Ah ! Le sexe, il n'y a
rien de mieux, de plus indispensable pour l'équilibre, le bonheur et
la santé des humains ! Tel est le discours qu'on entend aujourd'hui
rabâché un peu partout. Hier, baiser épuisait la jeunesse, la
masturbation rendait les garçons fous et sourds, pour les jeunes
filles les décolletés « trop audacieux » amenaient le
cancer, laisser voir ses cuisses par accident y causait de l'eczéma,
etc. Aujourd'hui, baiser est devenu une obligation sociale,
spirituelle, médicale, fondamentale, une question d'honneur, un
challenge, une lutte pour la vie et sa réussite. Baisez ! C'est un
ordre !
Mais au fait, de quelle
« baise » s'agit-il ?
C'est « le sexe »,
le coït de préférence hétérosexuel. C'est « faire
l'amour », « l'acte d'amour »... Conformément à
cette phrase, à mon avis délirante, que j'ai trouvé sur Internet :
« Être amoureux signifie désirer sexuellement une autre
personne »...
On n'y échappe pas. On
ne doit pas y échapper. Sinon on est « coincé », on
« rate sa vie », « on passe à côté de
l'essentiel »... Et cet « essentiel » prend pour
modèle l'homme, que toutes les femmes et jeunes filles « doivent
imiter ». L'homme a tout le temps envie de faire l'amour, donc
la femme, la jeune fille doit avoir tout le temps envie de faire
l'amour.
L'homme se branle bien
souvent, donc la femme, la jeune fille doit se branler bien souvent.
La femme, la jeune fille
doit user de sex toys dont l'indispensable godemiché... Car elle ne
doit jamais oublier, y compris si elle jouit toute seule, que son
devoir est d'assurer... la jouissance de l'homme ! Ce qui veut dire
que si la femme, la jeune fille jouit par le clitoris, et sans
pénétration, celui-ci ne doit être que le chemin qui mène à
« l'orgasme supérieur » : du vagin avec monsieur dedans.
Je relevais ce discours
adressé aux femmes sur Internet : au lit vous devez vous consacrer à
son sexe, le lécher, sucer, mordiller, caresser. Il n'était pas
écrit : « si vous avez envie de faire ainsi, alors ne vous
gênez pas. » Non, il était écrit « vous devez ».
C'est une obligation, un devoir civique, une évidence. Et c'est une
incorrection, une faiblesse, un déshonneur, un comportement indigne,
ridicule, inadmissible, stupide, scandaleux, presque criminel si vous
ne le faites pas ! Et ce comportement supposé obligatoire sous peine
de voir le ciel et les psy vous tomber sur la tête, correspond
exactement au comportement dérangé et désolant de la plupart des
hommes
Car tout le discours
sexuel entendu un peu partout témoigne le plus souvent d'un parfait
machisme sexuel. Il sous-entend que la femme, pour progresser dans sa
vie à elle, doit se conformer au comportement sexuel des hommes. Son
émancipation passerait par là. Dans l'imitation servile de la
pitoyable sexualité masculine, qui a pour vedette la masturbation
intensive. Celle-ci a pour résultat divers troubles. A commencer par
le trouble de l'appétit sexuel. L'homme développe une faim sexuelle
permanente qui à la longue ou d'emblée tend à le rendre odieux aux
femmes. La masturbation amène avec les années une baisse générale
de la sensibilité au contact, aux caresses. Une femme que j'ai connu
et qui avait adopté un comportement sexuel calqué sur l'homme ne
trouvait d'intérêt dans le sexe que le coït et le cuni. Quand je
lui parlais des bisous sur la bouche, avec la langue, elle balayait
avec mépris ce genre de manière de faire en s'exclamant : « je
n'ai plus quinze ans ! » La masturbation habitue l'homme à
jouir sans érection ni pénétration. Son organisme alors s'adapte.
Il bande de moins en moins et puis plus du tout. Enfin, une perte de
la sensibilité éjaculatoire peut amener chez lui la recherche de
compensations : transgressions, domination, sadisme. Vouloir changer
la donne amène la question : peut-on réformer les relations
humaines ?
Basile, philosophe
naïf, Paris le 1er août 2016
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