Qu'est-ce qu'un « bilan
tactile » ? C'est le relevé de quand et comment un
individu est touché au sens le plus basique du terme : avec les
mains, la bouche, la langue, etc. L'épiderme et les muqueuses
représentant le plus vaste système de communication humaine, quand
bien-même est-il souvent négligé, dénigré, interprété de
manière étroite, réductrice et erronée, oublié, maltraité.
J'ai connu une jeune
étudiante qui avait une horreur absolu de tous contacts
« physiques ». Même être simplement bisée la
dégoûtait. Elle s'est pendue. A présent que je repense à elle,
qui avait apparemment « tout pour être heureuse » :
études à l'université, copain, logement, je me dis que par delà
les apparences positives de l'organisation de sa vie elle avait très
certainement été violée. D'où son horreur du toucher auquel
personne n'avait accordé plus d'importance que comme une simple
bizarrerie.
C'est en lisant
l'interview d'une actrice de cinéma qui parlait de son vécu
difficile, du viol qu'elle avait subi, que j'ai relevé une
précision. Elle disait que suite à son agression le moindre contact
« physique » la faisait sursauter, y compris de la part
de sa meilleure amie.
J'ai rencontré une jolie
femme bizarre et désagréable, agressive sans raisons. Je ne
comprenais pas le motif de son comportement, jusqu'au jour où j'ai
légèrement touché son épaule pour lui signaler mon arrivée et
lui dire bonjour. Elle a sursauté et eu très peur. Cette réaction
m'a donné l'explication de l'origine de son agressivité bizarre.
Une fois violée, la
victime, qui peut être féminine mais aussi masculine, développe un
rapport conflictuel au toucher. Et quand et comment adulte est-elle
touchée ?
Si c'est par exemple une
femme mariée, son mari pourra la toucher. Mais ce toucher sera
systématiquement ressenti plus ou moins comme une « entrée en
matière » pour le coït.. Et par là se reliera à tout le
vécu désagréable lié à cet acte. Le toucher serait ainsi
soi-disant « sexuel ».
Comme le croyait une
respectable grand mère mise mal à l'aise par son petit fils de
quatre ans qui mettait à son avis trop les mains sur elle. Elle lui
disait : « seul grand père a le droit de me toucher
ainsi. » Je synthétise son propos. Et pourquoi grand père a
le droit de toucher ainsi grand mère ? Parce qu'il « dort »
avec grand mère !
On voit ici que quand on
parle du toucher, même à des très petits, est évoqué au moins
indirectement le lien avec la sexualité. Lien auquel on donne un
caractère systématique qui conduit souvent à l'absence de toucher
entre adultes. Caresser un chat inconnu aperçu dans la rue est chose
simple et aisée. Toucher un humain est en revanche très souvent
considéré comme « une avance » ou une agression.
Dans notre société le
toucher neutre entre adultes brille le plus souvent par son
inexistence. Le créer ou recréer nécessite la mise au point d'un
protocole particulier. C'est ce que je me suis efforcé d'esquisser
dans ma dernière contribution à ce blog avant celle-ci.
Il faut réintroduire la
paix dans le toucher ainsi recadré exprès selon des conventions
simples. Ceci afin de pouvoir rendre à nombre de personnes la
sérénité perdue des fois depuis des dizaines d'années. Combien de
personnes choquées physiquement n'ont jamais été traitées
« physiquement » ? Très certainement la plupart. Il
est grand temps de remédier à cette situation qui empêche nombre
d'entre nous d'apprécier positivement la vie. D'être heureux tout
simplement.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 9 juillet 2017
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