mercredi 31 août 2016

636 Il faut que la poésie franchisse le rempart du langage

Le langage n'est pas neutre. Produit de la société où nous vivons il reflète ses clivages, limites, lois, habitudes et interdits. Il est particulièrement traître en amour. Prenons plusieurs expressions : embrasser, coucher avec, dormir avec, baiser, déclaration d'amour, faire l'amour et je vous aime.

Embrasser signifie à l'origine prendre dans ses bras, serrer dans ses bras. Aujourd'hui ça signifie faire un bisou. Comment dire alors ce geste essentiel de l'affection ? Faire un câlin. Mais, attention ! « Faire un câlin » peut aussi signifier baiser !

Quoi de plus agréable et chaleureux que partager son lit avec quelqu'un et dormir l'un contre l'autre. Mais « coucher avec » signifie encore une fois baiser ! Et « dormir avec » pareil !

Baiser signifie à l'origine donner un baiser. Las ! Une fois de plus, baiser a pris le sens de pratiquer l'acte sexuel !

Déclarer son amour pour quelqu'un, quoi de plus beau ? Mais, attention ! Si je fais une « déclaration d'amour » aujourd'hui, ça signifie... on baise ?

Faire l'amour signifiait jadis et fort justement « faire la cour ». Aujourd'hui ça signifie baiser.

« Je vous aime » était jadis une formule d'un usage très libre. On pouvait le dire ou l'écrire pour exprimer simplement son affection. Aujourd'hui, si je dis « je t'aime » à quelqu'un, ça veut dire : « on baise ? »

Le langage au lieu de servir ici à la communication forme un rempart entre les êtres. On dirait que le seul échange possible en amour, le seul but à atteindre est le coït. À lire divers sites Internet on trouve la confirmation de cette manière réductrice et idiote de considérer l'amour. Soit disant la baise, le cul serait la base, le ciment, la confirmation, la garantie de l'amour.

Comment faire alors pour s'extraire de ce discours imbécile et hyper-sexualisé ? Je veux être en droit d'aimer d'amour quelqu'un sans chercher à baiser avec. Coucher avec une fille pour mettre nos sommeils en commun et non pour saillir. Déclarer mon amour sans pour autant chercher à mettre ma main dans le slip de l'autre. Nous disposons aujourd'hui d'une langue de barbare et d'obsédé, de drogués du sexe et contempteurs de la pornographie. Comment réussir alors à communiquer ?

D'abord en rejetant et remettant en question la langue actuelle, par la poésie, la critique et l'échange. Hier, j'offrais un poème à une jolie fille. Elle m'a demandé, inquiète : « est-ce que c'est une déclaration d'amour ? » Je l'ai rassuré. « Parce que ça aurait pu l'être » m'a-t-elle fait remarquer.

J'avais exalté son sourire en une page d'écriture. Quel monde où nous ne pouvons pas dire du bien du sourire d'une jolie fille sans qu'elle s'inquiète si c'est l'expression de la volonté de lui arracher son slip ! Notre société nage ici dans le grossier et le ridicule.

Il faut parvenir à se réapproprier le langage. Le débarrasser de cette masse d'ultimatismes sémantiques imbéciles, qui tendent à résumer la relation homme femme au coït. Je sais, c'est ainsi que de très nombreux crétins se la représentent, moi pas. L'amour n'exclue pas le coït s'il est sincère et authentique, mais ne l'impose pas non plus. J'ai envie d'aimer d'un amour libéré de toutes ces contingences ânesques et ridicules, qui le réduisent à un sport en chambre. Il faut que la poésie triomphe de la barbarie.

Basile, philosophe naïf, Paris le 31 août 2016

mardi 30 août 2016

635 Pourquoi les femmes n'ont pas « le pouvoir »

Une grande dame de jadis, Louise Michel disait que « le pouvoir » corromps ceux qui l'exercent. Elle avait raison. Mais qu'est-ce que « le pouvoir » ? Pourquoi est-il recherché et par qui ? Pourquoi est-il conçu ?

Tous les hommes qui cherchent le pouvoir ont la même motivation : la masturbation

Pratiquant régulièrement la masturbation à partir de l'âge de douze-treize-quatorze ans, les garçons détraquent avec elle leur appétit sexuel. Ils ont tout le temps envie de baiser, ce qui ne corresponds pas au fonctionnement sensuel féminin. Il en résulte une frustration masculine avec une volonté furieuse, irréelle et illusoire de « posséder » l'autre, qui se dérobe et ne peut guère faire autrement. Ce désir de possession est un fantasme. Un humain ne peut pas « posséder » un autre humain. Alors il cherche par substitution quelque chose d'autre, et « le pouvoir » fait son apparition. L'homme de pouvoir s'affaiblit avec et a l'illusion que ce « pouvoir » le rend au contraire plus fort. Ce pouvoir illusoire peut se doubler d'un pouvoir prostitutionnel ou violeur bien réel. Les « grands de ce monde » sont connus pour leur boulimie de rencontres sexuelles.

Un ami me disait hier : « oui, mais la femme se masturbe aussi. » Sous-entendu : elle devrait donc connaître dans ce cas un fonctionnement similaire à celui de l'homme. C'est là que pour comprendre bien la différence homme femme il faut réviser et passer au feu de la critique certaines notions « classiques » et généralement admises. Définir les notions et les mots pour les rapprocher au mieux du processus vivant est essentiel pour parvenir à comprendre et analyser la réalité.

Tout d'abord l'orgasme n'existe pas. J'entends par là qu'il n'existe pas un phénomène similaire nommé « orgasme » qui se rencontrerait de façon en quelque sorte équivalente chez l'homme et la femme. Le prétendre est une ânerie. Les jouissances corporelles féminine ou masculine sont deux phénomènes rigoureusement différents et même indépendants. Ce qui entraine également que parler de « masturbation » comme si ce phénomène serait commun à l'homme et à la femme est aussi une prétention stupide et dépourvue d'objectivité. Car nous observons là deux phénomènes complètement différents chez l'homme et la femme.

Quand l'homme recherche la jouissance corporelle par sa caresse, il frotte son pénis en simulant l'acte sexuel et recherche l'éjaculation. Celle-ci survient comme un flash de drogue, quand elle survient et qu'elle est jouissive. Ce qu'elle peut ne pas être ou être de manière y compris très limitée.

La femme qui recherche la jouissance corporelle par sa caresse dispose de son clitoris, à moins que des barbares ne le lui ait ôté celui-ci. Cet organe exclusivement féminin n'a aucun équivalent masculin. Seuls des gros cons phallocentriques l'ont prétendu représenter un « petit pénis ». Ces gros cons étant généralement fiers d'en avoir un gros. Laissons ces gros cons à leurs discours. Revenons à l'étude de la réalité. Le clitoris est un organe jouissif et sensible à la caresse totalement indépendant de l'acte sexuel. Sa stimulation manuelle, linguale ou buccale peut se faire de pair avec celle des seins. Ceux-ci dédiés à la lactation sont reliés psychologiquement au phénomène de l'allaitement des enfants.

La caresse de son clitoris peut amener une femme jusqu'à dix « montées » successives et plus de son plaisir amenant une satisfaction à chaque fois. Elle peut apprécier qu'un amant lui lèche et suce le clitoris sans éprouver pour autant quelque envie que ce soit de recevoir son pénis dans le vagin.

Ce dernier existe aussi et la femme peut parfois avoir envie et plaisir de copuler avec un homme. Elle peut aussi ne pas en avoir envie ou rarement et être parfaitement équilibrée et épanouie. Les discours phallocentriques et à la mode ne l'admettent bien sûr pas du tout. Mais pourquoi si richement dotée sensuellement avec ses seins et son clitoris une femme aurait forcément envie de « baiser à couilles rabattues » ? C'est là le fantasme de l'homme à l'appétit sexuel dévorant et détraqué par sa pratique masturbatoire quotidienne!

Certaines femmes souhaitant devenir mère trouvent l'acte sexuel intéressant. Quand elles ont accouchée de leur dernier enfant programmé, aujourd'hui souvent le deuxième, il arrive qu'elles n'ont plus du tout envie de recevoir en elle le zizi masculin. Parfois néanmoins elles vont par pitié consentir à écarter les jambes. Comme me le racontait un ami que j'ai depuis perdu de vue. « Ma femme me traite comme un petit garçon. Tu veux vraiment baiser encore ? Tiens, voilà mon vagin, tu peux jouer avec ! »

Certes, il existe des femmes dont quantité d'hommes rêvent, qui ont de gros besoins de pénétration vaginale. J'en ai connu une, quelle ennui ! Aucune sensualité, allons-y, rentres-moi dedans ! Quel soulagement quand elle est partie voir ailleurs et continuer ailleurs ses cabrioles !

Certains cherchent à s'alimenter. D'autres font des concours alimentaires par exemple du plus gros mangeur de choucroute. Cette femme pouvait concourir au titre de la plus grosse consommatrice de zizis. Ce qui ne présente aucun intérêt pour moi.

La femme vivant sa jouissance à la caresse tout à fait différemment de l'homme n'est pas perpétuellement en quête du pouvoir pour compenser un homme qui se déroberait. Elle le fuit plutôt et en permanence, et a peur du harcèlement.

Les statistiques et l’Histoire le démontrent de façon éclatante : la femme est infiniment moins portée sur la violence directe que l'homme. Que ce soit dans les statistiques criminelles ou dans celles des accidents graves de la route, les hommes responsables sont en écrasante majorité. Le pouvoir est une forme de violence. Une minorité voire un seul décide du sort de nombreux autres sans tenir compte de leur avis et même de leur intérêt. Si les femmes n'aiment pas la violence, c'est une raison de plus qui va les détourner du pouvoir.

La satisfaction optimale de chacun se trouve dans l'amour. La relation mère enfant représente l'amour le plus pur et authentique qui existe. C'est un sentiment très fort qui peut aussi détourner la femme du pouvoir.

Enfin, dernière raison souvent invoquée pour expliquer pourquoi les femmes sont souvent loin du pouvoir : l'hostilité des hommes de pouvoir et des hommes en général. Une femme qui veut se lancer dans la politique, par exemple, doit compter sur les nombreux croches pieds notamment de ses « amis » politiques. Les carrières politiques féminines interrompues précocement abondent. Les plaintes émanant de femmes politiques contre le caractère machiste et fermé de leur milieu sont fréquentes. En général dans n'importe quel domaine se rencontre l'hostilité aux femmes parce qu'elles sont des femmes. Cette hostilité émanant des hommes, bien sûr, pas heureusement tous les hommes, mais énormément d'entre eux. Dans le domaine entrepreneurial existe le très fameux « plafond de verre » qui bloque l'accès aux postes de responsabilités les plus élevés.

Mais, comme passé en revue ici, ce n'est pas uniquement et simplement le machisme qui prive les femmes du pouvoir. Pouvoir dont la solution serait plus l'abolition pour tous que le partage à parité. Ce qui est un autre débat. Il soulève la question de la responsabilité individuelle de chacun, en particulier des hommes. Pour renoncer à la recherche du pouvoir, et aux pratiques qui conduisent à la soif de celui-ci : consommation pornographique et masturbation réalisée à la main ou dans divers orifices anatomiques.

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 août 2016

lundi 29 août 2016

634 Mensonges officiels sur l'amour

À lire les spécialistes auto-proclamés de « l'amour », plus on fait l'amour, plus on obtient du plaisir. On oublie simplement de préciser de quelle activité parle-t-on. Ou plutôt, on définit par avance que « faire l'amour » c'est amener le zizi du monsieur dans la zezette de la dame. Et, en l'y remuant, amener le comble du bonheur chez l'un et l'autre. Sinon, il faut aller consulter et enrichir le psy et le zezettologue.

Vous aimez les gâteaux ? Bon, alors, vous devez en manger quinze par jour. Et plus vous en mangerez, plus vous les apprécierez. Vous aimer votre copine ? Alors, baisez-là quinze fois par jour. Plus vous la baiserez, plus elle appréciera et vous également.

Bien évidemment non, et si vous monsieur avez tout le temps envie de baiser madame, c'est parce que depuis l'âge de douze-treize-quatorze ans vous vous êtes branlé régulièrement et des milliers de fois. Vous avez un appétit sexuel détraqué. Et madame n'ose pas vous le dire, par crainte de vous vexer. Observez-là. Le soir, elle trouve toutes sortes de corvées domestiques supplémentaires accumulées pour aller au lit le plus tard possible. Histoire de ne pas devoir « passer à la casserole ». Et puis aussi, la fatigue aidant elle plonge dans le sommeil très vite, et gare à vous monsieur si vous vous avisez de la déranger ! La bonne entente et l'harmonie règne...

Monsieur, vous voulez baiser quand-même ? Alors des fois madame a pitié de vous, et condescendante, consent à écarter les cuisses pour laisser passer votre zizi. Puis bien sagement et passivement attend que ça se passe. Autant baiser un tronc d'arbre. C'est fini ? On peut dormir ?

Cependant, les enfants grandissent et dès l'âge de huit ou dix ans vont sur Internet regarder des vidéos et photos pornographiques. Le porno fait leur éducation sexuelle. C'est très malheureux, car ça ne va pas arranger leur vie. Il serait urgent que vous parliez de cul à vos enfants et que ce ne soit pas seulement les sites pornos qui les informent.

Par exemple, dire qu'on peut coucher avec une femme sans faire l'amour et en être tout à fait heureux. Mais vous n'y arrivez pas, justement. Arrêtez donc de vous branler ! Renoncez donc à cette addiction !

Et aussi, on peut faire des câlins très « chauds » dans des zones sensibles de la femme ou de l'homme sans forcément mettre son zizi dans la zezette. Et être tout à fait heureux. Laissez donc le concept ultimatiste et inepte des « préliminaires » aux imbéciles. Rappelez-vous : on ne baise pas quinze fois par jours, et même si on ne baise pas une fois tous les quinze jours, où est le problème ? Ce n'est pas une compétition, la recherche du « bonheur » obligatoire dont il est question ici. Il s'agit de la vie, toute simple, toute bonne et tranquille. Pas du marathon du sexe. Laissez ce genre de fantasmes aux imbéciles.

Et en fait de fantasmes, abandonnez donc la pornographie. Elle alimente la masturbation qui détraque votre appétit sexuel. Contribue à ce que vous, monsieur, avez tout le temps envie de baiser et emmerdez madame. Laissez la masturbation et la pornographie aux gros bœufs qui baisent en pensées et gagnent des cales aux mains à force de se branler.

L'essentiel est d'être en accord avec soi-même et ses proches et amis. Pas avec les discours délirants et professoraux des magazines et sites Internet, qui font l'apologie furieuse de la gymnastique en chambre et oublient l'amour. Pour n'en parler guère que dans la rubrique : « origine possible des dysfonctionnements sexuels. »

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 août 2016

dimanche 28 août 2016

633 Libérer l'amour des chaînes de la « sexualité obligatoire »

Il faut libérer l'amour des chaînes de la « sexualité obligatoire ». Ce qui ne signifie pas se libérer de la « sexualité » au sens large du terme. On ne voit pas comment ce serait possible. Mais se débarrasser de la prétention à imposer l'association de la recherche de l'acte sexuel à tous les sentiments d'amour.

La perversion des mots a fait que l'expression « amour libre » est devenu synonyme d'obligation de baiser. Plus précisément obligation pour les femmes d'accepter de satisfaire les appétits sexuels des hommes. Accepter de subir l'acte sexuel quand elles n'en ont pas envie.

Il y a bien des années, une dame m'a lâché sans raison durant une conversation sur un autre sujet qu'elle était adepte de « l'amour libre ». Je n'ai pas relevé. Elle voulait dire en fait avec ces mots qu'elle me trouvait à son goût pour tâter de ma queue. Depuis, elle m'en veut.

Durant la période baptisée « révolution sexuelle », des étudiantes d'une université américaine qui en avaient marre en suivant la mode de servir de vide-couilles à tous les obsédés de leur établissement, organisèrent une riposte. S'étant concertées, elles rédigèrent et diffusèrent un tract où elles comparaient le niveau des « prestations » sexuelles des divers coqs locaux. Ce tract fit un effet épouvantable à tous les adeptes présents de la soi-disant « liberté sexuelle » et disparu très vite. L'anecdote m'a été racontée par une étudiante iranienne de Paris au début des années 1970. Je n'ai pas pensé à lui demander le nom de l'université américaine concernée.

A la même époque, cette même étudiante se plaignait que dans les codes en usage dans les facultés parisiennes le fait pour un étudiant de dire à une étudiante « tu viens prendre un café ? » signifiait tout simplement : « tu viens baiser avec moi ? »

Durant ces années-là, dans certains milieux intellectuels ça baisait dans tous les coins. Les hommes adeptes de la tendance du moment avaient l'impression que la société se muait en un immense bordel gratuit. Ça dura un temps. Ensuite, dès l'arrivée du SIDA, quantité de jeunes filles s'appuyèrent sur la peur de la contagion pour envoyer bouler les dragueurs qui les sollicitaient. L'un d'eux, déçu et étonné, s'exclamait devant moi : « on dirait qu'elles en ont toutes peur ! »

Le temps a passé. Le discours s'est institutionnalisé. Le sexe est devenu un produit à consommer comme un autre. Il n'est pas question d'amour dans les magazines et les sites Internet. Il est question de « couples ». Un « couple » se caractérise par le fait que ses deux composantes baisent et doivent baiser régulièrement ensemble. Si l'une des deux composantes ou les deux n'en ont pas envie, il y a « panne de désir ». Ce propos inepte fait de la faim sexuelle une faim institutionnelle. Vous devez la ressentir. Sinon vous devez consulter un psy.

Cette manière de voir la vie signifie que l'amour est forcément associé à la recherche de l'acte sexuel. C'est un non sens absolu. L'amour est indépendant du coït.

Affirmer cette vérité c'est aller à l'encontre d'innombrables écrits, livres, articles, discours, sites Internet et émissions de radio ou de télévision qui font du sexe un sport national. Mais au fond, mettre mal à l'aise les adeptes de la bêtise et du mensonge, si nombreux soient-ils, n'est pas un problème. Le grand débat sur l'amour et la sexualité n'a jamais été vraiment ouvert. Les hommes se sont beaucoup écouté parler. Les femmes se sont beaucoup tues. Il est très largement temps que cette situation change radicalement. Que les hommes acceptent d'entendre des vérités si désagréables soient-elles pour eux. Qu'on commence à sortir enfin de ce bourbier.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 août 2016

632 L'origine de « la propriété » et les problèmes qui lui sont liés

Je lisais un jour un article historique dans un journal. Il parlait d'une cité antique jadis prospère et aujourd'hui abandonnée où le sable du désert s'était accumulé dans les maisons vides jusqu'à une hauteur de cinquante centimètres. Et pensais : voilà des maisons dont les habitants furent de jaloux propriétaires. Se sentant chez eux et attachés à leurs murs. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on y trouve ? Réponse : du sable. Qu'est-ce donc alors que « la propriété » ?

« La propriété » est un sentiment, celui de « posséder » quelque chose. Qu'est-ce donc que le sentiment de « posséder » et d'où vient-il ? Il est masculin et d'origine sexuelle : au moment du coït on « prend », on « possède » sa partenaire. Mais, en fait on ne prend et possède rien du tout. C'est juste une illusion. L'autre existe indépendamment de vous. Pourquoi souhaiter alors en imagination « le posséder » ?

Parce qu'on craint qu'il vous échappe. Mais que signifie « s'échapper » ? C'est ne pas ou plus satisfaire sexuellement l'autre. Que signifie « satisfaire sexuellement » l'autre, c'est-à-dire le garçon, l'homme ?

Il prétend baiser en permanence. Or, la femme, la jeune fille ne fonctionne pas comme ça.

Pourquoi alors cette prétention ? Parce que l'appétit sexuel des hommes est dérangé par la pratique régulière de la masturbation à partir de l'âge de 12-13-14 ans. Qu'est-ce qui motive cette pratique ? Une sensation de manque affectif, initié par le sevrage tactile. La faim de câlins qu'il entraine causant aussi toutes sortes de jalousies et hostilités variées au sein du milieu familial.

Quelle est la cause du sevrage tactile ? Très probablement le travail des enfants, productif ou aujourd'hui chez nous surtout scolaire, qui est incompatible avec la libre profusion de câlins.

L'origine de la propriété serait donc le travail. Changer le travail changerait la propriété.

Il y a peu de mois, l'organisation Oxfam France a révélé que 62 milliardaires possédaient à eux seuls autant que la moitié la plus pauvre de l'Humanité, soit six milliards d'humains.

La propriété est devenue une maladie grave de l'Humanité. Elle amène d'un côté une poignée de personnes à posséder trop de richesses et de l'autre une masse de gens à connaître la misère.

Et tout ça du fait des problèmes psychologiques traversant la population mondiale.

A la base de la société humaine se trouve l'homme. Il est malade. Peut-il être soigné voire guéri ? C'est une question essentielle.

La première étape de la cure, si elle est possible, est la pose précise du diagnostic.

Ce n'est pas la lutte pour la vie, ou la lutte des classes ou la lutte des civilisations qui est à la base des troubles de l'Histoire, mais la lutte des humains contre eux-mêmes, et singulièrement des hommes contre les femmes. Femmes qui connaissent en général une approche différente des hommes de la richesse, de la propriété et du pouvoir.

Pour initier le changement, les hommes doivent commencer par se changer eux-mêmes, en abandonnant les exigences et pratiques sexuelles qui troublent leurs relations avec les femmes.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 août 2016

631 Divagation de la morale et pauvreté du langage

Tous les humains à leur naissance sortent du ventre d'une femme en passant par son sexe pour arriver au monde. Ce lieu est donc unique et admirable. Mais qu'en ont fait les hommes ? Un objet de jouissance honteux et « indécent », c'est-à-dire à cacher. La loi au Québec comprend par exemple parmi les délits possible : « exposition des parties génitales ». Dans les clubs naturistes une loi non écrite invite les femmes à éviter de laisser voir leur entrecuisses. Loi qui est même étendue aux enfants. Comme me le racontait avec indignation un naturiste qui avait vu une fillette de quatre ans se faire engueuler par sa mère pour avoir écarté les jambes en présence d'un petit garçon.

Chez les adultes, le sexe serait à dissimuler car son exposition impliquerait une sorte de « sexualité passive ». Sa seule vue possible impliquerait une incitation publique à pratiquer l'acte sexuel, acte intime et donc à dérober à la vue des autres. Il faudrait cacher les organes génitaux jusque y compris même aux pratiquants de l'acte sexuel. Selon certains codes de morale en usage notamment en France il n'y a pas si longtemps, le coït devait être pratiqué furtivement et dans l'obscurité complète.

Cette manière de considérer le sexe visible comme une invite à « faire sexe » règne toujours bel et bien. D'autant plus que la misère tactile régnante fait que les mots manquent pour exprimer et même penser le besoin de câlins n'impliquant pas l'acte sexuel. Quelques exemples vécus me viennent à l'esprit. Un jour, une amie chez laquelle je suis en visite m'invite à prendre une douche et implicitement ne pas me rhabiller ensuite. A la sortie de sa salle de bain, je la retrouve nue et souriante qui me dit : « j'avais envie de toi mais ne savais pas comment le dire. » On s'est fait des câlins, sans aller jusqu'au coït. Puis elle s'est défilée par la suite, évitant de me voir pendant un certain temps. Motif ? Je ne l'ai compris qu'à présent, soit des dizaines d'années plus tard. Pour moi, à l'époque, imprégné par la morale régnante, il paraissait évident que nous irions nécessairement par la suite jusqu'au coït. Idée arbitraire et artificielle assimilant la possibilité « technique » de l'acte à la nécessité de le pratiquer. Mon amie, plus à l'écoute de ses sens ne sachant comment éviter cette extrémité choisissant la fuite. Bel exemple d'incompréhension réciproque ! Au cours de notre relation, cette situation s'est reproduite à deux reprises à plusieurs années d'intervalle. Câlins réciproques et dénudés suivis de la fuite de la demoiselle, qui m'a donné un jour comme explication de ne pas être venu à un rendez-vous : « je n'en avais pas envie ». D'autres fois des bisous plus appuyés que d'habitude s'arrêtaient là sans la suite « logique » selon la morale dominante. Si un garçon et une fille se font des câlins, ils sont sensés baiser ensuite. Et bien non, la morale dominante abuse et égare, mais qui s'avise à le dire à notre époque si consciencieusement consumériste et sexualisante ? L'aberration consumériste règne toujours, en témoigne pour moi un exemple beaucoup plus récent.

Un matin, une jeune fille de ma connaissance faisant semblant de dormir m'offre effectivement l'exposition de ses parties génitales, comme dirait la loi au Québec. Je ne donne pas suite à cette invite. S'étant par la suite « réveillée » et rhabillée, la demoiselle ne témoigne d'aucune déception ni frustration. Ce qui montre bien que son invite allait au delà de son désir. Si elle avait vraiment eu envie de coït, elle aurait été manifestement déçue. Mais comment voulez-vous dans notre belle société hyper-sexualisée exprimer une envie de câlins sans acte sexuel à la clef ? Les mots n'existent pas ou guère. On a voulu faire du sexe de la femme une bombe à retardement. Sa vue devrait impliquer certaines choses. Et bien non, ce n'est pas du tout vrai. Il n'y a pas d'obligation. Mais voilà, la seule opportunité pour une femme de connaître des câlins libres de toutes complications est donnée par les petits enfants ou les animaux de compagnie. Il n'est pas surprenant qu'une femme devenue mère oublie souvent son compagnon au bénéfice de son enfant petit et nettement plus authentique dans ses élans de tendresse ! Plutôt qu'accuser « l'égoïsme » de la mère, le papa devrait plutôt se demander qu'est-ce qui fait de lui un être si peu attirant en comparaison d'un petit enfant !

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 août 2016

samedi 27 août 2016

630 En amour l'âge et le « physique » n'ont aucune importance

Il y a un peu plus de quatre ans, je décidais que les vêtements étaient un parasitage de la nature en moi. Sans perturber la vie des autres, je décidais de m'en passer entièrement le plus souvent qu'il m'était possible. C'est seulement après trois années de cette expérience que la nudité a cessé complètement pour moi d'évoquer quelque chose de « sexuel ». Encore six mois de plus et je commençais à trouver pénible le fait d'être habillé comparé au fait de ne pas l'être. Enfin, c'est après encore six mois de plus que me vint un sentiment que j'ai eu d'emblée du mal à identifier. Je me disais me sentir comme habillé tout en étant nu. En fait j'ai atteint un niveau de conscience qui fait que je me sens tout à fait à l'aise sans vêtements, comme je l'étais avant étant habillé. Je ne me sens plus nu, mais simplement moi. Il m'a fallu donc quatre ans d'évolution et expérience pratique pour en arriver là.

Le conditionnement habituel de la plupart fait qu'est attaché une importance et une valeur incomparable à l'âge et au « physique » des gens. En particulier, les femmes considérées comme « vieilles et moches » sont traitées comme des rebuts. Inversement celles considérées comme « jeunes et belles » sont traitées comme des proies et risquent plus le viol et les incivilités sexuelles que les autres considérées comme moins jeunes et moins belles.

Mais pourquoi accorde-t-on autant d'importance à l'âge et la beauté ? Parce qu'on méprise l'amour. On prétend lui donner un caractère consommable, le réduire à l'état d'un produit relationnel « physique ». Ne dit-on pas « faire l'amour » et « amour physique » ? La confusion est ici la règle. Et la femme est réduite à pas grand chose. Un objet de consommation parmi d'autres objets de consommations concurrentiels.

C'est parce qu'on réduit ainsi et nie l'être humain dans la femme que la qualité carnée de celle-ci devient prépondérante. On ne voit plus la personne. On ignore l'être humain. On ne regarde que sa peau et sa chair. Ce n'est plus quelqu'un mais un morceau de viande de plus ou moins bonne ou mauvaise qualité. De cette manière habituelle de voir on évite de parler. Sauf parfois, comme aujourd'hui où une très jolie jeune fille parisienne m'expliquait sa peur permanente de l'agression sexuelle. Son souhait d'apprendre un art martial pour pouvoir se défendre. Le fait que pour se déplacer seule dans Paris elle évite les tenues trop sexy. Quitte à se changer avant de rentrer le soir du travail. Le monde des femmes vit la peur au ventre et fait la plupart du temps « bonne composition » en évitant de parler de sa peur aux hommes, sans doute de crainte de les blesser.

Paris est une ville où pour les jeunes femmes se déplaçant seules est établi un couvre-feu de minuit environ à quatre-cinq heures du matin. Si elles ne le respectent pas, c'est à leurs risques et périls. De ce couvre-feu il n'est pas parlé la plupart du temps. Quand on veut évoquer le sort dramatique des femmes on parle de pays orientaux. C'est la règle. Résignées à la fatalité de l'horreur les femmes ne se plaignent pas ouvertement, et les hommes non plus. Pourtant il y aurait tant à gagner pour tous si notre société devenait enfin civilisée ! Mais, parmi les hommes, combien le souhaitent ? Ils ont l'impression d'être les seigneurs et maîtres. Il n'y aurait qu'à arranger quelques détails pour que ce soit « parfait ». Par exemple, que les femmes cessent de leur dire « non » la plupart du temps.

Et s'ils se posaient la question pourquoi ils cherchent si souvent la bagatelle ? Ne serait-ce pas plutôt là, chez eux, dans leur comportement favori qu'il faudrait chercher le problème ?

