mercredi 14 juillet 2021

1491 Rémy l'amoureux du violoncelle

Quand Rémy de ses mains

Honore son violoncelle,

il ne joue pas de son instrument,

Il caresse son amoureuse

Avec un tendre archet

Expression de son cœur.

De sa belle fiancée

Monte et se déroule avec douceur

Un chant mélodieux

Qui donne le frisson

Et s'envole vers les cieux

Où les écoutent avec ferveur

La symphonie des anges musiciens

Et les âmes de Jean-Sébastien Bach,

Felix Mendelssohn,

Wolfgang Amadeus Mozart,

Philippe Musart,

Joseph Martin Kraus

Et Émile Waldteufel,

Tous brillants compositeurs

Toujours célèbres

Ou très injustement oubliés

Et pas encore redécouverts.

Avec eux jouant du rebec

Le grand Jean-Baptiste Tolbecque

Belge de naissance,

Qui séduisit les Parisiens

Au bal du théâtre de la Renaissance

Avec quarante tambours

Et un orchestre

Qui leur joua Le Galop des tambours,

Auquel Philippe Musard répondit

Avec son Galop des trompettes.

Rémy, tu as caressé mes oreilles

Avec les chansons immortelles

Entonnées par ta gracieuse fiancée

De bois verni.

Tu parcours l'Europe

Pour vanter le violoncelle,

Reçois ce poème

En qualité de témoignage

D'amour de la musique,

D'estime et d'amitié.

La poésie,

C'est la musique des sons,

La musique,

C'est la poésie des sons.

Toi, musicien,

Moi, poète,

Nous sommes attelés au même chariot

De l'amour, l'harmonie des cœurs,

L'amitié et la douceur.

Toi, le jeune et beau Rémy,

Avec ta chevelure romantique

Et tes yeux magnifiques,

A la personnalité pure,

Idéaliste, passionnée et sans taches,

Qu'elle soit toujours ainsi

Et nous serons toujours amis.


Basile philosophe naïf

Paris, le 11 juillet 2021

mardi 13 juillet 2021

1490 Amour contrarié

J'avais vingt-six ans.

Étudiant aux Beaux-Arts,

Un mois j'ai été

Gardien au musée du Louvre.

A l'époque, un gardien

Etait affecté à la célébrité grecque,

La Vénus de Milo.

Or, un jour,

Devant s'absenter un instant,

Ce gardien m'a fait une demande :

De le remplacer

Comme seul gardien de la dame.

Me voilà au milieu de sa foule vénérante,

Je remarquais un vieux Japonais,

Aveugle, charmant et très souriant,

Pris en photo avec la vedette.

Je me suis dit :

Je n'ai jamais étudié cette fameuse statue.

Profitons-en pour la détailler.

Aussitôt dit, aussitôt fait.

Mais à mon arrivée au musée

On m'a bien dit :

« Vous ne regardez pas les œuvres,

Vous observez les visiteurs. »

A cette heure, j'en devenais un

Et oubliais d'être du musée

Le dévoué, fidèle et attentif serviteur.

Ce qui devait fatalement arriver arriva.

Passe non loin de moi

Le grand chef surveillant,

Que nous appelions Pinochet,

Du fait de ses fonctions

Et ses lunettes noires

Rappelant une durissime photo du dictateur.

Pinochet m'ayant vu plongé

Dans ma contemplation avide, béate, torride,

Amoureuse, antique et marmoréenne,

N'a fait ni une, ni deux.

Il m'a dépêché un de ses subordonnés,

Qui, fendant la foule,

Troublant ma contemplation,

M'apostrophant ainsi,

A bout portant et sèchement

M'a soufflé dans le nez :

« Dis-donc, jeune homme,

Vous surveillez la Vénus,

Ou vous surveillez les gens ? »

Me faire engueuler

Pour avoir admiré

La célébrissime et bellissime Vénus de Milo !

Quarante-quatre ans après cet instant,

Unique et sans précédent,

Rien que de penser

A cette admonestation,

De stupéfaction les bras m'en tombent !

