Il existe dans la pensée
dominante un mythe qui a la vie dure : le mythe de l'éjaculation
magique. Soit disant en éjaculant l'homme ressent une jouissance
inouïe et automatique, qu'il réalise en éjaculant de préférence
dans un orifice naturel d'un tiers, le plus souvent mentionné étant
féminin et vaginal. Ce mythe est une imbécillité monstrueuse et
dévastatrice de l'équilibre humain et des relations humaines.
Quelle est la base de ce mythe ? Elle corresponds au fait que
quelquefois, j'écris bien quelquefois et pas toujours loin de là,
l’éjaculation s'accompagne d'un fort flash endorphinien. Soit la
libération brusque d'une quantité significative d'endorphines chez
l'homme concerné. Ainsi il s'autodrogue. Mais comme toujours avec ce
genre de phénomène toxicomaniaque, le junkie cherche ensuite à
retrouver cet épisode et ne le retrouve pas.
Exemple de flash
éjaculatoire endorphinien : l'éjaculation s'accompagne chez
l'éjaculeur d'une émission de sons vocaux incohérents et de
mouvements non contrôlés des bras et des jambes. Autre exemple :
l'éjaculeur ressent une impression de plaisir intense irradiant
depuis le sexe jusqu'à l'ensemble de l'organisme avec une sensation
de « sortie du corps ». Ces deux moments de plaisir
intense sont extrêmement brefs. L'erreur de l'individu concerné a
consisté à en faire des modèles qu'il était sensé rechercher et
retrouver. Ce qui n'est bien sûr jamais arrivé.
Le mythe de l'éjaculation
magique va induire d'autres mythes secondaires. L'homme croira que
cette jouissance idéale, automatique et modélisée, il doit la
retrouver forcément si sa partenaire est « très belle ».
En suivant les critères esthétiques de son époque et son milieu.
Ou il doit la retrouver s'il a affaire à une jeune fille vierge. Ou
qui possède de très gros seins. Ou s'il à affaire à une femme qui
n'est pas d'accord pour « l'amour » et qu'il parvient à
« convaincre ». Ou si la jeune fille est très jeune,
etc.
L'élément qui va servir
à refuser la remise en cause du mythe simpliste de l'éjaculation magique,
inouïe, obligatoire et automatique est que de nos jours il sert de
base à nombre de « couples ». Une jolie fille à qui je
demandais au sein d'un groupe qui elle était, me répondait très
récemment en se définissant comme : « la petite amie de
untel. » Untel étant le jeune homme assis auprès d'elle. Ce
qui revient à dire qu'elle se définissait par rapport à ce jeune
homme et non par elle-même. Et ce lien était le coït, sous-entendu
fidèle et idéal. Comme j'ai abandonné le mythe de l'orgasme
magique qui est à la base de ce type d'affirmation, le propos de
cette jolie fille m'a paru vide. Elle aurait pu tout aussi bien
déclarer : « je suis végétarienne » ou « je
suis abonnée au gaz. » Dit plus vulgairement :
« qu'est-ce que ça peut me fiche qu'elle se fasse limer par
Pierre, Paul ou Jacques ? » Ça ne me dit rien sur sa
personnalité et ses occupations.
Le mythe de l'éjaculation
magique est quelquefois nié par des hommes. Par exemple un ami
sexagénaire me disait un jour : « si les hommes
jouissaient vraiment quand ils font l'amour, ça se saurait. »
Un jeune ouvrier me disait il y a environ une quarantaine d'années :
« finalement, l'amour ce n'est pas grand chose. »
Certains jeunes motards ne cachent pas que pour eux « les
copains c'est plus important que la petite amie. » Un film
comique français il y a bien des années commentait la sexualité
des hommes avec ce propos désabusé : « tout ça pour
ça ? »
Le problème posé par le
mythe de l'éjaculation magique est que quand on y croit on se crée
une obsession du coït et surtout on cherche à l'imposer à l'autre.
Ce faisant on se rend odieux, et on devient même des fois violent.
Pour revenir les pieds sur Terre il est absolument nécessaire de
démonter ce mythe et renoncer complètement à lui. Il faut avoir
pleine et parfaite conscience que les relations humaines existent,
mais que l'orgasme ou éjaculation magique est un parfait boniment.
On doit absolument y renoncer si on veut retrouver le chemin de la
vie et de la vérité.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 8 juillet 2017
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