Mais bien sûr que non ! Se récrieront les fiers mâles. L'homme a toujours raison ! C'est la femme qui est incompréhensible, imprévisible, compliquée et capricieuse ! Si on continue à penser, ou plutôt ne pas penser comme ça, l'Humanité n'est pas prête de sortir de l'impasse sentimental.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 août 2016

629 Aux origines du dérangement affectif masculin

La cause du trouble général des relations humaines, c'est la discorde homme femme et l'insatisfaction amoureuse généralisée qui en découle. Sa source se trouve dans le dérangement affectif masculin. Quels sont ses contours et son origine ?

Le premier élément de ce dérangement est représenté par le sevrage tactile. Il intervient vers l'âge de quatre ou cinq ans environ. C'est l'arrêt des caresses et câlins. Le monde des grandes personnes, sans consulter les enfants ou même simplement leur expliquer, leur impose cette privation traumatisante et soudaine. Elle ne sera pas sans avoir de vastes conséquences ultérieures. Au point que courante chez nombre d'adultes sera la nostalgie de leur enfance.

Quelle est la cause de cette catastrophe tactile ? Probablement le travail, qui est incompatible avec la paresse de l'amour. N'oublions pas que durant des millénaires et encore aujourd'hui dans quantité de pays les enfants travaillent.

Faisant plus ou moins confiance aux « adultes », les enfants vont accepter plus ou moins la blessure du sevrage tactile. Les années vont passer. Les enfants vont grandir. Arrivera l'époque où leur organisme va connaître d'importantes modifications. Celles-ci réveilleront des besoins enfouis depuis le sevrage tactile. Or ces besoins se révéleront très souvent très difficiles à satisfaire.

Pour les garçons, les femmes seront inaccessibles à part les nymphomanes, les prostituées à condition d'avoir de quoi payer, les femmes qu'on viole, les esquisses d'incestes ou incestes réalisés, et sinon à défaut l'homosexualité.

De plus les garçons seront des analphabètes tactiles. Ils auront perdu leur spontanéité enfantine et ignorants tactiles ne sauront ni donner ni recevoir des caresses.

Alors ils démarreront leur masturbomanie compensatoire du manque affectif et pas du manque sexuel. L'émotion ressentie au moment de l'éjaculation fera office de flash de drogue. Ils deviendront des addicts, accros à l'endorphinomanie. J'ai relevé un fait révélateur de la nature affective et non sexuelle de cette toxicomanie. Ayant initié cette auto-drogue à raison d'une prise par jour, j'ai remarqué avec étonnement jeune homme que certains jours j'oubliais carrément de chercher à prendre ma dose. Ces moments coïncidaient avec des jours où j'étais bien, entouré d'amis et absolument pas pratiquant la branlette dans un orifice anatomique d'une personne « partenaire ».

Éjaculer tous les jours et des milliers de fois au cours des années via la masturbation n'est pas chez l'homme sans conséquences psychologiques et physiologiques.

Le besoin masturbatoire a bien une origine affective et non sexuelle. Mais il va visiblement perturber gravement le comportement sexuel masculin et par contrecoup bouleverser le rapport homme-femme. Que feront les femmes face au dérangement affectif masculin qui conduit la plupart de ceux-ci à avoir un appétit sexuel détraqué et qui les solliciteront en permanence pour baiser ? Elles vont tenter désespérément de s'adapter. Une mère de famille disait à sa fille : « L'amour c'est bien au début et à la fin, entre les deux c'est du remplissage. » Des amies me confiaient : « en amour, l'homme obtient ce qu'il veut. » « C'est agréable de rendre heureux un homme. » Une jolie femme m'avouait avoir longtemps cru que le plaisir sexuel de la femme consistait à sentir les coulées de sperme sur ses cuisses après l'acte sexuel ! Tous ces propos reflètent chez ces femmes l'oubli de soi au profit du mari ou compagnon. Ce comportement dure un temps qui est souvent limité. Au bout d'un certain nombre d'heures, jours, mois ou années la rupture devient inévitable.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 août 2016

vendredi 26 août 2016

628 Meriones, hamster, gerbilles à queue grasse et moi et moi et moi

Gerbilles à queue grasse (cliché Commons recadré)

Quand j'étais petit, étant malade, je me souviens un jour avoir dormi durant la journée sur le divan de mes parents. Quand je me suis réveillé, c'était déjà le soir. La nuit était tombée. Et sur la table, sous la lueur électrique, de petites formes marrons clairs bondissaient dans une cage. Mon frère aîné venait de ramener chez nous dans le logement familial deux petits rongeurs vivants prêtés par le Muséum national d'histoire naturelle : des meriones.

Par la suite, un ami de la famille nous a donné un hamster roux qui a occupé une nouvelle cage. Et enfin nous accueillîmes un couple de gerbilles à queue grasse. Cet animal offrant la particularité de faire des réserves alimentaires dans sa queue, d'où son nom. C'était le premier couple de ces animaux à venir en France.

La compagnie quotidienne de tous ces petits rongeurs eut une très importante influence sur moi. Je crois qu'elle ait à l'origine de ma recherche sur la Nature en l'être humain.

Je suis persuadé que retrouver la Nature en nous peut nous aider à trouver notre équilibre. Certains croient au contraire que dans la négation de la Nature réside la bonne conduite humaine. L'horreur résiderait dans ce qu'ils appellent souvent « la nature humaine ». Dans ce concept vague on voit placé pêle-mêle une masse de choses trouvées dérangeantes et condamnées sans appel.

Une amie m'a écrit à propos de mon évolution récente : « tu es en évolution sur le contrôle des pulsions. Je pense que les moines doivent exercer aussi ce contrôle sur leur nature masculine. »

Je comprends la tendance à effectuer ce type de parallèle. Si on cherche qui parle négativement de la masturbation, par exemple sur Internet, on trouve des militants religieux. A l'inverse, un flot de démagogie masturbophile émane de sources qui se veulent laïques voire anti-cléricale. Je ne suis pas d'accord avec l'assimilation de ma démarche pornophobe et masturbophobe avec celle des moines, même si j'apparais ainsi leur ressembler. Le fond de ma pensée est très différent.

Qu'est-ce à dire de parler de « contrôle des pulsions » et les attribuer à un phénomène qui serait « la nature masculine » ? Au nom de « la Nature » on explique et justifie plein de choses qui seraient inévitables ou presque, alors qu'elles sont de très évitables produits culturels.

Je suis arrivé à la conclusion que notre culture comprend la pratique régulière de la masturbation masculine adulte. Cette pratique est nourrie par la pornographie. Elle détraque l'appétit sexuel masculin et amène la plupart des hommes à harceler leurs partenaires sexuels éventuels. Renoncer à la pratique régulière de la masturbation masculine adulte et à la pornographie c'est chercher à retrouver au delà de notre culture le fonctionnement naturel de l'homme. Fonctionnement qui à mon avis est harmonieux, pacifique, paisible et féministe. Je ne prétend pas nier la sexualité, mais me débarrasser ici de la culture machiste odieuse, violente et dominatrice qui règne toujours bel et bien dans notre société. Et ce en dépit de toutes les avancées féministes de ces dernières cinq ou six décennies.

La pornographie n'est pas « une pulsion » mais une saloperie commerciale.

Mettre ma démarche personnelle sur le même plan que celle des moines abstinents relève d'une confusion. L'Église condamne en général le sexe. Je ne le condamne pas. L'Église prétend le rendre obligatoire dans le cadre du mariage. Je ne prétend pas le rendre « obligatoire », l'imposer à qui que ce soit où que ce soit. L’Église cherche à imposer ses vues y compris par la loi. Par exemple en interdisant l'avortement. S'agissant de la pratique régulière de la masturbation masculine adulte nourrie par la pornographie, je n'interdis rien à personne. Je dis seulement : « en y renonçant j'ai trouvé une remarquable paix intérieure et extérieure. De votre côté, faites comme vous voulez. »

Le délire harceleur des hommes abrutis sexuellement qui persécutent les femmes ne provient pas de « leur nature masculine », mais de leur addiction masturbationnelle et leur délire consumériste.

J'ai fait partie de ce troupeau d'égarés. J'ai été par moments, quand j'étais « amoureux » harceleur moi-même sans être violent ou violeur. Ces derniers comportements représentant le niveau ultime du harcèlement sexuel. J'ai même à l'inverse accompagné ou rejoint à leur demande des femmes qui craignaient d'être agressées se retrouvant seules en mauvaise compagnie.

Je n'ai jamais frappé, insulté ou terrorisé qui que ce soit, femme ou homme. Mais la violente culture machiste m'a influencé, contaminé, s'est infiltrée en moi à mon insu. L'ayant identifié je la rejette autant que je peux. Non pas « ma nature masculine », mais l'odieuse sottise régnante qui fait que quantité de femmes intelligentes préfèrent vivre loin des hommes plutôt que devoir supporter quotidiennement la bêtise d'un seul.

En dehors de l'acte sexuel existent les câlins actifs : caresses, bisous, serrages dans les bras. Les câlins passifs : dormir ensemble. L'intimité partagée, la nudité qui s'oppose à la vestité, mot qui a pour sens le fait d'être habillé. Câlins actifs ou passifs, intimité partagée et nudité que l’Église condamne et que je ne condamne pas.

Au début des années 1980, une Irlandaise de Paris m'expliquait qu'en Irlande des religieuses dans la rue des villes s'appliquaient à séparer les amoureux qu'elles trouvaient trop indécemment collés l'un à l'autre. Je ne crois pas qu'une telle manière d'agir soit spécialement bonne et positive. Pas plus que condamner la contraception, le divorce ou le préservatif.

Plutôt qu'inviter ceux qui se posent des questions à propos de la sexualité à être pour ou contre, il est plus intéressant d'alimenter le débat et inviter chacun et chacune à réfléchir et se faire sa propre opinion personnelle. Le sexe est une petite chose, mais dont la perturbation dérange beaucoup de grandes choses et empêche bien souvent l'indispensable vivre harmonieux ensemble.

Il faut ouvrir largement le débat à ce sujet. Débat souvent masqué et éludé à l'aide de grandes élucubrations théoriques permettant de parler d'autre chose que de la vie réelle des gens vivants. Mais c'est vrai que commenter les commentaires des autres engage moins que parler de ce qui nous arrive.

