En France, au début des
années 1960, la grève était une arme revendicative uniquement
réservée au monde du travail. Il n'était pas question de parler de
grève chez les étudiants et encore moins chez les lycéens. Ces
derniers étant plutôt considérés comme des enfants. Et puis une
petite organisation politique trotskiste lambertiste présente à
Paris, le CLER, Comité de Liaison des Étudiants Révolutionnaires,
a initié une action paraissant absurde à beaucoup d'étudiants :
la grève. Quand des militants du CLER en grève se présentaient à
un examen, ils rendaient volontairement une copie blanche. Étonnement
et incompréhension chez quantité d'étudiants qui voyaient ainsi
ces militants gâcher à leurs yeux volontairement le cours de leurs
études. Plus d'une cinquantaine d'années après, la grève
étudiante ou lycéenne fait partie du paysage.
Dans le domaine « sexuel », il en est aujourd'hui comme de la grève étudiante hier. Prétendre volontairement ne pas chercher à baiser, refuser la baise, dérange. Une amie, qui ne cherche pas à me draguer, a passé hier un bon moment à chercher à me convaincre de chercher à baiser. Car je lui expliquais que très simplement, en l'absence d'un réel désir, je préférais ignorer la chose et m'en portais très bien.
Dans le domaine « sexuel », il en est aujourd'hui comme de la grève étudiante hier. Prétendre volontairement ne pas chercher à baiser, refuser la baise, dérange. Une amie, qui ne cherche pas à me draguer, a passé hier un bon moment à chercher à me convaincre de chercher à baiser. Car je lui expliquais que très simplement, en l'absence d'un réel désir, je préférais ignorer la chose et m'en portais très bien.
Tout l'argumentaire de
cette amie se résumait ainsi : « je devais avoir envie de
baiser. » Si je ne me trouvais pas mal de ne pas baiser, c'est
que j'avais des problèmes. Et si je déclarais ne pas m'en trouver
mal, c'est que je me protégeais et me mentais à moi-même. En
résumé : « baisez, c'est obligatoire, naturel et bon
pour la santé. »
Le poids de la pensée
unique est étonnant. J'aurais dit à mon amie : « je suis
végétarien », ou : « je ne mange jamais de
pommes », ou : « je ne bois pas de café »,
aurait-elle ainsi passé au moins trois quarts d'heure à chercher à
me convaincre du caractère faux et illégitime de ma démarche ?
Je ne crois pas.
Ne pas baiser,
volontairement, ne pas s'en cacher et surtout ne pas paraître s'en
trouver mal, au contraire, voilà bien une façon de vivre qui
dérange. Proclamer qu'on fréquente des clubs échangistes, qu'on
est bisexuel, gay ou polyamoureux, voilà qui fait d'agréables
sujets de conversation. Mais déclarer qu'on ne baise pas,
volontairement et qu'on s'en trouve bien et le paraître, ça
dérange. Parce que ça remet en question les autres, qui patauge
dans la baise et s'en trouve souvent mal et déçu. Mais se consolent
en se disant que tout le monde souffre et se trouve dans le même
cas.
De l'avis de beaucoup la
sexualité doit être normée et active. Même si cette activité se
résume à se lamenter qu'on n'y arrive pas. Un jour des amis chez
qui j'étais en vacances se sont inquiétés. J'étais seul et ne
m'en plaignais pas.
Toute la sexualité est
sensée être normée. Ainsi par exemple on vous dira que les lions
vivent avec une troupe de lionnes. Un mâle a plusieurs femelles pour
lui tout seul. En fait ce n'est pas exactement ça. Le lionceau mâle
arrive à l'âge de trois ans. Il est alors chassé du groupe. Et
vivra seul, à moins de parvenir à chasser un lion qui a sa troupe
de femelles et prendre sa place. Donc, la plupart des lions vivent
seuls et n'ont aucune vie sexuelle.
À
entendre les discours normatifs, l'homme, lui, doit baiser pour son
plaisir toute l'année. Et pourquoi donc ? Est-il heureux
ainsi ? À regarder
les dragueurs impénitents que j'ai connu, sauf deux d'entre eux, ils
ne m'ont pas paru spécialement heureux et épanouis. Je n'ai pas eu
l'impression que leur situation était spécialement enviable.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 26 juillet 2017
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