra
33. »
Formiggini cherche aussi désespérément un motif pour conserver son optimisme face à une situation désespérante.
S'adressant aux Juifs d'Italie, il écrit également : « Gardez à
l'esprit que le chef du fascisme a prévu une domination de son parti
pour 150 années seulement. Calcul de la souffrance, ça fera (encore) 132
années. Ce sera peut-être beaucoup moins. Le fascisme est un phénomène
strictement personnel (lié à la personne de Mussolini). Quoi qu'il en
soit, ne serait-ce pas une brève période comparé à l'avenir infini ? Les
peuples doivent rester tournés vers l'avenir
33. »
Cependant, la machine totalitaire poursuit sa route, piétinant l'optimisme forcé de Formiggini. Le 15 septembre 1938, le
Ministero della Cultura Popolare
(Ministère de la Culture Populaire) demande un relevé détaillé de tous
les employés juifs de la société éditoriale de Formiggini. Le seul Juif
est Formiggini. Partant de cette information, le ministère ordonne le
changement de nom de la société. Formiggini la rebaptise
Società Anonima delle Edizioni dell’ICS (Société Anonyme des Éditions de l'ICS), en référence au nom du périodique le plus cher à son cœur :
L'Italia che scrive (L'Italie qui écrit). Auquel il souhaite de continuer à paraître.
Formiggini est forcé de changer le nom et aussi le responsable
officiel de sa maison d'éditions. Angelo Musso devient officiellement le
président de la Société Anonyme créée ainsi
in extremis pour éviter l'expropriation comme « biens juifs ».
Le 14 novembre 1938, Formiggini entreprend des démarches pour obtenir
le bénéfice baptisé « discriminazione », prévu pour les Juifs qui ont
fondé une famille « aryenne
34 ».
Ces démarches se révèlent infructueuses. Ce n'est pas simplement
l'identité juive, mais la personnalité propre de Formiggini qui le rend
détestable aux yeux du régime fasciste
35.
Le 17 novembre 1938, le gouvernement fasciste promulgue sa législation antisémite : les
Provvedimenti per la difesa della razza italiana (Mesures pour la défense de la race italienne).
Onze jours plus tard, le lundi 28 novembre 1938, après avoir pris
soin de régler toutes ses affaires, Formiggini prend le train à Rome
pour Modène. En ayant acheté juste un billet aller simple. À sa femme
qui s'étonne de ce voyage, il prétexte pour celui-ci la nécessité d'être
présent à une réunion d'actionnaires de la typographie.
Et, le lendemain matin, par un temps d'hiver pluvieux, poussé au suicide par les persécutions
antisémites organisées par les
autorités fascistes, il se jette du haut de la
Torre Ghirlandina. Comme il l'a annoncé dans sa dernière lettre, il le fait au cri de :
Italia ! (Italie !) Qu'il a le temps de crier trois fois. Avant de s'écraser au sol après une chute de plusieurs dizaines de mètres.
Il laisse, rédigé quelques jours auparavant, un épigraphe expliquant l'esprit de son geste :
Né ferro né piombo né fuoco
possono salvare
la libertà, ma la parola soltanto.
Questa il tiranno spegne per prima.
Ma il silenzio dei morti
rimbomba nel cuore dei vivi.
Ni le fer ni le plomb ni le feu
peuvent sauver
la liberté, mais la parole seulement.
C'est elle que le tyran éteint en premier.
Mais le silence des morts
résonne dans le cœur des vivants.
Par ailleurs, dans une lettre écrite à Angelo Musso le jour de son suicide, Formiggini dit que sa décision
era la sola che potesse salvare la [sua] famiglia e l'azienda
(était la seule qui pouvait sauver [sa] famille et l'entreprise). Il
fini par une dernière pirouette, une sortie humoristique funèbre et
désespérée :
Per fortuna piove e non ho a temere un secco ulteriore, salvo quello del finale abbrustolimento. Viva l'Italia36 !
(Par bonheur il pleut et je n'ai pas à craindre un sec ultérieur, sauf
celui du grille-pain final. Vive l'Italie !) Le « grille-pain » étant
une allusion à son souhait de voir sa dépouille mortelle finir
incinérée.
Des funérailles sous haute surveillance
Après sa mort, il n'est pas donné suite au souhait de Formiggini de voir ses cendres jetées dans le fleuve
Panaro du haut du pont de Sant’Ambrogio
14. Dans le même endroit du fleuve où, en 1894, quand il avait seize ans, il avait plongé et sauvé un petit garçon qui se noyait
13.
Les obsèques d'Angelo Fortunato Formiggini ont lieu par une froide
journée d'hiver, à l'aube, dès le lendemain de son suicide. Il est
inhumé le 30 Novembre 1938 au cimetière San Cataldo à Modène. Il est
enterré hors de la partie israélite de ce cimetière, en raison du fait
qu'il est mort par suicide.
La nouvelle de la mort tragique de Formiggini n'a pu circuler que
clandestinement en raison du refus de tous les journaux de publier une
notice nécrologique, même payée. La législation antisémite adoptée par
l'Italie interdit d'annoncer la mort d'un Juif. Ce que la presse
antifasciste italienne à l'étranger, comme
Giustizia e Libertà, souligne à cette occasion.
Cette absence de diffusion de l'information fait que très peu de personnes suivent les funérailles
37.
En revanche, un dispositif policier très important est présent. Une
trentaine de policiers en uniforme sont là. Assistés d'autres, en
civils, qui photographient les personnes présentes et relèvent leurs
noms sur des petits carnets de notes. Leur tâche est vite expédiée. Il
n'y a dans le cortège que cinq proches ou amis du défunt venus
l'accompagner vers sa dernière demeure.
Sa femme, Emilia Santamaria, qui marche en tête du convoi, a du
batailler avec la police. Qui exigeait au départ que les obsèques de son
mari aient lieu la nuit. Les autorités ont finalement cédé, mais imposé
une heure très matinale pour la cérémonie.
Le même jour
Radio Monteceneri diffuse en italien la nouvelle depuis la
Suisse3. En
France,
Le Populaire, du 10 décembre 1938 en parle
7, ainsi que, à
Madagascar, le journal
Volonté, du 15 mars et du 27 mai 1939
38.
Témoignages de sympathie
Emilia Santamaria recevra d'Italie des témoignages d'affection et des
nécrologies qui représentent à l'époque des gestes très courageux dans
le contexte du régime fasciste
39.
Beaucoup d'inconnus prennent concrètement des risques physiques en lui
écrivant pour témoigner leur sympathie et leur indignation.
Écrivent également de
New York Nicola Zanichelli et Umberto Liberatore. Luciano Mastronardi,
ex ispettore scolastico (ex inspecteur d'école) de
Vigevano écrit une lettre très ferme qui s'élève
contro il delitto e l’infamia (contre le crime et l'infamie). Écrivent à la veuve Attilio Momigliano, Adriano Tilgher,
Ivanoe Bonomi,
Massimo Bontempelli. Luigi Spotti, de
Parme, rapporte que
un amico che legge l'Osservatore Romano è venuto ieri a comunicarmi d’avere letto [...] (un ami qui lit l'
Osservatore Romano est venu hier me dire d'avoir lu). Le père Agostino Gemelli écrit :
[...]
non so se ella sa che fummo compagni di scuola nei lontani anni
1888-1890 a Milano. Io pregherò per l’anima di suo marito [...] (je ne sais pas si elle sait que nous fumes camarades d'école dans les lointaines années 1888-1890 à
Milan. Je prierai pour l'âme de son mari). La Communauté israélite italienne écrit également. Et même une
Italiana audion qui finit sa lettre grotesquement par des
saluti cordiali fascisti (cordiales salutations fascistes).
Un suicide de philosophe
Angelo Fortunato aurait pu, face aux persécutions, fuir son pays avec
sa famille. Mais il ne se voyait pas quitter l'Italie et poursuivre sa
vie ailleurs. Il était trop attaché à ses racines italiennes. La
situation devenant insupportable dans sa patrie, il préfère s'ôter la
vie plutôt que partir. Ce qui explique le titre que Nunzia Manicardi a
donné à son livre biographique paru en 2001 aux éditions Guaraldi à
Modène :
« Formiggini : l'editore ebreo che si suicidò per restare italiano » (Formiggini, l'éditeur juif qui s'est suicidé pour rester italien).
En choisissant pour se donner la mort de se jeter du haut du monument
emblématique de Modène, haut de 87 mètres, Angelo Fortunato a voulu
donner à son suicide le caractère d'un spectaculaire geste de
protestation. Avant de mourir, il poste une lettre adressée à son grand
ami, l'éditeur Giulio Calabi, refugié politique à Paris. Il explique son
choix parce qu'il veut parvenir ainsi à secouer l'opinion publique. Et
aussi parce qu'il a vu disparaître son rêve d'être en mesure de donner
son nom, Formiggini, à son fils adoptif Fernando Cecilia Santamaria. Il
écrit également qu'il emporte dans ses poches deux lettres, l'une
adressée au roi d'Italie, l'autre à Mussolini. Et qu'il aura aussi les
poches pleines d'argent pour les pauvres de Modène, de sorte que les
fascistes ne pourront pas dire qu'il a été poussé au suicide pour des
raisons financières. Giulio Calabi, à la réception de la lettre pleure
et s'exclame
« Povero ingenuo e illuso amico mio, che spreco della sua bontà e intelligenza » ! (Mon pauvre naïf et illusionné ami, quelle perte que celle de sa bonté et son intelligence
40!)
Le suicide passe cependant inaperçu à l'époque en Italie. La presse
italienne, muselée par la dictature fasciste, n'en parle pas. Il lui est
même interdit jusqu'au fait de publier l'avis de décès envoyé par la
veuve.
On relève seulement un commentaire cynique du secrétaire du
Partito Nazionale Fascista (Parti national fasciste)
Achille Starace. Il aurait déclaré alors :
« È morto proprio come un ebreo : si è buttato da una torre per risparmiare un colpo di pistola » (Il est bien mort comme un Juif : il s'est jeté d'une tour pour économiser le prix d'une balle de pistolet
41).
Formiggini ne sera pas le seul Juif qui à l'époque se suicide de
manière spectaculaire en Italie pour protester contre le racisme d'état.
À la même époque, à
Florence,
le commandant Ascoli, apprenant qu'il est chassé de l'armée parce que
Juif, rassemble son bataillon d'infanterie. Et, après avoir harangué ces
cinq cents hommes. Devant eux s'enveloppe le visage dans le drapeau
italien. Et se tire une balle dans la tête
38.
La maison d'édition créée par Formiggini ne lui survit que durant peu d'années. Elle disparaît définitivement en
19413.
Formiggini et le fascisme
Formiggini presque jusqu'à la fin de sa vie parle avec admiration de
Mussolini.
Mais il ne prend pas sa carte au parti fasciste à une époque où le
régime en place y accorde une importance essentielle. L'adhésion est
obligatoire, par exemple, pour exercer le métier d'enseignant. Ce qui
fait que des enseignants ainsi contraints d'adhérer blaguent l'insigne
PNF (
Partito Nazionale Fascista), expliquant qu'il signifie en réalité :
Per Necessità Famigliare (Par Necessité Familiale).
Frormiggini s'applique à passer en quelque sorte « à côté » du fascisme. Il est plus a-fasciste qu'antifasciste
3. En 1924, il écrit que
il fascismo è una gran bella cosa visto dall'alto; ma visto standoci sotto fa un effetto tutto diverso42 (le fascisme est une très bonne chose, vu d'en haut ; mais vu d'en bas il donne une impression tout à fait différente).
Esprit indépendant, Formiggini ne peut que se situer en dehors d'un
cadre totalitaire, quel qu'il soit. Il reste toujours passionnément
attaché au droit et à la justice. Et écrit, peu avant son suicide :
Il
fascismo mi piacque quando mi parve un elemento di forza a servizio del
diritto: ma non mi piacque più quando si affermò rivoluzionario:
all'etica delle rivoluzioni non ho mai creduto, ci s'ingrassano troppi
avventurieri, e ogni principio di giustizia è sovvertito43.
(Le fascisme me plaît quand il m'apparaît comme un élément de la force
au service du droit, mais il ne me plaît plus quand il s'affirme
révolutionnaire : je n'ai jamais cru à l'éthique des révolutions, qui
engraissent trop d'aventuriers et où tous les principes de la justice
sont pervertis.)
Les fascistes ne pardonnent pas à l'éditeur, l'intellectuel
indépendant Formiggini de leur échapper, en refusant la complète
soumission. En 1938, ils ne lui laissent plus que le choix du chemin de
l'exil pour garder la liberté d'agir et de s'exprimer. Alors, plutôt que
de quitter l'
Italie, il préfère se donner la mort. Suivant l'exemple de l'illustre philosophe
Socrate, qui préfère boire la
ciguë, plutôt que s'exiler hors de sa cité.
Formiggini et le sionisme
En 1902, Formíggini adhère à la
Corda Fratres, association internationale étudiante où cohabitent une section
sioniste dirigée à
Paris par Léo Filderman et une importante en nombre section
roumaine ouvertement
antisémite44. À cette occasion, Formiggini rédige un article
45 :
Gli Ebrei in Rumenia: il limite fra la “Corda Fratres” e il Sionismo (Les Juifs en
Roumanie : la limite entre la "Corda Fratres" et le Sionisme), où il donne son opinion sur
L’idea sionista (L'idée sioniste).
Il définit le sionisme comme
un grandioso ideale tramontato (une partie d'un grand idéal), qui n'a pas d'utilité pour les Juifs d'Italie qui ont déjà une patrie
bella e nobilissima (belle et très noble). Pour lui, le sionisme fait le jeu des antisémites. Car le sionisme
in quanto vuol cercare un asilo a dei miserabili che sono respinti da tutti, è approvato soltanto dagli antisemiti (parce qu'il veut chercher un asile à des misérables rejetés de tous, est approuvé seulement par les antisémites).
Formiggini rejette le sionisme lui préférant un universalisme qui
dépasse les conflits initiés pour des motifs de races ou de religions.
Un monde idéal de fraternité, rêve qui anime les fondateurs de la
Corda Fratres. Il écrit :
Il vero ideale della Corda Fratres sarebbe quello di distruggere il Sionismo, cioè di renderlo inutile. (Le vrai idéal de la Corda Fratres serait de détruire le Sionisme, c'est-à-dire le rendre inutile.)
Formiggini reste fidèle jusqu'à ses conséquences ultimes à cette
vision idéale du monde qu'il appelle de ses vœux. Il veut un monde où
tous les hommes, Juifs ou non Juifs, sont les bienvenus partout et se
sentent partout chez eux. En 1938, quand, parce qu'il est Juif, la vie
devient impossible pour lui dans l'Italie qu'il aime passionnément, il
se donne la mort. En espérant, par le caractère spectaculaire de son
suicide, réveiller l'opinion publique italienne. Et continuer ainsi
quand-même la marche en avant vers le monde idéal qu'il souhaite pour
tous les hommes.
L'héritage documentaire
En
1939, suivant la volonté du philosophe, ses archives, l'important fonds Formiggini, sont données par sa veuve à la
Bibliothèque Estense de Modène.
Elles comprennent, entre autres :
- L'ensemble des archives de la famille Formiggini s'étendant sur 309 années.
- La collection rassemblée par Angelo Fortunato pour la Casa del Ridere
(Maison du Rire) avec notamment 4581 livres rassemblés au cours des
années. Des traités italiens et d'autres pays sur le rire, le comique,
le grotesque, l'humour, datant du XIXe siècle et du XXe siècle, des éditions originales dont certaines remontent à la fin du XVIe siècle, 195 journaux et périodiques humoristiques, anciens ou modernes, publiés en Italie ou dans d'autres pays. Una specie di biblioteca e di museo di tutto ciò che è attinente al Ridere, senza limiti di tempo e di geografia
(Une espèce de bibliothèque et de musée de tout ce qui concerne le
Rire, sans limites dans le temps et la géographie) comme l'a définit
Formiggini46.
- 500 volumes, restes des 40 000 volumes de la Biblioteca Circolante
(Bibliothèque Mobile) créée à Rome par Formiggini en 1922, avec trois
catalogues imprimés de celle-ci, faits en 1924, 1933 et 193947.
Sur le site Internet de la Bibliothèque Estense il est possible de
consulter des documents manuscrits faisant partie des archives d'Angelo
Fortunato Formiggini
48.
