dimanche 28 avril 2013

100 A propos du « retour à la Nature »

Comme beaucoup de problèmes sont visibles, on nous propose quelquefois pour les résoudre « le retour à la Nature ».

Mais, quelle Nature et comment y retourner ?

La Nature c'est, par exemple, vivre nu.

Suivons donc la Nature.

Sortons nu à Paris dans la rue.

Nous risquons alors quelques ennuis.

Admettons que non. Personne ne vient interrompre notre balade adamique par les rues de Paris.

Mais, marcher pieds nus à Paris expose à quelques ennuis.

En effet, par milliers, chiens de toutes tailles et races honorent les trottoirs de leurs odorants présents.

Même nettoyés par les balayeurs de la ville, le trottoir n'est pas propre.

A marcher pieds nus nous risquons d'attraper mycoses et autres problèmes.

Si le soleil est ardent, la brulure de celui-ci nous menace. Comment l'éviter ?

Il faut commencer à arpenter nu les rues en hiver. Pour progressivement bronzer et éviter les problèmes avec le soleil.

Mais nous ne sommes plus ainsi habitués au froid. Si nous commençons nos balades en tenue très légère en hiver, nous aurons vite fait d'attraper une broncho-pneumonie.

Pour échapper à la mort, les antibiotiques seront indispensables.

Mais, prendre des antibiotiques pharmaceutiques est contre-nature.

Alors, nous aurons le choix : trahir la Nature ou mourir.

Si nous avons faim et passons devant un éventaire de fruits et légumes, suivre la Nature consistera alors à nous servir. Sans payer, bien sûr.

Si alors quelqu'un nous ennuie, par exemple un employé du magasin, suivre la Nature consistera à lui claquer une baffe. D'autres ennuis seront alors possible.

On peut continuer ainsi le parcours et voir comment ça se passe. En fait, le « retour à la Nature » est un mensonge et une belle farce.

En revanche, chercher la Nature en nous peut nous aider à nous rapprocher de notre authenticité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 avril 2013

99 La religieuse et la prostituée privée

Il est courant d'entendre dire qu'il est autant dire impossible que s'établisse une relation d'amitié entre un homme et une femme. Même si cela n'est pas toujours forcément vrai, ce propos illustre la fréquente difficulté pour que s'établisse une telle relation. Mais, en quoi consiste cette difficulté ?

Pour que s'établisse une relation sympathique entre deux individus, animaux d'une même espèce, trois facteurs indispensables interviennent : voir, toucher, être libre de faire ce qu'on veut, dans la mesure où, bien sûr, on n'empiète pas sur la liberté de l'autre. Qu'en est-il s'agissant des humains ?

La société que je connais et où je vis, c'est-à-dire française et parisienne, ne permet pas, le plus souvent, de voir l'autre. Et en être vu. Pour la simple raison que nous sommes habillés en permanence. Et si le temps est y compris caniculaire, nous portons toujours quelque chose sur nous en présence de la plupart des autres. En clair, la nudité publique est prohibée et interdite. Cet interdit auquel nous sommes habitués est totalement contre-nature, qu'il plaise ou non.

Le toucher est également réglementé et le plus souvent interdit, excepté des touchers ritualisés, peu chaleureux et très limités. Tels que se serrer la main, claquer une bise.

Enfin, la liberté d'agir n'existe pas, quand bien-même on voudrait respecter la liberté de l'autre.

Vous voyez-vous dans le métro demander poliment à une personne inconnue : « excusez-moi, mademoiselle, me permettez-vous de passer ma main dans vos cheveux ? » ou encore : « pardon monsieur, puis-je vous caresser doucement la joue ? »

La seule intention exprimée est aussi mal venue. Dire à une inconnue : « mademoiselle, j'aurais bien aimé vous caresser la tête, car vous avez de bien jolis cheveux » ou encore : « monsieur, votre visage si fin et régulier, votre peau impeccable me donnent l'envie de vous caresser la joue ».

Ces interdits sont y compris niés alors qu'ils existent bel et bien. Certains vont les nier en proclamant que : « bien évidemment je n'ai envie de câliner que des personnes très proches », ou encore : « avec les câlins, je n'ai aucun problème ».

On le voit, la culture dominante nie la liberté du toucher. Au nom de quoi et en échange de quoi le fait-elle ?

S'agissant des femmes, elles ont le choix entre deux rôles, deux constructions d'origine culturelle, qui représentent les deux faces d'une unique médaille : la religieuse et la prostituée privée.

La religieuse est intouchable, sacrée. On ne la touche pas. Ne l'effleure pas. Ne la voit jamais nue, même en imagination. Elle est « sérieuse », donc distante.

Sinon, l'autre rôle est celui de la prostituée privée. Son devoir est de se montrer nue à l'homme unique auquel « elle appartient ». Elle doit l'exciter sexuellement. Souhaiter, au moins en apparence, et accepter son « hommage », c'est-à-dire la pénétration de son pénis.

Est-elle payée pour cela ? Oui et non, car elle peut gagner sa vie aussi par un travail. Mais l'homme, lui, est tenu d'être solvable pour compenser l'absence de rémunération du travail domestique fourni par la femme. Si vous êtes sans situation, pauvre, berger ou artiste, essayez de vous marier ! Vous verrez comment vous serez accueilli par la gente féminine désintéressée !