Un jour à Paris, dans l'autobus, il y a des années, je croise un étudiant en psychologie. La conversation s'engage. « Est-ce que vous étudiez les faits de la vie ? » lui ai-je demandé. « Non, nous étudions et comparons les théories qui existent », m'a-t-il répondu.

En 1986, j'ai participé à un stage de massages qui m'a ouvert sur la question du toucher. Quantité de problématiques passionnantes paraissaient soulevées par la pratique tactile vécue. Qu'allait-il en découler ? Rien, l'organisatrice y voyait juste un intéressant gagne-pain. Vous avez fait un stage ? Il vous a intéressé ? Alors, faites-en un deuxième, par ici la monnaie !

Dans les années 1960 beaucoup de propos furent émis en Californie à propos du toucher. Un ami m'a confié avoir souhaité s'enrichir moralement en allant s'instruire là-bas. Il en est revenu déçu, n'ayant rencontré là-bas m'a-t-il dit que des personnes cherchant à gagner de l'argent en profitant de cet intérêt pour le toucher.

Quantité de débats n'ont pas lieu ou guère, car ils se trouvent parasités par des gens qui ne voient là qu'une occasion de gagner de l'argent. La vérité est difficile à trouver. Mais, à considérer les rayons spécialisés des grandes librairies, la recherche de la vérité permet à quantité de gens de profiter financièrement de la curiosité des autres.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 août 2016

jeudi 25 août 2016

627 La pression sexuelle normative à Paris

Il y a quelques décennies, vers le début des années 1980, un étudiant japonais de l'École des Beaux-Arts de Paris, âgé d'une trentaine d'années me disait : « je ne veux pas rentrer au Japon, car on va m'obliger à me marier ». Une gracieuse étudiante camerounaise rencontrée en 1982 au parc Montsouris me disait de son côté : « je préfère éviter de retourner au Cameroun. Car si j'y retourne, ma mère va me marier. » Aucun de ces deux étudiants ne se révoltaient contre l'existence d'une telle situation. Simplement ils s'arrangeaient pour échapper au mariage forcé en restant en France.

Mais il n'y a pas qu'au Japon et au Cameroun que règne la pression sexuelle normative. Ici aussi, en France et à Paris, des tiers prétendent se mêler du contenu de nos slips. Comme cette pression est générale, on réalise moins son existence car elle est omniprésente. Et s'infiltre partout.

J'en ai éprouvé la réalité encore tout dernièrement. Parmi mes amies il m'arrive de trouver à l'occasion qu'une d'entre elles, ma foi, j'aurais plaisir à échanger des caresses et des bisous avec. Rien de bien méchant et audacieux comme pensées, et ça reste au niveau du rêve. Mais la police des rêves existe également bel et bien.

Je revois récemment une autre jeune femme que je trouve fort belle et agréable. La pensée me vient alors qu'échanger bisous et caresses avec elle serait aussi fort plaisant. Et, aussitôt, dans ma tête la censure se met en marche. « Oui, mais dans ce cas, l'autre avec laquelle il t'arrive de rêver d'arriver à la même chose, il faudra que tu y renonce. Sinon, ça risque de devenir compliqué. »

L'absurdité de cette pensée est flagrante. Tout d'abord il n'y a rien. Alors, renoncer à rien pour un autre rien apparaît des plus bizarres. Surtout que je ne connais pratiquement pas la deuxième jeune femme, ni sa conception de la vie amoureuse.

Quelques heures plus tard, je la retrouve. Et là un de ses collègues de travail parle devant moi d'elle, mentionnant « son copain ». Encore un bel exemple de pression sexuelle normative. Que signifie ce concept ? Quand on voit une fille avec un gars, on décrète que c'est « son copain », sans plus de précisions. Ça peut être une relation très proche qui dure depuis des années comme aussi bien un amour de plage qui va s'évaporer avant la fin de l'été. Mais, peu importe : « c'est son copain ». Sous-entendu rassurant : cette femme est hétérosexuelle. Elle baise régulièrement avec son baisouilleur attitré de sexe mâle. Elle est comme tout le monde.

Elle peut aussi bien être en couple et fidèle, ou tromper son compagnon, ou être libertine, ou avoir une petite amie, peu importe. Ces précisions n'existent pas. Elle a un copain, point, l'ordre règne.

C'est comme un théâtre où les rôles sont distribués d'avance. Si une femme est adulte, elle a nécessairement « un copain ». Si un homme est adulte, il a nécessairement « une copine ». Mais quand les rôles ne sont pas distribués, ça se complique. La femme divorcée, par exemple, se retrouve souvent marginalisée, surtout si elle est belle, et traitée comme une « briseuse de couples ».

Un jour, en vacances, il y a dix-sept ans environ, deux amis me firent part de leur inquiétude à mon sujet. Il voyait bien que j'étais seul. Or, je ne me lamentais pas sur l'absence d'amour dans ma vie ! Ce comportement de ma part leur paraissait incompréhensible. J'aurais passé le temps à me plaindre, ils auraient été rassurés !

Suivre sa route sans tenir compte des pressions normatives, notamment sexuelles, est la meilleure des solutions. Cette solution n'est pas toujours facile à adopter. Et elle peut déranger l'entourage.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 août 2016

626 J'ai retrouvé ma féminité masculine

Des Chinois des temps anciens ont symbolisé le fonctionnement général de tout ce qui existe par un dessin figurant dans un cercle deux forces symétriques, dynamiques, opposées et complémentaires, portant les noms de Yin et Yang. Chacune de ces deux forces pour interagirent ensemble comportant un point de l'autre force. Cette manière d'aborder les choses correspond à la réalité. Masculin et féminin, jour et nuit, froid et chaud, sec et humide, etc. sont des complémentarités évidemment existantes. Certains abrutis ont ajouté « bien » et « mal », ce qui est parfaitement stupide. L'ombre n'est pas « meilleure » que la lumière, le jour n'est pas « supérieur » à la nuit, pas plus que l'homme n'est « supérieur » à la femme. Le dessin chinois ne prétend pas définir des éléments qualitatifs qui définirait un plus et un moins. Introduire ici les notions de « bien » et « mal » relève d'une vision non objective de la symbolique représentée.

Pour pouvoir communiquer et échanger ensemble, chacun des deux sexes a besoin d'une part de l'autre. Sans son côté féminin, l'homme ne peut parvenir à communiquer vraiment avec la femme. Et sans son côté masculin, la femme ne peut parvenir à communiquer vraiment avec l'homme.

Accentuer excessivement son côté masculin chez l'homme le rend incapable de communiquer avec la femme. Accentuer excessivement son côté féminin chez la femme la rend incapable de communiquer vraiment avec l'homme.

Quand l'homme se veut dominateur de la femme, il perd le contact avec elle. Quand la femme se veut dominatrice de l'homme, elle perd le contact avec lui.

De nos jours quantité d'hommes s'isolent des femmes par la consommation frénétique de la pornographie. Elle réduit la femme à pas grand chose : quelques trous consacrés à une sommaire jouissance masculine. La pornographie ignore la douceur et la tendresse, qualités féminines, et privilégie la masturbation masculine adulte qui isole efficacement l'homme de la femme.

Elle amène un effondrement de la sensibilité masculine. L'homme se polarise sur l'acte sexuel qu'il va désirer en permanence. Et conséquemment harceler sexuellement les femmes qu'il trouve désirable, ou aller en payer d'autres pour les « consommer » via la prostitution.

Le marché de la pornographie croît et la coupure entre hommes et femmes s'accroît. De nos jours, quantité d'hommes considèrent la femme comme un être incompréhensible, inaccessible, paradoxal et capricieux. Quantité de femmes intelligentes renoncent à chercher un amour toujours décevant et se consacrent à leurs études ou leur vie professionnelle. Une jeune et jolie fille me disait il y a peu de mois : « de toutes façons, l'amour ça ne marche pratiquement jamais. Alors, je préfère d'abord me consacrer à mes études ! » J'ai constaté aussi que la perte de leur féminité chez nombre d'hommes, consommateurs de pornographie et pratiquant régulièrement la masturbation, les amène à envisager de gouter « des atouts de même couleur », comme disait une chanson de Guy Béart.

Depuis que j'ai abandonné masturbation et pornographie, après plusieurs mois je commence à retrouver des aspects perdus de ma féminité. La douceur simple de relations chaleureuses avec les autres sans être pris en otage par des ultimatums sexuels aberrants. Une simple conversation agréable avec une jolie femme me suffit amplement. Tandis qu'hier je me serais morfondu de ne pas pouvoir aller « plus loin ». C'est-à-dire « mettre les mains » et autre chose également. Les hommes très souvent obsédés par le sexe écœurent et font fuir les femmes. Je retrouve mon authenticité perdue depuis la fin de mon enfance, victime du délire et des discours hyper-sexualisants de la plupart des adultes. Je redeviens à fond humain, car me respectant et vivant le vrai de la vie.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 août 2016

mercredi 24 août 2016

625 Les charlatans du bonheur

Depuis des siècles le sexe a été marchandisé. Sous la forme de la prostitution et de la pornographie il a assuré et assure toujours à certains des revenus financiers très importants. Au nombre des profiteurs financiers du vaste « marché du sexe » on trouvait depuis des temps très anciens de prétendus thérapeutes qui se faisaient forts de ranimer les braises du cul sous la cendre de l'âge. Parmi les remèdes proposés à la débandade figurait la poudre de mouche cantharide. Ce produit miracle occasionnait une inflammation de l'urètre sensée ressusciter les érections disparues.

De nos jours le blabla des charlatans sexuels en tous genres se vend et se vend très bien. Une profusion d'articles émanant de spécialistes auto-proclamés vous enseigne l'alpha et l'oméga de l'art de grimper aux rideaux. Le maître mot est « l'épanouissement sexuel ».

Allons bon ! Tous les moyens licites sont bons pour parvenir à l'indispensable, l'obligatoire bonheur au lit ! Car la clé du bonheur se trouve dans la chambre à coucher, là où se trouve la femelle du condor.

