mardi 29 septembre 2015

422 Pourquoi avons-nous si peu de « vrais amis » ?

Pourquoi en général – il y a d'heureuses exceptions – faisons-nous un jour cette désolante constatation : « comme les vrais amis sont rares ! Ils se compte sur les doigts d'une main ! »

En fait, sans nous en rendre compte, c'est bien involontairement que, la plupart du temps, nous nous privons d'amitié. Comment ? De la plus simple façon : en lui tournant énergiquement le dos. Mais, attention ! En drapant notre muflerie dans de chatoyantes draperies, de « merveilleux motifs »... de pacotille. J'ai pu ainsi en faire l'analyse en étudiant un cas proche, si j'ose dire : moi-même. Je viens de dresser une liste. Plusieurs dizaines de noms, de personnes qui m'étaient chères. Auxquelles j'apparaissais sympathiques. Que j'ai proprement laissé tomber depuis des années en cessant de chercher à les rencontrer. Vous me direz : « oui, mais elles n'ont pas réagit ». Parfois oui, parfois non, ce n'est pas toujours vrai.

Ainsi, l'une d'elles, croisée il y a deux ans m'a dit : « rappelles-moi, passes nous voir en septembre ! » Nous étions en juin. Je ne l'ai jamais rappelé. Une autre, vers la même époque m'envoie une carte postale signée par elle et ses deux enfants. Une carte postale très gentille. Qu'est-ce que j'ai fait ? Rien. En me comportant ainsi je ne risquais guère d'entretenir l'amitié.

La cause qui m'a fait agir ainsi est courante. C'est, une fois de plus, mais il faut l'identifier, la terreur intérieure fruit de la sortie de l'enfance prolongée. Comme je l'ai déjà écrit : au départ, à la naissance, nous sommes des petits singes dotés de notre instinct originel. Puis, comme nos ancêtres et nos contemporains ont développé le savoir, on s'applique à nous le transmettre. Ce qui prend du temps. Alors qu'un petit singe humain est adulte vers l'âge de quatre ans – à partir du moment où il est capable de se nourrir seul, – nous entrons dans une enfance prolongée. Celle-ci sera la cause d'un trouble majeur. Car la sortie de cette enfance créera un terrible déséquilibre. Enfant prolongé nous nous sentirons perdu. Il nous manquera nos « parents prolongés ». Ce qui entraînera un sentiment de terreur intérieure. Et cette terreur intérieure nous entraînera vers des comportements perturbés. Entre autres, la recherche d'une créature chimérique : un papa ou une maman de remplacement. On appellera cet être fabuleux et totalement imaginaire : « l'amour » ou « le Grand Amour ». A cette quête imbécile nous sacrifierons bien des choses et très souvent l'amitié. Plutôt qu'aller vers d'autres qui nous apprécient et que nous apprécions, nous mangerons notre temps et notre attention dans la recherche frénétique de « l'autre » : notre papa ou maman de remplacement.

Si j'ai tant négligé mes amis, c'est parce que, parfait couillon, je cherchais la créature merveilleuse, ma maman-bis : l'Amour avec un Grand A, ma moitié d'orange qui, par définition en fait, n'existe pas. J'ai même bien cru la trouver pour de vrai un jour. L'ai encensé et soutenu durant plusieurs années. Ça lui plaisait bien. Puis, finalement, un beau jour elle en a eu marre. Car, avoir un Roméo à son service finit par devenir un boulet. Elle m'a largué. Et a eu bien raison. Et c'est ainsi que les amours « parfaites » disparaissent. Car jouer le rôle de maman ou papa-bis est lassant et trop pesant.

Si on veut cultiver l'amitié il faut prendre conscience de l'irréalité de la quête imbécile du Grand Amour. Prendre conscience de notre terreur intérieure fruit de la sortie de notre enfance prolongée. Qui nous amène à chercher un être parfait qui arrangera tout dans notre vie : notre maman ou papa prolongé vu par nos yeux d'enfant prolongé. Et, en abandonnant cette chimère, nous nous sentirons beaucoup mieux. La sortie de l'adoration de ce mythe a été pour moi un peu chaotique. On ne quitte pas comme on sort d'une pièce d'un logement un mythe qu'on a poursuivi durant des dizaines d'années. Qu'on a été très souvent encouragé à suivre. Qui règne toujours dans le cœur d'innombrables humains. Car le règne de la terreur intérieure n'est pas encore terminé. Et ses conséquences désastreuses apparaissent un peu partout.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 septembre 2015

lundi 28 septembre 2015

421 L'origine de la violence entre les humains

Les humains aiment la douceur, la tendresse, la tranquillité, les bisous, les caresses... pourtant l'Histoire humaine est remplie de violences les plus extrêmes : physiques, morales, verbales, politiques, sociales, économiques, intra-familiales, conjugales... Comment expliquer ce paradoxe ?

Une constante qui frappe est que dans toutes les sociétés ce qui est assimilé au « sexe » s'accompagne de très fréquentes violences. Et dans toutes les cultures la femme subit de multiples atteintes.

L'explication générale des violences se trouve dans l'existence de la terreur intérieure fruit de l'enfance prolongée. Que des idées, des convictions, des intérêts divergeants, voire opposés existent, est une chose. Qu'on frappe, blesse, opprime, méprise, torture, tue en est une autre. Cette violence est un exutoire à la terreur intérieure. Les motifs invoqués pour développer cette violence sont en définitif des prétextes.

La violence accompagnant le sexe et celle frappant la femme ont une même double origine : la terreur intérieure d'une part. Et d'autre part un autre phénomène. Les humains cherchent la raison de leur détresse, les responsables de celle-ci. La logique qui voit dans cette terreur intérieure une chose effrayante d'origine incompréhensible, va tendre à l'assimiler à la vie-même. Et quelle activité est à l'origine de la vie humaine ? Le sexe. Et qui fait les enfants ? Les femmes.

La haine du sexe et des femmes trouve là sa source.

La terreur intérieure serait à la fois le moteur de l'Histoire, la cause de la condition calamiteuse faite au sexe et aux femmes. L'homophobie anti-gay étant une conséquence de la haine des femmes. Le motif de la violence anti-gay est le reproche fait aux gays « d'être des femmes ».