Bien sûr, il existe des exceptions qui, comme on le sait, confirme la règle. Elle dure depuis la nuit des temps. Ce qui ne signifie pas qu'elle est éternelle.

Quand j'étais enfant, dans les années 1960, à Paris, la société était infiniment plus puritaine qu'aujourd'hui. Je parle des apparences. Car le fond, lui, n'a pas changé. On ne voyait pas une profusion omniprésente de nudités féminines étalées à des fins publicitaires ou pornographiques. Cependant, une chose m'a beaucoup frappé. Quand je traversais avec ma mère les grands magasins ou leurs équivalents plus petits : les uniprix ou monoprix, nous passions devant le rayon de la lingerie féminine. A quoi bon tout cet attirail raffiné qu'en principe les vêtements cachent ?

Pour la simple raison, qu'il sert à exciter les hommes pour qu'ils accomplissent leur « devoir » !

Et je ne parle pas de la lingerie érotique, qui existe aussi.

Il y a peu de temps, je rencontrais brièvement une jolie jeune fille. Elle m'a chanté des chansons, et m'a beaucoup souri. Nos chemins se sont croisés. Et il est fort possible qu'on ne se revoit pas. Pourtant elle était très agréable et sympathique et paraissait m'apprécier. Pourquoi alors cette relation a avorté ? Pour les raisons culturelles que j'ai analysé plus haut.

Si nous avions été deux singes à l'état de nature, après avoir sympathisé, nous aurions eu des gestes de tendresse. J'aurais pu, par exemple, lui caresser les cheveux. Là, dans notre société soi-disant évolué, c'est impossible.

On se regarde. On sympathise. Oui, mais, seuls deux rôles sont possible pour la jolie fille : la religieuse ou la prostituée privée.

Religieuse elle est et reste alors. Et le rôle de la prostituée, appréciez la sophistication du piège, ne correspond pas non plus à une vraie relation. Car la relation à l'ordre du jour n'est rigoureusement pas celle que nous baptisons sexuelle et qui a pour objectif l'accouplement. La relation potentielle et authentique est de l'ordre des câlins : passer la main dans les cheveux de l'autre, par exemple.

Mais, ce geste plein et entier, cet instant précieux et pleinement vécu, est interprété par notre société malade et obsédée comme une « avance sexuelle ». Alors, que se passe-t-il entre nous ? Rien, ou presque : on se sourit de loin et on se quitte sans s'être connu plus qu'un bref moment partagé.

Si l'amitié entre femme et homme est presque impossible à vivre, c'est parce qu'en fait elle est interdite.

Très récemment, un professeur anglais âgé d'une trentaine d'années a quitté femme, enfants, emploi, pays, pour fuir en France en compagnie de son amie, âgée de dix-sept ans.

Sur demande des autorités britanniques, il a été arrêté en France et livré à la justice de son pays. Pourquoi ? Parce qu'en Grande-Bretagne cette relation est interdite. En France, elle est autorisée. Mais la demande britannique basée sur les lois de la Grande Bretagne a été suivie par les autorités françaises.

Bien peu s'en sont ému. Même certains ont applaudi. Si l'amour entre humains de sexes différents est malmené à ce point, dans l'indifférence quasi-générale, comment voulez-vous que l'amitié entre humains de sexes différents se porte bien et prospère ?

Comprendre ces choses c'est déjà commencer à les changer.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 avril 2013

mercredi 17 avril 2013

98 Situation des câlins

Il est probable que le club de free hugs intéresse les femmes, car ce sont les premières à souffrir de la proscription des câlins causée par l'hégémonie abusive de la sexualité dans le domaine câlinique.

Tout à l'heure je me promenais dans une petite rue de mon quartier. Un père de famille me dépasse, accompagné de ses deux enfants. Un petit garçon âgé de six ou sept ans marche à son côté. Une petite fille de trois ou quatre ans suit derrière. Elle s'arrête devant moi, me regarde, sourit, dit « salut ». Puis cours rejoindre son père et son frère quelques mètres devant moi. C'était charmant.

Qu'est-ce qui empêche les jeunes filles, les femmes à être comme cette fillette ? Réponse : l'hégémonie stupide et ridicule de la sexualité qui n'empêche pas que les câlins, mais les relations en général, et pas que entre filles et garçons. Et qui finalement perturbe et empêche très souvent y compris la sexualité.

J'observais il y a quelques jours une jeune femme dans le métro. Il y avait beaucoup de monde. Elle était assise presque en face de moi. Tout le long du trajet, sur au moins une dizaine de stations, elle est restée rigoureusement immobile. Assise tout au fond de son siège, bien en arrière, collée au dossier. Son regard fixe tourné vers la vitre. Elle observait les gens dans le reflet, à la façon des enfants. Toute son attitude respirait la peur. Peur de quoi ? Une hypothèse très vraisemblable : peur d'être abordée, accostée, enquiquinée par un homme, un dragueur. Car elle était très jolie.

On dira peut-être que j'exagère. Je ne le pense pas.

