lundi 24 septembre 2018

1055 Un mail adressé ce jour à la Maire de Paris

Madame la Maire,

Je vous écris pour vous faire quelques suggestions historiques pour Paris. Je suis historien, c'est la raison qui m'a amené aux propositions que je vous fais ici.

Nous allons très bientôt arriver au centenaire de l'Armistice du 11 novembre 1918, fin de la Grande Guerre. Quelle que soit notre manière de voir l'Allemagne, le peuple allemand, la politique allemande, quelle que soit notre manière de voir la France, le peuple français, la politique française, nous sommes tous passionnément attachés à ce que règne une paix perpétuelle entre ces deux pays. 2018 pourrait être l'occasion de quelques gestes symboliques parisiens à très forte signification.

La Grande Guerre a marqué la toponymie parisienne en rejetant l'Allemagne. En 1914 plusieurs lieux furent débaptisés :

La rue de Berlin, l'avenue d'Allemagne, la porte d'Allemagne, les stations de métro Berlin et Allemagne. Et plus tardivement, en 1922, la rue de Hambourg fut également débaptisée.

La rue de Berlin devint la rue de Liège, l'avenue d'Allemagne devint l'avenue Jean Jaurès, la porte d'Allemagne devint la porte de Pantin, le métro Berlin pris le nom de Liège, le métro Allemagne devint Jaurès, et la rue de Hambourg devint la rue de Bucarest. Tous ces noms n'ont pas été modifiés depuis.

La seule mesure inverse consista à la fin des années 1980 a baptiser un square du 8ème arrondissement square de Berlin.

Je propose que pour marquer notre volonté de paix fraternelle et éternelle avec l'Allemagne, les noms modifiés en 1914 et 1922 soient repris de la sorte :

La rue de Liège deviendrait la rue de Liège et Berlin, le métro Liège devenant le métro Liège et Berlin. L'avenue d'Allemagne deviendrait l'avenue d'Allemagne – Jean Jaurès et le métro Jaurès deviendrait le métro Allemagne – Jean Jaurès. La porte de Pantin deviendrait la porte de Pantin et d'Allemagne. La rue de Bucarest deviendrait la rue de Bucarest et Hambourg.

Le principe de ces changements de noms serait acté par le Conseil de Paris à l'occasion du centenaire de l'Armistice. Le changement solennel et festif interviendrait à l'arrivée de l'été 2019, le jour de la fête de la Musique. Les maires de Berlin, Bucarest, Liège et Hambourg, les ambassadeurs d'Allemagne, Belgique et Roumanie, ainsi que des musiques françaises, allemandes, belges et roumaines seraient invitées à ces cérémonies.

Qu'en pensez-vous ? J'espère que mes suggestions trouveront un écho positif auprès de vous. J'informe de ces idées les différentes autorités officielles concernées et les groupes du Conseil de Paris. J'espère qu'ils se retrouveront ensemble d'accord pour approuver mes suggestions.

Et vous prie de trouver ici, Madame la Maire, l'assurance de ma très haute considération.

Basile Pachkoff
Parisien, poète, historien.

Posté et publié sur ce blog le lundi 24 septembre 2018

dimanche 23 septembre 2018

1054 La haine et l'amour

L'homme a essayé d'améliorer son monde en employant la haine et la violence. On ne peut pas dire que le résultat soit très convainquant. De plus, la haine comme sentiment et la violence comme mode d'action se retrouvent depuis la nuit des temps au service de causes diverses et innombrables. Le monde ne paraît pas s'en être retrouvé spécialement plus humain et positif pour autant. Ce sont des vieilles choses négatives aux résultats négatifs. Si par contre il existe un sentiment plus rare et positif, c'est bien l'amour, et un moyen plus rare et positif, c'est bien la tendresse. L'amour et la tendresse sont des phénomènes révolutionnaires. La haine et la violence sont des phénomènes rétrogrades et invalidants. Ils ne permettent pas de sortir le monde du cercle vicieux du malheur tel que l'a dénoncé le Grand Bouddha : « si la haine répond à la haine, quand finira-t-elle ? »

