vendredi 14 juillet 2017

815 Pourquoi est-il si difficile d'aider les victimes de viols ?

Quand nous naissons et durant nos premières années de vie, nous jouissons pleinement du premier et du plus important de très loin des moyens de communication humains : la peau et les muqueuses, qui servent au langage tactile.

On va vers l'âge de quatre ans environ faire taire notre peau et nos muqueuses, les empêcher d'écouter et de s'exprimer. En nous habillant et interdisant largement leur vue. Et plus encore en interdisant très largement le toucher de la peau ou des muqueuses. Tirer la langue sera même prohibé, sauf chez le docteur ou pour lécher une glace. C'est le sevrage tactile. Il est très violent.

Vers l'âge de douze, treize ans la barrière tactile tendra à être rompue par nous et par d'autres éléments extérieurs. Mais le hiatus tactile des années largement privées de toucher vont nous laisser analphabètes tactiles. Nous ne saurons ni toucher, ni être touché. La mal éducation sexuelle ajoutera au désordre et à l'insatisfaction.

Le langage tactile sera abusivement présenté comme le prélude obligatoire au coït. Le toucher sera chose mineure. Et la pénétration du pénis dans un orifice naturel d'un tiers sera considérée comme « la chose sérieuse »... Le langage tactile sera ravalé au rang d'activité pré-éjaculatoire.

Toutes les réactions telles que la turgescence des mamelons des filles ou l'érection chez les garçons seront abusivement assimilées à un appel immédiat au coït, ce qu'ils ne sont pas dans la plupart des cas.Si un garçonnet, un bébé bande, personne ne parlera de coït. Mais allez expliquer que le coït n'est pas à l'ordre du jour s'il s'agit d'un jeune homme de quinze ans !

La « Nature », l' »inévitable », la 'jeunesse », le « plaisir », le « devoir conjugal », le « profiter de la situation », le désir supposé de l'autre, etc. seront appelés à la rescousse en guise de justificatifs de la conduite « droit au but ». Mais que se passera-t-il en cas de viol ? Crime hélas des plus courants.

Les adultes croient très souvent que le toucher entre adultes est « sexuel ». La personne agressée sexuellement va avoir horreur du sexe. Pour la soigner, traiter son traumatisme, il faut la toucher. Mais le toucher est abusivement assimilé au sexe. Il y aura alors blocage.

On ne proposera rien pour soigner la victime, ou alors d'user de la parole, ce qui est dramatiquement insuffisant. Au point qu'on peut souvent parler de « blablathérapie ».

Les victimes de viols ont besoin d'une rééducation tactile en usant d'un toucher neutre. Toucher que quelquefois ils n'ont plus connu depuis leur petite enfance. Il faudra user de protocoles spéciaux afin de ré-apprivoiser ou apprivoiser la victime, la violée, au toucher. C'est une véritable rééducation. Comme je l'ai déjà esquissé, ça pourra prendre la forme d'une situation ou la violée sera assise confortablement, habillée normalement, dans un lieu bien éclairé. Une personne de confiance tiendra une main de la violée. Cependant que le soignant touchera de la façon la plus agréable possible l'autre main et l'avant bras correspondant. Le tout durant une vingtaine de minutes à chaque séance. Si un des participants s'en ressent mal, la séance sera aussitôt arrêtée sans que qui que ce soit ait à donner une explication ou une excuse. Une amie à qui je décrivais ce dispositif l'a trouvé intéressant et a aussitôt proposé que ce soit la main et le bras entier qui soit agréablement touchés. Elle n'a pas souhaité fixer de date pour un essai. Le débat est à présent ouvert. Il va être possible de passer de la théorie à la pratique et commencer à soigner les très nombreuses victimes de viols ou agressions divers qui nous entourent.Elles n'ont la plupart du temps jamais été soignées et traînent quelquefois leurs problèmes depuis des dizaines d'années.

Basile, philosophe naïf, Paris le 14 juillet 2017

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