lundi 1 août 2016

607 Le discours sexuel machiste dominant aujourd'hui dans notre société

Ah ! Le sexe, il n'y a rien de mieux, de plus indispensable pour l'équilibre, le bonheur et la santé des humains ! Tel est le discours qu'on entend aujourd'hui rabâché un peu partout. Hier, baiser épuisait la jeunesse, la masturbation rendait les garçons fous et sourds, pour les jeunes filles les décolletés « trop audacieux » amenaient le cancer, laisser voir ses cuisses par accident y causait de l'eczéma, etc. Aujourd'hui, baiser est devenu une obligation sociale, spirituelle, médicale, fondamentale, une question d'honneur, un challenge, une lutte pour la vie et sa réussite. Baisez ! C'est un ordre !

Mais au fait, de quelle « baise » s'agit-il ?

C'est « le sexe », le coït de préférence hétérosexuel. C'est « faire l'amour », « l'acte d'amour »... Conformément à cette phrase, à mon avis délirante, que j'ai trouvé sur Internet : « Être amoureux signifie désirer sexuellement une autre personne »...

On n'y échappe pas. On ne doit pas y échapper. Sinon on est « coincé », on « rate sa vie », « on passe à côté de l'essentiel »... Et cet « essentiel » prend pour modèle l'homme, que toutes les femmes et jeunes filles « doivent imiter ». L'homme a tout le temps envie de faire l'amour, donc la femme, la jeune fille doit avoir tout le temps envie de faire l'amour.

L'homme se branle bien souvent, donc la femme, la jeune fille doit se branler bien souvent.

La femme, la jeune fille doit user de sex toys dont l'indispensable godemiché... Car elle ne doit jamais oublier, y compris si elle jouit toute seule, que son devoir est d'assurer... la jouissance de l'homme ! Ce qui veut dire que si la femme, la jeune fille jouit par le clitoris, et sans pénétration, celui-ci ne doit être que le chemin qui mène à « l'orgasme supérieur » : du vagin avec monsieur dedans.

Je relevais ce discours adressé aux femmes sur Internet : au lit vous devez vous consacrer à son sexe, le lécher, sucer, mordiller, caresser. Il n'était pas écrit : « si vous avez envie de faire ainsi, alors ne vous gênez pas. » Non, il était écrit « vous devez ». C'est une obligation, un devoir civique, une évidence. Et c'est une incorrection, une faiblesse, un déshonneur, un comportement indigne, ridicule, inadmissible, stupide, scandaleux, presque criminel si vous ne le faites pas ! Et ce comportement supposé obligatoire sous peine de voir le ciel et les psy vous tomber sur la tête, correspond exactement au comportement dérangé et désolant de la plupart des hommes

Car tout le discours sexuel entendu un peu partout témoigne le plus souvent d'un parfait machisme sexuel. Il sous-entend que la femme, pour progresser dans sa vie à elle, doit se conformer au comportement sexuel des hommes. Son émancipation passerait par là. Dans l'imitation servile de la pitoyable sexualité masculine, qui a pour vedette la masturbation intensive. Celle-ci a pour résultat divers troubles. A commencer par le trouble de l'appétit sexuel. L'homme développe une faim sexuelle permanente qui à la longue ou d'emblée tend à le rendre odieux aux femmes. La masturbation amène avec les années une baisse générale de la sensibilité au contact, aux caresses. Une femme que j'ai connu et qui avait adopté un comportement sexuel calqué sur l'homme ne trouvait d'intérêt dans le sexe que le coït et le cuni. Quand je lui parlais des bisous sur la bouche, avec la langue, elle balayait avec mépris ce genre de manière de faire en s'exclamant : « je n'ai plus quinze ans ! » La masturbation habitue l'homme à jouir sans érection ni pénétration. Son organisme alors s'adapte. Il bande de moins en moins et puis plus du tout. Enfin, une perte de la sensibilité éjaculatoire peut amener chez lui la recherche de compensations : transgressions, domination, sadisme. Vouloir changer la donne amène la question : peut-on réformer les relations humaines ?

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er août 2016

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