En
1989, la
Filosofia del ridere (Philosophie du rire), de Formiggini, a été réédité par les éditions de l'
université de Bologne49.
Raisons de l'oubli de Formiggini
Angelo Fortunato Formiggini
Il y a ceux qui font l'Histoire. Et ceux qui l'écrivent. Le récit des
seconds ne corresponds pas toujours avec les actions des premiers. Si
les rédacteurs de l'Histoire ont oublié le plus souvent Formiggini,
diverses raisons expliquent ce choix, plus que le simple « oubli ».
Formiggini, esprit indépendant, est également d'abord et avant tout
Modénais,
Italien et
Italophone.
Il ne cherche à aucun moment de sa vie la notoriété au delà des
frontières de son pays et sa langue. Agir en Italie et dans la langue
italienne lui suffit. Et quand bien-même le sujet du rire qu'il aborde
est universel, il ne cherche jamais à faire traduire ses réflexions
écrites en une autre langue que la sienne.
Lire, parler l'italien, à présent n'est plus l'apanage de toutes les
personnes cultivées de nombreux pays, comme c'était le cas jadis. Hors
des Italiens, peu nombreux sont aujourd'hui ceux qui utilisent cette
langue. Ce qui réduit d'autant l'écho possible des écrits laissés par
Formiggini. Et des écrits sur lui, qui sont tous, sauf rarissimes
exceptions, rédigés en italien. Accentuant ce phénomène de coupure
culturelle, l'époque récente est terminée où tous les Italiens cultivés
parlaient le français. Et où la langue officielle choisie pour la
Corda Fratres créée en
1898 par des Italiens était le français.
A l'époque où il vit, Formiggini n'adhère ni au fascisme, ni à
l'antifascisme. Il cherche à poursuivre sa route. Faire ce qu'il aime :
diffuser la Culture et l'humour. En 1922, l'année de l'arrivée des
fascistes au pouvoir en Italie, à quoi s'occupe-t-il ? A créer une riche
Biblioteca Circolante (Bibliothèque Mobile) à Rome, qui va vite compter 40 000 volumes !
Il entretient de bonnes relations avec des personnes exilées
politiques antifascistes, comme avec des Italiens de l'intérieur,
d'opinions diverses, y compris fascistes.
Son a-fascisme
3
fait que personne ne peut le revendiquer comme sien : ni les fascistes,
ni les antifascistes. Il se revendique du rire et de l'optimisme. Il
n'est d'aucun parti. Ou alors il est de tout ce qui peut éventuellement
se trouver d'humain dans chacun d'eux.
Juif, il déplaît aux antisémites. Fervent partisan de l'assimilation
des Juifs, il ne peut plaire à ceux qui s'attachent au contraire au
maintien de l'identité juive.
Il prend soin de rédiger lui-même le faire-part de sa mort, dressant
son portrait et résumant son œuvre en ces termes : « A. F. Formiggini,
maître éditeur, quitte cette terre, laissant l'impérissable souvenir
d'un esprit libre, profondément italien, entièrement consacré à la
culture nationale
38. »
Giulio Einaudi,
Marino Moretti approuvent et écrivent à l'époque
39 :
Formiggini era proprio questo: profondamente italiano, devoto alla cultura patria. Non lo dimenticheremo (Formiggini était exactement cela : profondément italien, dévoué à la culture de sa patrie. Nous ne l'oublierons pas).
Homme libre, Formiggini ne plaît qu'à ceux qui le sont aussi. Et
sont-ils si nombreux que ça ? Telle est peut-être l'explication de
l'oubli où il est plongé aujourd'hui en Italie et au delà de ses
frontières. Alors que ses écrits tombent en
2014 dans le domaine public. Et qu'il n'en existe toujours aucune édition critique complète publiée à ce jour.
Hommages
Formagine et Turin : une via Angelo Fortunato Formiggini
À Formagine dans la
province de Modène et à
Turin existe aujourd'hui une
via Angelo Fortunato Formiggini nommée ainsi en son honneur.
Sassuolo : l'Institut d'instruction supérieure « A. F. Formiggini »
L'
Istituto di istruzione Superiore « A.F. Formiggini » (Institut d'instruction Supérieure « A.F. Formiggini ») de
Sassuolo, dans la
province de Modène, porte ce nom depuis le
19 mai 1977.
Un
figuier est planté en sa mémoire dans l'Institut.
Sur le site Internet de l'établissement on trouve une biographie de Formiggini avec sa photo
50.
Elle s'achève par ces mots :
- A noi tutti, studenti, genitori e insegnanti, spetta il compito
di fare memoria di Angelo Fortunato Formìggini e coltivare l’amore per
la cultura che animò tutta la sua vita. (À nous tous, étudiants,
parents, enseignants, il est un devoir de garder la mémoire de Angelo
Fortunato Formiggini et cultiver l'amour de la culture qui a animé toute
sa vie.)
Modène : une plaque commémorative « Al tvajol ed Furmajin »
L'avant-veille de sa mort, dans un appel aux Modénais, Formiggini écrit : « il piccolo spazio che c’è fra la
Ghirlandina e il monumento al
Tassoni
lo chiamerete ‘Al tvajol ed Furmajin’ per indicare la limitatezza dello
spazio: non direte ‘sudario’ perché tvajol è parola più allegra e
simposiale » (le petit espace entre la Ghirlandina et le monument à
Tassoni vous l'appelerez 'al tvajol ed Furmajin' pour indiquer la limite
de cet espace : vous ne direz pas 'suaire' parce que tvajol (serviette)
est un mot plus joyeux et convivial).