Il y a cinq ans environ je connaissais une très jolie jeune fille qui habitait la banlieue sud de Paris et se rendait régulièrement à Paris pour ses études. Elle m'a raconté que, à chaque fois qu'elle s'y rendait par les transports en commun, il y avait au moins trois ou quatre fois dans la journée des jeunes gens qui tentaient de l'aborder. Ils s'y prenaient tous de la même façon : « Mademoiselle ! Mademoiselle ! » disaient-ils pour attirer son attention. Pour les neutraliser elle écoutait distraitement les sornettes qu'ils débitaient ensuite et s'en débarrassait avec douceur. Toutes les filles n'ont pas cette aisance pour réagir aux importuns. Et alors elles ont peur.

Une amie m'a évoqué dernièrement le même genre d'ennuyeux, mais dans un cadre plus général. Elle m'a dit que ce qui l'avait dérangé, c'est que systématiquement, dès qu'elle a eu treize ou quatorze ans, tous les garçons de son entourage cherchaient quelque chose. Et visiblement, allant vers elle, avaient toujours une idée derrière la tête, un calcul pour y arriver. C'était embêtant.

Ce n'est pas le sexe qui la dérangeait, mais le comportement intéressé et peu sincère des garçons. Leur incapacité à entretenir une relation avec une fille sans la réduire à une cible.

Il n'y a pas que les filles qui peuvent ainsi être niées. Ça peut également arriver aux garçons.

J'observais il y a quelques années une scène curieuse via Po, une grande avenue de Turin. Un très jeune homme et une très jeune fille qui évoluaient dans cette artère de la ville. La fille harcelait littéralement le garçon en cherchant à l'embrasser. Lui, essayait maladroitement de se dérober sans oser l'envoyer balader. On aurait dit une scène classique où une jeune fille se fait embêter par un dragueur lourd. Sauf qu'ici les rôles étaient inversés,. Et l'enquiquiné n'était pas la fille, mais le garçon.

J'ai connu de près un autre cas dans ce genre. Un jeune homme très beau qui était littéralement pourchassé par au moins une jeune et jolie fille qui allait jusqu'à monter la garde en bas de son immeuble en espérant ainsi parvenir à lui fondre dessus quand il rentrerait ou sortirait de chez lui. Ce jeune homme souffrait visiblement beaucoup de cette situation. Quelques temps après il a carrément arrêté de fréquenter les jeunes filles et s'est mis en couple avec un garçon. En quelle mesure ce changement résultait de ce qu'il vivait auparavant dans le domaine sentimental avec les filles, je n'en sais rien.

Quand j'avais onze ans, j'étais très timide. Et n'allant pas à l'école n'avais aucun ami de mon âge. Mes parents avaient une amie américaine prénommée Dorothée. Elle est arrivée un jour avec une fillette américaine légèrement plus âgée que moi, Aprile. Celle-ci, plutôt entreprenante et dégourdie, tout le temps de sa visite dans ma famille, m'a littéralement couru après, cherchant systématiquement à m'embrasser sur la bouche. Ce qui me gênait horriblement. Toute la famille et Dorothée observaient et riaient beaucoup. En fait, cette fillette était très mal élevée. Mais personne n'a pensé à la remettre à sa place.

Cela se passait au début des années 1960. Depuis, le monde n'a pas beaucoup changé dans ses fondements, mais superficiellement. Le sexe est toujours présenté comme omniprésent, y compris là où il n'a rien à faire.

Dernièrement j'entendais parler de la proposition d'organiser officiellement en France un corps de prostitués thérapeutiques chargés de satisfaire sexuellement les handicapés. Je pense qu'il s'agit d'une monumentale erreur.

Tout d'abord, si j'étais handicapé je trouverais extrêmement humiliant et démoralisant, insultant même, qu'on me déclare qu'en amour je ne peux pas espérer autre chose que « baiser avec des putes fournies par l'État ». Appelons les choses par leur nom. Ensuite la vraie question est d'abord à mon avis celle des câlins et pas de l'acte sexuel. Les gens qui proposent de créer une prostitution de confort pour les handicapés ne comprennent rien à la vie, y compris leur vie à eux-mêmes.

J'ai lu que là où la prostitution à destination des handicapés existe déjà et est légale, comme aux Pays-Bas, certains handicapés ont droit juste à des caresses, pas à l'acte sexuel. Le commentateur de cette information affirmait que c'était sexuel. En fait il n'y comprend rien. Les câlins ne sont pas et n'ont jamais été sexuels. Ils forment un aspect des relations entre les humains et aussi des humains avec les chats, les chiens, les chevaux, etc.

Les millions de personnes qui, en France, ont un chat ou un chien à la maison le savent bien.

Les chats et les chiens remplacent bien souvent l'amour que les humains abusés par leur culture dominante stupide se retrouvent incapables de donner, recevoir, partager.

Notre société empêche les relations entre les gens, de par les idées qui la dominent. Idées qu'on a vu servir de modèle pour les femmes au cours de ces dernières décennies. S'émanciper, c'était soi-disant faire comme les hommes. Pourquoi ceux-ci devraient-ils servir de modèles ? C'est là leur reconnaître une supériorité sur les femmes. On a vu ainsi les femmes en masse se mettre à fumer autant que les hommes et rattraper ces derniers dans le domaine du cancer et autres maladies causées par le tabac. Et draguer, comme les hommes. Autre erreur, au lieu de développer d'autres relations plus respectueuses des êtres, plus authentiques et chaleureuses. L'émancipation de la femme ne consiste pas à imiter l'homme dans ce qu'il fait de stupide et détestable, comme fumer et draguer. Ne pas fumer, aimer et câliner c'est mieux. Ce qui n'interdit pas le sexe, mais en son lieu et à sa place. Sans qu'il occupe tout d'espace ou presque dans la relation humaine adulte. Les clubs de free hugs représente l'avenir des relations humaines débarrassées des scories du passé.

