jeudi 27 mai 2021

1477 Hommage poétique au carrefour fantastique

 Le fabuleux destin du vaste et extraordinaire carrefour enchanté et béni Losserand-Pernety, unique dans les cent ciels de notre lumineuse, Sambre-et-Meuse et très faramineuse galaxie


Au carrefour Losserand-Pernety

Un grand résistant et martyr

Rencontre un modeste général d'Empire.

Au carrefour Losserand-Pernety

Il y a deux cafés amis :

Le Losserand Café fait face au Métro,

Avec sa vaste terrasse

Où on boit souvent

Autre chose que de l'eau.

Un café, un cappuccino,

Une bière, des apéros.

Il faut voir

Le carrefour Losserand-Pernety

Les soirs de grands matchs,

Où durant des heures, les supporters parisiens

Acclament avec ferveur,

Le verre à la main,

Les prestigieux footballeurs

Du prestigieux Paris-Saint-Germain !

Puis, quand vient la nuit,

Qu'il n'y a plus personne,

Qu'il est trois heures

Après minuit,

Rue Raymond Losserand

Et rue Pernety

Les cafés fermés,

Les terrasses rangées,

Devant la grille du métro Pernety

Commence à s'assembler

La faune fabuleuse

Variée et silencieuse

Issue des livres de contes,

Tombée des livres pour les enfants.

Centaures, licornes et dragons

Arrivent en premiers,

Suivis d'hydres, dahus et sirènes terrestres ou marines.

Cette faune rouvre les cafés fermés et se met à danser

Une danse silencieuse et endiablée

Jusqu'au moment où on entend

Dans le lointain,

La rumeur bruyante des camions de la ville

Avec leurs équipages tout de vert vêtus.

A ce bruit toute la foule,

Inquiétante farandole bondissante et bigarrée,

S'affole et, en un instant

Subitement referme les cafés

Et disparaît.

Le carrefour redevenu ainsi désert et silencieux

Voit sa tranquillité parfois troublée

Par le froissement léger des ailes d'un ange

Déguisé en grand oiseau paradisier.

Il vient traverser le carrefour en commémoration ailée

Et fugace, de la venue du grand Mahal Kita Kotam Tcheu

Saint ermite de Kîinne et Koutsou-Koutsou,

Qui a déclaré lors de sa visite :

« Je bénis le carrefour Losserand-Pernety

Tous ceux qui y passent,

Y passeront

Et y sont passés ».

A ces mots, tous les clients des deux cafés

Subitement se sont levés et mis à danser,

Rejoints par les serveurs et les patrons des deux cafés.

Vous voulez découvrir ces deux lieux fameux

Du carrefour Losserand-Pernety ?

Ceux qui y vivent, dansent et boivent du café ?

Courez vite le visiter !

Ses serveurs et serveuses vous attendent.

Venez danser, rire, vous amuser,

Boire du café et jeter des confettis

Au carrefour Losserand-Pernety !!


Basile philosophe naïf

Paris, le 27 mai 2021

mercredi 26 mai 2021

1476 Les lyrico-transmetteurs

La poésie est écrite par Dieu,

Qui ensuite la transmet sur la Terre

A travers les poètes,

Qui sont juste

Des lyrico-transmetteurs.

Basile philosophe naïf

Paris, le 21 mai 2021

1473 Amis pour l'éternité

Nous sommes amis

Pour l'éternité.

Quand nous serons

Tous les deux en Paradis,

Nous habiterons

Deux maisons voisines,

Pas loin du jardin

De ton grand père

Que tu me présenteras.

Amis, oui nous sommes amis

Comme Montaigne et La Boétie.

Que les années passent,

Nos sentiments perdurent,

Indestructibles et délicieux,

Simples et naturels

Comme les câlins d'un vieux chat

Ou la course des escargots

Le soir au clair de lune

Dans les montagnes enneigées

De la Grande Poésie.

Nos cœurs baignent

Dans l'océan de l'Amour,

Et ni le vent, ni la tempête, ni la mer,

Ne peuvent parvenir à les désunir.

Vivons le bonheur d'être deux,

Ensemble, unis par le cœur

Nous nous aimons.

Les gens diront

Dans longtemps :

Floire et Blanchefleur,

Aucassin et Nicolette,

Roméo et Juliette qui finissent bien,

Comme ces deux-là s'aimaient.

Suivons leur exemple

Et leur destinée.

Soyons heureux tout simplement

Du bonheur d'aimer et d'être aimé.


Basile philosophe naïf,

Paris, les 17 et 20 mai 2021

1474 Les larmes d'une rose

C'est une rose qui pleure

Car elle perd ses pétales

Et va mourir

Dans le verre d'eau

D'un poète inconnu.