Exprimé ironiquement ce souhait de Formaggini est que le lieu où il va mourir soit baptisé :
Al tvajol ed furmajin, mots qui signifient en
dialecte de Modène (it) : « La serviette du Formaggino », jeu de mots entre Formiggini et
Formaggino,
en italien : le fromage fondu. Jeu de mots qu'Angelo Fortunato avait
déjà utilisé dans le titre du poème satirique écrit, imprimé et diffusé
en 1896, qui lui avait valut son expulsion du Lycée Galvani de Bologne.
Jeu de mots qu'il avait utilisé aussi en 1908 pour signer un texte dans
le recueil de
La Secchia19.
Cinquante ans jour pour jour après son suicide, le 29 novembre
1988, une plaque commémorative est apposée sur le lieu de la mort de Formiggini.
Al tvajol ed furmajin, sont les mots qui commencent le texte écrit pour le reste en italien sur cette plaque
51.
Œuvres
- Piccolo guida e Indicatore di Modena (Petit guide et Indicateur de Modène) Formiggini, 1910 - 99 pages
- Il Cuculo, ovvero l'amoroso commiato (Le coucou, ou l'adieu à l'amoureux), Roma, Formiggini, 1912 – 7 pages.
- La ficozza29 filosofica del fascismo e la marcia sulla Leonardo, libro edificante e sollazzevole
(La bosse philosophique du fascisme et la marche sur la (fondation)
Leonardo, livre édifiant et divertissant), 377 pages, Roma, Formiggini,
1923
- Dizionarietto rompitascabile degli Editori Italiani, compilato da
uno dei suddetti. Seconda edizioni con nuovi errori ed aggiunte e con
una appendice egocentrica (Petit dictionnaire de poche des Éditeurs
Italiens, compilé par l'un des ceux-ci. Seconde édition avec de
nouvelles erreurs et des ajouts et un appendice égocentrique), Roma,
Formiggini, 1928
- Venticinque anni dopo. 31 maggio 1908 - 31 maggio 1933 (Vingt-cinq années après. 31 mai 1908 - 31 mai 1935), Roma, Formiggini, 1933
- Il francobollo per la risposta (Le timbre pour la réponse), Roma, Formiggini, 1936
- Cicero: « de domo sua » (Cicéron : « hors de sa maison »), Roma, Formiggini, 1937
- Parole in libertà (Paroles en liberté), Roma, Edizioni Roma, 1945
- Trenta anni dopo. Storia di una casa editrice (Trente années après. Histoire d'une maison d'éditions), Rieti, Formiggini, 1951
- Filosofia del ridere (Philosophie du rire). Note ed appunti, Bologna, CLUEB, 1989 – 230 pages
Quelques illustrations
Ces illustrations ont paru avec d'autres en 1908 dans
La Secchia (Le Seau), premier livre édité par Formiggini. Le seau en bois représenté ici figure celui que se dispute
Modène et
Bologne dans le poème parodique d'
Alessandro Tassoni La Secchia rapita (
Le Seau enlevé) :
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L'« Académie de la
fiasque », société festive modénaise fondée par Formiggini
-
Lutte homérique pour le seau
Notes et références
- ↑ Détail du verso d'une carte postale de la série Cartoline parlante éditée par Angelo Fortunato Formiggini. Au nombre des inscriptions apparaît : Biblioteca Circolante (Bibliothèque Mobile). Il s'agit de la Bibliothèque Mobile créée à Rome par Formiggini en 1922.
- ↑ Illustration pour La Mastèla a l'editòur dl'Armesdanza [archive], texte en dialecte de Bologne écrit par Ettore Bresbi, paru dans La Secchia p.34-35.
- ↑ a, b, c, d et e Carlotta Padroni L'Editoria italiana del Novecento: Angelo Fortunato Formiggini, la cultura e il risodi, 5. Il tragico destino [archive] (L'Edition italienne du vingtième siècle : Angelo Fortunato Formiggini, la culture et le rire, 5. Le destin tragique)
- ↑ a et b L'Esperantiste [archive], 30 novembre 1902, page 134, 1re colonne.
- ↑ a et b Aldo Alessandro Mola, Corda Fratres, Storia di una associazione internazionale studentesca nell'età dei grandi conflitti, 1898-1948
(Corda Fratres, Histoire d'une association internationale étudiante à
l'époque des grands conflits, 1898-1948), CLUEB, Bologne 1999, p.77.
- ↑ Voir par exemple, écrit en dialecte de Modène par Formiggini et publié en 1908 : Al Punt ed Rén [archive] (En italien : Il Ponte di Reno, en français : Le Pont de Reno)
- ↑ a, b et c L'article Pour protester contre le racisme l'éditeur FORMIGGINI se suicide à Modène [archive], Le Populaire, 10 décembre 1938, p.3, 2e colonne, parle du « dramatique suicide, à Modène, de l'éditeur très connu Angelo Formiggini ».
- ↑ La
damnatio memoriae imposta dal regime fascista sulla figura e l'opera
formigginiana ha sortito il suo drammatico effetto, al punto che solo
uno sparuto gruppo di adepti, oggi, conosce la vicenda umana e
editoriale del modenese. (La damnatio memoriae imposée par le régime
fasciste sur la figure et l'œuvre formigginienne a eu son effet
dramatique, au point que seul un petit groupe d'adeptes, aujourd'hui,
connaît l'histoire humaine et éditoriale du Modénais.) Extrait de :
Nicola Bonazzi Ebreo dopo. Angelo Fortunato Formiggini tra utopia e disinganno, Un editore dimenticato [archive]
(Juif tardivement. Angelo Fortunato Formiggini entre utopie et
désillusion, Un éditeur oublié), sur le site Internet en italien Griselda online, portale di letteratura (Griselda online, portail de la littérature).
- ↑ Aldo Alessandro Mola opus cité, p.99.
- ↑ C'est là que se trouve le village homonyme de la famille. Voir à propos de cette localité : Jacques Barzilay, Dictionnaire géographique et descriptif de l'Italie, servant d'itinéraire et de guide aux étrangers..., Truchy éditeur, Paris 1823, page 129 [archive])
- ↑ Dans une liste de notables juifs publiée dans le Journal de l'Empire du 30 août 1806 on trouve un Formaggini, de Milan, membre du collège électoral des savants, propriétaire terrien en Italie. Voir sur la base Commons la reproduction de l'article faite dans le Journal des débats du 30 août 1906.
- ↑ a et b Aldo Mola, opus cité, p.79.
- ↑ a et b Le
récit du sauvetage par Formiggini du jeune garçon qui était en train de
se noyer dans le fleuve Panaro se trouve dans : Angelo Fortunato
Formiggini Preludio autobiografico (Prélude autobiographique) de la La ficozza filosofica del fascismo e la marcia sulla Leonardo (La bosse philosophique du fascisme et la marche sur la (fondation) Leonardo), cité dans : Liceo-Ginnasio
« Giuseppe Parini » Milano, Il Liceo « Parini » e la Shoah, Dalle legge
antiebraiche del 1938 alla « soluzione finale », Giorno della Memoria
2012 (Lycée-Gymnase « Giuseppe Parini » Milan, Le Lycée « Parini »
et la Shoah, Des lois antijuives de 1938 à la « solution finale »,
Journée de la Mémoire 2012)
- ↑ a et b Le
Pont de Sant'Ambrogio sur la rivière Panaro est un pont historique de
Modène construit en 1792 et pourvu de quatre tours. Il est miné et
détruit par l'armée allemande le 21 avril 1945. Reconstruit, il ne
comporte plus aujourd'hui ses quatre tours.
- ↑ Aldo Alessandro Mola opus cité, p.18
- ↑ Voir une carte postale montrant la Casa Formiggini (Maison Formiggini), siège estival de la Corda Fratres à Modène.
- ↑ Le
diplôme de Maître maçon d'Angelo Fortunato Formiggini est reproduit en
page d'illustration à gauche de la page 145 du livre d'Aldo Alessandro
Mola Corda Fratres, Storia di una associazione internazionale studentesca nell'età dei grandi conflitti, 1898-1948,, CLUEB, Bologne 1999.
- ↑ Voir La Secchia... en ligne sur Internet. [archive]
- ↑ a et b Voir la signature Formaggino da Modena dans La Secchia..., p.71. [archive]
- ↑ On peut le lire en ligne sur Internet : Miscellanea
tassoniana di studi storici e letterari, pubblicata nella festa della
fossalta, 28 giugno 1908. A cura di Tommaso Casini e di Venceslao Santi. [archive]
(Mélange tassonien d'études historiques et littéraires, publié durant
la fête de la Fossalta. Sous la direction de Tommaso Casini et Venceslao
Santi.)
- ↑ Eugenio Garin Angelo Fortunato Formiggini, in Balsamo, Cremante, A. F. Formiggini, p.13-30.
- ↑ Le célèbre dicton romanesco est : er mejo fico der bigonzo, (en italien : il fico migliore riposto nel bigoncio), c'est-à-dire « la meilleure figue dans le bigonzo »,
récipient dans lequel on met les figues au moment de la récolte. À
l'origine la meilleure figue en question faisait référence aux fruits
les plus beaux que les paysans malins plaçaient en haut du contenu du bigoncio
à la fin de la récolte, pour dissimuler aux acheteurs les fruits de
moindre qualité se trouvant en dessous. Avec le temps, l'expression a
pris le sens de désigner la meilleure personne, pour son aspect
physique, son caractère, son charme, dans un groupe restreint
d'individus.
- ↑ Aldo Mola, opus cité p.131-132.
- ↑ José de Berys L'Accord interscolaire Franco-Italien [archive], La Nouvelle revue, N° 175 - Quatrième série, tome XLIV - 2e livraison, 42e année, 15 novembre 1919, p.169.
- ↑ Pierre Laroche Angelo Fortunato Formiggini « Le parti du livre » face au fascisme [archive], p.2.
- ↑ Archivio Editoriale Formiggini, Vari, Formiggini A. F., autografi e dattiloscritti, doc. n. 41. Cité par Carlotta Padroni L'Editoria
italiana del Novecento: Angelo Fortunato Formiggini, cultura formazione
e risodi, 4. Angelo Fortunato Formiggini e l'educazione [archive] (L’Édition
italienne du vingtième siècle : Angelo Fortunato Formiggini, culture
formation et rire, 4. Angelo Fortunato Formiggini et l'education)
- ↑ Les précisions sur la Biblioteca Circolante fondée par Formiggini sont données par Carlotta Padroni L'Editoria
italiana del Novecento: Angelo Fortunato Formiggini, cultura formazione
e risodi, 4. Angelo Fortunato Formiggini e l'educazione [archive]
(L’Édition italienne du vingtième siècle : Angelo Fortunato Formiggini,
culture formation et rire, 4. Angelo Fortunato Formiggini et
l'education)
- ↑ Angelo Fortunato Formiggini a écrit ce commentaire à la main sur la carte postale : meglio a cavallo di un leone che a cavallo delle nuvole... (mieux (vaut) chevaucher un lion que chevaucher les nuages...)
