samedi 31 mars 2018

923 Que vous soyez puissant ou misérable...

On a beaucoup écrit et parlé à propos de l'affaire Weinstein. Le dernier écrit que j'ai lu à ce sujet disait que c'était regrettable et dommageable pour le cinéma d'avoir importuné ainsi un grand réalisateur de films. En résumé : il aurait été berger, balayeur ou mendiant, tant pis pour lui ! Mais un producteur de cinéma doit être laissé en paix, quel que soit les actes qu'on pourrait lui reprocher.

Cette affaire Weinstein et ses suites médiatiques peuvent néanmoins être considérées de façon critique, mais pour une toute autre raison. Qu’on libère la parole des victimes et dénonce les agresseurs est une excellente chose. Rien à redire, mais il y a un hic dans beaucoup d'écrits sur cette affaire. On fait comme si les agressions sexuelles se résumeraient à de mauvais écarts de conduites de certains hommes. Or il s'agit de bien autre chose que seulement cela.

Il s'agit de l'expression d'un très ancien conflit entre l'ensemble des hommes agressant l'ensemble des femmes. Quelle est l'origine, la nature, l'ampleur et l'intensité de ce conflit ?

Son origine est très ancienne. Ce qui ne signifie pas qu'il durera forcément toujours. L'homme a cru de bonne foi durant au moins vingt mille ans être le seul intervenant actif dans la reproduction humaine. Il connaissait certainement l'acte sexuel comme reproducteur et la durée de la gestation, car il avait inventé l'élevage. Mais il ne savait rien de l'ovulation. Juste des âneries proférées sur la femme qui a ses règles et fait tourner le lait ou le jambon rien qu'en l'approchant. Un ami m'a raconté avoir vu à l'entrée d'un temple en Inde une immense pancarte prévenant que les femmes ayant leurs règles étaient strictement interdites dans ce lieu.

L'ignorance de la réalité de l'ovulation a duré au moins deux cent siècles. L'ovulation n'a été décrite scientifiquement que vers 1845 par les deux médecins français Félix-Archimède Pouchet et Charles Négrier. Fait significatif, on ne voit guère qui que ce soit signaler cette immense découverte qui nous concerne tous. Et les Français si fiers d'ordinaire des découvertes faites par des Français ne s'en vantent autant dire nulle part.

Le fait que l'homme a cru que la femme n'était qu'une sorte de terre passive où il déposait sa semence a conduit au mépris des femmes. Et à la prétention incroyable que la femme appartient à l'homme. Le vocabulaire est éloquent : l'homme « prend », « possède » la femme quand il la baise. La femme alors « lui appartient ». Comme elle n'est que de la terre son travail gestationnel, maternel et domestique n'est ni reconnu, ni rémunéré et ne donne pas droit à une retraite en or massif. Retraite qu'elle mériterait. Si la femme travaille à l'extérieur de son foyer, le plus souvent on la paye moins qu'un homme pour le même travail. Elle a aussi généralement droit à moins de promotions que l'homme. Il y a peu encore la femme d'artisan qui travaillait avec son mari en France n'avait simplement droit à rien pour sa retraite. En résumé, aux yeux des lois, la courageuse et très laborieuse femme d'artisan n'existait pas.

Pour justifier le fait de ne pas donner l'égalité salariale et de carrières professionnelles aux femmes, certains disent : « leur carrière est perturbée par les grossesses et les enfants à s'occuper. » Oui, mais, pauvres machos qui parlez ainsi, si les femmes ne font plus de gosses, où trouverez-vous les futurs travailleurs ?

Une amie qui habite dans un coin plutôt paisible du quatorzième arrondissement de Paris me redit régulièrement ceci : « je fais de l'insomnie. J'aimerais bien quand il est trois heures du matin sortir seule me promener, prendre un peu l'air dans le quartier et puis me recoucher. Mais je ne peux pas le faire parce que je suis une femme. » En résumé : la peur de l'agression sexuelle et du viol impose à nombre de femmes un couvre-feu de facto à Paris et dans d'autres villes. Où est alors la Civilisation ? Notre société prétendument évoluée et égalitaire ne l'est tout simplement pas.

Quand une jolie femme se fait violer, il y a des imbéciles pour dire que sa tenue ou ses manières représentaient une provocation. Qu'elle est donc coupable de ce qui lui est arrivé. Mais quand un homme riche et bien habillé se fait attaquer et dévaliser dit-on que c'est de sa faute ? Devrait-il s'habiller préventivement en clochard ?

Si on vous vole votre voiture de sport dit-on que c'est votre faute car vous auriez du vous déplacer dans une vieille bagnole pas chère et pourrie ?

En vérité on cherche à dédouaner les hommes violeurs en prétendant que les femmes sont responsables de leurs actes criminels. J'ai passé environ deux années à l’École des Beaux-Arts de Paris à dessiner du matin au soir de jolies femmes nues à l'amphithéâtre de croquis dit « Cours Yvon », qui n'existe plus depuis bien longtemps. Je n'ai jamais manqué de respect à aucun modèle et n'ai jamais entendu parler de quelque agression de femme ou d'homme posant nu dans cette école.

Durant vingt mille ans l'homme s'est cru le principe actif reproducteur, d'où sa très fréquente inconduite, y compris aujourd'hui, à l'égard de la femme. Il se croit tout permis. La plupart des hommes hélas, y compris intelligents et cultivés, sont très cons quand il s'agit de leur compagne potentielle. Il serait très souhaitable, pour les femmes et aussi pour les enfants et pour les hommes, que l'homme cesse de mal se conduire. Il faut que l'homme devienne adulte et cesse de jouer au commerce et à la guerre. Sinon, avec les moyens de destruction et pollution dont il dispose il fera encore beaucoup de tort à lui-même et à celle qu'il a le devoir d'aimer.

Basile, philosophe naïf, Paris le 31 mars 2018

jeudi 29 mars 2018

922 Au delà du toucher : l'homme disloqué, la femme niée

Dans notre société, le toucher entre adultes est ritualisé, prohibé, rendu suspect. Si j'effleure un inconnu dans le métro parisien, je dois m'excuser tout de suite, sinon je risque de passer pour mal élevé, louche, voire carrément criminel sexuel. Pas question de passer la main dans les cheveux d'un sympathique inconnu ou une sympathique inconnue. Ce geste serait très mal perçu. L'interdiction du toucher entre les humains adultes est étendue aux objets. Ne caressez pas la valise ou le chapeau d'un inconnu, qu'il a posé sur la table d'un café, par exemple. Vous passeriez pour un malade, un fou ou un voleur. En revanche, un chat ou un chien inconnu, un cheval ou un âne inconnu, même si c'est votre première rencontre avec, vous pouvez le caresser. Moralité : vous êtes plus proche d'un chat, un chien ou un cheval ou un âne inconnu que d'un homme, une femme ou un enfant inconnu. Est-ce bien normal ? D'où vient et comment s'exprime ce dérangement ?

Le toucher entre humains adultes est assimilé à l'appel au coït. Et l'appel au coït à l'obligation de baiser. Les hommes surtout, plus que les femmes, semblent parfois ne penser qu'à ça vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours par semaine et douze mois par an. D'où vient cette obsession ? Est-elle naturelle ? Et sinon depuis combien de temps et comment s'exprime cette obsession ?

