Au Puy-en-Velay, il y a
vingt ans, un retraité belge que j'avais rencontré durant mes
vacances, regrettait le temps de sa jeunesse. Où, avec son
amoureuse, il se promenait au clair de lune. Et ça lui
suffisait.
Un truculent facteur parisien auquel j'évoquais il y a une dizaine d'années environ « les amoureux des bancs publics » chers à Brassens, s'exclamait : « mais ça c'est fini ! A présent, c'est au lit tout de suite ! »
Et un médecin ami me
disait dégouté : « aujourd'hui, c'est la génération
capotes. T'as des capotes ? »
Lui aussi regrettait le
romantisme passé.
Notre époque, sous
prétexte de « libérer la sexualité » en a fait une
nouvelle contrainte. Il faut arriver à l'acte sexuel, sinon ce n'est
pas de l'amour. Voilà le discours qui a remplacé les discours
précédents. Et pour arriver « à conclure » tous les
moyens sont bons : pressions, chantages et pour certains usage de la
force.
Chez les femmes et les jeunes
filles, la peur du viol est omniprésente. Mais il est de bon ton de
ne jamais en parler. Or quoi de plus contraire à une relation, un
échange, une complicité... que la peur ?
Peur moins grave aussi :
celle de l'homme de « ne pas y arriver ». Mais arriver à
quoi au juste ? L'acte sexuel est magnifié dans nombre de discours.
Ce serait « la plus merveilleuse façon de communiquer ».
Il suffirait de voir comment une femme fait l'amour pour la
connaître, etc. Il existe toute une mythologie de la sexualité.
Elle consiste essentiellement à justifier certains comportements et
ignorer certaines réalités.
Tout ouvrage sur « la
sexualité » devrait commencer par évoquer le harcèlement
sexuel des femmes et l'insistance le plus souvent énervante et mal
venue des hommes pour parvenir « à conclure ». Ce serait
utile, car il ne s'agit pas ici de « la Nature », mais du
résultat d'un conditionnement renforcé par une mauvaise éducation.
La masturbation adulte
masculine qui détraque l'appétit sexuel des hommes est encensée.
Sous prétexte qu'elle est agréable. Mais se saouler aussi est
agréable, est-ce bien pour autant ? Et se masturber aussi ce serait
bien car condamné par l'Église. Mais, l'Église a également
condamné la guerre ou la torture. Est-ce que pour autant la guerre
et la torture sont de bonnes choses ?
Quand on abandonne la
masturbation et son adjuvant pornographique, en tous cas pour ce qui
me concerne, on retrouve ce que j'ai baptisé « la naïveté
amoureuse ». Celle-là même dont ce vieux Belge il y a vingt
ans regrettait la disparition.
Plutôt que s'obstiner à
ne regarder que dans les slips, voir la relation toute entière...
qui n'exclut pas un jour de « faire l'amour », mais il
n'y a pas que ça dans la vie.
Savoir apprécier les
promenades à deux au clair de lune en se tenant par la main, sans
chercher à en faire le prétexte pour « arriver à ses fins ».
C'est une histoire qui m'a été raconté il y a une trentaine
d'années par une sœur de la victime. En vacances celle-ci s'est
promenée au clair de lune sur la plage avec son flirt... et ça
s'est terminé par un viol. Dont elle n'a pas osé se plaindre
ensuite.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 20 août 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire