En 1972, un célèbre
tract intitulé « Apprenons à faire l'amour » fit des
remous. Il fut distribué aux élèves de certains lycées parisiens.
Ce tract prétendait notamment expliquer le fonctionnement d'un
orgasme. En sommes, à en croire son texte, il existerait un orgasme
type auquel tout le monde postulerait. Ce point de vue erroné
pouvait peut-être s'excuser il y a bientôt cinquante ans. Mais
aujourd'hui, des sites Internet continue à ânonner le même
discours. Selon celui-ci existerait une sorte d'équivalence
sexuelle. A partir du moment où on a mis un zizi dans un
troutrou, tout se passerait pareillement si tout se passe bien.
Pourtant il est évident
que le contexte relationnel et la nature des rapports entre les
partenaires en présence jouent un rôle fondamental. Et bien non,
selon ce concept encore répandu, tous les orgasmes se ressemblent.
Il y aurait à chaque fois quatre phases : excitation, plateau,
orgasme, résolution. Tout le monde serait logé à la même
enseigne. Ainsi il serait normal, selon un site Internet que j'ai
consulté aujourd'hui, de prendre dix minutes à un quart d'heure
pour la première phase. Puis, dans la seconde, on chercherait le
plaisir. Dans la troisième, sauf problèmes, on le trouverait, et
ainsi de suite. On imagine l'équivalent culinaire : dans la première
phase l'appétit et la faim vous font baver. Dans la seconde on
apprécie les plats. Dans la troisième on trouve la plénitude du
bonheur. Et dans la quatrième, rassasié, on digère.
Ce rapport sexuel type
est un mythe. Un autre mythe est celui de la friend zone.
Soi-disant il existerait une zone maudite des dragueurs. Celle où
leurs proies féminines les précipiteraient à l'occasion. Zizi exclu, il ne s'agirait plus que d'amitié. A cette friend zone
répondrait en quelque sorte une autre zone, qui elle serait bénie
des dragueurs. Une zone où la proie féminine désirée deviendrait
une machine à satisfaire l'homme et lui faire tout ce qu'il
désire. Peut-être cette zone imaginaire et rêvée pourrait
s'appeler la fuck zone ?
La friend zone, de
même que la fuck zone, n'existent pas. Simplement, quand le
dragueur ramène son sempiternel zizi, il arrive le plus souvent que
la proie féminine rétive le prie de le remballer et passer à autre
chose. Alors, pour ne pas voir la simple réalité, on invente le
concept de friend zone. Il évite au dragueur de chercher à
comprendre la situation et se remettre en question.
Aucune femme, y compris
jeune et jolie, n'est par principe et d'emblée hostile au contact
avec un homme. Contact qui peut ou non impliquer toutes sortes de
choses dont le fameux « rapport sexuel » en question.
Mais, imaginez que vous êtes une femme qui aime les éclairs au chocolat. Que de
partout accourent des centaines de personnes avec des caisses
entières contenant des milliers d'éclairs au chocolat. Et qu'on
cherche à tous prix à vous les faire bouffer. Ça vous tenterait ?
Et si vous rencontrez
juste un unique homme avec un unique éclair au chocolat, alors que
vous n'avez pas faim, qui cherche à tous prix à vous le faire
manger ?
Et si vous en avez envie
et qu'il vous l'écrase sur la bouche et cherche à vous le faire
dévorer à toute vitesse ?
Et après, si vous
résistez à ces différents porteurs d'éclairs au chocolat, ils
diront : « comme c'est étrange, elle n'aime pas les éclairs
au chocolat ! » Ou bien encore : « elle ne sait pas ce
qu'elle veut », ou : « elle est capricieuse », etc.
Remplacez l'éclair par
le zizi. Et vous aurez le tableau classique des problèmes rencontrés
par le dragueur myope et contrarié qui refuse de voir la réalité
des femmes.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 4 août 2016
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