Les chercheurs ont retrouvé les traces de l'apparition de l'élevage. C'était il y a vingt mille ans. Les humains connaissaient donc dès ce temps-là le possible pouvoir fécondant de l'acte sexuel. Ils connaissaient la durée de la gestation féminine ou animale. En revanche les humains ne comprenaient autant dire rien à l'ovulation. C'est seulement vers 1845 que deux humains, les médecins français Félix-Archimède Pouchet et Charles Négrier, ont décrit pour la première fois le mécanisme de l'ovulation féminine ou animale. Il s'est donc passé au moins vingt mille ans durant lesquelles les hommes ont connut ignorance et stupidité concernant l'ovulation. Et d'abord ont pensé que la femme était un récipient passif, une sorte de terre vivante recevant la semence humaine masculine active. L'homme a cru durant au moins vingt mille ans qu'il était le seul acteur actif de la reproduction humaine. Cette absurdité lui a valut de tomber dans l'obsession coïtal et le mépris des femmes. L'homme divisé, disloqué, la femme niée, tel a été le prix de ces au moins deux cent siècles d'ignorance. C'est là l'origine du machisme et des violences faites aux femmes.

Depuis Pouchet et Négrier l'Humanité ne s'est pas corrigée. Harcèlement sexuel, violences diverses sont toujours là. Les hommes confondant très fréquemment la masturbation masculine dans un orifice naturel d'un autre avec le fait de « faire l'amour ». Pour faire l'amour, il faut un désir authentique et réciproque. Ce n'est la plupart du temps pas le cas quand survient la conjonction sexuelle de deux humains.

Reconnaître effectivement à la femme son rôle actif dans la reproduction et sa dignité sera le premier pas pour entrer enfin dans la Civilisation. Tant que la maltraitance des femmes par les hommes durera aucune paix ne sera possible. Le conflit immémorial entre l'homme ignorant et la femme opprimée par lui s'exprime notamment dans le très étrange traitement du toucher. Si le toucher se libère, par exemple dans la danse en couple, les égouts de la conscience humaine ont tendance à remonter à la surface de la conscience individuelle. Ça peut être très violent. Cette prise de conscience de certaines choses bloquées surgissant dans la conscience de l'être humain engagé bien malgré lui dans le conflit antique entre l'ensemble des hommes avec l'ensemble des femmes.

La libération même partielle et ritualisée du toucher dans la danse en couple tend à ôter le bandeau de l'inconscience des yeux et de la perception générale de l'être humain. Ce travail sur soi par le toucher est plus direct et ciblé que tous les discours verbaux et n'a pas les effets secondaires des drogues pharmaceutiques qui assomment le malaise et le malade avec.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 mars 2018

lundi 26 mars 2018

921 L'amour est une fleur sauvage qui ne pousse pas dans les jardins

Quantité de personnes qui n'ont jamais vraiment rencontré l'amour ou su « le conserver » vous explique, avec beaucoup d'aplomb, comment vous devez faire pour y arriver. Ou approuve chez les autres « d'excellentes méthodes » qui avec elles n'ont jamais fonctionné. Ils usent aussi du « discours des évidences » : « il faut être sérieux », « on n'est pas fait pour vivre seuls », etc. Et s'élève le discours des lamentations de ceux et celles qui n'y sont pas arrivés. Et qui finalement quelque part espèrent que surtout personne autour d'eux n'y arrivent. Je connais des personnes fort aimables que je soupçonne fort de chercher à « casser la baraque » de tous ceux ou celles qui risqueraient de vivre quelque chose de positif et humain en amour. C'est même un espèce d'automatisme chez elles. C'est pourquoi il y a intérêt souvent à se taire et aussi à se boucher les oreilles quand on vous encourage à aborder le sujet souvent perturbé et délicat de « nos amours ».

Combien la vie dite « privée » tend à ne pas l'être ! « Tu as une nouvelle copine, dis, tu as une nouvelle copine ? » « Tu es pressé de rentrer chez toi ce soir, quelqu'un t'attend ? » Les regards des autres sont souvent braqués dans nos slips, en toute amitié, bien entendu... Je crois qu'il est juste d'éluder les réponses, pourquoi ? Parce que ce qui arrive avec le contenu de nos slips, y compris si rien n'arrive, ne concerne pas les autres.

Mais qu'est-ce que l'amour ? Les définitions qui pullulent sont bancales. Pourquoi ? Parce que ce sont des définitions. Je m'explique : peut-on définir un rosier en indiquant la taille précise que doivent avoir chacune de ses feuilles au millimètre près ? Bien sûr que non. Les définitions de l'amour prétendent justement à ces définitions. Le vivant ne se définit pas ainsi, justement parce qu'il est vivant. L'amour est un sentiment vivant, pas un contrat d'assurances. Et combien de gens voudraient qu'il ressemble à un contrat d'assurances. Ainsi pour exemple je donnerai un remarquable fiasco : deux individus de sexe opposé s'aiment d'amitié, se racontent leurs vies, se retrouvent souvent ensemble, tout l'entourage est persuadé qu'ils sont « ensemble ». Ces deux crétins vont se dire : « et si nous formions un couple ? » Donc : on déclare à la cantonade « qu'on est ensemble », on s'installe dans un logement commun, on baise. Et après deux ans de « paradis » arrivent un peu plus de deux ans d'enfer. Et au bout le tout explose et il ne reste rien, pas même l'amitié. Pourquoi ? Parce que ces deux imbéciles ont voulut faire de l'amour un jardin. Il y avait des codes à suivre, exactement comme des pelouses bien tondues ou des buis bien taillés en boules. Or il faut savoir que : « L'amour est une fleur sauvage qui ne pousse pas dans les jardins ».

Autre exemple : quel lien existe entre l'amour et la poésie. Aucun. Vous pouvez délirer joliment à longueur de pages sur une zezette ou un zouzou quelconque, l'amour est ailleurs. Il est au delà des mots. Car les mots, avec leurs règles de fer, sont des petits jardins. Alors, faisons pour notre usage personnel ou le plaisir des autres de jolis petits jardins, de très beaux poèmes d'amour... mais ne confondons pas la poésie et la vie. Je l'ai eu fait jadis et m'en est pris de sacrés retours de manivelles. Les demoiselles poétisées appréciaient mes pensums amoureux. Mais pour le reste prenaient gentiment la fuite. Si vous voulez que la vie vive ne confondez pas la vie avec la poésie. La poésie c'est juste de la poésie. C'est-à-dire pas autre chose qu'un peu de peinture sur une feuille de papier qui n'est rien comparé à la réalité du paysage représenté.

Aimons en conformité avec ce qu'est l'amour : une fleur sauvage qui ne pousse pas dans les jardins. Évitons de commencer à dresser des clôtures et vouloir faire des plantations. Et de planter des écriteaux avec marqué dessus : « propriété privée, jalousie autorisée ». Je connais une demoiselle qui s'extasie devant la jalousie de son amant... gare aux retours de manivelle ! A force de vouloir contrôler la pousse des brins d'herbe dans son jardin, il pourrait finir par ne plus rien y pousser. Mais à nous de savoir ce que nous choisissons : le libre amour ou « la belle prison jardinière ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 mars 2018

jeudi 22 mars 2018

920 En marge d'un conflit

Les femmes et les jeunes filles qui vivent à Paris, surtout si selon les critères en vogue elles sont jolies, connaissent de nos jours un climat d'agressions sexuelles permanentes. La société a évolué ces dernières décennies. Par exemple, depuis 1965 en France les femmes mariées, peuvent ouvrir un compte bancaire ou prendre un emploi sans devoir demander l'autorisation à leur mari. Le concept d'« autorité parentale » a remplacé le vieux concept machiste de « chef de famille ». Les mots « macho », « machisme », « féminisme » et « sexisme » se sont vulgarisés et même sont pour certains apparus seulement depuis une cinquantaine d'années.