Mais ne pleure pas

Lui dis-je,

Car tu renaîtras au Paradis

Dans les bras

De la Vierge Marie.

 

Basile philosophe naïf

Paris, le 18 mai 2021

dimanche 23 mai 2021

1475 Paris redevient Paris

Paris, sans son Café de la Paix

Impensable !!!

La grande avenue

Qui va de l'arc à l'obélisque,

Avec un tas de touristes

Et de lampadaires,

Sans ses touristes

Et ses lampadaires,

Ni son Fouquet's, ni son drugstore,

Ni son défilé du quatorze juillet,

Ni ses calèches attelées de chevaux,

Incroyable !!!

Le carrefour Vavin

Sans son Dôme, sa Coupole et sa Rotonde

Et leur animation féconde,

Carrefour bonheur de vieilles dames riches

Et de leurs pygmalions désargentés,

Ce carrefour sans tout ça...

Invraisemblable !!!

Saint-Germain-des-Prés

Sans sa Brasserie Lipp, son Café de Flore, ses Deux Magots,

Paris sans le Pied de Cochon, la Brasserie Alsacienne,

La Taverne Kronenbourg, publicités gratuites

De quelqu'un que ses ressources limitées

Ont amené il y a quelques années

A fréquenter le restaurant charitable

De monsieur ou madame la maire,

Autrement dit : la soupe populaire.

Paris sans l'antique Brébant,

Sur les Grands Boulevards,

Dont les festins servis

Durant le siège de Paris,

Par les Prussiens,

Valurent à son cuisinier

Une médaille commémorative

Offerte par les habitués.

Paris sans la brasserie « A la Une »

Près de la Bourse,

Où je tenais

Au début des années quatre-vingt-dix,

Mes premières réunions

Pour la renaissance

Du Carnaval de Paris,

Paris sans le Train Bleu,

Paris sans les deux cafés voisins

Où s'est réuni

La Goguette des Machins Chouettes,

Le café face à la Gare du Nord

Où fut fondé

La Compagnie Carnavalière

Des Fumantes de Pantruche.

Le restaurant « Au Petit Bonheur »

Où elle se réuni et chanta

Avec moi, plus d'une fois.

Paris sans Le Café du Croissant,

Où coula le sang,

Quand un assassin,

Le bien nommé Villain,

Assassina un grand tribun

Qui venait de commander

Et mangeait

Une tarte aux fraises,

Avant de faire un discours

Pour empêcher la guerre,

La place Denfert sans son lion belfortain en cuivre

Ce qui l'a sauvé de la fonte

Sous l'Occupation,

Paris sans la rumeur

Et l'animation

De ses terrasses de cafés,

Le soir après le turbin, le boulot pas rigolo,

La fête à bras, l'esclavage, le chagrin.

Paris sans ses cafés, ses restaurants, ses cinémas,

Paris sans tout ça,

Perd sa grâce et sa beauté, sa vie n'est plus là,

Paris n'est plus Paris, la fête est finie,

La vie n'est plus là,

Ni les touristes, pleurent les hôtels et les taxis.

Paris dépourvu ainsi,

C'est comme un sandwich jambon beurre

Sans beurre, sans jambon

Et sans pain.

C'est Paris devenu une sirène

Sans beauté, ni séduction,

Un satyre devenu chaste ermite,

Un apéro alcoolo avec de l'eau,

Un quai de Seine

Sans bouquinistes,

C'est un Mike Tyson sans pectoraux,

Un touriste japonais sans appareil-photo,

Une France sans fromages,

Un grand couturier sans élégance,

Un couteau suisse sans lames,

Une enfance sans contines ni chansons,

Un chat qui n'aime pas le poisson,

Un supporter du Paris-Saint-Germain

Qui applaudit les buts marqués par l'OM,

Un supporter de l'OM

Qui fait réciproquement

La même chose,

Un financier milliardaire

Philanthrope et désintéressé,

Un hiver sur l'Annapurna

Sans neige, ni sherpas,

Un séducteur sincère et désintéressé

Qui ne ment jamais,

Une tragédie de Racine

Sans larmes,

Une rage de dents

Douce et agréable,

Un orage sans tonnerre,

Un triomphe sans applaudissements,

Un été sans soleil,

Un hiver sans printemps,

La coupole de l'Institut

Sans ses académiciens immortels

Et son secrétaire perpétuel,

L'Académie de médecine sans médecins

Ni chirurgiens,

La médaille Field

Attribuée à un bambin,

Une musique klezmer brillante

Sans sa clarinette larmoyante,

Une fanfare militaire

Sans sa caisse claire,

Un violoniste tzigane

Sans son violon,

Une reine d'Angleterre

Sans sa couronne

Et ses chiens,

Paris sans le roi Momo, sa famille

Et son kebab de la rue Pernety,

Et tous les restos

Ambassades du monde entier,

Et dix mille autres lieux

De nourriture, de boissons et de plaisir,

Paris qui respire la cuisine

Et le cinéma,

Redevient Paris

Quand ses cinémas, ses restaurants,

Ses cafés sont à nouveau là.