Tout se combine : haine du sexe, des femmes et des gays. Cette violence est omniprésente. Essayez, si vous êtes un homme, de passer tendrement votre main dans les cheveux d'un inconnu dans le métro, ou posez-lui la main sur la cuisse ou caressez-lui le bras. Vous risquez de vous faire lyncher !

Faites la même chose avec un chat ou un chien inconnu, vous ne risquez rien. La terreur intérieure a, entre autres conséquences, rendu les relations entre humains plus périlleuses que les relations des humains avec leurs animaux domestiques familiers !

Résultat : combien d'humains souffrant du sentiment de solitude font le choix de vivre avec un chat ou un chien !

Il existe même des personnes qui se baladent dans des lieux publics avec une pancarte où est écrit en anglais « free hugs », qui signifie : « câlins gratuits » ! Car, en général, les câlins sont payants en obligations diverses ou argent. Pauvres humains, moins libres que des chats ou des chiens. Et qui, avec ça se proclament supérieurs à tous les autres animaux !

Pour en sortir, ce n'est pas évident. On se rend bien compte que quelque chose ne va pas, ne fonctionne pas. Mais que faire ? Où se diriger ? Pour espérer avancer, il faut de la réflexion, de la patience et de la philosophie, beaucoup, énormément de philosophie. Et même avec ça, y compris moi, je ne suis pas sûr de « m'en sortir ». Mais, en tous cas, je peux aller mieux. Et c'est déjà ça.

Pour peut-être trouver il faut chercher. Pour peut-être avancer, il faut faire des efforts.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 septembre 2015

samedi 26 septembre 2015

420 Le charme du vieux et le charme du neuf

Il y a bien des années, je me suis posé une question sans trouver la réponse : « pourquoi des objets, des choses anciennes ont-ils du charme à nos yeux ? Une vieille pendule, un vieux livre, un vieux château ? » J'ai enfin trouvé aujourd'hui la réponse à ma question. Une fois encore, il s'agit d'une implication de la terreur intérieure fruit de la sortie de l'enfance prolongée. Fuir cette terreur passe ici par la fuite du monde actuel. Et quel meilleur moyen de fuir que celle de nous retrouver à une autre époque, via l'admiration pour de vieilles choses ?

La même démarche consistera à fuir non pas vers le passé, mais vers le futur. On trouvera un charme inexplicable aux choses nouvelles. C'est même un argument de vente employé par la publicité.

En quoi une chose parce qu'elle est ancienne ou nouvelle a-t-elle une qualité intéressante ? En ce qu'en choisissant de lui accorder de l'intérêt on se porte intellectuellement et symboliquement en quelque sorte dans le passé ou l'avenir. Et on « quitte » psychologiquement le présent où la terreur intérieure mine notre moral. On use d'un artifice pour fuir la réalité.

Quand je me plonge dans la contemplation de photos de vieilles locomotives à vapeur, par exemple, je ne suis plus là, en 2015, mais en 1970 et même avant, du temps où elles roulaient. Pour la même raison, on trouve les modes. Plutôt que chercher à fuir dans le passé ou le futur, on rejettera le présent au nom d'une nouvelle mode. Une nouvelle mode qui sert à nier le moment où on vit. Quitte à abandonner d'excellentes choses. Le résultat est que la terreur intérieure conduit à rejeter une multitude de bonnes choses. Car « elles ne sont plus à la mode ».

Dans la chanson, par exemple, d'innombrables chanteurs de talents, chansons réussies, ont été rejeté dans l'oubli. Mais, il n'y a pas que les chansons et chanteurs qui sont victimes de la sorte. Comme les politiques sont aussi des humains, ils connaissent la terreur intérieure comme la plupart des humains. Et là, les conséquences de la fuite de la réalité peuvent être dévastatrices.

Pour modifier le « temps » actuel, partir « ailleurs », les politiques pourront chercher à faire des réformes. Y compris des reformes absurdes, stupides, ridicules, l'essentiel étant de réformer à tous prix, même quand il n'y a rien à réformer. Ou en tous cas rien à réformer de cette manière-là.

Une réforme récente amène en France les médecins à devoir traiter une quantité formidable d'actes administratifs sur leur ordinateur privé. Pourquoi ? Ai-je demandé à mon médecin habituel et aussi à mon dentiste. Pour rien, c'est juste un choix idéologique, m'ont-ils répondu. Une autre réforme annoncée consistera à confier aux opticiens le soin de « faire des lunettes » sans qu'une ordonnance d'un médecin ophtalmologiste soit nécessaire. Ce qui sous-entend que ce dernier se borne à indiquer à l'opticien quelles paires de lunettes fabriquer. Or, ce n'est pas tout. Le médecin ophtalmologiste surveille et vérifie les yeux de ses patients, et peut, par exemple, détecter les prémisses d'un glaucome. Sauver ainsi la vue du patient. Chose que l'opticien ne sait pas faire et ne fait pas. En se débarrassant des médecins ophtalmologistes dans la réalisation de nouvelles lunettes, on amènera des patients non contrôlés à perdre à terme un œil ou même devenir aveugle... Mais, ça n'est pas important. Seule importe la réforme !

Détruire pour changer est plus facile que construire. Ainsi, il a été pris la décision de fermer l'hôpital, militaire du Val-de-Grâce en 2017. 350 lits supprimés avec un des meilleurs hôpitaux de France. Peu importe les conséquences calamiteuses de cette décision. Pour les décideurs, l'essentiel est de changer, réformer, peu importe de quelle manière, afin de fuir leur terreur intérieure.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 septembre 2015

419 Artifices pour fuir la terreur intérieure

Il y a un peu plus de trente ans j'étais en visite dans une belle piscine parisienne située dans le quinzième arrondissement de Paris, la piscine Blomet. J'observais un maître-nageur qui rangeait des bouées le long du mur longeant le bord du bassin. Elles étaient entassées à la va-vite, certaines saillaient de leur pile. Et le maître-nageur les arrangeait pour en faire des piles bien ordonnées et régulières. Ce travail de rangement qu'il avait choisi de faire suscitait en moi une impression agréable et rassurante. Quand une interrogation me vint : « pourquoi est-ce que je ressens ce rangement sommes toute parfaitement inutile comme agréable et rassurant ? Et pourquoi le maître-nageur procède-t-il ainsi ? Et pourquoi quantité de gens prennent le temps de réaliser un tel genre de tâche banale et inutile ? » Je n'avais pas la réponse. A présent, je l'ai trouvé. Il s'agit de a terreur intérieure.