Petit, je devais avoir sept, huit ou neuf ans, c'était donc en 1958, 1959 ou 1960, en dérivant du mot racisme j'avais inventé le mot « sexisme ». J'en étais tout fier. Je répétais à ma mère à propos de l'inconduite masculine : « mais c'est du sexisme, du sexisme ! » Je m'en souviens très bien. Nous marchions alors, le soir, avenue Denfert-Rochereau de retour du jardin du Luxembourg.

Mais, pour revenir à la situation actuelle des femmes et jeunes filles classées « séduisantes » à Paris : la situation des femmes a évolué, aussi grâce à la légalisation de la contraception orale, de l'avortement et grâce à la féminisation partielle de la police qui a permis que leurs plaintes soient mieux entendues quand elles viennent se plaindre d'agressions machistes. Mais les hommes dans leur immense majorité sont toujours aussi bêtes qu'avant. Je sais de quoi je parle, car il arrive que des femmes rompent le silence qu'elles ont vis-à-vis des hommes en m'en parlant.

Une très jolie fille m'expliquait il y a des années que, quand elle traversait seule Paris, elle était toujours abordée au moins deux fois par un bafouillant : « mademoiselle, mademoiselle ! » émanant d'un quelconque jeune abruti qu'elle pouvait incidemment croiser.

Trois jeunes Parisiennes théâtreuses avec lesquelles je parlais il y a quelques jours de la mauvaise condition féminine actuelle m'ont carrément dit être en permanence sur la défensive.

Il y des années, un artiste peintre qui peignait des aquarelles au jardin du Luxembourg, m'a raconté qu'il était resté estomaqué de constater qu'il y avait dans le jardin certains hommes qui en faisaient le tour et abordaient et importunaient systématiquement toutes les jeunes femmes seules.

Ce qui rejoint le propos d'une voisine de ma rue et d'une dame de mon entourage qui m'ont dit renoncer à aller lire seule dans un grand jardin parisien, car elles se faisaient systématiquement aborder par des abrutis de sexe masculin.

Le machisme est bien présent à Paris et les dernières campagnes médiatiques contre les agressions sexuelles font comme s'il s'agissait d'une minorité d'hommes qui se conduisent mal, alors qu'il s'agit d'un climat relationnel général complètement pourri et habituel. Dont les femmes finissent même par ne plus se plaindre, tant il est omniprésent. La peur du viol n'en est qu'un aspect. Il existe une peur de l'autre qui est imprégnée dans l'ensemble des relations homme-femme, y compris entre des personnes de sexes opposés proches et réciproquement bienveillantes.

Une partie au moins de l'attitude des femmes à l'égard des hommes ressort de la crainte générale régnant dans les relations inter-sexuelles à Paris. Il ne s'agit pas de la peur de l'autre, mais de la peur de se laisser aller vers l'autre, qui attire mais aussi fait peur. Je sais de quoi je parle. J'ai connu durant de très nombreuses années et connaîtrais peut-être encore la peur des femmes, surtout celles qui me paraissent proches.

J'observais récemment une amie quittant une soirée dansante à Paris. Elle a salué affectueusement trois hommes, dont moi, qu'elle connaît. Et ignoré un quatrième, que pourtant elle connaît aussi. Motif visible : celui-ci, au moment de la quitter à un changement de cavalière l'a ce soir-là, d'autorité, pris dans ses bras pour lui faire une sorte de câlin. Mais si en théorie ça devrait être un câlin, dans le climat délétère et machiste régnant ça revient au fait de tâter la viande avant consommation. Je me garderais bien d'agir ainsi avec une femme que j'apprécie et qui ne me connaît pas encore très bien. De même je ne lui donnerais pas à lire les poèmes que j'écris sur elle, si beaux soit-il. Et je réfléchirais à deux et même trois fois avant de lui offrir des fleurs.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 mars 2018


mercredi 21 mars 2018

919 L'appauvrissement du langage amoureux

Du temps de Molière, en France, on pouvait dire ou écrire à quelqu'un « je vous aime » sans que ça signifie une quelconque obligation sexuelle. Un « amant » c'était quelqu'un qui aime d'amour et est aimé. Un « amoureux » quelqu'un qui aime d'amour et n'est pas aimé en retour. « Embrasser » signifiait « prendre dans ses bras ». « Baiser » signifiait donner un baiser. « Faire l'amour » signifiait « faire la cour ». Aujourd'hui la langue de l'amour s'est appauvrit. On ne peut plus dire ou écrire à quelqu'un « je vous aime » ou « je t'aime » sans que ça ait une connotation pré-coïtal. « Amant » signifie qu'on a affaire à quelqu'un avec qui on couche. « Embrasser » signifie donner un baiser. « Baiser » signifie et vulgairement réaliser l'acte sexuel. « Faire l'amour » a la même signification en plus aimable. Il n'existe aucun mot ou expression pour dire qu'on veut ou on va dormir avec quelqu'un. Coucher avec quelqu'un, passer la nuit avec quelqu'un, aller au lit avec quelqu'un, dormir avec quelqu'un a toujours la signification implicite qu'on va s'accoupler avec. Pourtant on peut très bien vouloir dormir avec quelqu'un sans réaliser cette activité.

C'est difficile d'y voir clair quand le langage lui-même est biaisé. Il faudrait redresser le langage qui nage dans une sexualité sommaire implicite. Par exemple j'aimerais que « faire l'amour » signifie avoir une attitude amoureuse sans pour autant nécessairement s'adonner au sport en chambre.

L'amour « libre » c'est aussi la liberté de ne pas chercher le coït à tous prix. Quand le poète Georges Brassens écrit « la bandaison, papa, ça ne se commande pas », je le cite de mémoire, il montre qu'il n'a rien compris. L'érection ne signifie nullement forcément comme il le sous-entend ici, que l'acte sexuel est désiré, que c'est un besoin immédiat et une chose souhaitable. En dépit des discours qui le prétendent, l'érection ne signifie absolument pas forcément qu'il existe un désir concomitant. Quantité de raisons peuvent la provoquer. Si on se croit intelligent de chercher l'intromission du membre raidi dans un orifice naturel d'un tiers, sans qu'il y ait un désir véritable et réciproque, on détruit à terme la relation. Quantité de gens agissent ainsi, y compris de bonne foi. Tôt ou tard ils se retrouvent seuls. Tant pis pour eux ! Ils l'ont bien cherché ! Comme je le dis : « quantité de gens font de très grands efforts pour assurer leur malheur... et leurs efforts sont récompensés ! »

Il faut être à l'écoute de soi et ne pas suivre les discours obtus à la mode. S'il n'y a jamais eu autant de gens qui déclarent aujourd'hui « souffrir de la solitude », il y a bien une raison qui est aussi en eux. Si la compagnie des personnes âgées de cinquante ans et plus va souvent m'ennuyer, ce n'est pas parce qu'elles sont vieilles, mais parce qu'elles sont tristes. A force de faire des bêtises en amour elles vivent mal leur vie. Heureusement il existe des exceptions. J'espère en faire partie.

Avant mai 68 il semblerait que dans le domaine dit « sexuel » tout était interdit, suspect. Après mai 68 il semblerait que tout ce qui était interdit, suspect, est devenu obligatoire. On a remplacé l'interdit par l'obligation. Ce n'est pas mieux. L'obligation, fut-elle baptisée « amour libre », n'est pas la liberté.

Je me souviens d'un tract fameux sorti en 1972 qui faisait l'apologie, schéma joint, de l'acte sexuel. Et de la masturbation qui pouvait « combler l'ennui d'une heure de classe ennuyeuse ». Je ne me rappelle pas avoir vu dans ce tract la moindre allusion aux sentiments. L'acte sexuel y était présenté comme un produit de consommation non relié à une relation. Et il était réglé comme une horloge. Dans les années 1970, une actrice américaine du nom de Jane Fonda écrivait, je cite de mémoire : « faire l'amour est un acte hygiénique au même titre que se brosser les dents. » Le résultat de toute cette soupe idéologique soixante-huitarde est qu'on a remplacé une misère par une autre. Au lieu d'être frustré certains se retrouvent gavés et ne se sentent guère mieux que les frustrés d'hier. Et comme toujours, ce sont les femmes qui vont souffrir en premier. Il faut que ça change.

Basile philosophe naïf, Paris le 21 mars 2018

lundi 19 mars 2018

918 Comparaisons

Tu es plus précieuse que l'eau
Au milieu du désert.
Que le radeau
Au milieu de la mer.
Que l'enfant
Au cœur de la mère.
Tu brille plus forte dans mon cœur
Que l'étoile solitaire dans la brume du matin.
Je suis plus attaché à toi
Que le chat au poisson,
Le corail au rocher,
Et le jour à la nuit.
Tu es plus libre
Que l'oiseau qui traverse le ciel
Que la feuille
Qui tombe de l'arbre
Que l'eau de la pluie
Qui s'évapore au soleil.
Tu es la sirène merveilleuse
Qui est venue un jour
Frapper à la porte de mes nuits
En m'apportant dans un coffret
En pierre précieuse
Toute la lumière de l'été.
Tu es mon rêve incarné
Dans la stricte réalité.

Basile, Paris le 19 mars 2018

dimanche 18 mars 2018

917 Swing thérapie et thérapie par le tango

J'avais sept ans. Je n'allais pas à l'école. Mon temps était très souvent occupé à partager des activités avec ma sœur de quatre ans plus âgée. Tout se passait sans anicroches, jusqu'au moment où je réalisais une chose bizarre, incompréhensible et irritante. A diverses reprises ma sœur sous prétexte de me soulever de terre, visiblement exprès et sans m'en dire un mot, prenait dans sa main mon sexe à travers mes vêtements. J'ignorais absolument tout de la sexualité. Ne m'y intéressait pas. Le sexe je ne le voyais que comme un organe servant à uriner. Le geste répété de ma sœur m'a irrité. J'ai décidé de lui rendre la pareille. Un jour je l'attrape et la soulève de terre en lui prenant le bas-ventre avec une de mes mains. Elle a poussé quelques exclamations inarticulés. Je l'ai reposé par terre. Après cette « revanche » elle n'a pas recommencé son geste irritant. C'est seulement des décennies plus tard, à la cinquantaine révolue que j'ai réalisé que le comportement de ma sœur m'avait traumatisé à l'extrême. J'en souffre encore soixante ans plus tard. En particulier d'une peur des femmes bien chevillée au corps.

En quoi ces agressions sexuelles pouvaient-elles nuire à ce point. Non pas parce que c'était « sexuel ». Nombre d'enfants à ce que j'ai entendu dire, jouent à toutes sortes de jeux sexuels entre eux sans être perturbés par la suite par ces activités. Mais ce qui m'a déstabilisé, c'était le caractère imposé et dominateur du geste répété ainsi et qui me ravalait au rang de simple objet passif et subissant la volonté régalienne de ma sœur. Je n'étais plus un être humain, un partenaire de jeux. J'étais une chose qu'elle utilisait à sa guise. Cette façon d'être considéré par l'autre, c'est ça qui vous traumatise. Et il n'y a pas besoin que ce soit forcément sexuel pour que cette chosification de soi vous fasse très mal. Ignorer votre dignité d'être humain à part entière, telle est la base de l'agression sexuelle ou autre.

Quand on est traumatisé ainsi, on attire l'agression, le non respect et on est attiré par d'autres victimes. On n'arrive pas ou guère à réaliser de grandes choses. On est handicapé par une blessure invisible. Sa présence cachée est durable car généralement on ne la soigne pas. On ignore même qu'on la porte en soi. Il faut très longtemps pour arriver à s'apercevoir qu'elle est là. Mais comment peut-on la soigner ?

En se réapprivoisant au toucher pacifique et respectueux. Ce qui n'est guère possible dans notre société occidentale, française et parisienne qui a horreur du toucher entre adultes. Ce toucher est systématiquement et abusivement étiqueté « sexuel » et qualifié de « préliminaire » de l'acte sexuel obligatoire. Qui est sensé si « tout va bien » obligatoirement suivre...

J'ai préconisé l'organisation de soins tactiles, de caresses thérapeutiques et non sexualisées. Ce genre de soins est difficile à mettre en œuvre et ne sera pas organisé, si ça arrive, avant des délais qui peuvent être très longs. Heureusement il nous reste la solution de la danse de couple.

Une amie qui n'avait pas été touchée par un homme et n'en avait pas touché un depuis des années m'a dit être revenu au toucher grâce à des cours de tango. Moi-même je commence à retrouver ce chemin perdu grâce à des cours de danse swing.

Peut-être un jour on verra des thérapeutes prescrire à leurs patients en psychiatrie des cours de danses et des bals de danses de couple ? Ce serait moins triste que des séances de psychothérapie et la prise de drogues sédatives qui assomment la maladie et le patient avec.

Peut-être un jour on verra au cœur des services psychiatriques surgir une grande piste de danses avec un médecin disc jockey ? Il y avait bien jadis un bal des folles à la Salpetrière.

Basile philosophe naïf, Paris le 18 mars 2018

916 La pudeur, la parole, l'excitation et le mensonge

Dans la culture régnante aujourd'hui chez nous en France et à Paris est aussi en d'autres endroits existe le concept de « pudeur ». Concept dont l'usage est « à géométrie variable ». Ainsi, par exemple, on voit des individus douteux expliquer que si une femme dans sa façon de s'habiller ne respecte pas la pudeur, c'est de sa faute si elle se fait violer. Pourtant on n'entend jamais dire que si un riche se fait attaquer et détrousser c'est de sa faute parce qu'il était bien habillé ou avait une belle maison ou une belle voiture ! Pour ma part, j'ai passé des années à l’École des Beaux-Arts de Paris à fréquenter des ateliers ou posaient des femmes nues et des hommes nus. Il ne m'est jamais venu à l'idée d'en agresser un. Quand bien-même il se serait agit d'une jolie fille !

Ce concept de « pudeur » censé protéger la bonne marche de la société est en fait très dangereux dans la façon dont on l'emploie. Comme il interdit de parler à voix haute de notre vie sexuelle, il va impliquer également d'interdire la dénonciation des agressions sexuelles. Le fonctionnement de cette logique est simple : « si on est correct et bien élevé on ne raconte pas qu'on a eut une activité sexuelle et laquelle. Avoir été violé ou simplement agressé sexuellement fait partie de nos activités sexuelles, donc on n'en parle pas. » Et ainsi on laisse les agresseurs en paix. Ce n'est plus « la pudeur » qui protège la tranquillité mais la loi du silence qui protège les criminels. Ayant été agressé sexuellement je sais de quel problème je parle. Il m'arrive encore d'être gêné pour en parler. Alors que je n'ai rien demandé, dit ou fait pour être agressé et n'en suis absolument pas responsable.

Parler est selon de nombreuses personnes la manière de « se reconstruire » après une agression sexuelle. D'accord sans doute au moins partiellement, mais comme cette parole est souvent présentée et encadrée de façon bizarre. « Tu dois en parler à un spécialiste et sous le sceau du secret médical ». Et pourquoi donc ce récit devrait-il rester confidentiel ? Est-il honteux de dire ce qui vous est arrivé ? J'ai failli écrire « d'avouer ce qui vous est arrivé ». Certains conseilleurs ou conseilleuses ajoutent qu'il faut même faire des séances de paroles durant des mois d'affilée. Mais pourquoi donc, quel bizarre prétention ! Que si on en a envie on fouille dans les tréfonds de la psyché pour y trouver des constructions inattendues, soit, pourquoi pas. Mais une agression c'est simple, c'est une blessure, il faut la soigner. Et là on vous invite à en faire un roman. Il serait plus avisé de préconiser une thérapie manuelle. Chose dont j'ai eu l'occasion déjà de parler, notamment au numéro 912 de ce blog philosophique.

Un élément qui trouble souvent notre compréhension de notre sexualité et de celle des autres est la confusion entre excitation et désir. Ce n'est pas parce qu'un garçon bande que ça signifie qu'il éprouve un désir sexuel. C'est comme ça. Et croire systématiquement à l'existence d'un désir sexuel en cas d'érection conduit aux pires catastrophes. Car s'adonner au sport en chambre en dépit de l'absence de désir authentique et véritable conduit au désenchantement, à la déception et à la rupture. C'est là que la bêtise et l'ignorance aidant, si le jeune homme est beau, il se dit : « ça ne fait rien, je rencontrerai quelqu'un d'autre ! » Et rebelote et nouvelle déception plus tard et recommencement. Jusqu'à ce que l'âge venant ce désordre imbécile et odieux s'arrête.

La confusion entre excitation et désir conduit à d'autres aberrations et même à des horreurs. Il conduit notamment à la fréquentation des prostituées et aux viols.

Les Tibétains traditionnellement disent : « le mensonge est pire que le vol ». Je suit ce précepte depuis l'âge de quinze ans. Le mensonge est un fléau qui dévaste notre société. Mentir est le contraire de la sincérité et empêche hermétiquement l'arrivée de l'amour. Qui est un sentiment tout à fait particulier et différent de l'amitié. Tant que le mensonge régnera dans notre société l'amour aura les plus grandes difficultés pour vivre et s'imposer. Il faut le chasser de nos vies pour vivre enfin.

Basile philosophe naïf, Paris le 18 mars 2018

samedi 17 mars 2018

915 Attente

Durant quarante-cinq années
Je n'ai pas vécu.
J'ai fait semblant de vivre.
Mes jours étaient comme la nuit.
Mes nuits étaient désertes
Comme la mer écumante en hiver.
De temps en temps
Des chimères passaient près de moi.
Je tombais dans leurs bras.
Elles me repoussaient
En ricanant.
Et puis tu es arrivée
Et j'ai compris
Que depuis quarante-cinq années
C'était toi
Que j'attendais.

Basile, Paris les 16 et 17 mars 2018

vendredi 16 mars 2018

914 Le béribéri tactile

Les carences nutritionnelles sont la cause de pathologies qui peuvent avoir des conséquences très graves sur l'être humain. Ainsi le manque de vitamine B1 est à l'origine du béribéri qui a tué et tue encore. Cette même carence peut être la source d'autres pathologies comme l’encéphalopathie de Wernicke. La carence en vitamine A peut amener les enfants à souffrir de kératomalacie, maladie qui en rend aveugles un grand nombre dans certains pays souffrant de la faim.

Il est à relever que durant des siècles le béribéri a été considéré comme une maladie d'origine mystérieuse. C'est en observant des poules ou des humains ayant des régimes alimentaires différents que la vérité est apparue.

Il en est de même aujourd'hui avec des pathologies qu'on croit être des maladies d'origine mal connue ou inconnue et qui sont le résultat de la carence tactile. C'est-à-dire du manque de toucher affectueux. Le monde entier souffre en permanence aujourd'hui d'une sorte de béribéri tactile.

Quand un humain ainsi carencé subit une agression sexuelle, cette pathologie peut prendre une forme plus aiguë, voire psychiatrique. Et aboutir y compris au suicide ou à l'hospitalisation. Observons quatre cas de viols que j'ai pu connaître, il s'agit ici de trois femmes et d'un homme.

La première femme a été violée à l'âge de sept ans par son frère aîné. Elle apparaît dans la vie courante comme tout à fait sociabilisée. Elle ne m'a raconté sa mésaventure que de nombreuses années après notre première rencontre. Elle en parlait comme d'un très mauvais souvenir, sans plus. Il avait causé selon elle juste un rancœur certain contre son frère aîné, que par ailleurs elle aimait beaucoup.

La seconde femme a été agressée sexuellement à l'âge de six ans et violée à l'adolescence ou peu après, par l'amant de sa mère. Cette victime se plaint de ces agressions y compris à des personnes qu'elle vient tout juste de rencontrer, et en parle à voix forte à la cantonade. Elle souffre toujours très visiblement. Et a une recherche exacerbée de contacts en câlins.

La troisième femme a subit un viol en réunion à l'âge de dix-sept ans. Aussitôt après elle a développé une maladie bipolaire qui l'a invalidé. Après son viol et durant au moins plus de dix ans elle parlait d'emblée de cette agression aux nouvelles personnes qu'elle rencontrait.

L'homme enfin, cas que je connais bien puisqu'il s'agit de moi. Agressé sexuellement à l'âge de sept ans par une jeune fille, j'ai développé une peur de tout qui a très longtemps handicapé toutes mes activités. Cette peur a été tempérée par mon amour du prochain et ma recherche philosophique pour tenter de comprendre les rapports humains. J'ai bien sûr toujours eu peur des femmes. Au bout d'une soixantaine d'années cette peur a été plus ou moins vaincue. Ne reste qu'une timidité très ordinaire et pas nécessairement liée à mon agression mais à l’état général des rapports humains.

Tous les troubles passés ici en revue sont le produit de la carence tactile accentuée par le dévoiement du toucher que représente l'agression sexuelle subie. Ces troubles perdurent longtemps pour la très simple raison qu'ils ne sont pas soignés. C'est-à-dire qu'on ne remédie pas au manque tactile. Il faut procéder à un traitement de cette carence. J'ai traité ce sujet par ailleurs dans ce blog. La maladie bipolaire représenterait un dérèglement aiguë de la perception affectueuse des autres. Le centre réglant l 'humeur, dont j'ai avancé en 2012 l'hypothèse de l'existence en le baptisant « humeurostat », aurait besoin de soins tactiles pour retrouver son équilibre. Qui est parfois spontanément retrouvé.

Basile, philosophe naïf, Paris le 16 mars 2018

jeudi 15 mars 2018

913 L'origine de la Civilisation humaine

Pourquoi les humains sont-ils passés de l'état naturel original à celui de constructeurs et parfois également destructeurs de civilisations ? On a avancé plusieurs hypothèses. Celle la plus à la mode aujourd'hui est qu'au départ l'homme était « faible et nu ». Alors, il a inventé outillages, vêtements, habitations écritures, langues, calculs, etc.

Vous avez dit « faible et nu »? Nu n'est pas un problème. Les Tahitiens à Tahiti et les peuples aborigènes d'Australie vivaient nus en permanence avant l'arrivée des Européens. Ces derniers leur ont imposé de s'habiller au nom de la morale et de la « pudeur ». Les Tahitiennes étaient amenées à porter de stupides « robes mission » qui descendaient au moins jusqu'au bas des chevilles.

