Comme nous l'avons vu
dans le texte précédent, la mésentente homme-femme conduit à la
permanence de la peur entre les sexes. Cette peur omniprésente
débouche sur une peur sourde générale et diffuse. Elle va se
greffer en différents endroits variés. Ainsi elle pourra prendre la
forme de la peur de l'originalité. Relevant de cette peur on
remarquera le comportement extrêmement répandu dans la jeunesse de
rechercher l'uniformisation. Par exemple en s'habillant et se
coiffant tous pareils. En utilisant un langage particulier commun. En
écoutant tous les mêmes musiques.
Une autre forme que
prendra cette peur sourde générale sera la peur du changement quel
qu'il soit, y compris en mieux. Je connais l'exemple illustratif
suivant : investissant un nouveau logement, un homme passe des mois à
le remettre en état. Essentiellement question peinture des murs et
du plafond. Quand se libère un autre logement sur le même palier, à
peine plus cher, nettement plus grand et confortable. Il est des plus
faciles alors de déménager ! Pourtant l'homme s'y refusera.
Pourquoi cette décision intellectuellement absurde ? Parce qu'à
force de vivre de longs mois dans le premier logement plus petit et
moins confortable l'homme s'y est habitué. Le quitter serait alors
un changement. Et au changement s'attache la peur sourde générale.
Le même homme ayant
commencé à faire de la culture physique se trouvera un moment mal à
l'aise en constatant que sa manière de se tenir s'étant amélioré
il se tient nettement plus droit. Là encore le changement fait peur.
Et il peut faire peur quand il s'agit y compris de réussite.
Combien de parents se
désolent de voir leurs enfants mâles « adolescents »
tout à fait capable de connaître des bons résultats scolaires,
s'obstiner à rester des cancres ? Plus ces enfants seront critiqués,
plus ils s'obstineront dans leur manière de faire. Pourquoi ? Parce
qu'ils se diront quelque part : « je suis celui qu'on
critique ». Et s'ils changeaient en bien, ça n'irait pas.
Pourquoi ? Parce qu'il s'agirait d'un changement. Et la peur sourde,
générale, diffuse et omniprésente règne et dit : « pas de
changements ! Même en mieux. »
Le plus surprenant est
quand cette peur vient vous convaincre de ne connaître que des
échecs avec le sexe opposé. Un jour, j'ai entendu un homme me dire
textuellement : « les filles bien ne sont pas pour moi. Il ne
me reste que les autres. » Et quand cet homme par la suite
rencontrait des filles plaisantes pour lui, il s'empressait de
déclarer : « oui, mais elles ont déjà quelqu'un. » En
fait cet homme avait adopté l'idée qu'il faisait partie de « ceux
qui ne connaissent que des déceptions avec les filles. » Et il
avait une peur panique... du changement. C'est-à-dire d'une
amélioration de son sort. Rester fidèle à sa peur lui était plus
précieux que rencontrer une belle.
La peur sourde, diffuse
et omniprésente va aussi s'opposer à la créativité artistique.
Car créer quelque chose d'apparemment nouveau, c'est faire preuve
d'originalité, de changement. Les artistes passent beaucoup de temps
et fournissent énormément d'efforts pour s'arracher aux limites
qu'ils se sont posés. Peignant moi-même j'ai pu constater qu'à une
époque je refusais d'employer des couleurs vives. Soi-disant parce
que les couleurs rabattues étaient plus jolies. Puis j'ai changé.
Ce changement a correspondu à une modification générale de mes
conditions de vie. Je refusais aussi depuis toujours d'employer la
couleur noir. Soi-disant parce qu'elle faisait « comme un
trou » dans le tableau. Puis, un jour j'ai visité une
exposition de peintures où le noir était largement et joliment
utilisé. J'ai changé encore une fois et accepté d'employer la
couleur noir. À chaque
fois il s'est agit de me libérer de chaînes invisibles qui
limitaient ma liberté d'expression. Ces chaînes étant l'expression
de cette peur sourde, générale, diffuse et omniprésente. Que de
choses petites ou grandes pour cette raison avons-nous peur
d'entreprendre ? Se libérer de cette peur fondamentale est une
grande œuvre qu'il appartient à chacun de nous de réaliser !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 26 juillet 2016
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