L'être humain qui porte en lui cette terreur fruit de sa sortie de l'enfance prolongée cherche à y échapper. Comment ? Ici, en modifiant le monde, de manière absurde et sans autre utilité qu'ainsi échapper à la logique du réel et s'éloigner ainsi de lui. Modifier artificiellement sa vision du monde, sans le modifier pour autant, pourra jouer le même rôle. Refusant de voir la réalité telle qu'elle est, l'être humain terrorisé va imaginer un monde irréel dont il prétendra être le spectateur. Une méthode courante consistera à prétendre « mettre le monde en équations ». Lui inventer des catégories où on rangera singulièrement les humains. Il existe des multitudes de catégories artificiellement concoctées ainsi. Je me souviens, par exemple, il y a plus de quarante années avoir usé de deux catégories : les femmes jeunes, jolies, bien habillées et coquettes étaient sensées pour moi à cette époque appartenir à une catégorie de personnes superficielles et conservatrices. Les individus catholiques pratiquants me paraissait aussi alors sous un jour particulier. Je les rangeais en pensées dans une catégorie négative. Et un beau jour je rencontrais des représentants de ces catégories qui étaient en contradiction avec ma classification. Une jeune fille belle, bien habillée et coquette qui participait avec enthousiasme à un meeting révolutionnaire, et un jeune étudiant très sympathique qui se révéla être un catholique pratiquant habitué d'aller aux messes à Notre-Dame. Ces deux rencontres me firent mettre à la poubelle les catégories imaginaires que j'ai cité plus haut.

Tous les jours, effrayés par leur terreur intérieure, des multitudes d'humains usent de catégories, pour croire participer à un monde différent de celui qui inclus leur peur intérieure. Au nombre de catégories très couramment utilisées on trouve, par exemple : « les jeunes » et « les vieux ».

Ces catégories paraissent exister. Mais, à les considérer de plus près, on peut avoir des doutes et les remettre en question.

En effet : quand est-on « vieux » ? Quand est-on « jeune » ? Quand débute la « vieillesse » et fini la « jeunesse » ? Ces catégories paraissent des plus mouvantes et évolutives. Ainsi, quand ma mère, qui était née en 1907 a atteint en 1932 l'âge de vingt-cinq ans, elle était considérée comme « vieille ». Précisément on la rangeait dans les « vieilles filles », au motif qu'elle n'était pas mariée.

Au début des années 1990, j'entendais deux jeunes gens discuter à une table voisine de la mienne au restaurant chinois. L'un d'eux a parlé des « vieux de quarante ans » ! J'en avais déjà 48 passés et ait eu envie de lui dire : « et moi, alors, à 48 ans passés, que dois-je faire ? Me suicider ? »

En 1997, feuilletant une méthode de musique, je tombais sur la biographie de l'auteur, en quatrième de couverture. Une phrase y était écrite qui me frappa et laissa perplexe : « Bien qu'encore jeune, il n'a que cinquante ans. » J'avais jusqu'alors été habitué à entendre qu'avoir 50 ans c'était être vieux.

Pourtant déjà en 1985, quand un très sympathique ancien enseignant des Beaux-Arts que j'avais connu, Michel Faré, est mort, on a annoncé qu'il avait 70 ans (en fait 72, je l'ai lu hier). Et ça m'a paru jeune pour mourir.

Il n'y a pas tant d'années que ça, bien des gens mouraient vers 50 ans, même vers 40. Et on ne trouvait pas ça prématuré. Je me souviens aussi des centenaires dont on entendait parler dans la presse dans les années 1960 : c'était des vieillards en ruines. Et il y avait très peu de centenaires. À présent ça a bien changé. J'ai entendu dire il y a pas mal d'années qu'il y avait déjà 19 000 centenaires aux États-Unis. Je n'ai pas vérifié.

Il y a peu de temps, j'ai lu que traditionnellement en Grande-Bretagne, les centenaires recevaient un mot de la reine. Vu leur abondance actuelle, dorénavant un mot de la reine leur parviendra seulement à partir de 105 ans d'âge et plus 100.

Tout ceci pour en revenir aux catégories. « Jeunes » et « vieux » paraissent des catégories bien artificielles. Pourtant, il existe des personnes qui déclarent détester les jeunes, ou les vieux. Une agence de voyages avait même, il y a peu d'années, joué sur la notion de vieux. Prétendant n'accepter que des jeunes comme clients, elle affichait comme slogan publicitaire pour ses voyages organisés : « interdit aux vieux crabes » !

Toutes ces catégories dont la plupart des gens use surabondamment ont pour but d'échapper à la Nature. Si on y échappe, ou plutôt croit y échapper, on s'éloigne de la terreur intérieure qui nous fait si elle est là horriblement peur. Il existe toutes sortes d'autres artifices pour s'éloigner de la Nature.

Ainsi, par exemple, le travail peut rassurer, car dans bien des cas il tourne le dos à la Nature. Ne serait-ce que parce qu'il est réglé par les horloges, qui ignorent les heures du jour et de nuit. On peut aussi s'éloigner de la Nature avec des uniformes. Ou avec des conformismes qui sont des uniformes sociaux. Ou en allant trop vite ou trop lentement dans ce qu'on fait.

Le port des vêtements dépasse largement le simple usage pratique de ceux-ci. Porter des vêtements, c'est s'éloigner visiblement de la Nature qui nous a fait nu. J'ai connu un voisin qui avait une peur panique d'être vu torse nu par des tiers !

S'attacher à l'argent est un autre moyen intellectuel de chercher à se détacher de la Nature. Je me souviens avoir récemment affolé une jeune fille en lui faisant remarquer que l'argent n'avait pas toujours existé. Et que dans ce cas il pourrait plus tard un jour disparaître. Elle s'est récriée indignée et outrée : « il a toujours existé ! » Ce qui est une affirmation absurde. Dans un registre plus particulier, on voit quantité de personnes qui n'y ont aucun intérêt particulier s'attacher à l'euro. Sortir de cette monnaie vieille de seulement 13 ans leur apparaît comme un désastre à éviter.

Nier la Nature peut passer par l'admiration de beaux défilés en uniformes. Tous ces humains habillés pareils et marchant d'un même pas nous confortent dans l'idée que l'homme et la Nature font deux.