Un domaine où la différence femme homme est éclatant, c'est bien celui de la violence. Un ami moniteur d'auto-école en région parisienne m'a appris que l’écrasante majorité des accidents graves sur la route sont le fait d'hommes et pas de femmes. Il est connu que dans les personnes emprisonnées pour des crimes graves il y a une immense majorité d'hommes et très peu de femmes. Et que dire de la violence politique ou guerrière ? J'avais l'occasion de feuilleter une belle revue illustrée de photos consacrée à la révolution russe d'octobre 1917 et à la terrible guerre civile qui suivit. L'idée me vint un jour de relever le pourcentage d'hommes et de femmes sur les photos illustrant cette période de conflits. Sur les dizaines de photos je ne trouvais qu'à peine une demi-douzaine de femmes. Tout le reste c'était des hommes !

Par delà les explications économiques, sociales, philosophiques, religieuses, politiques, psychologiques, diplomatiques, etc. à tous les grands conflits on trouve un motif masculin. Les hommes aiment et pratiquent bien plus volontiers la violence que les femmes. C'est un fait statistiquement démontré. Ce qui ne signifie pas qu'il n'existe pas des hommes pacifiques et des femmes violentes. Mais les chiffres sont là, imparables et signifient quelque chose.

Un éthologue, peut-être Conrad Lorenz, écrivait un jour que les chats et les chiens domestiques offrent la particularité qu'on peut leur attribuer des comportements proches de ceux des humains. Mais qu'il s'agit juste là d'une illusion qui nous est agréable. Il existerait un phénomène similaire entre la communauté masculine et la communauté féminine. Le comportement des hommes fait croire aux femmes qu'ils sont proches d'elles. Et le comportement des femmes fait réciproquement croire aux hommes que les femmes sont proches d'eux. Alors qu'en fait il n'en est rien. Ce sont juste des illusions confortables dans une certaine mesure. Car le jour où leur fausseté apparaît peut être des plus douloureux. Et la déception peut amener jusqu'au suicide, au meurtre, à la dépression, aux conduites à risques, à la drogue et notamment à l'alcoolisme et au tabagisme. L'alcool et le tabac tuent chaque année cent mille adultes en France.

Si on veut toucher la réalité et éviter des très mauvaises surprises il faut cesser de croire que les femmes sont proches des hommes et réciproquement. Ils sont étrangers l'un à l'autre et peuvent éventuellement se rapprocher à l'occasion. Mais l'idée d'une espèce humaine unique est une illusion. Il existe deux humanités : l'humanité féminine et l'humanité masculine. Elles ne sont pas appelés à se comprendre, mais se côtoient pour diverses raisons au nombre desquelles la reproduction. Ce rapprochement n'est pas exempt de désordres. Ainsi par exemple, la culture masculine dominante avait condamné le plaisir sexuel féminin. Il y a cinquante ans celui-ci a commencé à s'affirmer en France dans le cadre des luttes féministes. Celles qui avaient vingt ans il y a cinquante ans ont connu ces luttes. Elles ont soixante-dix ans aujourd'hui et quelquefois sont obsédées par le sexe et la drague. C'est un spectacle pitoyable et peu appétissant, en tous cas pour moi. Cette obsession se doublant d'une jalousie féroce me conduit à fuir résolument ces vieilles prêtresses d’Éros.

Basile philosophe naïf, Paris les 22 et 23 septembre 2018

mardi 18 septembre 2018

1053 Réflexion sur mon art de ne pas aimer les femmes

Quand je regarde la société parisienne où je vis, j'ai l'impression que dans le domaine de l'amour j'ai pu rencontrer deux extrêmes opposés. D'un côté, ceux à qui ça paraît simple et facile et qui retombe toujours et vite sur leurs pieds. De l'autre côté, ceux dont je fais partie pour qui ça ne marche jamais. Et qui se perdent en lamentations et récriminations. Comment expliquer cette situation ?