Cette disputation a contrarié

Mon amour naissant et effréné

Pour la belle demoiselle.

Sans cela nous aurions probablement

Convolé en justes noces,

Et aurions eu beaucoup d'enfants !


Basile philosophe naïf

Paris, le 13 juillet 2021

jeudi 8 juillet 2021

1489 Paradoxes, délire pachkovien

Une jeune et belle femme

Marche dans la rue des Thermopyles.

Elle me dépasse et offre à ma vue,

Ou plutôt ma vue est attirée

Par deux rotondités jumelles

Offertes à mon regard,

Caresses des yeux,

Beauté inimitable de la Nature !

L’œuvre du poète le plus valeureux

N'est qu'un gribouillis de taches d'encre

Projeté par un cancre

Sur une feuille de mauvais papier

Comparée à l’œuvre de Dieu !

Dans la Grande galerie du musée du Louvre,

Aux murs grouillants de chefs d’œuvres de la peinture,

Que valent ces morceaux de toile

Et ces bouts de bois

Barbouillés de couleurs

Comparée à la beauté simple

Et naturelle

D'une jolie fille qui leur passe devant


Sans même les regarder ?

Rien ! Ou presque pratiquement rien.

Un célèbre codex de Léonard de Vinci

Vit ses premières  pages utilisées

Pour emballer des harengs.

On s'étonne, on s'indigne,

Mais pourquoi ne parle-t-on jamais

De la beauté de celle qui les emballait ainsi ?

Ni du bon goût des harengs ?

Et, à tout prendre,

Préférez-vous emporter naufragé

Une caisse de harengs

Ou un manuscrit de Léonard de Vinci ?

Mais pourquoi peut-on dire à une femme

Inconnue ou peu connue,

Qu'elle a un joli visage,

Une belle allure,

Une harmonieuse chevelure,

De belles mains,

Une belle présence,

Mais pourquoi on ne peut pas lui dire,

Sans paraître louche, lourd, obscène

Qu'elle a de très jolis seins

Ou un très beau

Représentant

De la dix-septième lettre de l'alphabet,

Qui fait huit points au scrabble ?

Un jour d'été, il y a des année,

Dans une fête en Savoie,

Mon regard fut attiré

Par une jeune et très jolie femme.

Le bas de son corps

Était revêtu d'un collant,

Il était en laine grise

Et moulait parfaitement et soulignait

une partie de son anatomie

Que je ne nommerais pas ici.

Le grand peintre Gustave Courbet

Aurait été enchanté

De vous avoir comme modèle

Pour son célèbre tableau  L'origine du monde.

Vous me voyez apostropher ainsi

Une dame que je ne connais pas ?

Qui plus est, devant un proche,

Frère, amant ou fiancé ?

Bien sûr que non, c'est évident !

Mais quand enfin prendra fin

Toute cette hypocrisie ?

Enfin, pour finir sur une note savoureuse :

Il y a plus de quarante ans,

Un gardien me l'a raconté,

Un groupe de joyeux gardiens du Louvre

Réveillonnait le soir de Noël

Dans la salle des Rubens et des Van Dick,

Quand, malencontreusement réchauffée fermée,

Une boite de cassoulet explose

Maculant de sauce, haricots blancs et charcutailles

Les chefs d’œuvres présents,

Qui assistaient aux agapes

Sans pouvoir y participer.

Vite ! Armés de torchons et de mouchoirs,

Les gardiens effacent les dégâts.

Une saucisse est récupérée

En haut d'un grand et très beau cadre doré.

Les conservateurs du musée

N'en ont rien su.

Je propose que cette salle

Soit rebaptisée

Salle du cassoulet

Ou

Salle de la saucisse perdue.

Ne trouvez-vous pas

Ce nom bien savoureux ?