Logiquement, nous devrions nous occuper de choses et nouvelles agréables. Choisir, au contraire, de nous complaire dans la réception de mauvaises nouvelles, via les médias et les livres, peut aussi nous rassurer. Si nous cherchons à baigner dans le désagréable, ce serait la preuve que nous échappons à la logique de la Nature et à notre terreur intérieure. Pour mieux suivre cette démarche consistant à se plonger dans le récit de malheurs divers, nous pourrons prendre soin de faire nôtre des malheurs qui ne sont pas les nôtres. Les artifices pour fuir la terreur sont innombrables. Depuis des dizaines de milliers d'années, les comportements humains s'expliquent presque tous, au moins en partie, par la présence de la terreur intérieure fruit de la sortie de l'enfance prolongée.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 septembre 2015

vendredi 25 septembre 2015

418 Les murs prennent la parole

Certains rêves que je fais me donnent l'impression d'être pratiquement comme des messages d'informations venus d'ailleurs. Ce fut le cas avec un rêve que je viens de faire la nuit dernière.

Dans ce rêve, j'étais un opposant actif et militant au gouvernement actuel chez nous en France et aussi à l'Europe. Je collais sur les murs des affichettes. Contre le gouvernement elles portaient l'inscription : « En 2017, offrez-vous le plaisir de ne pas voter socialiste ! » Et, contre l'Europe, c'était des affichettes déclinées en plusieurs langues européennes : « Europe dehors ! » ; « Europe raus ! » ; « Europe get out ! » Que les touristes regardaient, notamment des touristes allemands.

Quand je me suis réveillé, j'ai compris le message sous-jacent à ce rêve orienté. Quand éclatera une grande crise sociale, un signe qui ne trompera pas sur l'apparition de ce phénomène sera que les murs prendront la parole. Les gens écriront ou afficheront un peu partout sur les murs les motifs de leur mécontentement. Comme c'est déjà arrivé en pareil cas en 1968 et aussi en 1848.

Les célèbres affiches sérigraphiées de mai 1968, qui n'étaient pas toutes produites à Paris à l'École des Beaux-Arts, mais aussi également au moins à l'École spéciale d'architecture située boulevard Raspail, sont restées dans la mémoire collective. Elles ont aussi été reproduites dans des livres et même présentées pour certaines dans au moins une exposition faite à la Bibliothèque nationale. Les affiches de 1848 sont par contre oubliées du grand public. Le hasard de mes recherches historiques sur les sociétés chantantes dites goguettes m'en ont fait retrouver.

En 1848, l'éditeur Charles Durand, admirateur passionné du goguettier Gustave Leroy, imprime et placarde sur les murs de Paris de grandes affiches sur papier rouge portant ses chansons. Le journal « La Chanson » raconte à ce propos en 1879 :

« Lorsqu'arriva 1848, Gustave Leroy se livra corps et âme à Durand, un ouvrier intelligent qui venait de se faire éditeur. Durand ne marchandait pas la gloire à son auteur ; il proclamait haut et partout que c'était un nouveau Béranger. Encore ajoutait-il dans sa naïveté : Béranger n'a jamais rien fait de pareil à sa dernière ! C'était vrai. Durand faisait alors afficher les chansons de son Béranger sur les murs de Paris. Le papier était rouge et mesurait bien un mètre carré ; cette propagande lui valut un accroissement considérable de popularité. »

Ce ne furent très probablement pas les seules affiches placardées à Paris en 1848. Il dut y en avoir beaucoup d'autres.

L'expression de la colère populaire sur les murs dérange les autorités. De nos jours, elle peut se heurter à plusieurs obstacles : une législation pointilleuse qui va définir dans certains cas les graffitis et affichages « sauvages » comme des « dégradations de monuments publics ». Des équipes organisées officiellement pour lutter contre les tags et pour la propreté qui accourent pour faire disparaître tout ce qui peut ressembler à de l'expression murale. Enfin, dernier obstacle aux affichages « sauvages » : quantité de supports tels que les réverbères parisiens sont dotés d'un revêtement anti-affichage très granuleux, qui n'existait pas en 1968.

Tout ceci n'empêche pas que je sais à présent, suite à mon rêve de cette nuit, que je n'aurais pas besoin de regarder la presse affichée sur les kiosques à journaux ou regarder les sites Internet des médias pour prendre connaissance de l'éclatement d'une crise sociale majeure. Il me suffira de regarder les murs de mon quartier. Quand les murs prendront la parole, je saurais que se passent des événements sociaux de grande ampleur, dont l'arrivée est annoncée déjà depuis un certain temps.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 septembre 2015

jeudi 24 septembre 2015

417 A propos de la terreur intérieure

J'ai avancé le schéma historique suivant : au départ, quand ils sont à l'état natif, il y a des dizaines de milliers d'années d'aujourd'hui, les humains suivent leur instinct. C'est la seule source de leur comportement. Ils n'ont aucun besoin d'une quelconque industrie, étant les représentants d'une catégorie d'animaux qui n'ont pas de grands prédateurs. Une troupe de singes solidaires et mordeurs est moins attirante pour un lion ou un tigre qu'une antilope ou un lapin. Et, en cas de danger, les petits humains courent très vite pour pouvoir rejoindre le groupe des grands humains et se mettre sous leur protection. Puis, les humains vont développer le jeu. Par jeu, ils inventeront des choses. Ce qui va faire naître le savoir, le savoir erroné ou erreur et l'absence de savoir, c'est-à-dire l'ignorance. Et se développera alors un nouveau phénomène : la transmission du savoir, du savoir erroné et de l'ignorance. L'ignorance ayant pour particularité d'être transmise de manière passive. C'est parce qu'on ne transmet pas quelque chose que les autres savent, qu'on devient « ignorant ».

Le temps nécessaire pour chacun à la transmission suscitera un trouble majeur chez les humains : l'enfance prolongée. Alors qu'il est adulte vers l'âge de quatre ans, moment à partir duquel il sait se nourrir seul, l'être humain va être maintenu en dépendance morale, physique, intellectuelle, psychologique, affective, matérielle. Sevré tactilement et classée enfant pour de nombreuses années l'humain va connaître des conditions de vie très hautement perturbantes pour son instinct. Et, petit, les années, le temps, s'apprécie différemment. Une année d'un « enfant » vaut plusieurs années d'une grande personne . L'enfance prolongée entraînera la minorisation des jeunes et la majoration des anciens. La sortie de l'enfance prolongée, ai-je écrit, suscite la peur, la panique. Je dirais plus exactement à présent : la terreur intérieure. Pour la fuir, quantité de comportements naîtront.