Petite parenthèse hilarante : quel est le nom de la femelle du condor ? C'est la chambre à coucher, car c'est la qu'on dort.

La pression normative est terrifiante. Tout à l'heure une amie me souhaitait de « trouver chaussure à mon pied ». Elle s'inquiétait pour le contenu de mon slip. Mais, de quoi je me mêle ? Est-ce que je vous demande si vous avez aujourd'hui bien chié ? Alors, laissez ma queue tranquille, s'il vous plaît ! J'ai aussi vu une amie pourtant très bien, trop bien intentionnée, chercher à me fourguer sa vieille copine veuve, moche et triste. Quand on connait deux cœurs esseulés, autant les mettre ensemble dans un même lit. Merci bien pour la charité, je n'en ai pas besoin !

Pour moi, ce genre de « service » a commencé il y a plus de quarante ans. On m'a littéralement mis dans les bras de ma déniaiseuse. Jadis on faisait ça pour les garçons en les emmenant au bordel. La « révolution sexuelle » aidant on m'a remis à une jeune étudiante. Je n'ai pas mesuré l'incongruité de la manœuvre et n'ai pas su envoyer au diable ceux qui en étaient à l'origine : ma mère et le médecin de famille. J'étais ignorant, influençable, extrêmement naïf et résigné.

Le temps a passé. L'évolution aidant je me suis retrouvé dans la position inverse. Une gracieuse demoiselle m'a sollicité un jour pour lui ôter je suppose sa virginité ou tout au moins passer là où peu d'autres zizis étaient passés. J'ai décliné l'offre. Les amours mécaniques ne m'intéressent pas. J'ai appris que le sexe sans désir ne vaut rien. Une belle amitié vaut mieux qu'un rapport sexuel sans âme, qui détruit la belle amitié si elle est là. C'est bête, mais c'est comme ça. La relation humaine forme un tout. On ne plaisante pas en dessous de la ceinture. On est authentique ou on reste seul dans son cœur.

Les magazines prétendent très souvent le contraire. Par et pour le zizi l'amitié, mieux : l'amour, naitrait. Et l'amour serait une forme de relation « supérieure » à l'amitié car comprenant la rencontre des culs. Un peu comme la formule du repas avec fromage et dessert serait supérieure à la formule avec juste le fromage. Vision ânesque et consumériste de l'amour. Je te consomme, c'est bon, c'est le bonheur. Et si ça ne marche pas, allons voir le sexologue, ses potions magiques et ses remèdes miracles. L'amour est en kit. Il suffit d'avoir la bonne boîte de mécano à sa disposition pour trouver le nirvana clé en main. Bien sûr, il vaut mieux avoir la boîte numéro 8 ou 10 pour y arriver. Mais même avec la boîte 3 ou 4, avec de bons conseils et de la patience on y arrivera ! Et si ça ne marche pas, accédez à des conseils personnalisés y compris par téléphone, c'est plus cher mais c'est génial !

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 août 2016

624 Interdire la pornographie en Europe

Il y a des déjà pas mal d'années j'ai lu à quelques reprises ce propos destiné à justifier la masturbation : « avoir envie de se masturber, c'est comme avoir envie de se gratter. Quand on a envie de se gratter on se gratte. » Le parallèle choisi est très amusant. Car, justement, quand on a envie de se gratter, on a très précisément intérêt à ne pas le faire. Et la démangeaison passe beaucoup plus vite. Mon père me l'a appris quand j'avais 7 ou 8 ans. Depuis ce temps-là, je ne me gratte plus si par exemple je suis piqué par un moustique.

Mais, à force de chercher à justifier la pensée unique actuelle vantant la baise tout azimuts et la masturbation en permanence ou presque, on en vient à invoquer tous les arguments possible, les plus beaux comme les plus ballots.

L'un d'eux est celui de la « liberté d'expression » qui permet de justifier la liberté de diffuser des torrents de pornographie en particulier sur Internet.

En me promenant hier sur Internet, j'ai découvert qu'il y a trois ans il avait été proposé au « parlement européen » d'interdire la pornographie dans l'Union européenne. Ce qu'il avait refusé de faire. Cette histoire mérite quelques commentaires.

Si on souhaite interdire la pornographie, il serait bon de parvenir à définir où commence celle-ci. Ainsi, par exemple, j'ai créé récemment dans Wikipédia un article sur un célèbre poème pornographique du XVIIIème siècle : l'« Ode à Priape » d'Alexis Piron. Interdire la pornographie implique-t-il de supprimer cet article où un poème comique et paillard est intégralement cité ?

Il y a quelques décennies, pour diffuser en France des photos de femmes nues, l'argument invoqué bien souvent était « le nu artistique » ou « le naturisme ». Interdire la pornographie impliquerait-il également d'interdire les représentations artistiques impliquant des humains nus ainsi que les revues et sites Internet naturistes où apparaissent des humains nus ?

Selon la morale de divers pays, l'indécence n'est pas la même. Doit-on suivre la morale d'un pays, une zone géographique précise pour définir ce qui est interdit ou pas ? Et dans ce cas quel pays plutôt qu'un autre et pourquoi précisément ?

Et comment définir la pornographie ? Pour ma part je la définirais ainsi : c'est consommer sexuellement des gens. Ce qui fait de la pornographie quelque chose de très vaste... Si on me dit que tel geste, telle situation, implique nécessairement de « faire l'amour » qu'on en ait envie ou non, simplement parce que c'est « techniquement » possible, pour moi, c'est de la pornographie.

On a proposé d'interdire « la pornographie » dans l'Union européenne. Mais cette interdiction est-elle réalisable ? Bien évidemment qu'elle ne l'est pas. Tout d'abord pour des motifs techniques. Un très grand nombre de sites Internet pornographiques sont basés hors de l'Union européenne et échappent à tous contrôles qui en viendrait.

De plus, la raison principale qui rend impossible d'interdire la pornographie n'est pas la défense de la « liberté d'expression », mais d'abord et avant tout la défense de la liberté de faire du fric. Le marché de la pornographie rapporte des masses d'argent. Le veau d'or est aujourd'hui plus que jamais adoré et respecté de par le monde. Mais la vraie question n'est pas d'interdire la pornographie, mais de renoncer à elle et pour quelle raison. Ce choix est et reste individuel. Et il n'a de sens que s'il est justifié par le respect de l'être humain et pas par celui d'institutions ou de lois.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 août 2016

mardi 23 août 2016

623 Un sentiment plus fort que l'amour

Sujet tabou dans notre société, en tous cas celle qui m'entoure, et certainement loin au delà : la pratique régulière masturbationnelle adulte masculine. Elle est très importante et extrêmement répandue. Dès l'âge de 12-13-14 ans, qu'elle soit réalisée dans la main ou dans un orifice anatomique d'un ou une partenaire, elle ruine la sensibilité de celui qui la pratique et égare sa perception sexuelle. Créant une faim permanente et inassouvissable qui conduit l'homme à harceler les partenaires rêvés. Cet harcèlement sexuel pouvant aller jusqu'au viol et même à l'assassinat.

Cette faim, dont les femmes ne parlent guère aux hommes, leur pourrit la vie et les éloignent de leurs tourmenteurs. Ces derniers sont amenés du fait de leur frustration à des conduites compensatoires qui ont souvent loin d'avoir une apparence « sexuelle ».

Il en est ainsi de l'usage de drogues diverses. Songez qu'en France un décès sur cinq est entraîné par la consommation alcoolique ou tabagique ! Cette catastrophe sanitaire n'est que très rarement évoquée. Et y remédier ou tenter d'y remédier ne fait partie d'aucun programme politique de ceux qui se présentent à nos suffrages électoraux.

Des démarches d'ordre psychologique ont de très considérables conséquences. Ainsi, incapable de « posséder » l'autre, l'homme insatisfait va chercher à posséder autre chose. Ça pourra être de l'argent qu'il accumulera bêtement et n'utilisera pas. Aristote appelle cela « la chrématistique ». Ça pourra être aussi accumuler des objets y compris parfaitement inutiles. Certains hommes très pauvres vont accumuler y compris des déchets comme de vieux journaux. L'essentiel recherché sera le sentiment de posséder quelque chose à défaut de posséder une ou plusieurs partenaires.

Autre démarche : le rêve de « séduire ». C'est-à-dire détruire l'indépendance de la proie convoitée qui vient se soumettre à vous. On peut aussi rêver de l'acheter. Chose qui s'opère effectivement dans le cadre de la prostitution. Enfin, ne sachant comment parvenir à satisfaire sa faim inassouvissable d'origine masturbationnelle, l'homme pourra se rêver en « héros » irrésistiblement séduisant. Soit suite à un acte héroïque, remarquable, exceptionnel ou à une chance inouïe, à la célébrité, etc.

Tous ces comportements ont des conséquences sociales, économiques, politiques, affectives importantes et destructrices. Qu'on pense par exemple aux hommes qui cherchent à occuper à tous prix des postes de direction qu'ils n'ont aucune capacité à occuper. C'est un phénomène courant.

