samedi 8 juillet 2017

806 Le mythe de l'éjaculation magique

Il existe dans la pensée dominante un mythe qui a la vie dure : le mythe de l'éjaculation magique. Soit disant en éjaculant l'homme ressent une jouissance inouïe et automatique, qu'il réalise en éjaculant de préférence dans un orifice naturel d'un tiers, le plus souvent mentionné étant féminin et vaginal. Ce mythe est une imbécillité monstrueuse et dévastatrice de l'équilibre humain et des relations humaines. Quelle est la base de ce mythe ? Elle corresponds au fait que quelquefois, j'écris bien quelquefois et pas toujours loin de là, l’éjaculation s'accompagne d'un fort flash endorphinien. Soit la libération brusque d'une quantité significative d'endorphines chez l'homme concerné. Ainsi il s'autodrogue. Mais comme toujours avec ce genre de phénomène toxicomaniaque, le junkie cherche ensuite à retrouver cet épisode et ne le retrouve pas.

Exemple de flash éjaculatoire endorphinien : l'éjaculation s'accompagne chez l'éjaculeur d'une émission de sons vocaux incohérents et de mouvements non contrôlés des bras et des jambes. Autre exemple : l'éjaculeur ressent une impression de plaisir intense irradiant depuis le sexe jusqu'à l'ensemble de l'organisme avec une sensation de « sortie du corps ». Ces deux moments de plaisir intense sont extrêmement brefs. L'erreur de l'individu concerné a consisté à en faire des modèles qu'il était sensé rechercher et retrouver. Ce qui n'est bien sûr jamais arrivé.

Le mythe de l'éjaculation magique va induire d'autres mythes secondaires. L'homme croira que cette jouissance idéale, automatique et modélisée, il doit la retrouver forcément si sa partenaire est « très belle ». En suivant les critères esthétiques de son époque et son milieu. Ou il doit la retrouver s'il a affaire à une jeune fille vierge. Ou qui possède de très gros seins. Ou s'il à affaire à une femme qui n'est pas d'accord pour « l'amour » et qu'il parvient à « convaincre ». Ou si la jeune fille est très jeune, etc.

L'élément qui va servir à refuser la remise en cause du mythe simpliste de l'éjaculation magique, inouïe, obligatoire et automatique est que de nos jours il sert de base à nombre de « couples ». Une jolie fille à qui je demandais au sein d'un groupe qui elle était, me répondait très récemment en se définissant comme : « la petite amie de untel. » Untel étant le jeune homme assis auprès d'elle. Ce qui revient à dire qu'elle se définissait par rapport à ce jeune homme et non par elle-même. Et ce lien était le coït, sous-entendu fidèle et idéal. Comme j'ai abandonné le mythe de l'orgasme magique qui est à la base de ce type d'affirmation, le propos de cette jolie fille m'a paru vide. Elle aurait pu tout aussi bien déclarer : « je suis végétarienne » ou « je suis abonnée au gaz. » Dit plus vulgairement : « qu'est-ce que ça peut me fiche qu'elle se fasse limer par Pierre, Paul ou Jacques ? » Ça ne me dit rien sur sa personnalité et ses occupations.

Le mythe de l'éjaculation magique est quelquefois nié par des hommes. Par exemple un ami sexagénaire me disait un jour : « si les hommes jouissaient vraiment quand ils font l'amour, ça se saurait. » Un jeune ouvrier me disait il y a environ une quarantaine d'années : « finalement, l'amour ce n'est pas grand chose. » Certains jeunes motards ne cachent pas que pour eux « les copains c'est plus important que la petite amie. » Un film comique français il y a bien des années commentait la sexualité des hommes avec ce propos désabusé : « tout ça pour ça ? »

Le problème posé par le mythe de l'éjaculation magique est que quand on y croit on se crée une obsession du coït et surtout on cherche à l'imposer à l'autre. Ce faisant on se rend odieux, et on devient même des fois violent. Pour revenir les pieds sur Terre il est absolument nécessaire de démonter ce mythe et renoncer complètement à lui. Il faut avoir pleine et parfaite conscience que les relations humaines existent, mais que l'orgasme ou éjaculation magique est un parfait boniment. On doit absolument y renoncer si on veut retrouver le chemin de la vie et de la vérité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 juillet 2017

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