mardi 22 mars 2022

1511 Brève rencontre

Le poète était aux anges,

Le bois sec de son cœur

S'embrasait

Sous l’impact des sourires incendiaires

De la belle heureuse de le capturer.

Le poète était aux anges,

A ses sourires affectueux

Répondaient des sourires plus captivants

Que l’éruption du volcan Mauna Kea

A Hawaï,

Très célèbre et meurtrière,

Le 31 décembre 1896,

A minuit.

Le poète était aux anges,

A ses doux regards

Répondaient des regards

Plus doux que la caresse

De l'aile du papillon

Sur la joue du poète endormi

Dans une prairie,

La veille du 15 août,

A Belle-Île-en-Mer.

Le poète était aux anges,

Il ne demanda pas son téléphone

A la belle inconnue.

C'est elle qui le lui proposa.

Le poète était aux anges,

« On se croirait

Dans un film sentimental américain, »

Fit-il remarquer.

La belle ne réagit pas,

Ne releva pas,

Silence révélateur

Que le poète aux anges

Ne remarque pas.

C'est vrai, pensa-t-il,

Dans les films sentimentaux américains

La rencontre entre le héros

Et l'héroïne,

Se conclut

Par un doux et tendre baiser

Préfigurant le happy end final.

Mais ces films font des raccourcis,

Vont trop vite.

Mon baiser sur la bouche,

Je l'aurai la semaine prochaine.

Plongé dans ses pensées

Le poète était aux anges,

La belle part seule vers minuit

Du café où ils s'étaient rencontrés.

Le poète était aux anges,

Il faillit appeler une amie lointaine

Pour lui annoncer

Qu'il avait rencontré l'amour.

Et quand quelques heures après

Il revit la belle

Qui l'avait fait tant rêver,

Elle avait tout oublié.

Il ne restait plus au poète

Qu'à faire de sa mésaventure

Une poésie.

Il avait cru à l'ouverture du festin de l'amour,

Là où il y avait juste la précieuse et éphémère

Première lumière de l'aurore

Perçant le voile de la nuit

Sur l'océan infini de nos rêves endormis.

Il se jura de ne plus se faire prendre,

Jusqu'à la prochaine fois.

Poète un jour, poète toujours.


Basile philosophe naïf

Paris, les 20 et 22 mars 2022

jeudi 17 mars 2022

1510 Je sais que tu es là

L'abeille disait

A la fleur de micocoulier,

Dont le bois sert

A faire les fouets

De tous les cochers parisiens :

Je sais que tu es là.

La Lune, lumière et princesse de la nuit,

Disait, à travers l'immensité,

Au soleil, lumière et chaleur estivales :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

L'étoile éternelle disait,

Aimant sa sœur lointaine

Scintillante au firmament :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Cependant la femme forte

Disait à l'enfant

Espiègle et imprudent :

Je sais que tu es là.

Et la douce brise marine,

Tiède et humide,

Disait au palmier de la colline numide :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le silence à la rumeur disait :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le lion rugissant

Disait à la panthère silencieuse :

Je sais que tu es là.

Le fou-rire disait

Aix larmes folles :

Je sais que vous êtes là,

Et notre amour est impossible.

Le bouclier disait

A l'espingole :

Je sais que tu es là.

La bruyante cascade glacée

Bondissante à travers

La neige et la forêt

Disait à l'incandescent sable

Du champ désertifié :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le sourire disait à la tristesse :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le soupir de fantaisie

Disait au gémissement de l'ennui :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

La peur disait au courage :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

La danse disait à l'ennui :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

L'insomnie disait au sommeil :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le jour disait à la nuit :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

La vêture disait à la nudité :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le désordre disait à la tranquillité :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

La prose disait à la poésie :

Je sais que tu es là.

La sévère gamme de gris

Disait à la somptueuse polychromie :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

L'allégresse disait à la tristesse :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le chahut disait à la tendresse :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

Le silence disait à la symphonie :

Je sais que tu es là,

Et notre amour est impossible.

La lumière disait à la poésie :

Je sais que tu es là.

Le plancton, les algues

Et les coquillages disaient

A la houle marine :

Je sais que tu es là.