Ce que la plupart des hommes croient être « l'amour » ressemble très souvent à un misérable marchandage, doublé fréquemment de petits ou grands chantages. « Si je t'aime, tu me dois ça, tu me donne ça », tel est le résumé de la démarche. La partenaire est réduite à l'état d'enjeu et de marchandise à consommer. On la choisira jeune et belle selon les critères esthétiques à la mode. Et quand il n'en restera que « des restes », l'âge ayant endommagé les chairs, on « rajeunira les cadres ». C'est-à-dire qu'on jettera à la poubelle sa compagne et on la remplacera par une plus jeune. Le schéma est classique. Il est favorisé par notre culture qui accorde aux hommes une jeunesse plus longue qu'aux femmes. Comme le rappelait un jour une bande dessinée : « si un homme a quelques cheveux gris, on trouve ça charmant, si c'est une femme, on dit qu'elle est vieille. »

Ce triste théâtre des « amours » ne mérite guère de porter ce nom. En fait, si on renonce à cet impasse que représente la pratique régulière masturbationnelle masculine adulte et son aliment pornographique, on découvre progressivement l'existence d'un paisible sentiment plus fort que l'amour. Celui de vouloir faire le bien à d'autres, y compris de jolies femmes, sans rien demander ou exiger en échange. Mais en fait, ce sentiment « plus fort que l'amour » est le vrai amour lui-même.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 août 2016

lundi 22 août 2016

622 La farce du bonheur obligatoire

Aujourd'hui, le monde marche sur la tête, car il croit avoir inventé « le bonheur obligatoire » pour tous. Comme me le disait un jeune homme rencontré aux Beaux-Arts il y a une quarantaine d'années : « tout le monde trouve chaussure à son pied ». Un jeune loubard de province, d'allure plutôt pacifique, me disait il y a deux ou trois décennies : « je veux rencontrer une jeune fille sérieuse. » Quantité de sites Internet vous expliquent comment mitonner, corriger, réparer, assurer le bonheur clé en main. Ou plutôt cul et cœur en main : ce serait l'amour, c'est-à-dire deux louches de sentiments chauds, plus une louche de sexe brulant, et quelques cuillerées de malentendus glacés, à réussir avec intelligence à éliminer. Et le bonheur serait là, garanti, à durée illimitée. Ne dit-on pas que « l'amour est éternel » ? Comme c'est étrange : l'amour serait éternel entre deux humains qui, par définition, ne le sont pas. Diable ! Il doit y avoir quelque chose qui cloche là-dessous !

Mais ce bonheur « idéal » de quoi s'agit-il ? Deux individus généralement plutôt de sexe opposé, mais pas toujours pour tout le monde, s'aiment et font l'amour. Doivent faire obligatoirement et impérativement l'amour. Mais comment le bonheur, qui sous-entend détente et liberté peut-il s'accommoder d'une telle obligation. Et quelle en est l'origine ?

Le modèle choisi est masculin. L'homme se branle régulièrement dès l'âge de 12-13-14 ans et veut conséquemment baiser en permanence. Donc l'Humanité, c'est-à-dire l'autre partie de l'humanité, la femme, doit soi-disant se régler sur lui. D'ailleurs, pour plus de sureté, notre code civil français disait jadis : « la femme doit obéissance au mari. » Donc, elle devait aussi lui obéir au paddock.

Mais où a-t-on été chercher cette idée de baise régulière et obligatoire accompagnant « l'amour » ? Où et quand les hommes ont-ils pratiqué régulièrement ainsi leurs exercices sexuels ? Dans un lieu considéré très longtemps comme parfaitement honorable : le bordel. Dans celui-ci le client paie avec de l'argent. Dans le couple idéal, il paie en nature et le contrat est réciproque : « tu me baises, je te baise en échange et le contrat est rempli. »

Cette vision de « l'amour » est celle qui corresponds à un michetonnage réciproque. Un « micheton » c'est le client d'une prostituée. Là, chacun est le client de l'autre et paie avec son corps. Et le résultat serait « le bonheur ». Et pourquoi donc serait-ce le bonheur?

Et si la baise s'arrête, le contrat est rompu, on se sépare. Mais, alors, la base de « l'amour » serait... la baise ? Ce ne serait pas des sentiments mais un petit exercice physique à assurer régulièrement ? Quelle poésie ! Quel romantisme ! Le bonheur reposerait sur l'émission de quelques centilitres de sperme dans un vagin ? Mais de qui et quoi se moque-t-on?

Pour ma part, j'y ai cru. J'en suis revenu. Ce discours ne tient que parce qu'on l'entend un peu partout. C'est ça ou « n'importe quoi ». Et ce qui rassure c'est que c'est honorable, reconnu, défini comme « naturel ». Je ne me prononcerais pas ici pour dire si « le mariage » est bon ou non, convient à tout le monde ou non. J'ai moi y compris failli me marier et de bonne foi. C'est l'autre qui s'est dérobé ensuite. Mais je remarque que l'institution matrimoniale varie suivant les régions et les époques. Ainsi, par exemple, au Tibet traditionnellement quand une femme épousait un homme, elle épousait simultanément tous ses frères. Dans certains pays le mari peut avoir plusieurs femmes, dans d'autres non. C'est donc quelque chose de culturel. Si c'était naturel, il n'existerait qu'une seule sorte de mariage et pas plusieurs. Donc, même si on y adhère, le mariage n'est pas un phénomène naturel mais culturel. C'est important à relever. Car l'invocation à la Nature sert à justifier quantité de choses. Et la confiance dans « la Nature » ainsi définie amène quantité de déceptions. Par contre une chose est sûre : il peut être parfaitement naturel de ne pas baiser ni se masturber et bien vivre.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 août 2016

621 À propos de la fête populaire


Un ami m'écrivait aujourd'hui qu'à son avis les journalistes, chercheurs et historiens ne sont pas contre la fête populaire, mais n'éprouvent pas d'intérêt pour elle. Je pense de mon côté que la plupart des officiels, historiens officiels et journalistes s'agissant de la fête populaire ne rêvent que d'une chose : qu'elle n'ait pas lieu, à moins d'être un important enjeu économique. Les rares fois où des officiels soutiennent sincèrement la fête, c'est quand leur profil personnel inhabituel fait qu'ils aiment celle-ci. Dès qu'ils sont éliminés par les élections ou partent en retraite, la fête perd son soutien. Et quand « l'austérité » est là, la distraction s'en va, quand elle dépend de la subvention.

S'agissant des historiens officiels et journalistes et leur mentalité, il me revient à l'esprit une réflexion que j'ai lu à propos du carnaval en Allemagne. Cette réflexion était que dans les villes où il est très vivant « les intellectuels n'aiment pas le carnaval ». Je crois qu'il faut préciser : la plupart des intellectuels ou se prétendant tels quand ils sont élitistes n'aiment pas le carnaval. Quantité de textes que je n'ai pas collationné témoignent de leur mépris de la joie populaire, du peuple qui s'amuse. Selon eux, quand le carnaval « perd sa signification symbolique » il ne présenterait plus d'intérêt. On rejoint là aussi le puritanisme habituel qui veut voir dans la distraction populaire une perte de temps et d'argent des classes pauvres qui devraient plutôt « songer à travailler et épargner ». En résumé : seuls les riches auraient le droit de s'amuser et leur amusement serait digne d'exister. Voir aussi l'article « Fêtes des chrétiens » dans la Grande encyclopédie de Diderot et d'Alembert qui condamne la fête populaire et vante le travail qui lui est opposé. Ce texte préfigure l'interdiction de toutes les fêtes populaires traditionnelles françaises initiée en 1790.

On assiste aussi au XIXème siècle à la condamnation hypocrite du carnaval car « le peuple » à cette occasion se saoule... pas les riches. En fait, les uns et les autres picolent, mais les publicistes ne parlent que des premiers et oublient l'éthylisme des seconds. On lit également entre les lignes et pas seulement l'horreur des machos du XIXème siècle devant la liberté des femmes s'affirmant dans le Carnaval de Paris. Elles sont très déshabillées et parlent même à des hommes auxquels elles n'ont pas été présentées ! Les tenues féminines pour le Carnaval de Paris pouvaient être très dénudées. En témoigne le dessin ci-dessus montrant une table au célèbre bal masqué de l'Opéra. Ce document est extrait de L'Univers illustré du 20 mars 1879. Si on veut avoir une idée de la mentalité anti-festive des élitistes intellectuels ou prétendus tels, il suffit de voir le mépris affichés par certaines critiques de films drôles tels que « Ma femme s'appelle Maurice » ou « Le fabuleux destin d'Amélie Poulain ». A les lire, rire est un acte abominable. Alors, jeter des confettis !!!

Justement les confettis et serpentins furent pourchassés et interdits à Paris, et pas pour des raisons économiques. Pour empêcher les Parisiens de s'amuser. Mais il est rare que la haine de la fête populaire s'exprime sincèrement. Elle cherche toujours des prétextes. Ici ce fut l'hygiène, l'économie, la sauvegarde des arbres. A Munich, le cortège du Carnaval a été de facto interdit en arguant que le remplacement de certains tramways durant le Carnaval par des autobus devait être à la charge financière des organisateurs du Carnaval ! Il faut se rendre à l'évidence : nos « élites » auto-proclamées n'aiment pas la fête et le carnaval. En mars 1946, l'absence de soutien matériel au grand défilé de la Mi-Carême à Paris donnait l'occasion à un commentateur critique d'écrire que les officiels préfèrent les cérémonies funèbres et patriotiques.

Je me souviens ce que me disait en 1996 une responsable de la Fédération des porteurs de géants de Catalogne. Elle était venue avec une délégation au très beau colloque « Géants contre dragons en Wallonie et à Bruxelles » tenu au Musée de l'Homme à Paris. Entendant répéter à l'occasion de ce rassemblement qu'elle devait voir son travail scientifique « reconnu », elle réagissait ainsi : « mais notre but n'est pas d'être reconnu scientifiquement, mais de nous amuser ! »

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 août 2016

dimanche 21 août 2016

620 Comment bousiller une belle relation d'amour avec du sexe

Nous étions amis. Nous racontions plein de choses, y compris très intimes. N'étions pas amants. Ça a duré une année. Et puis nous avons fait la connerie de croire que c'était forcément sexuel entre nous. Après avoir dormi ensemble. Nous être caressé un peu et embrassé l'un l'autre, il allait falloir passer aux choses sérieuses. Mettre le truc dans le machin, secouer et envoyer la sauce. Mais, attention ! SIDA ! Alors test renforcé, attente, et enfin on passe aux exercices pratiques. Ils ont duré quatre ans et quatre mois. Se sont passés de plus en plus mal.

A la fin, le programme vespéral était le suivant : commencer à bander. Se précipiter pour introduire le tenon dans la mortaise avant que ça retombe. Puis ça retombe avant de terminer. De « conclure », comme ils disent. Et plainte de la dame : « tu vas trop vite ! » Réponse du conjoint : « mais si j'attends ça risque de retomber. »

Un secours médical est demandé. Entre deux spécialités pharmaceutiques, l'une commençant par un V l'autre par un C, on choisit la deuxième. Las ! Le vilebrequin veut bien se faire rigide grâce aux pilules miracles. Mais aucune sensibilité au niveau du bâton de berger !

Consultation d'un sexologue. Il propose : la centrifugation du sperme pour concentrer les spermatozoïdes. Entendant ma question : « mais avec la pharmacie il n'y a pas de sensibilité durant l'acte, que peut-on y faire ? » notre brillant spécialiste ès zizis joue la surdité.

Bref, au bout de quatre ans et quatre mois, c'est la rupture. Madame déclare qu'entre autres raisons elle n'a pas en moi un vrai amant mais juste un excellent colocataire. Pas de zizi, pas de vie à deux ! Elle rajeunit les cadres. Va voir ailleurs des zizis plus jeunes et plus bandants.

Tout ce psychodrame a reposé sur un malentendu : pourquoi quand un homme et une femme s'accorde sur dix mille points communs devraient-il y ajouter la zizis partie ? Où est-ce écrit ? Nulle part, ou plutôt dans un million de sites Internet. Voyez-vous, un homme et une femme ça forme, ça doit former « un couple ». Et le couple, formé de la brique masculine et de la brique féminine, ça se cimente avec du sperme et de la cyprine. Tout ceci au nom de « la Nature ».

« La Nature » a bon dos. Pourquoi la baise y serait-elle obligatoire ? Je regardais à l'instant un site Internet de conseils pseudo-médicaux donnés par des intervenants auréolés de leurs dix années d'études médicales. Selon ce site existerait « des pannes de désir ». En avant marche ! Compagnie de désireurs obligatoires ! Présentez... zizis !!! La baise devient ainsi une valeur. La valeur sinequanone qui valorise et légitime « le couple ».

Et si, au lieu d'affabuler ainsi nous nous serions dit, mon amie et moi : « nous sommes très amis, jusqu'aux bisous et câlins. Mais, au fond, avons-nous envie de mettre l'oiseau dans le nid ? »

J'ai posé la question à mon ex après notre séparation. Elle n'en avait jamais eu spécialement envie. Ni moi non plus, mais il fallait en passer par là, avons nous pensé. Pourquoi ? Parce que... nous étions un couple ! Avec ce mot en six lettres, les encouragements de l'entourage et nos zizis nous avons détruit une belle amitié.

Il a longtemps été question de « libérer la sexualité ». Certains ont bien plus justement estimés qu'il fallait « se libérer de la sexualité ». De cet ensemble de règles soi-disant impératives qui conduit à chercher le mélange des zizis, à cette fumisterie du bonheur obligatoire qui doit absolument passer par l'orgasme, l'éjaculation, et tutti quanti. Alors que la vérité est qu'on peut aimer sans baiser.

Basile, philosophe naïf, Paris le 21 août 2016

samedi 20 août 2016

619 Se tenant par la main, on se promenait au clair de lune...

Au Puy-en-Velay, il y a vingt ans, un retraité belge que j'avais rencontré durant mes vacances, regrettait le temps de sa jeunesse. Où, avec son amoureuse, il se promenait au clair de lune. Et ça lui suffisait.

Un truculent facteur parisien auquel j'évoquais il y a une dizaine d'années environ « les amoureux des bancs publics » chers à Brassens, s'exclamait : « mais ça c'est fini ! A présent, c'est au lit tout de suite ! »

Et un médecin ami me disait dégouté : « aujourd'hui, c'est la génération capotes. T'as des capotes ? »

Lui aussi regrettait le romantisme passé.

Notre époque, sous prétexte de « libérer la sexualité » en a fait une nouvelle contrainte. Il faut arriver à l'acte sexuel, sinon ce n'est pas de l'amour. Voilà le discours qui a remplacé les discours précédents. Et pour arriver « à conclure » tous les moyens sont bons : pressions, chantages et pour certains usage de la force.

Chez les femmes et les jeunes filles, la peur du viol est omniprésente. Mais il est de bon ton de ne jamais en parler. Or quoi de plus contraire à une relation, un échange, une complicité... que la peur ?

Peur moins grave aussi : celle de l'homme de « ne pas y arriver ». Mais arriver à quoi au juste ? L'acte sexuel est magnifié dans nombre de discours. Ce serait « la plus merveilleuse façon de communiquer ». Il suffirait de voir comment une femme fait l'amour pour la connaître, etc. Il existe toute une mythologie de la sexualité. Elle consiste essentiellement à justifier certains comportements et ignorer certaines réalités.

Tout ouvrage sur « la sexualité » devrait commencer par évoquer le harcèlement sexuel des femmes et l'insistance le plus souvent énervante et mal venue des hommes pour parvenir « à conclure ». Ce serait utile, car il ne s'agit pas ici de « la Nature », mais du résultat d'un conditionnement renforcé par une mauvaise éducation.

La masturbation adulte masculine qui détraque l'appétit sexuel des hommes est encensée. Sous prétexte qu'elle est agréable. Mais se saouler aussi est agréable, est-ce bien pour autant ? Et se masturber aussi ce serait bien car condamné par l'Église. Mais, l'Église a également condamné la guerre ou la torture. Est-ce que pour autant la guerre et la torture sont de bonnes choses ?

Quand on abandonne la masturbation et son adjuvant pornographique, en tous cas pour ce qui me concerne, on retrouve ce que j'ai baptisé « la naïveté amoureuse ». Celle-là même dont ce vieux Belge il y a vingt ans regrettait la disparition.

Plutôt que s'obstiner à ne regarder que dans les slips, voir la relation toute entière... qui n'exclut pas un jour de « faire l'amour », mais il n'y a pas que ça dans la vie.

Savoir apprécier les promenades à deux au clair de lune en se tenant par la main, sans chercher à en faire le prétexte pour « arriver à ses fins ». C'est une histoire qui m'a été raconté il y a une trentaine d'années par une sœur de la victime. En vacances celle-ci s'est promenée au clair de lune sur la plage avec son flirt... et ça s'est terminé par un viol. Dont elle n'a pas osé se plaindre ensuite.

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 août 2016

618 Le retour des érections du matin

Nous sommes aujourd'hui le 20 août 2016. Depuis un jour du mois d'avril que je n'ai pas noté, j'ai stoppé complètement la masturbation et la pornographie. Exceptée une brève rechute de trois ou quatre jours en mai, je tiens bon. Certains jours il est dur par moments de résister à l'envie de me masturber ou de regarder de la pornographie. Cette nuit j'ai même rêvé que je me masturbais. J'évite la pornographie, y compris quand je tombe par hasard dessus. Je passe alors rapidement et ne m'attarde pas sur des photos ou dessins plus ou moins pornographiques que je trouve sans les chercher sur des publications à priori non spécialisées dans la pornographie. Je suis soutenu dans mes efforts par la claire volonté de mettre un terme définitif chez moi à une addiction vieille de cinquante années qui dérangeait mon appétit sexuel. Et me rangeait dans l'immense troupeau des harceleurs masculins que les femmes fuient.

La masturbation masculine, qui est énormément pratiquée est un sujet tabou. Personne ou presque n'en parle. Et surtout pratiquement personne n'avoue la pratiquer. Elle est pourtant une chose très importante : l'origine de l'inconduite masculine à l'égard des femmes. Elle crée chez l'homme une faim sexuelle permanente et inassouvissable, qui se traduit par une agressivité sexuelle à l'égard des femmes. Cette agressivité peut aller jusqu'au viol, autre sujet très largement tabou. Très rares sont les femmes qui déclarent à un homme qu'elles ont été violées ou ont en général peur tout le temps que ça leur arrive. Qui dit femmes violées dit existence des violeurs. Il y en a. Ils sont nombreux. Je n'ai jamais entendu une seule fois un homme me dire qu'il avait violé. Pourtant j'ai certainement côtoyé des violeurs à diverses reprises. Peut-être parmi les rares hommes déjà plus très jeunes qui m'ont dit en passant s'être jadis « très mal conduit » avec les femmes.

J'arrive à présent à parler de la masturbation alors qu'il y a quelques semaines ça m'était encore pratiquement impossible. Les femmes à qui j'en ai parlé, sauf trois, comprennent et approuvent ma démarche. L'une d'elle m'a même demandé si c'était difficile pour moi de résister au retour de l'addiction masturbationnelle et pornographique.

J'ai écrit dans ce blog que l'arrêt de la masturbation amenait des changement physiologiques. Il s'agit du retour des érections du matin. Je n'en avais pratiquement plus aucune depuis un certain temps.

Un autre phénomène consécutif selon moi à l'arrêt de l'addiction à la masturbation et la pornographie est le retour de la naïveté amoureuse, l'accord avec la sensibilité féminine. L'appréciation de ces petits riens qui font la joie de la compagnie féminine : un mot échangé, un compliment, une pensée, un instant de complicité qui remplit tout l'espace entre deux cœurs. Ce phénomène psychologique est plutôt impressionnant. Retrouver sa fraicheur d'enfant me fait même un peu peur eut égard au souvenir des douloureuses gamelles sentimentales jadis vécues. Mais je crois que finalement il n'y a pas à avoir peur de ce réveil de ma sensibilité enfouie et anesthésiée durant des décennies par une pratique addictionnelle relevant de l'endorphinomanie.

J'ai remarqué aussi que mon regard change. Je ne regarde plus les jolies filles dans le métro comme avant. Avant, sans réaliser ce à quoi je pouvais ressembler à leurs yeux, je les dévorais littéralement du regard. Elles devaient en ressentir un malaise. Me prendre pour un obsédé dragueur que je n'ai jamais été. A présent, je les regarde sans plus. Je perçois aussi ô combien la bêtise de la morale dominante. Elle prétend que le désir mécanique existe. Si on bande ça signifierait qu'on a envie de baiser. C'est faux. Et comme baiser serait délicieux comme manger un gros gâteau au chocolat, l'idéal à atteindre serait de manger trente ou quarante gros gâteaux au chocolat chaque jour. Quelle ânerie. Et comme il est évident qu'un tel projet est absurde, odieux, stupide et irréalisable !

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 août 2016