Vous avez dit faible ? Mais est-ce que c'est si vrai que ça ? Dans le monde animal l'homme est un animal de grande taille. Il mange des aliments crus et a donc les muscles des mâchoires très développés. Ce qui fait qu'il peut infliger de sérieuses morsures. Vivant en groupes solidaires il représente une proie dangereuse pour un grand prédateur qui lui préférera des proies plus inoffensives. Seuls humains menacés par les grands prédateurs : les petits enfants isolés. Mais ceux-ci parviennent à courir très vite pour se remettre sous la protection du groupe adulte. En résumé l'Humanité n'a pas besoin du « progrès ».

Alors, qu'est-ce qui amène le développement de la Civilisation ? Au départ très certainement le jeu. Jeu sans doute initié plus par les femmes que par les hommes. Mais pour accentuer la marche de la Civilisation il a fallut un déséquilibre. Ce déséquilibre interne aux humains, je l'ai identifié.

Il y a au moins vingt mille ans que les humains pratiquent l'élevage. Ils savent donc en partie comment fonctionne la reproduction y compris humaine. Mais ils ignorent complètement un élément essentiel : le rôle de la femme et le fonctionnement de l'ovulation. Le sang menstruel cause chez les hommes une peur superstitieuse. Les hommes ont cru durant au moins vingt mille ans être le seul intervenant actif dans la reproduction. Ils croyaient déposer la « semence » active dans la terre passive du ventre féminin. Cette manière de voir les choses a amené chez les hommes la croyance dans ce que les femmes leur appartenaient, étaient inférieures à eux. Ce qui a entraîné des troubles graves dans la vie des hommes et les a coupé des femmes. Tel est le déséquilibre vieux de vingt mille ans au moins qui est à l'origine de la barbarie comme de la Civilisation humaine.

Il a fallut attendre vers 1845 pour que deux médecins français, Félix-Archimède Pouchet et Charles Négrier, expliquent pour la première fois le fonctionnement de l'ovulation. Mais cette très grande découverte n'a pas pour autant effacé automatiquement les traces de vingt mille années d'ignorance sur la reproduction humaine. Ainsi que la stupide croyance dans la supériorité des hommes sur les femmes. Cette croyance est toujours extrêmement répandue. Le dérangement sexuel qui en résulte explique notamment le harcèlement sexuel des femmes par les hommes.

Coupés des femmes par leur comportement ultra-sexualisé nombre d'hommes vont rechercher des compensations à leur insatisfaction causée par cette fringale maladive. Ça pourra consister dans la recherche de l'accumulation infinie d'argent, etc. Une des compensations les plus calamiteuses est représentée par la recherche du pouvoir. Le monde entier souffre de ce comportement. Comprendre d'où et comment vient ce dérangement et depuis quand pourra sans doute aider à régler le problème. Ça pourra également aider à réduire certaines pathologies en particulier psychiatriques, mais pas seulement. Les humains ont fait depuis le début de leur évolution quantité de choses extraordinaires. Leur aventure continue et de très beaux chapitres restent encore à ouvrir. Il faut que la masse des hommes retrouve le chemin gracieux du cœur des femmes.

Basile philosophe naïf, Paris le 15 mars 2018

912 Le traitement manuel de la dépression

La dépression est un fléau qui touche des millions de gens chaque année et cause le suicide de dizaines de milliers de personnes. Le suicide est la première cause de décès dans la jeunesse. Pour soigner les états dépressifs et prévenir les suicides qu'ils entraînent existent deux formes de traitements combinés : la thérapie verbale et la prise de médicaments.

Avec ces moyens les thérapeutes soignent, guérissent et sauvent chaque année des milliers de personnes. Je proposerai ici un troisième type de traitement : la thérapie manuelle de la dépression.

Ce type de traitement est issu de mon expérience de la vie et de ma réflexion philosophique. J'espère contribuer par ce texte à alimenter la réflexion des spécialistes et partant apporter un soulagement aux souffrance de personnes dépressives.

Préambule : les débuts de notre vie

Qu'est-ce que la psyché humaine ? A la naissance nous sommes à l'état originel. Notre mentalité est celle de l'animal sans industries ni culture transmise et élaborée dans le temps. Le nouveau-né humain n'a pas lu un manuel de puériculture quand il rampe d'instinct vers le sein de sa mère !

Cet « état de nature » paraît ne pas durer. Nous allons être l'objet d'une acculturation plus ou moins complexe. Par exemple : nous allons être habillés avec des vêtements, lavés avec de l'eau purifiée par des filtres et réchauffée, et du savon, etc.

Il faut bien comprendre et se pénétrer du fait que à notre naissance nous sommes entièrement et uniquement à l'état humain originel, quand n'existaient aucune industrie, règles établies, traditions, habitudes culturelles. Par exemple, au moment de déféquer et uriner le petit humain ressent du plaisir et n'attends pas pour satisfaire ces besoins naturels. Il fait ce qu'il a à faire n'importe où et n'importe quand et sans chercher à s'isoler. Alors que plus grands nous nous retenons, le temps de trouver un coin isolé et tranquille si nous sommes en pleine nature ou des toilettes si nous sommes dans un cadre urbanisé. Et absolument toutes nos activités originelles sont traitées de la même façon au début de notre vie. Elles vont ensuite être perturbées par la culture inculquée.

Cependant notre conscience originelle ne s'efface pas. Elle reste présente quelque part en nous et continue à nous structurer. Ainsi nous n'apprenons pas la convivialité ou le plaisir du vivre ensemble. Ces besoins sont dès le départ présents en nous.

Mais ils peuvent être occultés, contrariés, perturbées par notre culture. Au point que l'état naturel nous apparaît comme une forme de désordre et la nature en nous désordonnée par notre culture nous apparaît comme une forme d'ordre. Ainsi l'état naturel devient « la nudité » et nous nous sentons à l'aise seulement une fois habillés. C'est un phénomène courant produit de notre culture.

Cette culture est le produit de dizaines de milliers d'années et de nombreuses générations humaines.

La question de l'ovulation

Un fait historique négligé joue un rôle majeur dans nos civilisations.

Les humains ont inventé l'agriculture et l'élevage il y a vingt mille ans. Ils connaissaient donc la portée de l'acte reproducteur, autrement dit « l'acte sexuel », le coït.

Mais ils ne comprenaient absolument rien à l'ovulation. C'est un fait majeur.

Ils avaient des réactions superstitieuses et effrayées face au sang menstruel. Et ils croyaient que les mâles seuls jouaient un rôle actif dans la reproduction. Déposant leur semence dans la terre passive femelle pour les animaux et féminine pour les femmes.

Cette interprétation ignorante de la réalité conduira les hommes à se croire supérieurs aux femmes. Et comme la terre appartient à qui la travaille, à s'imaginer avoir pour rôle d'être « propriétaires » des femmes.

L'ignorance à la source de cette odieuse aberration durera vingt mille ans, jusque vers 1845. A cette époque, deux médecins français, Félix-Archimède Pouchet et Charles Négrier, vont décrire pour la première fois le fonctionnement de l'ovulation. Mais ce grand progrès de la Civilisation ne va pas faire tomber le produit de vingt mille années de patriarcat ! Il reste encore énormément à nettoyer !

Les conséquences nocives de cette croyance stupide de l'homme dans sa supériorité sur la femme vont être en particulier flagrantes dans le domaine sexuel. Les hommes vont développer une recherche frénétique, permanente et obsessionnelle de ce qu'ils croient être l'acte sexuel. Et qui ne sera dans la très grande majorité des cas qu'une masturbation réalisée dans un orifice naturel d'un tiers.

