Il y a des déjà pas mal
d'années j'ai lu à quelques reprises ce propos destiné à
justifier la masturbation : « avoir envie de se masturber,
c'est comme avoir envie de se gratter. Quand on a envie de se gratter
on se gratte. » Le parallèle choisi est très amusant. Car,
justement, quand on a envie de se gratter, on a très précisément
intérêt à ne pas le faire. Et la démangeaison passe beaucoup plus
vite. Mon père me l'a appris quand j'avais 7 ou 8 ans. Depuis ce
temps-là, je ne me gratte plus si par exemple je suis piqué par un
moustique.
Mais, à force de
chercher à justifier la pensée unique actuelle vantant la baise
tout azimuts et la masturbation en permanence ou presque, on en vient
à invoquer tous les arguments possible, les plus beaux comme les
plus ballots.
L'un d'eux est celui de
la « liberté d'expression » qui permet de justifier la
liberté de diffuser des torrents de pornographie en particulier sur
Internet.
En me promenant hier sur
Internet, j'ai découvert qu'il y a trois ans il avait été proposé
au « parlement européen » d'interdire la pornographie
dans l'Union européenne. Ce qu'il avait refusé de faire. Cette
histoire mérite quelques commentaires.
Si on souhaite interdire
la pornographie, il serait bon de parvenir à définir où commence
celle-ci. Ainsi, par exemple, j'ai créé récemment dans Wikipédia
un article sur un célèbre poème pornographique du XVIIIème siècle
: l'« Ode à Priape » d'Alexis Piron. Interdire la pornographie
implique-t-il de supprimer cet article où un poème comique et
paillard est intégralement cité ?
Il y a quelques
décennies, pour diffuser en France des photos de femmes nues,
l'argument invoqué bien souvent était « le nu artistique »
ou « le naturisme ». Interdire la pornographie
impliquerait-il également d'interdire les représentations
artistiques impliquant des humains nus ainsi que les revues et sites
Internet naturistes où apparaissent des humains nus ?
Selon la morale de divers
pays, l'indécence n'est pas la même. Doit-on suivre la morale d'un
pays, une zone géographique précise pour définir ce qui est
interdit ou pas ? Et dans ce cas quel pays plutôt qu'un autre et
pourquoi précisément ?
Et comment définir la
pornographie ? Pour ma part je la définirais ainsi : c'est consommer
sexuellement des gens. Ce qui fait de la pornographie quelque chose
de très vaste... Si on me dit que tel geste, telle situation,
implique nécessairement de « faire l'amour » qu'on en
ait envie ou non, simplement parce que c'est « techniquement »
possible, pour moi, c'est de la pornographie.
On a proposé d'interdire
« la pornographie » dans l'Union européenne. Mais cette
interdiction est-elle réalisable ? Bien évidemment qu'elle ne l'est
pas. Tout d'abord pour des motifs techniques. Un très grand nombre
de sites Internet pornographiques sont basés hors de l'Union
européenne et échappent à tous contrôles qui en viendrait.
De plus, la raison
principale qui rend impossible d'interdire la pornographie n'est pas
la défense de la « liberté d'expression », mais d'abord
et avant tout la défense de la liberté de faire du fric. Le marché
de la pornographie rapporte des masses d'argent. Le veau d'or est
aujourd'hui plus que jamais adoré et respecté de par le monde. Mais
la vraie question n'est pas d'interdire la pornographie, mais de
renoncer à elle et pour quelle raison. Ce choix est et reste
individuel. Et il n'a de sens que s'il est justifié par le respect
de l'être humain et pas par celui d'institutions ou de lois.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 24 août 2016
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