La vie disait à la vie :

Je sais que tu es là !


Basile philosophe naïf

Paris, le 25 novembre 2021

1509 Il venait juste d'avoir seulement dix-huit ans

Il venait juste d'avoir seulement dix-huit ans,

Ce n’était pas le bon moment.

Sa famille l'a accompagné à la gare.

La gare de Minsk, Moscou ou Smolensk,

Soldat russe ou ukrainien, peu importe.

Il venait juste d'avoir seulement dix-huit ans,

Ce n’était pas le bon moment.

Sa sœur l'a embrassé,

Sa maman lui a remis des provisions,

En lui disant

De faire très attention.

Dans son bel uniforme neuf

Il se retenait

Pour ne pas pleurer.

Il venait juste d'avoir seulement dix-huit ans,

Ce n’était pas le bon moment.

Soldat russe ou soldat ukrainien

Ils ont tous le même regard étonné

Quand ils sentent

La balle ou le fragment d'acier meurtrier

Fatal arriver.

Il venait juste d'avoir seulement dix-huit ans,

Ce n’était pas le bon moment.

Un jour, les passions retomberont,

Mais nos gosses jamais ne reviendront,

Et les mamans pleureront.

Il venait juste d'avoir seulement dix-huit ans,

Ce n’était pas le bon moment.

Russes ou ukrainiens

C'est toujours les mêmes deuils humains.

Et poète je pleure

En pensant aux mamans.


Basile philosophe naïf français d'origine russe

Paris, le 17 mars 2022, 1 heure 38 du matin

1508 Une plaque avec un nom

Une rue de Paris

Comme des milliers

D'autres rues de Paris.

Un immeuble parisien

Comme d'innombrable

Autres immeubles parisiens,

Et une plaque

Avec un nom,

Celui d'un héros

Fierté de la France,

Fierté de l'Arménie.

Quelques heures

Avant de tomber

Sous les balles

Des fusils Mauser,

Il écrivait

A celle qui allait devenir

Sa veuve, Mélinée,

L'encourageant

A refaire sa vie,

Se remarier.

Mélinée n'a pas

Refait sa vie,

Ne s'est pas remariée.

Et, bien plus tard,

A rejoint son mari

Au ciel.
Il s'appelait Missak,

Il était poète.

Elle s'appelait Mélinée.

Fiertés de la France,

Fiertés de l'Arménie,

Ils font partie de ces étrangers

Qui avaient la France au cœur

Jusqu'à en mourir.

Je t'aime, Missak,

Je t'aime, Mélinée.

Vous aurez toujours

Une place

Dans mon cœur.

J'espère qu'un jour,

Un jardin parisien

Portera le nom

Du héros arménien

Et les prénoms

Des deux chérubins.


Basile, philosophe naïf

Paris, le 21 février 2022

mercredi 16 mars 2022

1507 Temps, où est ta victoire ?

S’écroulent les empires,

Meurent les rois,

Se dissolvent les alliances

Et passe la Gloire du Monde.

Le vent vient habiter

Les citadelles imprenables,

Et la rouille réduit en poussière

L'acier des canons.

Les archives pourrissent dans leurs cartons.

Dans les bibliothèques abandonnées

Les rats rongent

Les manuscrits aux couvertures

D'or et d'argent

Et font leurs nids dans les encyclopédies.

S'éteignent les étoiles,

S'affaissent les galaxies,

Disparaissent les planètes,

S'égarent les comètes.

Seule subsiste immuable,

Inamovible pour l’Éternité,

Impérissable et nécessaire,

La Divinité Unique et Absolue

Qui a aussi pour nom

Amour et Fraternité.


Basile philosophe naïf

Turin, 1er juillet 2004 & Paris, 8 janvier 2022.

1506 Serment poétique

Il peut se passer

Un million d'années.

Le soleil peut exploser.

Les astres

Se décrocher du ciel

Et venir sur Terre

Danser la farandole

Et le quadrille des lanciers.

Dieu très joyeux peut venir danser la polka

Et le cha cha cha sur les bords de la Bérézina.

Les chats soudain se mettre à aboyer,

Les chiens décontenancés ont commencé à miauler.

Tout peut arriver.