Ils pourront faire appel à des choses que seuls les grandes personnes connaissent en temps normal, telles que les drogues, le coït, l'éjaculation, le pouvoir, l'argent, les jeux d'argent. Quand on voit le volume financier généré par la pornographie et la prostitution en direction des humains de sexe mâle on est impressionné par l'importance délirante et démesurée que notre société accorde à l'éjaculation. On dirait que certains individus même ne vivent que pour elle. Ce dérangement trouve sa source dans la fuite devant la terreur intérieure générée par la sortie de l'enfance prolongée.

Certaines femmes suivent ici le même chemin que nombre d'hommes. Il existe également une forme étrange de négation de la terreur intérieure consistant à faire des choix absurdes, adopter volontairement un comportement irrationnel et visiblement contraire y compris à ses propres intérêts. Ce comportement est d'autant plus éclatant quand il est le fait de personnes occupant de très hautes responsabilités. Commettre des actes absurdes, c'est d'une certaine façon nier appartenir au monde des grandes personnes, rester enfant en faisant l'âne avec énormément d'applications. Le choix des politiques austéritaires en Europe témoigne aujourd'hui de cette fuite devant la terreur intérieure chez nombre de politiques à très haute responsabilité. Ces politiques sont des humains, partageant la faiblesse de très nombreux autres humains.

Le choix de comportements absurdes pour nier sa terreur s'observe aussi dans le quotidien à très petite échelle. Je connais le cas de quelqu'un qui mange trop et est systématiquement toujours en retard. Il sait nuire à sa santé en mangeant trop. Mais trop manger et ne pas s'en faire, c'est être un autre qu'une grande personne. Être systématiquement et avec application en retard est aussi une manière de nier son identité terrorisée. Enfin, cette personne voue une adoration extrême à la consommation d'eau gazeuse. Cette adoration témoigne d'avoir fait de cette boisson inoffensive, une drogue. Elle est consommée ici avec autant de ferveur que pour d'autres de l'alcool. Fuir sa terreur intérieure génère bien d'étranges comportements. La terreur intérieure aux humains, fruit de leur sortie de l'enfance prolongée est un phénomène très pesant et omniprésent.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 septembre 2015

mardi 22 septembre 2015

416 Enfance prolongée , stress post traumatique et bipolarité

Le phénomène de « l'enfance prolongée » me paraît clair. Il me reste à en exposer toutes ses conséquences que j'identifie.

Ce trouble majeur chez l'être humain est un élément à prendre en considération dans le domaine des troubles mentaux. Imaginons à partir de cas réels un cas imaginaire de stress post traumatique. Un jeune homme courageux embrasse la carrière militaire. Il en fait le choix. Puis il l'assume dans des conflits divers. Est apprécié positivement par ses supérieurs et ses camarades. Et affronte sans problèmes visibles des situations très dures. Puis, c'est l'effondrement moral inattendu et incompréhensible. Voilà que sous le énième bombardement qu'il subit, il en a déjà vécu d'autres et des bien pires, soudain il ne supporte plus rien. Incapable de dormir, assailli par des cauchemars terribles, des pensées déstabilisantes... bref, il vit un stress post traumatique. Incapable de continuer son activité militaire, il se retrouve en hôpital psychiatrique et se traîne.

Que lui est-il arrivé ? Il supportait jusqu'à présent sans difficultés des situations bien plus dramatiques que celle qu'il a connu et qui a apparemment déclenché son mal-être.

A la base de sa situation déstabilisée, il y a en fait les conséquences de la panique causée par la sortie de l'enfance prolongée. Tout d'abord, il a cherché à domestiquer cette panique, lui faire face, être plus forte qu'elle, en se choisissant un métier émotionnant et dangereux : la carrière des armes. Puis, il s'est passé un événement inaperçu et déclencheur. La veille au soir du bombardement qu'il a subit, il s'est trouvé dans un lieu fermé qui présentait exactement la même atmosphère, le même éclairage que sa chambre d'enfant. Ce qui a formé écho avec ce souvenir ancien. Cet écho a ouvert une fenêtre dans la cuirasse qu'avec le temps il s'était constitué pour ne pas voir, ne pas subir la panique originelle suscitée par sa sortie de l'enfance prolongée. Résultat, quand le bombardement est arrivé, il ne disposait plus d'aucune cuirasse. Il s'est retrouvé sans protection morale face au danger. Comme un enfant confronté au danger. Un enfant qu'il était redevenu, peut-être seulement au départ pour quelques heures. Et le cataclysme est arrivé.

Pour en sortir, il faudra refaire le chemin vers l'enfance prolongée, la source de la panique originelle. Ce faisant, retrouvant son équilibre, cela pourra également remettre en cause son choix professionnel dont la source était la volonté inconsciente d'affronter la panique originelle. Il sera guéri, mais ne sera plus soldat.

Il arrive aussi que l'écho et l'ouverture de la fenêtre soient pratiquement simultanés. J'ai rencontré le cas de deux femmes bipolaires. L'une m'a dit l'être devenu suite à une agression, l'autre suite au suicide d'un proche. Ces deux événements violents avaient fait écho et s'étaient mis en symbiose avec la panique originelle. Rien n'avait pu se remettre droit. Et l'humeur s'était déréglée.

Quelquefois les bipolaires trouvent le chemin de la cause de leur mal-être et guérissent spontanément de façon incompréhensible. C'est un psychiatre qui me l'a dit.

En prenant en compte le phénomène du trouble majeur que constitue la panique causée par la sortie de l'enfance prolongée, on devrait pouvoir améliorer la prise en charge de diverses affections psychologiques ou psychiatriques. Et, peut-être, parvenir à guérir certains patients. Je ne suis pas médecin et ignore le jargon utilisé par les représentants du corps médical. Je suis philosophe, artiste peintre et carnavaleux. Donc, mes propos ne sont pas écrits comme cela se fait dans les publications médicales. Puisse néanmoins, si c'est possible, mes pensées aider à améliorer le travail médical et la santé des malades !

