Comme on l'a vu dans les
deux précédentes contributions à ce blog (n°599 et n°600), le
désaccord sexuel entre l'homme et la femme, produit de la
déformation du comportement masculin, est à l'origine d'une peur
sourde, diffuse et générale. Celle-ci touchant la grande masse des
humains n'est pas identifiée comme telle mais entraîne quantité de
comportements paradoxaux, telle que la crainte de la réussite, par
exemple.
Le domaine sentimental
n'échappera pas à cette peur. Qui pourra être à l'occasion
amplifiée et rendre la vie carrément invivable. En voici un exemple
:
Un homme vit avec une
femme. Pour cet homme, vivre avec cette femme avec le temps est
devenu insupportable. La quitter est inconcevable. Il se dit : « je
ne peux pas la quitter, ce serait immoral et inhumain, car elle a
besoin de moi. » En fait, c'est lui qui a besoin d'elle.
Il devient un boulet pour
elle. Car il ne manque pas une occasion de se rassurer lui, en
rappelant à elle : « que ferais-tu sans moi, si je n'étais
pas là ? » Elle finit par le quitter. Un bref moment il a
envie de la tuer. Fort heureusement il résiste à cette envie. Et
tombe alors dans un état suicidaire, et une dépression qui va durer
plusieurs années.
Que s'est-il passé ? Au
départ, l'accord avec cette femme a fait baisser avec elle le niveau
de peur habituel de cet homme à l'égard de toutes les femmes. Peur
dont il n'a pas la conscience claire de l'existence. Puis, quand la
compagnie de cette femme est devenue insupportable, l'homme est resté
accroché au souvenir de la baisse de sa peur. Quitter cette femme
est devenu pour lui un choix terrifiant. La quitter revenait
pratiquement à aller vers la peur. Cette perspective amplifiait la
peur. Alors, il n'arrivait pas à se résoudre à faire le choix
pourtant logique de s'éloigner et se trouvait des alibis moraux pour
refuser de le faire.
Quand sa peur avait
baissé vis-à-vis de cette femme il s'était mis à la trouver
merveilleuse alors qu'elle était très ordinaire. À
avoir l'impression que rien de mal ne pouvait lui arriver tant qu'il
était avec elle et partageait sa vie. On appelle cet état « être
amoureux ». En fait il s'agit d'un phénomène mettant en jeu
l'homme, sa peur et ses endorphines qui l'enchantent et l'abrutissent
aussi un peu quand sa peur baisse.
Mais l'idéalisation
« amoureuse » n'est pas la seule conséquence possible de
la peur diffuse, sourde et générale entre les sexes. Pour y
échapper, la « réussite » matérielle peut prendre un
caractère caricatural. Ainsi, celui qui disposera déjà de tous les
avantages matériels possible pourra chercher à en vouloir
« toujours plus ». D'autant que ce « toujours
plus » sera associé à l'idée de la séduction irrésistible
de l'autre qui fait peur. Des personnes extrêmement riches en
voudront toujours plus, avec les conséquences dramatiques que cette
ambition malade entraînera sur le plan social. De nos jours ce
comportement du « toujours plus » chez les ultra-riches
est une des causes majeures, sinon la cause majeure, des problèmes
et souffrances de l'Humanité. Les plus riches de ce monde, au lieu
de se pavaner, feraient mieux d'avoir honte et se faire soigner. La
recherche du pouvoir pour le pouvoir procédera de la même fuite
devant la peur diffuse, sourde et générale entre les sexes. Le
pouvoir bien souvent n'offre pas d'autres conforts que celui de
l'illusion. Mais ceux qui en disposent sont prisonniers de leurs
peurs. Le symptôme de la recherche du pouvoir sera souvent associé
à d'autres, tels qu'une pratique sexuelle compulsive. Le recours à
des dames tarifées, bénévoles ou prises de force est courant dans
les hautes sphères du pouvoir et de la politique. Divers scandales
viennent de temps à autre nous rappeler cet aspect peu ragoutant des
allées du pouvoir. Pouvoir qui n'est rien. Car le plus grand et le
plus précieux pouvoir reste celui de se libérer de la peur.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 28 juillet 2016
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