Basile, philosophe naïf, Paris le 17 avril 2013

lundi 15 avril 2013

97 Créer des clubs de Free Hugs

Dans un cours de cuisine que je fréquente viennent en tout deux hommes dont moi et une demi-douzaine de dames. Récemment, l'une d'elles, Thérèse (j'ai modifié le prénom), soupire : « j'ai besoin de câlins ». Elle est retraitée. Veuve ou divorcée, je ne sais plus exactement et vit seule. Elle a un petit fils. Mais il n'est pas câlin comme elle le souhaiterait.

Je me suis approché de Thérèse. L'ai prise dans mes bras. Elle m'a pris dans ses bras. Ça nous a fait du bien à tous les deux. Il n'y avait rien d'ambigu entre nous. Je lui ai un peu caressé le dos. Et elle m'a un peu caressé les bras en répétant qu'elle manque de câlins.

Par la suite le groupe en a un peu parlé. L'animatrice très sympathique, Louisette (j'ai modifié le prénom), a évoqué les « free hugs ».

J'ai été me renseigner à leur sujet sur Internet. Ce mouvement est prosélyte. Et d'une certaine façon cherche modestement à « changer le monde ». En brandissant des pancartes et allant vers les autres pour leur faire des câlins.

J'étudie depuis vingt-sept ans le problème de la carence tactile chez les humains adultes sans lui trouver une solution. C'est un problème omniprésent et très ancien. Et je n'ai pas envie d'essayer d'aider l'Humanité toute entière à remédier à son incapacité tactile notoire. Je n'en ai ni la force, ni la vocation.

Notre culture associe systématiquement le contact physique entre adultes à la recherche de l'acte sexuel. Résultat, la plupart des contacts physiques chaleureux sont empêchés, impossible, même les plus timides et discrets. Prendre la main. Caresser la tête. Effleurer. Toucher à peine l'autre, par exemple. L'Humanité est malade. Je ne suis pas son psychiatre. Et j'ai renoncé à chercher à l'améliorer dans le domaine des câlins, même si j'en parle.

En revanche il m'est venu une idée. Et si, au lieu, comme les free hugs, de me préoccuper de l'Humanité toute entière, je participais juste à un groupe ?

Passer de la « campagne free hugs » au « club free hugs ». L'idée est peut-être erronée. Mais elle me paraît intéressante à creuser.

J'ai rédigé en ce sens un petit texte. Dans celui-ci j'ai indiqué que « Pour faire partie du groupe il faut être majeur. » La raison en est très simple. Si demain se créent des clubs de Free Hugs on verra des gens vouloir y adhérer. Et ne pas être admis. Soit parce qu'on ne les connait pas. Soit parce qu'on est déjà 12. Soit justement parce qu'on les connait. Certains des refusés se diront qu'on veut leur cacher quelque chose. L'imagination aidant, ils pourront en conclure qu'on leur interdit l'entrée de lieux de débauche horrible.

Ils vont propager ces âneries. Tant qu'elles concernent seulement des adultes, ce n'est pas trop important. Mais si nous admettons comme membres du club des mineurs, de tels propos peuvent être la source de sérieux ennuis.

Statuts-type proposé pour un groupe de
Free Hugs (Câlins Gratuits),
autrement nommé :
Club de Free Hugs

1 – But

Le but du groupe est l'échange libre, bénévole et gratuit de câlins sans but sexuel

Précisions sur le but : le mot « sexuel » est utilisé ici dans le sens de « recherche de l'acte sexuel ».

Les groupes de free hugs existant mènent une sorte de campagne publique pour les câlins gratuits. Leur but est, au moins en partie, la propagande.

Cette démarche apparaît pleine de généreuses et bonnes intentions.

Cependant, notre groupe agit autrement. Il ne cherche pas à aller vers les autres, mais à aller vers nous-mêmes.


2 – Adhésion

Pour appartenir au groupe il faut être agréé par celui-ci.


3 – Nombre de membres

Le nombre idéal de membres est 12, et le maximum 18.

Ce qui est conforme à l'expérience des groupes festifs français genre goguettes.

À Paris, du temps de leur prospérité, ils comptaient au maximum 18 membres.

La plupart de ceux actuels de Dunkerque font 12 membres et fonctionnent très bien.

A partir de 20, un groupe se casse en deux. Et des problèmes peuvent surgir, propres aux groupes comptant plus de 19 membres. Nous les éviterons. Petits nous serons forts. Et en cas de problèmes internes, le groupe pourra se scinder en deux groupes différents et indépendants.

4 – « Bal québécois »

La session d'échange de câlins peut s'inspirer de la tradition du bal québécois.

Dans celui-ci les danseurs forment deux cercles concentriques face-à-face. Qui se décalent régulièrement en tournant. En telle sorte que finalement tout le monde danse avec tout le monde. Et recommence tant que dure le bal.

5 – Âge

Pour faire partie du groupe il faut être majeur.