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 septembre 2015

415 Le « couple modèle »

Un des adjuvants classiques pour conforter l'idée que quelque part dans le monde existe une personne unique et merveilleuse, totalement adaptée à vous, qui fera « votre bonheur », c'est « le couple modèle ».

A défaut d'avoir rencontré sa « moitié d'orange », on cherchera ceux qui ont la chance d'avoir déjà réalisé cette rencontre dont on rêve. Ou, plus exactement, ceux que vous pensez dur comme fer avoir déjà fait cette rencontre. Parmi l'entourage, ou dans les pages des magazines, vous identifierez un couple modèle, qui prouvera par son existence que la chose est possible...

X et Y connaissent le nirvana du « Grand Amour », donc, moi aussi, demain, je pourrais y arriver ! Car la réalité est là. Eux connaissent ça, alors pourquoi pas moi ?

Cette image d'Épinal est confortée insidieusement par un ensemble de discours, écrits et images. Tiens ! Par exemple, sur quantité de publicités apparaissent des couples jeunes, beaux, souriants, propres, sportifs, bien habillés, en pleine santé, avec de belles dents, pourvus de bambins superbes, surtout pas handicapés, moches ou la goutte au nez, ou qui pleurent et braillent.

Le « couple modèle » que vous avez identifié dans votre entourage ou dans les magazines est aussi illustré par le Niagara publicitaire qui nous agresse un peu partout.

On peut admirer « le couple modèle », on peut aussi devenir une partie du « couple modèle » vu par d'autres.

J'ai connu les deux situations. J'ai admiré un « couple modèle ». Et sans le savoir d'emblée, ai fait partie d'un « couple modèle » aux yeux d'une amie. Dans le premier cas, il s'agissait d'un couple jeune, beau, sympathique, etc. Je l'ai érigé dans ma tête en exemple de mon rêve réalisé. Ils avaient trouvé, eux. C'était « le bonheur » que j'espérais un jour trouver !

Bien des années plus tard, j'ai revu ce couple. Et pu constater que si leur union était visiblement durable et solide, c'était très loin d'être le bonheur. Toutes sortes de soucis classiques, notamment la jalousie dans leur entourage, faisaient qu'ils étaient loin de vivre une sorte d'Éden réalisé. Ils vivaient ensemble, s'entendaient bien, étaient sympathiques, point. Mais, s'agissant de leur quotidien, je ne m'y voyais nullement heureux en vivant comme eux. Ce n'était rigoureusement pas un « modèle » pour moi. J'aurais très bien pu m'ennuyer en vivant la vie qui convenait à ces deux personnes. Les prendre pour modèle était naïf et stupide. Cette constatation, j'ai pu la faire grâce au fait de ne pas les avoir perdu de vue.

Il y a longtemps, j'ai connu la situation inverse : j'ai été la moitié d'un « couple modèle » pour quelqu'un.

J'avais une petite amie et était loin de me trouver bien avec. Le jour où elle m'a quitté, j'en ai été soulagé. Et voilà qu'à mon grand étonnement, une amie me dit : « je suis surprise par votre séparation. Pour moi, vous étiez le couple modèle ! » Pour elle, mon « couple modèle » était le support du mythe de la moitié d'orange à trouver.

En fait, plutôt que chercher un alter ego fabuleux, commencez par vous trouver vous-mêmes. Et puis aussi, allez vers les autres, sans chercher chez eux le remède à un sentiment maladif de solitude, fruit amère et affolant de votre enfance prolongée.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 septembre 2015

414 L'invention du sentiment de solitude

Une des conséquences les plus visibles et dramatiques de l'enfance prolongée est la naissance du sentiment de solitude. Après être restés extrêmement longtemps sous l'aile de leurs parents, minorisés et découragés de prendre des initiatives et faire des choix par eux-mêmes, les humains arrivent à l'âge où ils doivent se débrouiller tout seuls. Ils souffrent alors d'un immense et insatisfaisable sentiment douloureux et affolant de solitude. L'instinct qu'ils portent en eux ayant été perturbé en est la cause. Ils ont beau même être éventuellement entourés d'amis, collègues de travail ou voisins sympathiques, habiter une ville débordante de monde, croiser des centaines de personnes par jour, si c'est une ville importante, ils se sentent seuls. Alors, prenant à la lettre ce sentiment qui est le produit maladif de leur instinct perturbé par leur enfance prolongée, ils vont chercher ce qu'ils croient être des solutions.

Une de ces soi-disant solutions c'est la recherche de « l'amour ». Elle repose sur la croyance naïve et stupide qu'existe quelque part dans le monde une personne parfaitement adaptée à vous. Elle fera votre bonheur. Mais, où se cache-t-elle ? Cette fable absurde fait les choux gras des entreprises commerciales qui développent des « sites de rencontres » avatars modernes et électroniques des classiques « agences matrimoniales ». En un clic, après avoir payé, trouvez votre parfaite moitié ! Ces sites abondent. Leur publicité inondent le métro parisien. Grandes affiches de deux mètres sur trois, panneaux lumineux à images mobiles, tout est faits pour vous amener à sortir votre argent.

D'autres méthodes sont envisagées et pratiquées pour trouver son alter ego imaginaire. Une d'entre elles c'est « le sexe magique ». Elle consiste à croire qu'on trouvera l'autre en couchant avec. Ou, plus simplement, qu'on neutralisera son sentiment de solitude en couchant. Certains vont tirer sur tout ce qui bouge. D'autres vont uniquement chercher un certain type d'hommes ou de femmes. Rien n'y fera, la déception sera au bout du chemin.

Si coucher ne suffit pas, la technique va se compliquer. Par exemple, pour atténuer son sentiment de solitude, on verra quelqu'un pratiquer systématiquement la sodomie sadique avec ses partenaires femmes. La douleur et la domination de l'autre sera le but recherché.

Ce qui ajoutera à la confusion de beaucoup, c'est que l'illusion d'avoir enfin trouvé l'autre déclenchera sur le coup une avalanche d'endorphines chez la personne qui y croit. Agissant exactement comme une drogue, ces endorphines créeront un état d'abêtissement et de bien-être qui va avaliser la fable de la moitié d'orange trouvée.

