Quand nous naissons et
durant nos premières années de vie, nous jouissons pleinement du
premier et du plus important de très loin des moyens de
communication humains : la peau et les muqueuses, qui servent au
langage tactile.
On va vers l'âge de
quatre ans environ faire taire notre peau et nos muqueuses, les
empêcher d'écouter et de s'exprimer. En nous habillant et
interdisant largement leur vue. Et plus encore en interdisant très
largement le toucher de la peau ou des muqueuses. Tirer la langue
sera même prohibé, sauf chez le docteur ou pour lécher une glace.
C'est le sevrage tactile. Il est très violent.
Vers l'âge de douze,
treize ans la barrière tactile tendra à être rompue par nous et
par d'autres éléments extérieurs. Mais le hiatus tactile des
années largement privées de toucher vont nous laisser analphabètes
tactiles. Nous ne saurons ni toucher, ni être touché. La mal
éducation sexuelle ajoutera au désordre et à l'insatisfaction.
Le langage tactile sera
abusivement présenté comme le prélude obligatoire au coït. Le
toucher sera chose mineure. Et la pénétration du pénis dans un
orifice naturel d'un tiers sera considérée comme « la chose
sérieuse »... Le langage tactile sera ravalé au rang
d'activité pré-éjaculatoire.
Toutes les réactions
telles que la turgescence des mamelons des filles ou l'érection chez
les garçons seront abusivement assimilées à un appel immédiat au
coït, ce qu'ils ne sont pas dans la plupart des cas.Si un garçonnet,
un bébé bande, personne ne parlera de coït. Mais allez expliquer
que le coït n'est pas à l'ordre du jour s'il s'agit d'un jeune
homme de quinze ans !
La « Nature »,
l' »inévitable », la 'jeunesse », le « plaisir »,
le « devoir conjugal », le « profiter de la
situation », le désir supposé de l'autre, etc. seront appelés
à la rescousse en guise de justificatifs de la conduite « droit
au but ». Mais que se passera-t-il en cas de viol ? Crime
hélas des plus courants.
Les adultes croient très
souvent que le toucher entre adultes est « sexuel ». La
personne agressée sexuellement va avoir horreur du sexe. Pour la
soigner, traiter son traumatisme, il faut la toucher. Mais le toucher
est abusivement assimilé au sexe. Il y aura alors blocage.
On ne proposera rien pour
soigner la victime, ou alors d'user de la parole, ce qui est
dramatiquement insuffisant. Au point qu'on peut souvent parler de
« blablathérapie ».
Les victimes de viols ont
besoin d'une rééducation tactile en usant d'un toucher neutre.
Toucher que quelquefois ils n'ont plus connu depuis leur petite
enfance. Il faudra user de protocoles spéciaux afin de
ré-apprivoiser ou apprivoiser la victime, la violée, au toucher.
C'est une véritable rééducation. Comme je l'ai déjà esquissé,
ça pourra prendre la forme d'une situation ou la violée sera assise
confortablement, habillée normalement, dans un lieu bien éclairé.
Une personne de confiance tiendra une main de la violée. Cependant
que le soignant touchera de la façon la plus agréable possible
l'autre main et l'avant bras correspondant. Le tout durant une
vingtaine de minutes à chaque séance. Si un des participants s'en
ressent mal, la séance sera aussitôt arrêtée sans que qui que ce
soit ait à donner une explication ou une excuse. Une amie à qui je
décrivais ce dispositif l'a trouvé intéressant et a aussitôt
proposé que ce soit la main et le bras entier qui soit agréablement
touchés. Elle n'a pas souhaité fixer de date pour un essai. Le
débat est à présent ouvert. Il va être possible de passer de la
théorie à la pratique et commencer à soigner les très nombreuses
victimes de viols ou agressions divers qui nous entourent.Elles n'ont
la plupart du temps jamais été soignées et traînent quelquefois
leurs problèmes depuis des dizaines d'années.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 14 juillet 2017
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