Aspect dramatique qui va nous intéresser ici : la prohibition du toucher assimilé à une « avance sexuelle ». La croyance dans le caractère systématiquement pré-coïtal de la caresse entre adultes, surtout si elle provoque une érection, va créer une bulle d'isolement autour des individus. Combien d'entre eux ne sont plus touchés ?

Je n'échappe pas à la règle. Avant de prendre tout dernièrement un cours de danse de couples je n'ai plus touché ou été touché par une femme durant cinq années ! Une amie tout à fait séduisante et très féminine qui vit très loin de Paris m'a dit avoir connu une expérience identique. Elle n'a pas été touchée par un homme ou touché un homme durant des années. Elle est sortie de son isolement tactile grâce à des cours de tango.

Quand un individu est victime de la dépression, que se passe-t-il ?

Son sentiment d'isolement tactile est exacerbé. Mais va-t-il pour autant chercher à en sortir ?

La tactilité, tendresse, caresses, contacts... zone sinistrée des rapports humains

Face au conditionnement acquis, nous nous sentons sans forces, désarmés, paralysés, piégés.

Si la caresse entre adultes nous tente, instantanément une lampe rouge d'alerte s'allume : « c'esr sexuel ! Danger : préliminaires ! » ou, au contraire : « ce sont des préliminaires, il faut foncer vers la réalisation de l'acte sexuel ! »

Comme l'acte sexuel est régi par des règles morales, des interdits et des obligations divers, tout toucher devient suspect, interdit. L'être humain adulte se déplace cerné de murs invisibles truffés de sonneries d'alarme.

Les hommes n'osent pas être tendres entre eux. Pourquoi ? Parce que la tendresse entre hommes est assimilée à l'homosexualité et au viol possible.

La tendresse entre homme et femme est assimilée à de la drague. Même simplement regarder une femme avec admiration est considéré comme de la drague. On ne peut même pas regarder une femme sans que cela apparaisse suspect.

La condition de la femme est régie par des règles qui en font une créature soi-disant inférieure à l'homme et dominée par lui. La peur du viol est entretenue et omniprésente.

Le drame est que quand viol il y a, la thérapie tactile est rendue impossible par les règles établies.

Mais qu'est-ce que la thérapie tactile ?

Ce qu'est la thérapie tactile

J'écrivais plus haut que la conscience originelle continuait à être présente en nous. Elle fait que nous avons besoin de toucher, caresses, câlins. C'est un besoin ô combien sinistré.

Imaginons un cas classique : un homme agressif sexuellement s'introduit dans un établissement scolaire. Il parvient à s'attaquer à une très jeune fille, l'entraîne dans un local isolé et la viole. Comment va-t-on la soigner ?

Avec des mots et des drogues médicamenteuses. Soigner un viol avec des mots c'est comme soigner une fracture avec des chansons. A la longue, s'il y a amélioration, c'est surtout indépendant des mots ou des chansons.

Il y a une blessure, il faut la soigner, comment ? Tactilement. Ce qui n'interdit ni les mots ni les drogues médicamenteuses.

Il faut réapprivoiser la victime du viol au toucher. Celui-ci a été dévoyé sous la forme du viol. Il faut rétablir la relation pacifique et chaleureuse entre la victime et le toucher, comment ?

En donnant à vivre le toucher pacifique et originel.

Le protocole de soins

J'imagine une séance de thérapie tactile et ses suites.

Au patient, il faut redonner goût au toucher pacifique. Pour cela il faut extraire le toucher de l'ultimatum sexuel ambiant qui proclame que tous toucher chaleureux entre adultes est un préliminaire ou un parent proche de l'acte sexuel. Donc, pour éviter cette confusion on évitera : le tête-à-tête soignant-soigné, les zones dites « érogènes » et la lumière tamisée.

Le toucher tendre se pratiquera seulement avec l'accord du soigné et s'interrompra en cas de mal vécu par le soignant ou le soigné, sans explications ou justifications nécessaires. La séance tactile aura lieu en présence d'au moins un tiers, proche du soigné. Ce tiers par sa présence va le rassurer. Il pourra, par exemple, tout le long de la séance lui tenir la main.

Le toucher pratiqué par le soignant devra éviter au maximum tout ce que notre culture a l'habitude d'associer ou assimiler à « la sexualité ». Ce toucher aura pour but de réapprivoiser ou apprivoiser le soigné au contact tactile humain. Ce toucher, « toucher pour être senti par l'autre » et non « toucher pour sentir l'autre », j'ai mis des années à l'apprendre après l'avoir incidemment rencontré. Comme le jeu de la vielle à roue il ne s'explique pas avec des mots mais s'explique par l'exemple. Il pourrait contribuer à sauver des dizaines de milliers de vies chaque année.

Basile, philosophe naïf, Paris les 10 et 15 mars 2018

911 L'amour n'est pas l'amitié

Quand on évoque le rapport entre l'amour et l'amitié, on rencontre plusieurs façons de voir la chose. Ou bien l'amour est comme l'amitié. Ou bien l'amour est comme l'amitié mais en plus fort. Ou bien encore l'amour serait de l'amitié plus certains ingrédients, en particulier la sexualité. C'est-à-dire la recherche frénétique et permanente de l'acte sexuel et le paiement mutualisé des factures de gaz et d'électricité, autrement dit : « être ensemble », « sortir ensemble », etc. Le « sexe » serait la clé magique. L'amitié se situerait au dessus de la ceinture, l'amour en dessous. Ce genre de bricolage a le mérite d'exploser tôt ou tard, laissant les protagonistes seuls, hébétés, malheureux et groggys.

En fait la chose est simple : l'amour n'est pas l'amitié. En dépit des confusions sémantiques il s'agit de deux sentiments proches mais fondamentalement différents. Voyons un peu ces différences.

Quand on est simplement amis, penser à un ou une amie est agréable. Quand on est amoureux, il suffit de penser à l'autre pour être très simplement heureux.

Quand on est amis et même très bons amis on peut rester plusieurs mois sans problèmes sans se voir. Quand on est amoureux on a besoin de voir l'autre. C'est comme la faim ou la soif ou l'envie de dormir, qui sont aussi des besoins. L'apparition de ce besoin inhabituel peut effrayer.

Quand on est amis, on aime ou peut aimer quantité de personnes. Quand on est amoureux, celui ou celle qu'on aime est fondamentalement différent des autres. On le sent spontanément. On se dit en contemplant plusieurs femmes réunies au nombre desquelles celle que l'on aime : « telle femme est belle, gentille, sympathique, mais ce n'est pas elle. Elle, celle qu'on aime, est différente des autres. Pourquoi ? Parce que c'est elle. » Il existe un débat autour du thème : « peut-on être amoureux de plus d'une personne à la fois ? » Je ne me hasarderais pas à y répondre. Pourquoi ? Parce que pour ma part, tout en reconnaissant aux autres le droit de faire de leur vie ce qu'ils veulent, je n'ai jamais été amoureux autrement que d'une personne à la fois, pas deux, trois ou plus.

Il existe aussi un sentiment propre à l'amour que j’appellerai « le sentiment du sacrifice romantique ». On pense à celui ou celle dont on est amoureux et on se dit : « je donnerais sans problème ma vie pour sauver la sienne ». En fait la question ne se pose pas. Cette pensée signifie simplement : « je ne conçois pas de pouvoir vivre sans la personne dont je suis amoureux. »

Les pensées suscitées par l'amour, quand il vient en nous, bousculent nos manières habituelles de penser. Ainsi, commençant à être amoureux de quelqu'un je me disais : « pour la première fois depuis des années j'ai envie de faire confiance à quelqu'un. » Il faut inverser le raisonnement. En fait la vraie pensée est la suivante : « pour la première fois depuis des années j'ai confiance en moi et accepte l'échange amoureux avec cette personne. » Ce n'est pas en l'autre, mais en moi que j'ai confiance. Et de ce fait j'accepte l'amour et cesse de l'éviter.