Basile philosophe naïf

Paris, le 8 juillet 2021


lundi 5 juillet 2021

1488 Le temple de Lia

Certains adorateurs de la beauté,

Dans la très lointaine Antiquité,

Comptaient que resplendissaient

Sept Merveilles du Monde,

Dont le temple d'Artémis, à Éphèse,

Qui fut brûlé par Erostrate

Qui comptait ainsi

Voir son nom inscrit dans l'Histoire.

Moi, qui suis poète

J'ai le grand devoir de vous annoncer

Que la huitième et la plus belle

Des Merveilles du Monde,

C'est la femme

Dans ses millions de facettes.

Quand je te vois, Lia,

Foudroyé par ta beauté,

Terrassé par ta grâce

Et ton regard divin,

Je m'incline et m'agenouille face à cet astre vivant

Qui illumine et embellit le firmament !

Heureux celui ou celle

Qui a l'honneur et le privilège

De pouvoir te serrer

Dans ses bras !

Sœur, époux, fiancé, maman !

La femme est un temple

Où nous crions notre adoration !

Restez parfaites en harmonie !

Et à toi Lia, que j'aime poétiquement,

De loin et en rêve, mille câlins et baisers poétiques

Et imaginaires, comme le parfum des fleurs à l'aurore du septième jour

Et le scintillement des comètes caressant les étoiles dans le ciel limpide,

Enchanté par ce poème témoignage de mon inconditionnelle adoration.


Basile philosophe adorateur

Paris, le 5 juillet 2021

1487 Vietnam, de la nuit au matin

Vietnam,

Il y a bien des années

C'était pour moi des noms :

Les bases américaines

De Binh Hoa et Da Nang,

La piste Ho Chi Minh,

Le pont de Ham Rong,

L'offensive du Têt,

Les bombardements

De Hanoï et Haïphong,

La bataille de Dien Bien Phu,

Et encore des noms :

Ho Chi Minh, Giap, Robert Capa*,

Mac Namara, Kissinger...

Et aussi un livre américain de photos :

War without heroes,

« Guerre sans héros ».

Un pays transformé

En champ de bataille

Et d'expériences militaires,

Agent orange, bombes goyaves

Et bruits d'hélicoptères.

Vietnam,

Tu étais pour moi

La guerre, la guerre, la guerre,

La mort, la mort, la mort,

La misère, la misère, la misère.

Et puis tu es devenu,

Nouveau chapitre lamentable,

La tragédie en mer de Chine,

La fuite, les boat people.

Et quelques temps après

Un nouveau visage de l'émigration,

Echo assourdi de la guerre.

Tiens ! La caissière du supermarché parisien

N'est pas marocaine, algérienne,

Française ou africaine,

Elle est... vietnamienne !

Et voilà le treizième

Et le dix-neuvième arrondissements de Paris

Devenus ses quartiers chinois,

Tang frères, restaus pas chers,

Soupes pho, et spécialités orientales...

Le défilé des dragons du nouvel an chinois

Qui déboule à Paris...

Je mélange un peu ici

Deux émigrations :

De Chine et du Vietnam,

Leurs émigrés très discrets

Et leurs élèves

Très doués à l'école.

Le bruit de la guerre s'est apaisé.

Plus personne à Paris

Ne parle aujourd'hui, à la télé,

De la douloureuse mer de Chine,

De la piste Ho Chi Minh,

Et du dix-septième parallèle.

Vietnam, tu es devenue

Par ton émigration forcée

Une des beautés

Et des richesses de la France,

Et voilà que tu es devenue,

Par une soirée enchantée

Sous le ciel de Paris

Une rencontre

Celle de Ly

Et son ami Fifi,

Images exaltantes

De la beauté,

De la poésie

Et de l'amour.

Sonnez fanfares

Et trompettes

Pour saluer

Ly et Fifi !

Ly et sa digne

Et honorable mère

Que nous aurons

Le plaisir de rencontrer

Et saluer demain mardi.

Vietnam, tu es devenue

Source d'amour et de poésie.

Vive Fifi et Ly !


Basile philosophe naïf

Paris, le 5 juillet 2021


*Robert Capa : le plus célèbre des photographes de guerre. Victime de celle-ci en 1954.