À
quoi se résume la démarche amoureuse d'un très grand nombre
d'hommes ? Ils s'intéressent à une fille, ou plusieurs. Puis, à
propos de cette fille, ou de chacune de ces filles, se posent la
question unique, précise, centrale, obsédante, essentielle,
fondamentale. La question des questions à laquelle tout se résume,
la vie, l'amour, les gondoles à Venise, le mariage, les vacances
réussies, la bonne fortune à raconter ensuite pour faire baver les
copains, etc. Bref, la seule QUESTION IMPERATIVE QUI VAILLE :
« comment parvenir à son petit trou et y mettre ma queue
dedans? »
C'est
tellement caricatural et tellement stupide ! Moi aussi, j'ai été
bête comme ça. Et à présent, quand j'y pense et vois s'agiter
autour de moi les hommes obsédés par le petit trou, ça me fait
étouffer de rire ! Mais c'est triste aussi. Car cette démarche
stupide fait souffrir les filles. J'aime les filles et ne les résume
plus, comme ces imbéciles, à leur petit trou.
L'amour,
pour des troupeaux entiers de garçons hallucinés se résume donc à
un challenge : voilà une fille qui leur plaît. Généralement parce
qu'elle a juste un joli cul. Comment parvenir à son petit trou ? La
fille, de son côté, n'est ni idiote ni naïve. Elle voit très bien
que le garçon tourne autour de son petit trou. Elle aimerait bien ne
pas s'y voir résumer. Elle a un cœur, de l'humour, de la
sensibilité, plein de choses qui résument un être humain dans
toute sa préciosité et complexité. Dans toutes ces choses, il y a
aussi également le petit trou, mais pas que le petit trou.
Or,
le garçon imbécile, lui ne voit que ça : le petit trou. Je me
souviens du temps où j'étais crétin comme de nombreux millions
d'autres. Il y a bien longtemps, une jeune fille me plaisait. Je
pensais à son petit trou. Un jour, je parviens à poser ma main
dessus. Et la jeune fille, consentante et excédée s'exclame :
« mais, ce n'est pas agréable ! » J'ai arrêté
aussitôt. Une autre fois, je commence à lui déboutonner son
pantalon, elle se laisse faire, mais, inquiet de son avis, lui
demande : « ma main te gêne ? » « Oui »,
elle répond. J'ai aussitôt arrêté.
Durant
des années, j'ai été « amoureux » comme on dit, d'une
jeune fille très jolie. La question des questions m'a taraudé :
« comment parvenir à son petit trou ? » Cette idée fixe
dans notre relation se voyait comme le nez au milieu de ma figure.
Elle m'a dit, plus d'une fois : « tu ramènes toujours ça et
ça gâche tout. » Mais moi je ne l'écoutais pas. Comment
pouvais-je entendre son reproche alors que tous les garçons autour
de moi faisaient pareil et que c'était soi-disant là « la
Nature » et « l'évidence » ? Je croyais que
c'était « l'amour ». On appelle même ça « faire
l'amour » !
La
réalité est autre et plus complexe. Les garçons, dès l'âge de
12-13-14 ans, découvrent la masturbation. En font une activité
régulière et à vie. L'éjaculation est vécue par eux comme un
flash de drogue auto-produite. Et, la culture aidant, ils assimilent
le petit trou à leur flash de drogue. Ils sont drogués,
endorphinomanes. Et ne voient plus dans la fille qui leur plaît que
la possibilité de prendre leur dose. Et de la bonne ! De la
vaginale, de l'anale ou de la buccale ! Car, ces crétins croient
qu'en remplaçant leur main par le vagin de la fille, son anus ou sa
bouche, ils connaitront un flash optimal. Ils écoutent les leçons
tordues de la pornographie et ne savent vraiment pas ce qu'est
l'amour, qu'il soit « physique » ou pas. Et les filles,
qui aiment les garçons, sont bien ennuyées par tous ces hallucinés
qui ne voient plus en elles que leur petit trou. Une jolie fille que
je connaissais avait trouvé la solution. Elle ne vivait pas avec son
copain. Comme ça, elle ne subissait son obsession du petit trou qu'à
l'occasion où elle le voyait en tête-à-tête. Ce qui n'arrivait
pas trop souvent. Mais si un jour on veut avoir des enfants, on fait
comment ? On partage son toit avec l'obsédé du petit trou. Ça dure
quelques années. Puis on s'en débarrasse et on divorce. Combien de
femmes suivent ce chemin ? Comme me disait une amie : « tu
sais, en général au début on fait souvent l'amour, et puis, on
s'en désintéresse. Alors, si l'homme ne s'y fait pas, on se
sépare. »
Basile,
philosophe naïf, Paris le 3 août 2016
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