- ↑ a et b En dialecte romanesco, la ficozza est la bosse qui croît sur la tête suite à un coup reçu.
- ↑ Formiggini a écrit à la main sur la carte :
- non copiare nessuno ; ridi se ti copiano
- A. F. Formiggini Editore a Roma
- ne copie personne ; ris si on te copie
- A. F. Formiggini Éditeur à Rome
- ↑ Voir
la couverture de la seconde édition du petit dictionnaire de poche des
éditeurs italiens édité par Formiggini en 1928 reproduit sur la base
Commons.
- ↑ Ivanoe Bonomi Dal socialismo al fascismio ; La sconfitta del socialismo. La crisi dello stato e del parlamento. Il fascismo.
A. F. Formiggini Editore in Roma. Ce livre sera interdit en Roumanie en
décembre 1945. Voir l'interdiction officielle de ce livre en Roumanie
dans la rubrique Ministerul propagandei, Monitorul Oficial al României, Partea 1, p. 10950, 3e colonne, 15 décembre 1945. Voir la couverture de ce livre.
- ↑ a et b Extrait de : Angelo Fortunato Formiggini Parole in libertà (Paroles en liberté), Roma, Edizioni Roma, 1945, p.56 :
- Alla benefica assimilazione si era
avviati a grandissimi passi: i nuovi eventi l'hanno troncata . Ma questa
non è che una pausa, che sarà più o meno lunga, dopo la quale il
cammino sarà ripreso di corsa. Tenete presente che lo stesso capo del
fascismo ha preveduto una dominazione del suo partito per 150 anni soli.
Computando il sofferto, sarebbero 132 anni. Forse potranno essere molto
meno. Il Fascismo è un fenomeno strettamente personale. In ogni modo
cosa sarebbe un così breve periodo rispetto all'avvenire infinito? I
popoli devono essere lungimiranti
- ↑ Les démarches entreprises par Formiggini pour obtenir ce statut sont détaillées dans le livre de Aldo Alessandro Mola Corda Fratres, Storia di una associazione internazionale studentesca nell'età dei grandi conflitti, 1898-1948, CLUEB, Bologne 1999, p.116-117.
- ↑ Aldo Mola écrit en 1999 à propos de l'échec des démarches de Formiggini pour obtenir le bénéfice baptisé « discriminazione » : Il
regime non era ostile a un ebreo in più, sibbene proprio alla sua
inestinguibile capacità di sorriso ; incompatibile con il truce asse
Roma-Berlino. (Le régime n'était pas hostile à un Juif de plus, mais
plutôt à sa propre capacité inextinguible (à Formiggini) de sourire ;
incompatible avec le sinistre axe Rome-Berlin.) Corda Fratres, Storia di una associazione internazionale studentesca nell'età dei grandi conflitti, 1898-1948, CLUEB, Bologne 1999, p.117.
- ↑ Aldo Alessandro Mola opus cité, p.118
- ↑ L'essentiel des informations à propos des obsèques d'Angelo Fortunato Formiggini proviennent ici de : Nicola Bonazzi Ebreo dopo. Angelo Fortunato Formiggini tra utopia e disinganno, Un curioso funerale [archive]
(Juif tardivement. Angelo Fortunato Formiggini entre utopie et
désillusion, Un enterrement curieux) sur le site Internet en italien Griselda online, portale di letteratura (Griselda online, portail de la littérature).
- ↑ a, b, c et d Les conséquences du racisme [archive], dans Volonté. L'hebdomadaire ["ou" Tri-hebdomadaire] économique et politique de Madagascar, Tamatave 27 mai 1939, p.1, 5e colonne. Voir l'article reproduit sur la base Commons. L'article Quitte ou double... [archive], dans Volonté, du 15 mars 1939, p.2, 2e colonne, parle aussi du suicide de Formiggini. Voir reproduit sur la base Commons l'extrait de cet article, où il parle de Formiggini.
- ↑ a et b Documents conservés dans la cassetta n. 23, Fondo Formiggini, Archivio familiare Formiggini, presso Biblioteca Estense di Modena. Cités par : .Carlotta Padroni L'Editoria italiana del Novecento: Angelo Fortunato Formiggini, la cultura e il risodi, 5. Il tragico destino [archive] (L'Edition italienne du vingtième siècle : Angelo Fortunato Formiggini, la culture et le rire, 5. Le destin tragique)
- ↑ Précisions donnée dans une lettre de Serena Calabi Modigliani [archive], fille de Giulio Calabi, publiée dans le Corriere della Sera du 27 septembre 2007.
- ↑ Le site Internet Griselda online, portale di letteratura [archive] (Griselda online, portail de la littérature) indique une version légèrement différente des propos d'Achille Starace : E' morto da vero ebreo, senza volere nemmeno comprare il veleno per uccidersi (Il est mort comme un vrai Juif, sans même vouloir acheter du poison pour se suicider).
- ↑ La ficozza filosofica del fascismo e la marcia sulla Leonardo, 1924, p. 17.
- ↑ Angelo Fortunato Formiggini, Parole in libertà, Edizioni Roma, Roma, 1945, p.17.
- ↑ À
l'époque les deux seuls pays d'Europe où existent une législation
officielle antisémite sont l'Empire russe et le royaume de Roumanie.