Le Jugement Dernier,

La fin des temps

Et le retour de Jésus.

Mais une chose,

A moi la plus précieuse

Et la plus gracieuse,

Éternelle et merveilleuse,

Ne changera jamais :

Vous serez toujours

Violet, Asta et Vesta,

Présentes dans mon cœur,

Trois diamants vivants,

Trois belles fleurs

Des bords du lac Michigan.


Basile philosophe naïf

Paris, le 16 décembre 2021

1505 Maman, pour toi

Maman

Pour toi

Je bâtirai

Une église

Ou plutôt

Une cathédrale.

Elle aura mille tours.

Et au sommet

De chacune d'elle

Un ange

Ou un archange

Sonnera de la trompette

Pour saluer

Ta gloire.


Maman,

Dans ta vie

Tu as souffert

infiniment.

Je ne t'ai jamais entendu dire

Un mot aigri,

Haineux, coléreux ou vengeur.


Maman,

Tu mérites

Mille cathédrales

Et dix mil anges

Ou archanges

Sonnant de la trompette

Pour saluer

Ta gloire,

Dérangeant Dieu

Qui, avec joie,

Jusqu'à toi

Pour te saluer, viendra.


Basile philosophe naïf

Paris, le 3 novembre 2021

1504 Qui êtes-vous ?

ui êtes-vous, belle inconnue,

Vous qui passez devant moi

Dans la brume du soir ?

Qui êtes-vous, belle inconnue,

Vous qui passez devant moi

Sans me voir ?

Si tu es amoureuse de moi

Je te prendrais dans mes bras,

Je te serrerais très fort contre moi.

Si tu es amoureuse de moi

Je t'offrirais des fleurs et des chocolats.

Qui êtes-vous, belle inconnue,

Vous qui semblez ne pas me connaître

Et de mon cœur êtes-vous déjà le maître ?

La femme est une île perdue dans l'océan

Des sentiments grands et des idées courtes,

L'homme, naufragé de la terre-mère

Recherche sa maman désespérément

Et le vendredi croit que c'est samedi.

La femme est toujours une inconnue,

Car le jour

Où elle vous ouvre son cœur

S'ouvre devant vous

L'immense champ du bonheur.

Dans les brumes de la poésie

Et le labyrinthe des langues oubliées,

Là où le soleil danse

Avec les étoiles des firmaments anciens

J'entends dans les fourrées et les sous-bois

La fanfare et le pas cadencé des écureuils

Partant en guerre contre les fourmis.

Chantent le long de ce défilé martial

Les alouettes, les ornithorynques, les hérons à ciseaux,

Les cacatoès kakapos , les oryctéropes équilatéraux,

Les gerbilles en bois de Chine, les orques rémoulades

Les droséras du Grattez-moi-là et les corbeaux.

Qui êtes-vous belle inconnue

Qui met ainsi mon cœur à nu ?

Je vous aime

Comme un enfant aime sa maman,

Inconditionnellement.

Je vous aime

Comme la comète aime la galaxie,

Comme le futur mari

Aime le ciel gris

Quand il accompagne sa fiancée

A la mairie.

Ces nuages gris valent pour lui tous les soleils

Du midi l'été inondant les calanques de Marseille.

Mon amour chéri,

Tu n'es pas ma raison de vivre,

Tu es ma vie-même

Et elle est infinie.

Car tu m'aime

Et je t'aime

A la folie.

Plus que le fils aime son père,

Plus que la mère solitaire

Aime son fils.

Plus que la terre asséchée, assoiffée

Après un été enflammé

Où il n'a pas plu et où tout a brûlé,

Aime la caresse de la pluie infinie,

Source de vie, d'amour et de poésie.

Qui êtes-vous, belle inconnue,

Et pour qui, aide et manifeste bienvenus

Sont ces poésies affichées dans ma rue ?

Elles sont pour toi, mon amour à moi,

Dans la joie, en toi et avec toi,

Lumière infinie. Je suis

L'Amour et le Verbe incarnés,

Je t'ai aimé, t'aime et t'aimerai,

Hier, aujourd'hui, pour toujours et pour l’Éternité.

Basile philosophe naïf

Paris, le 26 décembre 2021