Nous étions amis. Nous
racontions plein de choses, y compris très intimes. N'étions pas
amants. Ça a duré une année. Et puis nous avons fait la connerie
de croire que c'était forcément sexuel entre nous. Après avoir
dormi ensemble. Nous être caressé un peu et embrassé l'un l'autre,
il allait falloir passer aux choses sérieuses. Mettre le truc dans
le machin, secouer et envoyer la sauce. Mais, attention ! SIDA !
Alors test renforcé, attente, et enfin on passe aux exercices
pratiques. Ils ont duré quatre ans et quatre mois. Se sont passés
de plus en plus mal.
A la fin, le programme
vespéral était le suivant : commencer à bander. Se précipiter
pour introduire le tenon dans la mortaise avant que ça retombe. Puis
ça retombe avant de terminer. De « conclure », comme ils
disent. Et plainte de la dame : « tu vas trop vite ! »
Réponse du conjoint : « mais si j'attends ça risque de
retomber. »
Un secours médical est
demandé. Entre deux spécialités pharmaceutiques, l'une commençant
par un V l'autre par un C, on choisit la deuxième. Las ! Le
vilebrequin veut bien se faire rigide grâce aux pilules miracles.
Mais aucune sensibilité au niveau du bâton de berger !
Consultation d'un
sexologue. Il propose : la centrifugation du sperme pour concentrer
les spermatozoïdes. Entendant ma question : « mais avec la
pharmacie il n'y a pas de sensibilité durant l'acte, que peut-on y
faire ? » notre brillant spécialiste ès zizis joue la
surdité.
Bref, au bout de quatre
ans et quatre mois, c'est la rupture. Madame déclare qu'entre autres
raisons elle n'a pas en moi un vrai amant mais juste un excellent
colocataire. Pas de zizi, pas de vie à deux ! Elle rajeunit les
cadres. Va voir ailleurs des zizis plus jeunes et plus bandants.
Tout ce psychodrame a
reposé sur un malentendu : pourquoi quand un homme et une femme
s'accorde sur dix mille points communs devraient-il y ajouter la
zizis partie ? Où est-ce écrit ? Nulle part, ou plutôt dans un
million de sites Internet. Voyez-vous, un homme et une femme ça
forme, ça doit former « un couple ». Et le couple, formé
de la brique masculine et de la brique féminine, ça se cimente avec
du sperme et de la cyprine. Tout ceci au nom de « la
Nature ».
« La Nature » a bon dos. Pourquoi la baise y serait-elle obligatoire ? Je regardais à l'instant un site Internet de conseils pseudo-médicaux donnés par des intervenants auréolés de leurs dix années d'études médicales. Selon ce site existerait « des pannes de désir ». En avant marche ! Compagnie de désireurs obligatoires ! Présentez... zizis !!! La baise devient ainsi une valeur. La valeur sinequanone qui valorise et légitime « le couple ».
« La Nature » a bon dos. Pourquoi la baise y serait-elle obligatoire ? Je regardais à l'instant un site Internet de conseils pseudo-médicaux donnés par des intervenants auréolés de leurs dix années d'études médicales. Selon ce site existerait « des pannes de désir ». En avant marche ! Compagnie de désireurs obligatoires ! Présentez... zizis !!! La baise devient ainsi une valeur. La valeur sinequanone qui valorise et légitime « le couple ».
Et si, au lieu
d'affabuler ainsi nous nous serions dit, mon amie et moi : « nous
sommes très amis, jusqu'aux bisous et câlins. Mais, au fond,
avons-nous envie de mettre l'oiseau dans le nid ? »
J'ai posé la question à
mon ex après notre séparation. Elle n'en avait jamais eu
spécialement envie. Ni moi non plus, mais il fallait en passer par
là, avons nous pensé. Pourquoi ? Parce que... nous étions un
couple ! Avec ce mot en six lettres, les encouragements de
l'entourage et nos zizis nous avons détruit une belle amitié.
Il a longtemps été
question de « libérer la sexualité ». Certains ont bien
plus justement estimés qu'il fallait « se libérer de la
sexualité ». De cet ensemble de règles soi-disant impératives
qui conduit à chercher le mélange des zizis, à cette fumisterie du
bonheur obligatoire qui doit absolument passer par l'orgasme,
l'éjaculation, et tutti quanti. Alors que la vérité est
qu'on peut aimer sans baiser.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 21 août 2016
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