- ↑ Article cité par Antonio Castronuovo Un editore di opposizione nell’Italia del fascismo: Angelo Fortunato Formíggini [archive] (Un éditeur de l'opposition dans l'Italie fasciste : Angelo Fortunato Formiggini), sur le site Internet Bibliomanie.it
- ↑ A. F. Formiggini, La ficozza filosofica del fascismo, Roma, Formiggini Editore, 1924, p. 321.
- ↑ Il
manque cependant dans les archives de Formiggini conservées à la
Bibliothèque Estense de Modène un catalogue complet de la bibliothèque.
Précisions données par Vittorio Ponzani La biblioteca circolante di Angelo Fortunato Formiggini a Roma. Un esperienza a cavallo tra biblioteca e editoria. (La bibliothèque mobile de Angelo Fortunato Formiggini à Rome. Une expérience entre bibliothèque et édition.)
- ↑ Voir le site Internet de la Bibliothèque Estense de Modène. [archive]
- ↑ Filosofia del ridere. Note ed appunti, Bologna, CLUEB 1989
- ↑ Voir sur le site Internet de l''Istituto di istruzione Superiore « A.F. Formiggini » la biographie en italien d'Angelo Fortunato Formiggini [archive].
- ↑ Voir une photo de la plaque commémorative. [archive]
Bibliographie
- La
Secchia, contiene sonetti burleschi inediti del Tassoni e molte
invenzioni piacevoli e curiose, vagamente illustrate, edite per la
famosa festa mutino-bononiense del 31 Maggio mcmviii (Le Seau,
contient des sonnets burlesques inédits de Tassoni et beaucoup
d'inventions agréables et curieuses, vaguement illustré, édité pour la
fameuse fête modéno-bolognaise du 31 mai 1908), ouvrage illustré, avec
une préface d'Olindo Guerrini, Modène-Bologne 1908. Première publication
faite par Angelo Fortunato Formiggini.
- Miscellanea
tassoniana di studi storici e letterari, pubblicata nella festa della
fossalta, 28 giugno 1908. A cura di Tommaso Casini e di Venceslao Santi.
(Mélange tassonien d'études historiques et littéraires, publié durant
la fête de la Fossalta. Sous la direction de Tommaso Casini et Venceslao
Santi.) Deuxième publication faite par Angelo Fortunato Formiggini.
- L. Cerasi Casa Editrice A.F. Formiggini (1909-1945). Inventario
(Maison d'édition A. F. Formiggini (1909-1945). Inventaire) - Catalogue
préfacé des archives de la maison d'éditions Formiggini en ligne sur
Internet.
- Mattioli Emilio - Serra Alessandro, Annali delle edizioni Formiggini
(Annales des éditions Formiggini) (1908-1938), Modena, Mucchi 1980
- A. F. Formiggini editore (1878-1938), Mostra documentaria,
Biblioteca Estense, Modena, 7 febbraio - 31 maggio 1980 (A. F.
Formiggini éditeur (1878-1938), Exposition documentaire, Bibliothèque
Estense, Modène, 7 février - 31 mai 1980) Modena, S.T.E.M.- Mucchi, 1980
- Angelo Fortunato Formiggini un editore del Novecento (Angelo Fortunato Formiggini un éditeur du vingtième siècle), Bologna, Il Mulino, 1981
- Renzo Cremante, Federigo Tozzi e Angelo Fortunato Formiggini, in
« Studi di filologia e critica offerti dagli allievi a Lanfranco
Caretti » (Angelo Fortunato Formiggini, in Études de philologie et
critique offerts par ses élèves à Lanfranco Caretti), Roma, Salerno,
1985
- Ernesto Milano, Angelo Fortunato Formiggini, Rimini, Luisè Editore, 1987
- Giorgio Montecchi, Angelo Fortunato Formiggini, in
« Dizionario Biografico degli Italiani » (Angelo Fortunato Formiggini,
dans le Dictionnaire Biographique des Italiens), Roma, Istituto della
Enciclopedia Italiana, 1997
- Giorgio Fabre, L'elenco. Censura fascista, editoria e autori ebrei (La liste. Censure fasciste, édition et auteurs juifs), Torino, Zamorani, 1998
- Aldo Alessandro Mola, Corda Fratres, Storia di una associazione internazionale studentesca nell'età dei grandi conflitti, 1898-1948
(Corda Fratres, Histoire d'une association internationale étudiante à
l'époque des grands conflits, 1898-1948), CLUEB, Bologne 1999
- Nunzia Manicardi, Formiggini: l'editore ebreo che si suicidò per restare italiano (Formiggini, l'éditeur juif qui s'est suicidé pour rester italien), Modena, Guaraldi, 2001
- Ugo Berti Arnoaldi, Angelo Fortunato Formiggini, in « Dizionario del fascismo » (Angelo Fortunato Formiggini, dans le Dictionnaire du fascisme), Torino, Einaudi, 2002
- Antonio Castronuovo, Suicidi d'autore (Les suicides d'auteur), Roma, Stampa Alternativa, 2003
- Antonio Castronuovo, Libri da ridere. La vita, i libri e il suicidio di Angelo Fortunato Formiggini (Livres pour rire. La vie, les livres et le suicide d'Angelo Fortunato Formiggini), Roma, Stampa Alternativa, 2005
- AAVV, La cronaca della festa. Omaggio ad Angelo Fortunato Formiggini un secolo dopo. 1908-2008 (La chronique de la fête. Hommage à Angelo Fortunato Formiggini un siècle après. 1908 - 2008), Modena, Artestampa, 2008
- Margherita Bai (a cura di), Parole in libertà, edizione
critica commentata (Sous la direction de Margherita Bai, Paroles en
liberté, édition critique commentée), Modena, Artestampa, 2009
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