Employés des cinémas, travailleurs des bars, cafés et restaurants

Je vous aime !

La vie de Paris n'est plus là

Quand vous ne travaillez pas !

Une place au cinéma,

Et un café-crême,

La vie est ici !

Paris vous aime,

Vous êtes Paris !

Montparnasse sans cinés,

Sans le Pathé-Gaumont,

L'UGC Montparnasse,

Les 7 Parnassiens, le Miramar,

Quelle désolation,

Quel cauchemar !

Vous qui nourrissez nos estomacs

Et nos âmes, nous régalez et nous désaltérez,

Vous nous faites la vie douce,

Sans vous quelle tristesse,

Quelle misère !

Avec vous, grâce à vous,

La vie a du goût,

Et avec nos amoureuses,

Nous vous rendons grâce

Et rendons visite.

Ça c'est Paris

Tel qu'il est toujours dans notre cœur.

Par votre labeur

Vous faites notre bonheur !

Hep garçon !

S'il vous plaît l'addition,

Votre croque-monsieur

Était délicieux,

Demain,

J'en reprendrai un !

Miam ! Miâm !

C'est Paris !!!


Basile philosophe naïf

Paris, le 22 mai 2021

 

mercredi 19 mai 2021

1472 Aimer

Tu peux lui offrir

Un bouquet de roses et de lilas.

Tu peux lui offrir des gâteaux

Et du chocolat.

Tu peux lui offrir

Le restaurant et le cinéma.

Tu peux lui offrir

Un chemisier en soie, des bas en alpaga,

Et tout ce que tu voudras.

Toutes les étoiles les plus belles

Qui, lointaines, scintillent dans le ciel,

Les comètes qui passent et les caressent,

Et les porcelaines de Chine abandonnées,

Par milliers, trésors maritimes oubliés

Dans les silencieuses profondeurs marines.

Mais le jour où tu réaliseras

Que tu ne peux pas te passer d'elle

Et qu'elle l'acceptera,

Tu lui feras le seul vrai présent qui soit,

Celui de l'amour,

De la félicité d'aimer

Et être aimé.


Basile philosophe naïf,

Paris, le 17 mai 2021

1471 De la campagne à votre assiette

Gare de la Villette,

Au doux nom de « gare de Paris-Abattoirs »,

Une gare sans retours

Et sans voyageurs,

Qui n'existe plus,

Elle a disparu.

C'était une succursale

Du Ventre de la Capitale,

La Mort s'y trouvait chez elle, banale,

Au milieu des pleurs et gémissements

Des bêtes qui pressentaient

Le but final du voyage.

Les quais piquetés de paille,

Qui sentaient bon

L'étable, le pâturage et l'écurie,

Étaient visités par

De très doux parfums bucoliques,

De foin, de suint,

De bouse et de crottin.

On y respirait des senteurs profondes,

Authentiques et belles

Comme des majoliques,

Ses quais étaient la dernière étape

D'un long voyage

Commencé la nuit noire

A la lueur de fanaux inquiétants,

Ou sous la caresse

Des rayons d'un soleil rassurant

Des Pyrénées, d'Auvergne,

D'Algérie, du Massif central

Ou d'ailleurs,

Ses quais

Ont vu arriver

Durant d'interminables

Et laborieuses années,

Alimentant cuisines, bars,

Hôtels et restaurants,

Des millions d'animaux vivants,

Des bœufs, des cochons,

Des vaches, des dindons,

Des chèvres, des moutons,

Élevés avec amour dans les campagnes,

Les prairies, les plaines, les montagnes.

Gare de la Villette,

Gare des abattoirs.

Un très doux métier,

Tueur.

C'est là qu'ils ont officié,

Avec le merlin et le couteau

Indifférents et sacrificateurs.

Ces gentils tueurs,

Au cours des années,

Par dizaines de milliers de litres

Ont fait couler le sang des sacrifiés.

Personnalité quadrupède épargnée,

Un mouton apprivoisé baptisé

« Le Judas »

Conduisait ses frères,

Fraichement débarqués,

Vers le couteau et le débitage.

Ce collaborateur a-t-il été gracié

A la fermeture des abattoirs ?

Le sang, le cuir, les sabots,

Le cinquième quartier,

Qui ne se mange pas,

Enrichissait d'industrieux parisiens.

Le sang frais alimentant

Des jeunes filles vers mil neuf cent,

Cherchant jouvence et beauté

Dans ce breuvage tiède

Et peu ragoutant.

Le même se retrouvant

Dans du boudin,

De fort bon goût.

Avec de la compote de pommes,

C'est délicieux.

Vous en reprendrez ?

Les animaux vivants,

Promis à notre table,

Mais pas comme invités,

Voyageaient

Dans des wagons à bestiaux,

En bois.

Les mêmes ont transporté

Les officiers et fantassins français

Partant pour Verdun,

Et, avec des billets « tarifs de groupes »,

C'est triste mais c'est vrai,

Les Juifs et les Tziganes

De tous les âges

Et toutes les nationalités

Partant pour une destination

Dont on ne revient pas.

Autres sacrifiés, qu'on enterrait

Ou brulait,

Ou transformait en savons, en boutons,

En chandails, bottes de tankistes,

Ou en mines d'or dentaire.

Ils n'étaient pas destinés

A être mangés,

Sauf éventuellement

Par les rats, les mouches, les asticots

Ou les corbeaux.

Officiers ou fantassins français

Héros et martyrs de Verdun,

Juifs ou Tziganes

Victimes des préjugés imbéciles

Et criminels

Sur une soi-disant « pureté du sang »,

Militaires ou civils,

Mis en terre,

Brulés ou rescapés,

Votre mémoire à présent

Est justement honorée.

Celle des animaux

Est oubliée.

Mais souvenez-vous,

Omnivores ou végétariens,

De la gare de Paris-Abattoirs

Et ses millions de sacrifiés.


Basile philosophe naïf

Paris,le 14 mai 2021

samedi 8 mai 2021

1470 Le visiteur inattendu

Un soir ou une nuit,

La souveraine du Royaume uni

Se trouva nez à nez

Avec un inconnu,

Pas forcément très équilibré,

Qui avait réussi à pénétrer

Jusque dans sa chambre à coucher.

La reine ne s'affola pas,

Parla calmement

Avec l'individu inattendu,

Puis, au premier prétexte venu

S'éclipsa pour appeler

La sécurité.

Gageons que le jour

Où la Mort frappera

A la porte de la courageuse reine,

Elle dira,

Avec un flegme tout britannique :

Il y a longtemps

Que je vous attendais.

J'ai déjà failli vous rencontrer

Quand j'étais jeune,

A Londres, sous les bombardements.

Attendez-moi un instant,

Le temps que j'arrange ma coiffure

Et previenne mon valet privé

Que je ne serai pas là

Aujourd'hui, pour le déjeuner.

Et que dans un affolement très humain,

On n'oublie pas demain

De bien soigner et promener mes chiens.


Basile philosophe naïf

Paris, le 8 mai 2021

1469 Paix, amour et fraternité

Huit mai deux mil vingt et un,

Jour anniversaire

De la fin d'un triomphe du Diable,

D'un naufrage de la Civilisation,

Où des peuples frères,

Des gens qui ne se connaissaient pas

S'entretuaient

Au compte de gens qui se connaissaient.

Oui, ils se connaissaient

Et avaient, ces braves garçons,

Bien propres et bien habillés,

Préparé et assuré,

Avec un amour destructeur,

A Sedan, Berlin, Versailles, Genève

Et ailleurs,

Le moment fatal, l'incendie général,

Signant de vils traités affameurs,

Puis buvant le champagne sans frayeurs.

On a tué des millions de civils,

Rasé des centaines de villes,

Causé des deuils innombrables,

Et arrivé au chapitre final,

A Berlin, demeure du Démon et cité martyre,

Déclaré seuls coupables et responsables

Les Allemands perdants

Et leurs alliés italiens ou japonais.

Les gagnants, Romains à Alésia

Ou alliés à Berlin, ont toujours raison,

Commandent potences et prisons.

Et on oublie bien vite

Quand on a serré la main d'Hitler,

Piétiné en chœur la Pologne

Et tué ses gardes forestiers

Et ses officiers.

J'ai envie de proclamer ici

Oui, c'est une nécessité

Un devoir, aujourd'hui

Pour les Français

D'aimer les Allemands,

Et, réciproquement

Pour les Allemands d'aimer les Français.

Enfants de Goethe et de Victor Hugo

Nous nous sommes réconciliés

Grâce à de Gaulle et Adenauer,

Qui depuis, se sont retrouvés au Paradis.

A présent redevenons frères,

Car telle est notre destinée !

Que le Rhin coule dans nos veines,

Chaleureux, rédempteur, réconfortant,

Devenant fleuve lien,

Unissant à jamais nos deux pays

Dans l'Amour, l'union des cœurs

Et la fraternité.


Basile philosophe naïf, né en 1951

Paris, le 8 mai 2021