Pour trouver une explication il est suggéré aux hommes d'avoir recours à la philosophie. De chercher à « comprendre les femmes » et réciproquement aux femmes de « comprendre les hommes ». Cette prétention apparemment juste et logique est en fait absolument absurde.

En effet, contrairement à une idée couramment répandue, il n'existe pas une unique humanité divisée en deux sexes, mais plutôt deux humanités différentes. Qui n'ont pas grand chose à voir entre elles. Si ce n'est qu'elles peuvent s'accorder. Mais le phénomène est rare.

Un homme, par définition, ne peut pas comprendre une femme et une femme, par définition, ne peut pas comprendre un homme. Ne serait-ce que parce que la vision de la vie ne se ressemble pas si on a ou on n'a pas la possibilité potentielle de mettre au monde un enfant. Ceux qui prétendent expliquer à tous comment fonctionne une femme ou un homme se trompent très lourdement.

Quand il veut se rapprocher d'une femme, un homme peut s'en rendre incapable de diverses façons.

Il peut prétendre à développer avec elle un amour sans sexe, ou un sexe sans amour. Ces phénomènes relèvent de l'imaginaire. L'amour est toujours sexué, qu'il y ait ou non une pratique « sexuelle ». Et le sexe est toujours marqué par les sentiments, quand bien-même on prétendrait les nier et y échapper. L'amour sans sexe baptisé « amitié » est un fantasme que j'ai souvent poursuivi.

Une autre façon de renoncer à se rapprocher des femmes consiste à se résigner. Décréter par avance que ce rapprochement est impossible. Pour diverses raisons éventuelles : qu'on ne comprend pas les femmes, qu'on ne se comprend pas soi, qu'on est trop vieux, pas assez beau, pas assez jeune, pas assez riche, pas potentiellement « sexuellement performant », etc. Tous ces « raisonnements », que j'ai eu l'occasion d'utiliser, servant d'emballage au simple choix de renoncer parce qu'on a peur.

Enfin, un des motifs les plus perfides pour éviter de se rapprocher d'au moins une femme consiste à « suivre ses sentiments ». Pourquoi ? Parce qu'en fait le sentiment ici dominant est la peur. Qui vous fait vous sentir attiré ou bien par une femme radicalement inaccessible ou bien accessible pour aller au désastre relationnel. Il faut éviter de suivre ses « sentiments » qui ne sont que le déguisement de la peur. Il faut aller vers quelqu'un qui paraît bien et ne vous attire pas. Et peut même envoyer des signaux d'intérêt pour vous. Et aller vers ladite personne sans pour autant lui faire des compliments ou lui offrir des fleurs. Pourquoi ? Parce que agir ainsi vous range dans la catégorie des coureurs à trucs. « Mon truc c'est de faire des compliments » ou bien « mon truc c'est d'offrir des fleurs ».

Ne pas chercher de rendez-vous mais offrir la possibilité à l'autre, s'il le veut bien, de venir vers vous. C'est ainsi que je vois à présent la question. Et ne pas détailler mes faiblesses ou râteaux passés. Il ne s'agit pas de rechercher la pitié, mais de trouver l'amour. Que d'autres n'ont aucune difficultés à trouver, car ils ne cherchent pas la fuite dans l'échec, mais la réussite dans la rencontre. Il s'agit d'aller de l'avant vers le meilleur et d'oublier les renoncements et cafouillages négatifs habituels et traditionnels. La vie est belle à condition d'accepter de la vivre et de la bien vivre, loin des ombres du passé et des peurs ancestrales et contagieuses. Il me faut substituer à l'art de ne pas aimer les femmes et rester fidèle à ma maman, l'art d'aimer en homme les femmes, tout simplement.

Basile philosophe naïf, Paris le 18 septembre 2018