Le réveil sera d'autant plus dur. Sous le choc, il pourra vous venir des envies de meurtre pour continuer à posséder l'autre. Ce comportement dangereux, tragique et absurde conduira à ce qu'on appelle « des crimes passionnels ». Plus courant sera le désespoir, la dépression, qui amène aisément au suicide. La première des causes de décès dans la jeunesse en France aujourd'hui, est le suicide. La première cause de suicides ce sont « les affaires de cœur », autrement dit les conséquences dramatiques du sentiment de solitude exacerbé. Qui trouve sa source dans le phénomène de l'enfance prolongée.

Comment remédier à tous ces problèmes et bien d'autres encore causés par l'enfance prolongée ? Sûrement pas en laissant les enfants de quatre ou cinq ans « se débrouiller seuls dans la vie au sein du groupe auquel ils appartiennent ». Ça, c'était bon à l'époque où les humains vivaient dans un état de Nature qui leur est à présent inaccessible. La solution me paraît être de prendre conscience de la réalité du problème, de la source artificielle du sentiment de solitude. Ce qui permet d'y remédier en ouvrant les yeux et établissant des relations sympathiques et paisibles avec d'autres humains.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 septembre 2015

lundi 21 septembre 2015

413 Le piège du savoir, de l'erreur et de l'ignorance

Au début de l'Humanité, il y a de cela plusieurs millions d'années, le seul outil intellectuel pour se déterminer dans sa vie est chez l'être humain son instinct. Comme toutes les autres espèces animales, il dispose d'un instinct propre à son espèce. Il n'a aucun besoin particulier qui le pousse directement à créer une quelconque industrie. Sa taille et sa force le classe parmi le genre de proies que les prédateurs carnassiers évitent, lui préférant des proies inoffensives. Une troupe de singes solidaires aux morsures féroces est plus périlleuse à attaquer qu'un paisible herbivore ou un lapin. Quant aux petits enfants humains, s'ils s'éloignent, ils sont aussi pourvus d'une capacité de courir très vite pour se mettre à l'abri du groupe.

La vie des humains sera bouleversée progressivement par une activité évolutive : le jeu. Les humains jouent. En jouant, ils inventent des choses. Pense-t-on aujourd'hui que y compris l'idée de réaliser un sol plat ou un escalier furent le fruit d'une lente évolution ?

Cette évolution amène à développer un produit nouveau, distinct de l'instinct pur originel : le savoir.

Au savoir qui naît ainsi vont s'ajouter : le savoir erroné, l'erreur, et l'ignorance, l'absence de savoir. Ce qui va ajouter une inégalité possible entre les humains. Et aussi, au savoir, à l'erreur et l'ignorance vont s'ajouter : la transmission du savoir, de l'erreur ou de l'ignorance. Cette transmission va amener un trouble majeur chez les humains : l'enfance prolongée, qui est antinomique au fonctionnement originel de base des humains.

A l'origine, dès qu'il arrive à se nourrir seul, l'être humain est adulte. Or, là, il va être amené à devoir « rester enfant », le temps d'apprendre... Car il faut prendre du temps pour apprendre. Et ce trouble majeur, l'enfance prolongée, va engendrer la peur, la panique. Enfant prolongé signifie aussi parents prolongés. L'enfant prolongé quand il sera précipité très tardivement dans le statut théoriquement adulte, va perdre ses repères artificiels : les parents prolongés. Ce sera la panique. Il se sentira petit, perdu et incapable de s'en sortir, d'y arriver. Il se sentira incapable de penser par lui-même. Il sera comme un individu qu'on a maintenu couché durant six mois. Il a désappris à marcher.

Alors, sans réaliser l'état de panique où il se trouve, car il le partage avec ceux qui l'entourent, il va souffrir d'un trouble dont il ne cerne pas la nature. Résultat, par exemple, on verra des mères qui se dévouent corps et âme à leurs enfants bizarrement répéter qu'elles sont « des mauvaises mères ». D'excellents professionnels vont incompréhensiblement ne jamais être satisfaits du résultat de leur travail. Celui-ci leur semblera toujours mauvais, insatisfaisant. Des adultes responsables vont chercher une idéologie, un parti politique, un chef à suivre, et vont en trouver un, y compris quand ça ne correspondra en rien à leurs intérêts. D'autres, qui disposent de tout ce qu'il faut pour mener une existence confortable et satisfaisante, vont se ruiner la vie à devenir des « chefs politiques ou autres ». Les troubles de comportements fruits de la panique sont variés et innombrables.

Un phénomène des plus bizarres sera la recherche frénétique d'un papa ou une maman de substitution à travers d'une étrange quête qu'on nommera : « la recherche de l'amour » ou « du Grand Amour » ou « de sa moitié ». Des personnes « raisonnables » chercheront à tous prix quelqu'un de fabuleux dont la présence arrangerait tout et leur serait soi-disant indispensable. Cette recherche les conduira à des souffrances extrêmes, parfois même au suicide. Mais, mettre en doute cette recherche sera très mal vu par les personnes qui souffrent. Si on ose déclarer vouloir échapper à la terrible pression normative des humains en panique et dire qu'on cesse de chercher « sa moitié d'orange », que n'entendra-t-on ? Qu'on va le regretter, que c'est misérable, « tu es homosexuel », etc. Il est défendu de vouloir échapper à la recherche de « l'obligatoire bonheur à deux » !

Basile, philosophe naïf, Paris le 21 septembre 2015

lundi 14 septembre 2015

412 L'Hippodrome de l'Étoile : un chapitre effacé de l'histoire de Paris

Depuis vingt-deux années, je fais des recherches sur le Carnaval de Paris. Dès le début de celles-ci je rencontrais une histoire survenue au tout début des années 1850. Et dont j'ai eu l'impression de ne pas tenir tous les tenants et aboutissants. En février 1848, le Carnaval de Paris avait été interrompu par la révolution. Le cortège du Bœuf Gras n'avait pu défiler. Pas plus en 1849, et en 1850 il était sorti dans la banlieue de Paris.

Et voilà qu'en 1851 ou 1852, il défile à nouveau à l'initiative d'Arnault, le « directeur de l'Hippodrome ». Apparemment ce directeur et cet Hippodrome dont je n'ai jamais entendu parler sont des valeurs sûres pour les Parisiens, un homme et un lieu que tout le monde connaît. Mais, en quoi consiste donc cet « Hippodrome » et où se trouvait-il ? Je pose la question et quelqu'un me réponds : « il se trouvait à l'emplacement de la Tour Eiffel ».

