Savez-vous que les radis
peuvent être cuits à l'eau comme d'autres légumes ? J'ai tenté
l'expérience, le radis cuit perd sa couleur à la cuisson et
ressemble à un délicieux petit navet au goût différent du navet.
Une amie m'a appris un jour un
truc utilisé par les Africaines pour faire la cuisine : pour couper
tout ce qui peut être coupé avec cet instrument, utilisez une
paire de ciseaux. On peut avec des ciseaux couper de la viande, des
légumes, etc. C'est très pratique et on évite de risquer de se
couper les doigts. Comme ça peut arriver en utilisant un couteau et
une planche à découper.
Un ami italien qui adore cuisiner m'a expliqué sa méthode pour cuire à la poêle de la viande, par exemple. Il chauffe l'huile et jette dedans le sel, le poivre et les herbes. Puis il ajoute la viande. Ainsi elle est bien assaisonnée, très parfumée. Et les herbes dures, comme le thym, sont cuites et prennent une consistance tendre.
Ces recommandations, pas
forcément connues, sont aussi pour moi de la philosophie. Pourquoi
la philosophie devrait-elle traiter uniquement des grandes questions
de l'univers ? Améliorer un peu la vie. Éviter de se couper les
doigts en utilisant une paire de ciseaux pour couper par exemple de
la viande, c'est aussi de la philosophie.
Faire attention à ce que
l'on fait et le faire le mieux possible, y compris quand il s'agit
selon beaucoup de petites choses. Faire attention aux petites choses
peut aussi être une règle générale de vie. On pourrait parler
alors de « microphilosophie ». Le mot a déjà été
employé dans diverses acceptions. Quand on y fait attention, les
petites choses deviennent à leur tour de grandes choses.
Prendre le temps de
vivre, n'est-ce pas une des plus grandes et belles leçons de la
« grande » philosophie ? Plutôt que de se laisser
confisquer nos vies par les coassements de la télévision, qui veut
nous faire croire que nous sommes directement concernés par des
choses qui ne nous concernent que de très loin. Et sur lesquelles
nous n'avons aucune prise. Prendre le temps de manger une pomme,
n'est-ce pas là une forme achevée de la philosophie ?
Il y a plus de
philosophie dans une pomme correctement mangée, c'est-à-dire avec
attention, que dans dix kilos d'un ramassis de pseudo-nouvelles qu'on
nous balance à la figure... pour nous convaincre demain de « bien
voter ».
Les médias font du
bruit. Arrêtez de les écouter ! Écoutez plutôt le chant des
oiseaux et le bruit du vent dans les feuillages. Ne craignez pas de
faire mal en n'attachant peu d'importance à leurs borborygmes. Ils
sont les premiers à ne pas y attacher trop d'importance. Les
journalistes vous balancent un événement tragique à la gueule.
Puis vont déjeuner. Qu'est-ce qu'ils retiennent d'abord le plus
souvent ? Le bon déjeuner !
Je connaissais un
journaliste expérimenté et consciencieux qui était allé il y a
bien des années « faire un sujet », comme ils disent. Il
avait rapporté des éléments sur un épouvantable fait divers
survenu au bord de la mer. Comme il en revenait, il me fit part de
ses impressions : « l'équipe était sympathique, le temps
était beau et on a très bien déjeuné dans un très bon
restaurant. »
Voilà ce qu'il avait
retenu. Et en plus, ayant travaillé il avait été très bien payé.
Alors, de notre côté, ne les écoutons pas ou peu, le moins
possible, si possible. Et consacrons-nous à la cuisson des radis.
C'est de la très grande philosophie. Et, vous verrez, les radis
cuits, c'est surprenant et délicieux.
Basile, philosophe
naïf, Paris les 2 et 3 août 2016
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