Pourquoi aime-t-on d'amour ? Parce que l'attraction des contraires est universelle. Le masculin attire le féminin et réciproquement. L'homme et la femme sont symétriques, dynamiques, opposés et complémentaires, l'homme comptant une part de féminité et la femme comptant une part de masculinité. Ils sont Yin et Yang. Malheureusement l'amour véritable est ô combien rare. Il ne fleurit guère car on ne l'arrose pas avec le respect et la patience. Il vaut mieux attendre cinquante ans l'amour vraie plutôt qu'accepter de faire de chimériques bricolages qui abaissent l'amour au rang d'amitié truquée.

Avant d'aimer l'autre d'amour, il faut aimer et respecter l'amour et s'aimer vraiment soi-même.

Basile philosophe naïf, Paris le 15 mars 2018

vendredi 9 mars 2018

910 Voyage

Dans la nuit étoilée
Un grand vaisseau spatial
Couvert de voiles illuminées
Est arrivé.
Sur ce vaisseau
Il y avait une porte.
C'était la porte de mon cœur
Que j'avais jadis perdu et oublié.
Et que tu me rapportais.

Basile, Paris le 9 mars 2018 

Viaggio

Nella notte stellata

Una grande astronave

Coperto di veli illuminati

E arrivato.

Su questa nave

C'era una porta.

Era la porta del mio cuore

Che
precedentemente avevo perso e dimenticato.

E che tu mi hai riportato.


Basile, 9 marzo 2018

jeudi 8 mars 2018

909 Aube nouvelle

Quand je t'ai regardé
J'ai eu une sensation bizarre
Comme si tout le passé était effacé.
Tous les chagrins, tous les regrets
Il n'y avait plus rien.
J'avais à nouveau quinze ans
Et un jour nouveau se levait.

Basile, Paris le 8 mars 2018


Alba nuova

Quando ti ho guardato
Ho avuto una strana sensazione
Come se tutto il passato fosse cancellato.
Tutti i dolori, tutti i rimpianti
Non è rimasto nulla.
Avevo di nuovo quindici anni
E stava arrivando un nuovo giorno.


Basile, Parigi, 8 marzo 2018

908 Mon astre, ma lumière

Tu es mon astre, tu es ma lumière
Mais je ne te le dirais pas,
Car les hommes qui te draguent
Te disent aussi de jolies choses
Mais ils ne pensent qu'à
Mettre leur queue dans ton ventre
Et tu es sur tes gardes
Et tu as raison.
Tu es mon astre, tu es ma lumière
Mais je ne te le dirais pas,
Je ne te le dirais pas encore
Mais je le penserai très fort
Et tu comprendras
Que tu es de mon temple la déesse
Qui brille plus fort
Que cent millions de soleils.

Basile, Paris le 8 mars 2018


 
La mia stella, la mia luce

Tu sei la mia stella, tu sei la mia luce
Ma non te lo dirò,
Perché gli uomini che cercavo a rimorchiarti
Inoltre, ti dico cose carine
Ma loro pensano solo a
Metti la lora coda nella tua pancia
E tu stai in guardia
E hai ragione.
Tu sei la mia stella, tu sei la mia luce
Ma non te lo dirò,
Non te lo dirò ancora
Ma lo penserò molto fortemente
E tu capirai
Che tu sei dal mio tempio, la dea
Chi brilla di più
Che cento milioni di soli.

Basile, Parigi 8 marzo 2018

mardi 6 mars 2018

907 Qu'est-ce que la pornographie ?

La pornographie, c'est la théâtralisation des fantasmes sexuels masculins. Ils sont tellement absurdes, infantiles, stupides et égoïstes qu'il arrive aux femmes qui les interprètent de ne pas arriver à éviter de rire. Dans les vidéos pornos, les hommes comme les femmes miment des activités sexuelles caricaturales et ne sentent rien. Ce qui fait que le plus souvent les hommes n'arrivent pas à l'éjaculation, à moins de recourir à une énergique masturbation manuelle. Les pseudo-coïts qu'ils pratiquent devant les caméras ne les excitent pas ou guère. Qui dit théâtralisation dit acteurs ou actrices plus ou moins doués. Et effectivement les vidéos sont de ce fait plus ou moins suggestives.

Dans les médias on trouve ces temps derniers débattu la question de l'âge de la maturité sexuelle. Il existerait un âge où on parviendrait à un discernement adulte et responsable. Force est de constater que la plupart des hommes n'atteignent jamais cette fameuse maturité. Ils harcèlent de manière stupide et infantile tous les morceaux de viande féminine et appétissante à leurs yeux. Une amie me racontait des anecdotes édifiantes à ce sujet. Dans un bar fréquenté par la jeunesse, un groupe de cons a si bien harcelé les jolies filles qu'à la fin il n'y avait plus que des hommes clients de ce café. Ça se passait à Paris en 2018.

Les femmes de leur côté subissent et fuient. Il y a beaucoup de résignation dans leurs réactions. Il faut dire que la révoltante situation des femmes dure depuis tellement d'années qu'on peut comprendre ce découragement. Quand je parle à des femmes de la condition féminine actuelle, elles m'approuvent mais m'apparaissent résignées à ne voir rien changer.

Ce qui ne m'encourage pas à râler contre l'état des choses. Si les premières victimes sont comme paralysées. Le drame des femmes est qu'elles aiment et ont besoin des hommes. Et la plupart des hommes se comportent mal avec elles.

Existe-t-il une solution ? La réponse à cette question, je ne la connais pas. Il est même possible qu'il n'existe pas de solution. Or tant que le machisme régnera aucun des grands problèmes humains ne sera réglé.

Beaucoup sinon même tous les grands problèmes humains sont la conséquence du machisme. Par exemple, déçu et rendu malheureux par un monde que les hommes oppriment, certains hommes se consolent en accumulant absurdement des montagnes d'or. Et affament ainsi des millions de gens. La violence est aussi la compensation du manque de caresses. Caresses rendues le plus souvent impossible par le comportement obsessionnellement axé sur le coït qu'ont la plupart des hommes. Coït qui n'est en fait la plupart du temps qu'une masturbation dans un orifice naturel d'un tiers.

Tous les progrès humains sont plus ou moins pervertis par le machisme. L'apparition de la contraception orale, par exemple, a fait que quantité d'hommes ont considéré les femmes comme des putes gratuites. Dans les années 1970, au nom de « l'amour libre », des hommes exerçaient des pressions intolérables sur les femmes. L'amour « libre » devenait l'obligation de coucher.

À cette époque, dans une grande université américaine, des filles qui en avaient marre de se faire courser ont confectionné et distribué un tract. Dans ce tract nominal elles comparaient le niveau de « performance » sexuelle des coqs locaux et décrivaient en détail leurs comportements minables au lit. Ce tract a fait une impression horrible aux machos locaux et a très vite disparu. L'anecdote m'a été rapportée à l'époque par une étudiante iranienne de Paris. Je n'en ai plus entendu parler depuis.

Il faut en finir avec le machisme. Par là passe le chemin de la liberté de toute l'Humanité.

Basile, philosophe naïf, Paris les 4 et 6 mars 2018