De nos jours, un certain
nombre de jeunes filles cherchent à prendre pour modèle sexuel le
comportement masculin dragueur-baiseur classique. Ce qui donne en
gros : « Tiens, voilà mon cul, prêtes-moi ta queue, on va
essayer de faire quelque chose de sympathique ensemble ! » Je
doute absolument de la qualité du résultat. Car la différence
physiologique et conséquemment morale fondamentale entre l'homme et
la femme fait qu'il est vain de chercher à copier ainsi le
dérangement sexuel masculin, qu'il s'agirait plutôt de régler que
d'imiter.
La première fois qu'une
jeune fille m'a littéralement jeté à la figure son anatomie plus
déshabillée qu'habillée, j'ai été plutôt surpris. Étant né et
ayant grandi dans un milieu familial extrêmement puritain, j'ai été
plutôt habitué à voir dans l'homme l'agresseur sexuel potentiel et
dans la femme sa victime pure et immaculée comme l'agneau qui vient
de naître. Voilà que l'agneau me fonçait dessus en criant « banzaï
! » Enfin, j'exagère un peu le trait, mais en donne ainsi les
traits caractéristiques et fondamentaux.
Par la suite, ayant
rencontré des comportements similaires chez deux jeunes filles dans
un square parisien, ça m'a donné matière à réfléchir. Le
problème posé est vaste. Il s'agit de redéfinir le contrat
liant l'homme et la femme depuis plusieurs milliers d'années. Il est
antérieur à l'existence des grandes religions et de nos systèmes
politiques et économiques actuels. Sur quoi repose le contrat
classique actuel entre l'homme et la femme à l'échelle de toute la
société humaine ?
Le statut social de la
femme a pour base la non-reconnaissance du travail domestique et
maternel. Imposé et non reconnu ni rémunéré il relève de la
définition de l'esclavage. Élevez des souris blanches pour les
laboratoires ou des cochons pour l'industrie charcutière, c'est un
métier. On doit vous payer. Élevez vos enfants avenir de votre
famille, votre ville, votre région, votre pays, de l'Humanité toute
entière, ce n'est pas un travail. C'est de l'amour. Du bénévolat,
et si vous ne disposez pas de ressources par ailleurs, vous pouvez
crever et vos enfants avec !
La femme qui travaille en
dehors de la maison a le douteux privilège d'être en moyenne payée
trente pour cent moins que l'homme pour le même travail, faire souvent les
travaux les moins qualifiés et les plus mal payés, ne pas pouvoir
accéder à quantité de postes de responsabilités. Et avant et au
retour de sa journée de boulot devoir se consacrer... à sa deuxième
journée de boulot, domestique et maternel, ni reconnu, ni rémunéré.
L'émancipation
financière acquise par son travail à l'extérieur de la maison a
permis à nombre de femmes de remettre en question la compagnie d'un
mari, amant ou concubin qu'elles ne supportaient plus et le quitter.
Un motif des plus
fréquents pour ne plus le supporter étant son comportement sexuel
dérangé. Habitué dès l'âge de 12-13-14 ans à une masturbation
régulière, les hommes voient leur appétit sexuel dérangé et ont
tout le temps faim. Avec le temps, ce dérangement sexuel chez
l'homme passe de plus en plus mal auprès de sa compagne, qui ne le
supportant plus, finit par s'en aller.
Ce n'est pas la seule
chose qui insupporte la femme dans le comportement de nombre
d'hommes. Il y a, bien sûr, la violence sexuelle. Mais aussi tout un
panel de genres de violences qui sont d'abord et avant tout l'apanage
des hommes.
L'homme, en général,
est potentiellement infiniment plus violent que la femme. Quand on
relève le nombre de crimes de sang finissant en justice, la
proportion d'hommes dépasse de très loin celle des femmes. Il en
est pareillement pour la violence routière. Les accidents graves
sont en très grande majorité causés par des hommes. La violence
économique, politique, sociale, militaire est le plus souvent et de
très loin le fait des hommes.
Parmi les grandes
calamités historiques on trouve les Grands Conquérants, qui pour
rassasier leur appétit malade de pouvoir et profit mettent à feu et
à sang des contrées entières. Il n'y a pas de Grandes
Conquérantes.
Le pouvoir est une forme
de violence où une minorité décide du sort de la majorité en lieu
et place d'elle, et très souvent contre ses désirs et intérêts.
Cette violence à infliger répugne comme les autres aux femmes. Au
lieu de prétendre lui accorder la moitié du pouvoir, il serait plus
juste de chercher comment remédier à une organisation sociétale
avec ce pouvoir qui est souvent la cause des plus grands crimes.
La violence de l'argent,
où les sentiments sont remplacés par des chiffres et des données
statistiques pour justifier tout et n'importe quoi, et surtout
n'importe quoi, relève aussi la plupart du temps des hommes et pas
des femmes.
Depuis la nuit des temps,
la société humaine a été organisée par et pour les hommes et
contre les femmes. Son histoire est une litanie interminable de
crimes d'états, violences et meurtres en tous genres. Les premières
victimes de tout cela sont d'abord et avant tout les femmes.
Il y a quelques siècles
dans nos pays occidentaux la prise d'une ville en temps de guerre
était suivie de sa mise à sac codifiée. Durant trois jours les
beaux quartiers et leurs habitants étaient remis à la discrétion
des riches officiers. Les quartiers populaires étaient remis à la
discrétion des hommes de troupes. Le pillage et les viols et
violences étaient ainsi autorisés, absous d'avance et encouragés.
Quand, en 1706, les
Français assiégèrent Turin, les femmes de la ville participèrent
au premier rang à la défense victorieuse de la cité. Elles
connaissaient le sort qui leur était réservé en cas de prise de la
ville.
La question du statut de
la femme est sous-jacent à l'ensemble des problèmes de la société.
Améliorer le sort de la femme, c'est aller dans le sens de leur
résolution.
Une catégorie importante
des femmes est aujourd'hui particulièrement sensible à la question
de la modification du contrat liant l'homme à la femme. Il s'agit
des femmes en âge d'être grands-mères.
Il y a un demi-siècle et
plus, les grands-mères avaient un statut dans le cadre familial. La
famille n'était pas autant sujette aux divorces. La vieillesse et la
maladie laissait aux grands-mères un rôle dans le cadre familial et
y restait confiné. Aujourd'hui on vit plus longtemps. Les familles
sont éclatées. Et les grands-mères sont rejetées comme des
rebuts. Il faut être « jeunes et jolies » pour avoir
« le droit d'exister ». Sinon, on n'existe plus.
On explique aux jeunes
filles : « les hommes ont le pouvoir. Mais, avec votre petit
trou, vous pouvez les attirer et les commander... »
Et voilà qu'un jour, la
vieillesse arrive, et la femme n'est plus rien du tout. Et pour la
femme ce n'est pas comme pour l'homme. Comme disait une bande
dessinée : « quand un homme a les tempes grises, on trouve ça
charmant. Quand c'est une femme, on dit qu'elle est vieille. »
C'est aux grands-mères
au premier rang, avec les hommes de bonne volonté, qu'il
appartiendra demain de changer le contrat liant l'homme et la femme
depuis de nombreux milliers d'années.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 1er août 2016
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