6 – Problème des dragueurs

Ceux qui chercheraient à utiliser les câlins et le groupe en fait comme moyen d'approche pour parvenir à l'acte sexuel seront rappelés à l'ordre. S'ils ne changent pas d'attitude, ils seront mis dehors avec douceur, amabilité et fermeté. La drague ne fait pas partie des buts du groupe. Et lui reste extérieur.


7 – Polémiques

Afin de rester en harmonie, les polémiques verbales sur des sujets sensibles tels que la politique, l'économie ou la religion seront évitées.


8 – Hostilités

Les membres dont l'entourage, par exemple familial, sera susceptible d'être très hostile au groupe, devront l'en prévenir.


9 – Autres activités possible

En plus des câlins, le groupe peut, s'il le désire, avoir d'autres activités. Ainsi, par exemple : chanter, rire, danser, peindre, déclamer de la poésie, faire du théâtre, se costumer, jouer du bigophone, cuisiner, manger, faire Carnaval, etc.

Cependant celles-ci ne devront pas faire perdre de vue la raison d'être du club.

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Statuts-type élaborés par Basile, à Paris le 13 avril 2013

samedi 13 avril 2013

96 Don du sang et masturbation

Les hommes sont réputés « avoir tout le temps besoin de faire l'amour ». Ce n'est pas vrai. Mais l'attitude de certains hommes donnent en tous cas cette impression. Quelle explication trouver à ce dérangement ? Car il s'agit d'un dérangement. L'homme est un animal comme un autre. Aucun animal n'a envie de baiser spontanément et naturellement sans arrêts.

Par delà les diverses explications morales, psychologiques, culturelles, j'en vois une, intéressante :

Les donneurs de sang réguliers finissent par éprouver le besoin de donner leur sang. Sinon ils ne se sentent pas bien.

Notre société, par son fonctionnement, et en dépit de la mauvaise réputation qu'elle fait à celle-ci, encourage la masturbation. C'est l'activité sexuelle masculine numéro un. Très souvent les jeunes gens ne connaissent durant des années, en qualité de plaisir sexuel, que celui donné par soi-même.

Ce que les Antillais ont baptisé : « seul Dieu te voit ». Et que, en argot, on a baptisé : « la veuve Poignet ».

J'avance une hypothèse : la fréquence des masturbations est très grande chez beaucoup d'hommes. Résultat : leur organisme s'habitue à émettre très régulièrement du sperme, jusqu'à plusieurs fois par jour durant des années. Ce qui augmente le besoin excréteur.

La culture aidant, l'homme croit que ce besoin ressenti est celui de « faire l'amour ». Alors qu'il s'agit le plus souvent du contrecoup de la pratique intense de « l'amour solitaire ».

Il se sent insatisfait. Ce qui peut l'amener à harceler les femmes. Aller souvent voir les prostituées... et tant qu'il n'aura pas compris ce qui lui arrive, il restera insatisfait.

Et sera contrarié par le comportement de la masse des femmes qui ne fonctionne pas en complémentarité de son dérangement et ne répond pas à ses attentes.

Son organisme, trop sollicité sans motivations naturelles, pourra également protester à sa manière. Par exemple, le masturbateur, au bout de décennies de masturbations régulières, n'aura plus d'érections. Ou alors il ne ressentira pas grand chose en éjaculant. Ou il n'arrivera plus que très difficilement à éjaculer, etc.

Se masturber n'est pas plus répréhensible que boire ou manger. Mais manger trop, ou pas ce qu'il faut, n'est pas bon pour la santé.

Le « problème du donneur de sang » fait partie de l'origine de certains malaises et troubles de la sexualité masculine.

Il n'est pas ici le seul problème, mais l'un d'eux, très présent.

Et moins l'homme comprend ce qui lui arrive. Plus il craint ne pas parvenir à la satisfaction. Plus son problème devient pesant et insupportable.

Et plus son comportement devient désagréable avec les autres. Et en retour, ceux-ci le rejettent chaque année un peu plus. Ce qui peut l'amener finalement à être isolé, amère et découragé.

Basile, philosophe naïf, Paris le 13 avril 2013

jeudi 11 avril 2013

95 Rigorisme et formalisme

La morale sexuelle dominante de la société française et parisienne où je vis brille par son rigorisme et son formalisme. Les choix sont tranchés. Les nuances sont absentes.

Si je dis « je t'aime » à quelqu'un. Si on s'embrasse sur la bouche. Dort dans le même lit. Échange des caresses. Si éventuellement, mais pas toujours, on baise, etc. On est forcément :

Des « amoureux », ce qui signifie qu'on doit baiser régulièrement. Vivre ensemble. Faire des enfants et les élever.

Ou alors on est seulement des « amants ». Ce qui signifie qu'on doit baiser régulièrement.

Ou c'est juste une « passade ». On va baiser durant quelque temps. Puis on va arrêter.

Il n'existe aucune autre éventualité possible. Si on prétend être autre chose qu'un de ces trois cas précis, c'est forcément impossible, inimaginable, ou inadmissible, condamnable. C'est le désordre, la débauche, le libertinage. On fait « n'importe quoi » etc.

Cette morale a un caractère intolérant, étroit, terroriste, dictatorial. Si j'aime une fille, je dois coucher avec et en avoir envie. Parce que c'est bien, indispensable, normal. C'est ce qu'elle veut, etc.

Il se trouve que j'aime une femme. Et ne désire aucunement pratiquer l'acte sexuel avec elle. J'en fais part à mon plus ancien ami, pourtant plutôt généralement ouvert d'esprit.

