samedi 20 août 2016

619 Se tenant par la main, on se promenait au clair de lune...

Au Puy-en-Velay, il y a vingt ans, un retraité belge que j'avais rencontré durant mes vacances, regrettait le temps de sa jeunesse. Où, avec son amoureuse, il se promenait au clair de lune. Et ça lui suffisait.

Un truculent facteur parisien auquel j'évoquais il y a une dizaine d'années environ « les amoureux des bancs publics » chers à Brassens, s'exclamait : « mais ça c'est fini ! A présent, c'est au lit tout de suite ! »

Et un médecin ami me disait dégouté : « aujourd'hui, c'est la génération capotes. T'as des capotes ? »

Lui aussi regrettait le romantisme passé.

Notre époque, sous prétexte de « libérer la sexualité » en a fait une nouvelle contrainte. Il faut arriver à l'acte sexuel, sinon ce n'est pas de l'amour. Voilà le discours qui a remplacé les discours précédents. Et pour arriver « à conclure » tous les moyens sont bons : pressions, chantages et pour certains usage de la force.

Chez les femmes et les jeunes filles, la peur du viol est omniprésente. Mais il est de bon ton de ne jamais en parler. Or quoi de plus contraire à une relation, un échange, une complicité... que la peur ?

Peur moins grave aussi : celle de l'homme de « ne pas y arriver ». Mais arriver à quoi au juste ? L'acte sexuel est magnifié dans nombre de discours. Ce serait « la plus merveilleuse façon de communiquer ». Il suffirait de voir comment une femme fait l'amour pour la connaître, etc. Il existe toute une mythologie de la sexualité. Elle consiste essentiellement à justifier certains comportements et ignorer certaines réalités.

Tout ouvrage sur « la sexualité » devrait commencer par évoquer le harcèlement sexuel des femmes et l'insistance le plus souvent énervante et mal venue des hommes pour parvenir « à conclure ». Ce serait utile, car il ne s'agit pas ici de « la Nature », mais du résultat d'un conditionnement renforcé par une mauvaise éducation.

La masturbation adulte masculine qui détraque l'appétit sexuel des hommes est encensée. Sous prétexte qu'elle est agréable. Mais se saouler aussi est agréable, est-ce bien pour autant ? Et se masturber aussi ce serait bien car condamné par l'Église. Mais, l'Église a également condamné la guerre ou la torture. Est-ce que pour autant la guerre et la torture sont de bonnes choses ?

Quand on abandonne la masturbation et son adjuvant pornographique, en tous cas pour ce qui me concerne, on retrouve ce que j'ai baptisé « la naïveté amoureuse ». Celle-là même dont ce vieux Belge il y a vingt ans regrettait la disparition.

Plutôt que s'obstiner à ne regarder que dans les slips, voir la relation toute entière... qui n'exclut pas un jour de « faire l'amour », mais il n'y a pas que ça dans la vie.

Savoir apprécier les promenades à deux au clair de lune en se tenant par la main, sans chercher à en faire le prétexte pour « arriver à ses fins ». C'est une histoire qui m'a été raconté il y a une trentaine d'années par une sœur de la victime. En vacances celle-ci s'est promenée au clair de lune sur la plage avec son flirt... et ça s'est terminé par un viol. Dont elle n'a pas osé se plaindre ensuite.

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 août 2016

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire