La différence entre les
convictions et les croyances est que les premières reposent sur des
raisonnements, des informations, et les secondes reposent sur des
sentiments plus que sur des faits. Il n'est pas rare que des gens
prennent leurs croyances pour des convictions. Ainsi par exemple
nombre de gens considèrent que l'homme est une sorte de dieu qui
échappe à une définition animale. Ils vont même dire que l'homme
« bien sûr est un animal », mais... en fait il n'en est
pas un. C'est un moyen facile d'éviter de se poser des questions sur
la conduite et l'inconduite humaines.
En politique, certains
leaders font figure aux yeux de leurs admirateurs d'êtres supérieurs
et plus tout à fait humains. Ces admirateurs font penser aux adeptes
d'une religion. J'en vois qui croient en un leader parce qu'ils ont
besoin de croire et d'y croire. Ils vont affirmer des choses
impossible à prouver parce qu'ils veulent que la réalité soit ça.
Ainsi, une femme politique déclarait récemment à propos d'un
leader qu'elle supportait que celui-ci « ne pouvait pas
trahir ». Elle l'affirmait... parce qu'elle avait besoin d'y
croire. Il s'agit là d'une croyance, pas d'une conviction. Personne
parmi les leaders politiques n'est garanti contre le retournement de
veste.
Une cause bonne ou pas
peut être l'objet d'une démarche croyante. On finit alors par se
dévouer pour elle au delà du raisonnable. On est passé au
déraisonnable sans presque s'en rendre compte. Et ceux qui regardent
peuvent approuver bruyamment, les conseilleurs ne sont pas les
payeurs.
Un domaine ou sévit la
croyance est celui dit « de l'amour ». Vouloir vivre avec
quelqu'un relève souvent de la croyance. On ne connaît pas tant que
ça l'autre. Mais on veut croire qu'on sera bien ensemble avec lui
sous le même toit, parce qu'on a besoin d'y croire. Ceux qui
applaudissent ont aussi besoin d'y croire. Et c'est ainsi que bien
des malentendus s'installent et durent ensuite plus ou moins
longtemps.
Hier j'apercevais un
grand mariage avec plein de gens sortant d'une église de mon
quartier. Les invités à cette cérémonie croyaient sans doute à
cette union. Pourtant on sait que statistiquement à Paris de nos
jours un mariage sur deux finit par un divorce. Qu'importe !
Durant le temps d'un après-midi de fête, empressons-nous de croire
et oublions la dure réalité.
J'ai connut un jeune
homme à qui je posais un jour la question : « crois-tu au
mariage ? » Il m'a répondu catégoriquement non. J'ai
voulu savoir l'origine d'une telle conviction. Il m'a expliqué que
son père était avocat. Et qu'il avait entendu des dizaines de fois
des clients de son père qui venaient le voir pour divorcer. Alors,
il ne croyait plus au mariage.
Le mariage, qui est à
l'origine un sacrement religieux, a réussi à devenir un sacrement
laïque. Quand le maire dit aux nouveaux mariés : « je
vous déclare unis par les liens du mariage », on est en droit
de s'interroger. De quoi ces liens sont-ils faits ? Sont-ils en
chanvre, en nylon, en laine, en métal ?
Je n'ai rien contre le
mariage, et rien pour non plus. Par contre je ne souscris pas à
l'idée que signer un registre à deux avec des témoins change
fondamentalement la nature de la relation. J'ai connu des personnes
célibataires à vie ou divorcées qui ne juraient que par le
mariage... des autres !
Certains, se croyant très
malins, ne jurent que par leur non mariage. Ils font tout comme des
mariés, mais se croient différents d'eux parce qu'ils ne sont pas
« passés devant Monsieur le maire. » J'ai failli me
marier. La demoiselle ayant changé d'avis, ça ne m'est finalement
pas arrivé. Si c'était arrivé, je n'en serais pas mort.
L'essentiel est de rester toujours, quoi qu'il arrive, le plus
sincère et authentique possible.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 2 juillet 2017
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire