Il y a un peu plus de
quatre ans, je décidais que les vêtements étaient un parasitage de
la nature en moi. Sans perturber la vie des autres, je décidais de
m'en passer entièrement le plus souvent qu'il m'était possible.
C'est seulement après trois années de cette expérience que la
nudité a cessé complètement pour moi d'évoquer quelque chose de
« sexuel ». Encore six mois de plus et je commençais à
trouver pénible le fait d'être habillé comparé au fait de ne pas
l'être. Enfin, c'est après encore six mois de plus que me vint un
sentiment que j'ai eu d'emblée du mal à identifier. Je me disais me
sentir comme habillé tout en étant nu. En fait j'ai atteint un
niveau de conscience qui fait que je me sens tout à fait à l'aise
sans vêtements, comme je l'étais avant étant habillé. Je ne me
sens plus nu, mais simplement moi. Il m'a fallu donc quatre ans
d'évolution et expérience pratique pour en arriver là.
Le conditionnement
habituel de la plupart fait qu'est attaché une importance et une
valeur incomparable à l'âge et au « physique » des
gens. En particulier, les femmes considérées comme « vieilles
et moches » sont traitées comme des rebuts. Inversement celles
considérées comme « jeunes et belles » sont traitées
comme des proies et risquent plus le viol et les incivilités
sexuelles que les autres considérées comme moins jeunes et moins
belles.
Mais pourquoi
accorde-t-on autant d'importance à l'âge et la beauté ? Parce
qu'on méprise l'amour. On prétend lui donner un caractère
consommable, le réduire à l'état d'un produit relationnel
« physique ». Ne dit-on pas « faire l'amour »
et « amour physique » ? La confusion est ici la règle.
Et la femme est réduite à pas grand chose. Un objet de consommation
parmi d'autres objets de consommations concurrentiels.
C'est parce qu'on réduit
ainsi et nie l'être humain dans la femme que la qualité carnée de
celle-ci devient prépondérante. On ne voit plus la personne. On
ignore l'être humain. On ne regarde que sa peau et sa chair. Ce
n'est plus quelqu'un mais un morceau de viande de plus ou moins bonne
ou mauvaise qualité. De cette manière habituelle de voir on évite
de parler. Sauf parfois, comme aujourd'hui où une très jolie jeune
fille parisienne m'expliquait sa peur permanente de l'agression
sexuelle. Son souhait d'apprendre un art martial pour pouvoir se
défendre. Le fait que pour se déplacer seule dans Paris elle évite
les tenues trop sexy. Quitte à se changer avant de rentrer le soir
du travail. Le monde des femmes vit la peur au ventre et fait la
plupart du temps « bonne composition » en évitant de
parler de sa peur aux hommes, sans doute de crainte de les blesser.
Paris est une ville où
pour les jeunes femmes se déplaçant seules est établi un
couvre-feu de minuit environ à quatre-cinq heures du matin. Si elles
ne le respectent pas, c'est à leurs risques et périls. De ce
couvre-feu il n'est pas parlé la plupart du temps. Quand on veut
évoquer le sort dramatique des femmes on parle de pays orientaux.
C'est la règle. Résignées à la fatalité de l'horreur les femmes
ne se plaignent pas ouvertement, et les hommes non plus. Pourtant il
y aurait tant à gagner pour tous si notre société devenait enfin
civilisée ! Mais, parmi les hommes, combien le souhaitent ? Ils ont
l'impression d'être les seigneurs et maîtres. Il n'y aurait qu'à
arranger quelques détails pour que ce soit « parfait ».
Par exemple, que les femmes cessent de leur dire « non »
la plupart du temps.
Et s'ils se posaient la
question pourquoi ils cherchent si souvent la bagatelle ? Ne
serait-ce pas plutôt là, chez eux, dans leur comportement favori
qu'il faudrait chercher le problème ?
Mais bien sûr que non !
Se récrieront les fiers mâles. L'homme a toujours raison ! C'est la
femme qui est incompréhensible, imprévisible, compliquée et
capricieuse ! Si on continue à penser, ou plutôt ne pas penser
comme ça, l'Humanité n'est pas prête de sortir de l'impasse
sentimental.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 27 août 2016
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