Entendant mon propos, il est troublé :

« Mais, faire l'amour, c'est agréable ! dit-il. »

« Oui, mais je n'en ai pas envie. Si je le fais sans en avoir envie, ce n'est pas agréable. »

« Mais, alors, ça veut dire que tu ne la touche pas du tout ? »

« Non, pourquoi. Je peux lui faire des câlins sans pour autant baiser. »

« Mais si elle t'aime, tu ne te rends pas compte dans quelle situation horrible tu la mets ! »

Et mon ami conclut finalement :

« En fait, tu ne l'aime pas. »

C'est dire la force des préjugés.

S'embrasser sur la bouche signifie soi-disant obligatoirement qu'on baise ensemble. C'est le sens du baiser sur la bouche des mariés au sortir de l'église. Un curé parisien officiant la messe de mariage d'un copain, il y a quelques décennies, a dit devant moi : « A présent, les mariés sont autorisés à s'embrasser en public devant tout le monde ! »

Ce qui signifiait : « maintenant qu'ils sont mariés, ils vont baiser ensemble ».

Qu'un tiers se mêle de la vie sexuelle de deux individus me paraît déplacé. Mais toute notre belle société tend à se mêler des affaires intimes des gens. Le quotidien des conversations de quantité de gens, notamment au travail, consiste à commenter la vie sexuelle supposée de leur entourage.

La pression normative est absolument effrayante.

J'ai passé quarante années à chercher « l'âme sœur ». Je ne la cherche plus. Vous me direz que je suis désespéré. Pas du tout, j'ai simplement cessé d'avoir le crâne bourré. Car qu'est-ce donc que cette obsession de trouver l'âme sœur, l'exact complément idéal et sur mesures de soi même ?

C'est le fruit d'un prodigieux matraquage psychologique. Étudions-le à présent.

J'ai écris ailleurs que l'homme est un singe. Certains ont dit : « l'homme descends du singe ». D'autres parlent de « nos cousins singes ». Eh bien non, nous ne sommes pas des descendants ou parents des singes. Nous sommes des singes à part entière. Absolument, complètement, totalement singes, tel est ce que nous sommes.

Cette compréhension des choses doit nous aider à mieux nous comprendre. Le singe est adulte quand il est capable de se nourrir tout seul. Nous devenons ainsi adultes vers l'âge de six ans.

Mais, dans la société organisée où nous vivons, ce n'est pas entendu comme ça. A six ans, nous ne sommes pas des adultes. Ce sera nié. Et pour faire de nous des humains « civilisés » et officiellement adultes bien plus tard, on va s'appliquer à briser le singe en nous. A faire de nous des êtres soumis, hésitants, dépendants des soi-disant adultes véritables qui nous entourent. Ce sera long, difficile, douloureux. Quand nous nous révolterons, on dira que nous faisons des caprices.

Signe de ce terrible conflit entre singes, la plupart des singes adultes de six ans vont perdre leur sens des couleurs, du dessin, de la créativité. Au départ, ils dessinent tous. Manient de belles couleurs. Imaginent des histoires. Sont poètes sans savoir écrire. Ça va se terminer pour le plus grand nombre. L'implacable broyeuse familiale, sociale, télévisuelle et scolaire se met en route.

Ah ! Certes, on apprend des choses utiles comme lire, écrire, compter, etc. Mais on apprend d'abord et surtout à se soumettre et obéir. Marcher en rang, se taire, ne plus avoir d'initiatives, être bien dressé. En concurrence avec les autres bien dressés : nos frères, sœurs, cousins, petits camarades.

Et c'est ainsi que progressivement on perd son authenticité. Les enfants créatifs deviennent des adultes productifs. Arrivera un jour où, avec la capacité de nous reproduire, devenus plus grands et forts qu'à l'âge de six ans, nous nous révolterons peut-être. Mais nous serons déjà perdus, paumés par la masse d'indications diverses et le conditionnement de très longues années de dressage.

Et dans ce cours forcé les parents seront les dieux. Ceux qui nous donnent à manger. Et s'occupent de nous. La place démesurée qu'ils occupent dans notre vie finira par nous déranger la tête. Nous chercherons l'amour de substitution : le Grand Amour, le Tout-en-Un, la Maman ou le Papa de substitution. Et où et comment trouver cet être magique et fabuleux ? Mais c'est « l'Amour ! »

Tu aimes X ou Y ? Couches avec. Épouses-le. Ou épouses-la ! Et tu trouveras le Bonheur. Ce Bonheur rêvé en fait n'existe pas. C'est juste l'ombre des grands dieux de notre enfance passée : Papa ou Maman soleil. Cette quête absurde peut très mal se terminer. Chaque année, contrariés dans leur recherche de cette chimère, des milliers de jeunes, désespérés, mettent fin à leurs jours. Il est temps d'arrêter ce massacre. Expliquer que la vie c'est très beau. Mais aussi que c'est absolument autre chose que trouver un Papa ou une Maman bis pour vivre avec. Car le bonheur, par définition, n'est jamais un phénomène préfabriqué sur mesures. Il est pour chacun unique, original, évolutif.

Basile, philosophe naïf, Paris le 11 avril 2013

lundi 8 avril 2013

94 Sexe et société

La société où nous vivons prétend gérer notre sexualité, par delà notre volonté. Cependant, ce faisant, elle a énormément de mal à définir de quoi il s'agit. Où cela commence et fini. Ce qui est autorisé, interdit ou seulement toléré. Dans certains cas l'absurde pointe son nez.

La loi et la médecine exigent l'autorité. La loi en France va jusqu'à nier la réalité. Ainsi, au cas où un enfant nait conçu par des parents proches, par exemple frère et sœur, père et fille. Le père de l'enfant n'a pas alors le droit de reconnaître sa paternité ! L'enfant existe, mais officiellement est l'œuvre du Saint Esprit, probablement.

Dans le code pénal français existe un délit qui concerne le sexe : l'« attentat à la pudeur ». Ce concept fourre-tout, qui veut tout dire et ne rien dire, a été inventé pour le code pénal en 1810. On imagine une époque où montrer sa cheville était érotique... Depuis, la société française a beaucoup changé. Le concept est toujours là, à l'appréciation des juges et à la charge des avocats de défendre leurs clients ainsi accusés.

Dans un récent procès très médiatisé, une jeune femme accusait une célébrité de l'avoir invité dans une garçonnière. S'être jeté sur elle. Avoir cherché de force à la déshabiller. Et elle avait réussi à fuir. Les juges ont conclu à l'attentat à la pudeur. Délit prescrit au bout de trois ans et l'agression, reconnue par les juges, remontait à plus. L'agresseur a échappé à la condamnation.

S'il s'était agit d'une « tentative de viol », alors la prescription étant de dix ans. Il aurait été passible d'une lourde peine de prison.

Le viol est défini par la loi française comme une pénétration. Mais où fini l'attentat à la pudeur. Et où commence la tentative de viol ? Mystère. L'agresseur cherchait probablement à arracher les vêtements de la jeune femme seulement pour entreprendre de la dessiner.

Cette dichotomie de la gravité entre agression sexuelle et viol conduit à des faits tragiques.

En 1988, j'ai entendu parler d'une affaire pénale concernant une famille en Bretagne, victime d'un sadique. Au nombre des victimes était une petite fille de quatre ans. On ignorait ce qu'elle avait subit exactement. Visiblement gravement choquée depuis ce qui lui était arrivé, elle ne parlait plus.

Alors, on a fait « une expertise gynécologique ». C'est-à-dire que, en plus de ce qu'elle avait déjà subi de la part du sadique, on lui a infligé un doigt dans le vagin pour vérifier si l'hymen était intact. Il l'était. Conclusion des enquêteurs qui traitaient l'affaire, ainsi que de la famille : « ce n'est pas si grave ce qu'elle a subi, puisqu'elle est toujours vierge ».

Tout son attitude affirmait le contraire ! Mais la sacro-sainte virginité a encore semble-t-il de la valeur. Tout en moins à cette époque et en Bretagne.

Mais où et quand débute notre vie sexuelle ? Là, je veux rapporter trois anecdotes :

En 1976, j'avais 25 ans. J'étais en vacances au camping du lac de Pont, en Bourgogne. Une jeune fille, dont le papa était commissaire de police en Hollande, me poursuivait avec insistance de ses assiduités. Ses intentions étaient aussi claires que mon indifférence envers elle. Elle en vint même un jour à me donner un coup de poing pour exprimer son intérêt pour moi. Voyant cela, deux dragueurs professionnels se regardèrent. Et l'un dit à l'autre devant moi : « il faudra faire quelque chose ! » J'ignore s'ils ont fait « quelque chose ». Je n'ai pas cherché à le savoir.

Vers la même époque, j'étais dans une sorte de camp de vacances, dans la même région. Une autre jeune fille s'est intéressée à moi. Pas qu'à moi, car elle était manifestement très friande de la chose. Je l'ai vu draguer un beau jeune homme. Puis elle a essayé de faire la même chose avec moi. Enfin, elle a jeté son dévolu sur le cuisinier et a déménagé dans sa chambre à lui. Entre-temps, j'ai assisté à l'engueulade de la sœur ainée de la jeune fille par un jeune homme. Ce dernier, voyant ce qui se passait, l'a admonesté en lui disant : « toi, en tant que sa sœur, tu as le devoir de lui procurer la pilule ! » Car la petite n'usait d'aucune contraception.

Les deux jeunes filles dont j'ai parlé ici, et qui ont vainement tenté de me draguer, avaient en commun leur âge : treize ans. Selon la loi française, en dessous de quinze ans on est un enfant. Elles étaient plus au fait du sexe et de sa pratique que le grand jeune homme timide que j'étais. Céder aux avances sexuelles de ces deux dragueuses, ce que je n'ai pas fait, officiellement aurait été de la pédophilie. Passible de l'opprobre et l'horreur générale et assortie de longues années de prison. Et draguer ainsi un « vieux », de la part de ces filles, qu'était-ce ? De la « gérontophilie » ?

Autre anecdote : dans les années 1980, j'étais en vacances dans un camping dans les alpes. Je crois que c'était à Ceillac. J'observais un spectacle curieux : une famille de Lyon. Le père très gentil, la mère que j'ai moins vu et la fille. Cette grande et belle jeune fille avait une poitrine développée, une taille respectable, une féminité affirmée. Cependant, elle restait à jouer comme une petite fille et se comportait exactement comme une fillette. Son père m'a indiqué l'âge de sa fille, avec une légère gêne dans la voix : elle avait douze ans. C'était effectivement une petite fille, dans un corps de femme.