Cette réponse me satisfait et tout me paraît clair : il y avait donc un hippodrome à Paris, et il a disparu pour laisser place à la Tour Eiffel.

Les années passent. Et, tout dernièrement, je faisais des recherches sur Internet à propos du Bœuf Gras. Je cherchais à retrouver un épisode cocasse de son histoire. Une année, durant sa promenade carnavalesque, le Bœuf Gras s'était écroulé. Les bouchers présents l'avaient achevé et débité sur place. J'avais copié des articles de presse sur l'événement. C'était il y a des années. Je les avais malheureusement égaré et ne retrouvais pas non plus la date de l'incident.

J'ai passé en revue sur le site Internet de la Bibliothèque nationale un certain nombre de lendemain de carnaval dans des journaux anciens. J'ai retrouvé ce que je cherchais. Puis, emporté par ma curiosité, j'ai continué un peu plus loin. J'avais passé en revue les années 1830. Je suis passé au début des années 1850. Là, je retrouve Arnault et son Bœuf Gras de l'Hippodrome. Ma lecture me précise l'événement. Et ô surprise, je trouve une précision qui m'étonne. Le Bœuf Gras en 1852 part de l'Hippodrome pour arriver « aux Arènes nationales » situées place de la Bastille !!! Qu'est-ce donc que ces Arènes et surtout en cet endroit ? Je trouve une image des Arènes en question. Elles sont très grandes.

Je suis très surpris de découvrir cet élément de l'histoire d'une des plus importantes places de Paris. Et un élément totalement oublié, dont je n'ai en tous cas jamais entendu parler !

Qu'est-ce que c'était qu'un Hippodrome ? Car ces Arènes nationales étaient la succursale de l'Hippodrome. C'était un lieu de spectacles de masses, avec des milliers de spectateurs et des spectacles équestres et aussi d'autres : des envols d'aérostats, des concerts, des acrobates, des clowns, des exhibitions de singes savants, etc.

Ayant retrouvé les Arènes nationales, je me sentais ne pas pouvoir renoncer à savoir enfin de quoi était fait l'Hippodrome en 1851-1852. Et suis parti à la découverte de l'Hippodrome. Une surprise encore plus grande m'attendait. Il ne se trouvait pas à la place de la Tour Eiffel. Il était installé durant dix années, depuis 1845 jusqu'à 1855 inclus... sur la place de l'Étoile !!! Les visiteurs de l'arc de triomphe de l'Étoile, du haut de celui-ci avait une vue plongeante à l'intérieur de l'Hippodrome !!! J'ai retrouvé une gravure montrant l'intérieur de l'Hippodrome. On voit, dépassant celui-ci, le haut de l'arc de triomphe. Et de cela, je n'ai jamais entendu parler. Jamais, et en particulier aucune description de la place de l'Étoile que j'ai vu ne mentionne ce fait étonnant. Et de cet Hippodrome est parti, en 1852, le premier aérostat dirigeable : l'aérostat Giffard. S'ouvrirent successivement à Paris,, de 1845 jusqu'à 1900, cinq ou six Hippodromes. J'y reviendrais.

Basile, philosophe naïf, Paris le 14 septembre 2015

lundi 7 septembre 2015

411 L'oubli organisé d'un monument parisien détruit

Je poursuis depuis 22 ans des recherches sur l'histoire du Carnaval de Paris. Ce qui m'a amené à trouver dernièrement une information curieuse dans un article de journal daté du 23 février 1852. Ce jour-là, le cortège carnavalesque du Bœuf Gras arrivait « aux Arènes Nationales » place de la Bastille.

Diable ! Des « Arènes Nationales » dont l'entrée se trouve sur cette très célèbre place de Paris ! Je n'en avais jamais entendu parler. Je fais des recherches... Curieusement, une histoire de Paris parue en 1860 et œuvre de La Bédollière n'en souffle pas un mot.

Cherchant des images sur Internet, je découvre une gravure figurant un monument grandiose. Que la présence d'un ballon monté a fait publier sur le site d'un musée de l'air et de l'espace aux États-Unis.

En France, et sur Internet, je trouve des traces de l'activité de ces Arènes nationales jusqu'en 1852 inclus. Et un article de Théophile Gautier sorti pour l'inauguration du lieu, le 1er juillet 1851.

En creusant un peu plus, je ne trouve rien au delà de 1852... sauf, en 1854 et 1855, des annonces concernant une très juteuse opération de spéculation immobilière, incluant les Arènes nationales, pour construire à sa place des immeubles...

L'Histoire se reconstitue alors sous mes yeux : en 1851, le monument est inauguré. Il est de style gothique. Ce qui corresponds tout à fait à la mode de l'époque. Mais la spéculation immobilière va se charger d'éliminer toutes traces des Arènes nationales. Or, à l'époque, un des jolis arguments brandis pour justifier la spéculation immobilière consistait à déclarer qu'on éradiquait ainsi des taudis insalubres...

Difficile de tenir ce beau discours s'agissant d'un magnifique monument tout neuf ! Un monument d'une superficie très vaste, dont la démolition est très rentable pour les spéculateurs. Dont il ne faut pas dire du mal. Car ils sont riches. Alors, ce monument parisien dont l'entrée était située pourtant place de la Bastille, on l'a « oublié ». Les thuriféraires des spéculateurs immobiliers de l'époque et de leurs amis politiques ont organisé l'oubli. Et, dans les histoires de la célèbre place de la Bastille, on parle de son éléphant et d'autres choses encore, mais pas un mot à propos des Arènes nationales. Elles n'ont jamais existé !

J'ai créé un article dans Wikipédia à propos de ce monument disparu. Et, dans la même encyclopédie en ligne, j'ai ajouté un chapitre sur les Arènes nationales à l'article « Place de la Bastille ».

Je suis très heureux et satisfait de contribuer ainsi à rendre aux Parisiens une part de leur mémoire effacée intentionnellement il y a cent-soixante ans.

De même que je m'efforce depuis 22 années de leur rendre la mémoire du Carnaval de Paris, dont l'oubli avait été également organisé.

J'ajoute à cet article une gravure montrant les Arènes nationales. Vous pouvez cliquer dessus pour l'agrandir.

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 septembre 2015