Les deux dragueuses dont j'ai parlé juste avant faisaient physiquement plutôt petites filles, surtout la deuxième. C'était des femmes dans des corps de très jeunes filles ou même de petites filles.

Quand est-ce qu'une fillette devient une femme ? Certains prétendent que la réponse est : « quand elles ont leurs premières règles ». Cette réponse me paraît absurde. En effet, la jeune fille de Lyon était très probablement réglée. Mais était moralement une fillette. Ça se voyait à son comportement. Cette situation ne posait aucun problème. Mais tout le monde n'est pas du même avis.

J'ai regardé par hasard il y a quelques jours la fin d'une émission de télévision. Elle parlait des filles « trop tôt réglées » ! Au nom de quoi peut-on prétendre que avoir ses règles à dix ans au lieu de treize ou quatorze, est un incident regrettable et à éviter ? Mais il existe des apprentis-sorciers qui décrètent qu'il faut un geste médical pour intervenir à temps et empêcher cela !

Des fillettes sont ainsi traînées de nos jours par leurs parents chez le gynécologue. Là, on leur fait quantité d'examens écho-graphiques. On leur donne, je suppose, des hormones. Pour s'appliquer à retarder l'arrivée des règles. Une fillette peut être régulièrement traitée de la sorte durant deux ans ! Elle est suivie médicalement comme si elle était très malade. C'est moralement très lourd et financièrement très rentable. Le commentateur de l'émission prenait soin de dire que c'est « un traitement sans dangers ». Je voudrais bien vous y voir avec ce traitement « sans dangers » ! A jouer ainsi à dérégler l'horloge de la Nature, que sait-on de ce que pourront développer plus tard les filles ainsi traitées ? Un cancer du col de l'utérus à cinquante ans ? Et là on dira : « on ne savait pas ».

Ce que j'ai bien relevé, c'est l'air ravi du père de la fille ainsi traitée. « Comme ça, disait-il, elle restera une petite fille le temps qu'il faudra et seulement après deviendra une femme ».

Il veut qu'elle reste une petite fille pour elle ou pour lui ? C'est pour économiser le prix d'achat des serviettes hygiéniques ? Dans quel monde vit-on ?

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 avril 2013

samedi 6 avril 2013

93 La morale tranquille : rompre avec la morale sexuelle traditionnelle

Au début des années 1970, le milieu étudiant parisien d'extrême gauche vivait ce qu'on a appelé « la Révolution sexuelle ». Elle existait aussi ailleurs. C'était censé être la liberté enfin trouvée dans les relations entre jeunes gens et jeunes filles, et humains en général. Cette liberté n'en était pas une.

Qu'appelait-on « amour libre » ?

C'était très simplement l'obligation de baiser.

Si un jeune homme avait le cran de proposer directement l'acte sexuel, la fille devait dire oui.

Au bout de quelques années, les femmes se sont révoltées contre cette nouvelle forme de soumission aux obsessions éjaculatoires masculines. Une étudiante iranienne d'extrême gauche de Paris m'a raconté que, dans une grande université américaine, des filles se sont réunies. Et ont rédigé et diffusé un tract. Celui-ci a fait une impression horrible à la communauté machiste local et a très vite disparu. Il comparait et évaluait les « performances » sexuelles minables de nos coqs locaux. Que ces filles avaient subi. Et qui avaient eu l'idée de rédiger et diffuser le tract.

Dans les années qui ont suivi, j'ai lu que pour résister au harcèlement sexuel, les filles se sont organisé. Au point qu'il existait dans les universités, ou certaines universités des États-Unis, des bureaux où aller se plaindre de ce harcèlement.

Puis, vers la fin des années 1970, le SIDA est arrivé, amenant panique et confusion dans le domaine de la sexualité.

Il est temps pour moi de rompre publiquement avec la morale sexuelle traditionnelle et son allié symétrique : le soi-disant « amour libre ».

J'ai étudié la pornographie en visionnant une quantité de clips vidéos et quelques films sur Internet. La conclusion à laquelle je suis arrivé est ahurissante : la morale sexuelle la plus rigoriste et la pornographie la plus délirante se rejoignent exactement, et de quelle façon ?

Tout simplement en ignorant les désirs vrais des gens et les remplaçant par des obligations de baiser.

Pour la morale traditionnelle, l'homme et la femme, mariés, doivent baiser pour avoir des enfants.

Pour la pornographie, les amants doivent baiser pour trouver leur plaisir.

Ils doivent. S'ils sont mariés ou tout nus... mais, de quoi ont-ils envie au juste ?

En fait, j'avance qu'au fond, la plupart des gens la plupart du temps n'ont pas envie de « faire l'amour ». Tout au moins un très grand nombre de gens sont ainsi. Et j'en fais partie.

Et on nous bourre le crâne. On nous dresse et abruti. Pour nous faire croire à l'obligation de baiser.

Si on s'aime, on se fait des bisous, des câlins. On se dit des mots doux. On dort ensemble. On se fait des caresses, des cadeaux. Mais, on ne baise pas du tout forcément. C'est : la morale tranquille. On suit ses désirs. On aime vraiment. Et pas en suivant des schémas prédéterminés. On existe. Et on vit.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 avril 2013