Le tabou sexuel numéro
un est celui de la masturbation masculine. Elle forme la principale
activité sexuelle humaine, est massivement pratiquée. On n'en parle
pour ainsi dire jamais. On fait même mine de croire que seuls les
très jeunes la pratiquent pour « découvrir leur corps ».
Et que les hommes pourvus d'un vide-couilles attitré : fiancée,
amante, épouse, ne la pratiquent plus. En fait on peut se masturber
le pénis avec divers outils : la main, les cuisses, le vagin, la
bouche, l'anus. Quand sans désir authentique ni sentiments réels un
homme pénètre une femme ou un homme et éjacule dedans, il ne fait
pas l'amour, il se branle. Le vrai désir est plutôt rare.
La masturbation est
nocive car elle dérange, détraque l'appétit sexuel. Comme le fait
de manger trop et sans tenir compte de nos besoins alimentaires
dérange l'appétit pour la nourriture. Mais l'appétit sexuel joue
un rôle relationnel et son dérangement, l'incapacité à
conscientiser notre désir, crée des troubles relationnels entre les
humains. Il en est ainsi du harcèlement sexuel des femmes, du viol
et des agressions sexuelles. Quantité de comportements sexuels
qualifiés de « déviants » sont l'expression du
dérangement de l'appétit sexuel. Dérangement auquel participe la
masturbation et son adjuvant pornographique. Tous les masturbés ne
sont pas des violeurs, mais le dérangement de l'appétit sexuel
favorise et peut-être même est à l'origine des crimes passionnels
et agressions sexuelles, au nombre desquelles les viols. Le viol est
une des pires choses qui se pratique, et à très grande échelle,
dans notre société. Qu'il soit commis par la force, la surprise, la
pression psychologique ou l'abus de confiance et le mensonge.
J'ai rencontré pour la
première fois la masturbation alors que je ne devais guère avoir
plus de huit ans. Nous avions dans l'atelier familial parisien où je
suis né et ai grandit un ouvrage de matière médicale
homéopathique. Suivant de vieilles et regrettables traditions, son
auteur avait placé au nombre des maladies et troubles de la santé
la masturbation. Comme je feuilletais ce petit livre, je tombais sur
ce mot inconnu : « Masturbation ». Mon père et ma mère
étaient tout près de moi. Je leur demandais une clarification.
Quel était la signification de ce mot mystérieux ?
Mon père m'a répondu
que ça voulait dire quelqu'un qui se frotte le zizi. « Et
pourquoi ? » Lui ai-je demandé. « Parce qu'il est fou »,
m'a-t-il rétorqué. Ma mère n'a rien dit et par son silence a
avalisé ce discours culpabilisateur. Ce n'est pas beau, d'être fou.
J'ai finalement découvert
seul la masturbation des années plus tard. Jointe à la recherche
d'images érotiques, je l'ai pratiqué durant au moins une
cinquantaine d'années. Quand j'ai décidé d'arrêter et la
masturbation et la pornographie, je ne croyais pas que j'y
arriverais, tant cette pratique était ancienne pour moi. Mais, mis à
part une brève rechute de trois ou quatre jours, j'ai tenu bon et ai
complètement cessé ces deux activités.
M'intéressant à ceux
qui pouvaient prôner un tel arrêt j'ai fait quelques recherches sur
Internet. J'ai trouvé surtout des sites religieux qui condamnent la
masturbation manuelle mais valorisent la masturbation dans un vagin.
Sinon, des sites qui prennent le contre-pied et chante les louanges
de la branlette. Et le font quelquefois de manière absolument
caricaturale.
On a souvent dénoncé
sans précision le concept de « femme objet ». Il faut
préciser : « objet masturbationnel ». Ce qui apparaît
d'évidence dans quantité de vidéos pornographiques où la femme se
résume à son vagin, sa bouche et son anus. Ses « partenaires »
sexuels masculins ignorant royalement tout le reste de sa personne.
On comprend que les femmes ne supportent pas d'être résumées à
une fonction masturbationnelle et voir ainsi niée leur pleine
qualité d'être humain.
La démarche
masturbationnelle masculine est une démarche toxicomaniaque : à
travers elle l'homme recherche le flash d'endorphine provoquée par
l'éjaculation. Mais, comme toutes les drogues prises, vient le
phénomène d'accoutumance. Le plaisir recherché est de plus en plus
réduit et ardu à obtenir. Alors, très loin de se remettre en
question, le masturbateur accuse la femme. Si le plaisir et la
satisfaction masculine ne sont pas au rendez-vous, c'est la faute à
elle. Parce qu'elle ne veut pas baiser, ne veut pas assez vite, assez
souvent, au bon moment, refuse certaines pratiques sexuelles, n'est
pas la bonne personne. Voire la partenaire n'est pas du bon sexe ou
l'homme n'est pas du bon sexe et doit en changer.
J'ai rencontré il y a
des années un cavaleur, qui s'est ensuite fait homosexuel et enfin,
j'ai su par un tiers qu'il s'était fait modifier physiquement pour
devenir du sexe opposé. Son insatisfaction sexuelle, il l'a portait
en lui et elle le suivait fidèlement.
Imaginons un jeune homme « bien élevé ». Il se branle entre deux et huit fois par semaine. Il va apprécier une femme de son entourage. Souhaitera s'en rapprocher. Mais sa pratique masturbationnelle, son état de toxicomane endorphinien, d'endorphinomane, va créer en lui une obsession : il voudra à tous prix baiser la femme qui lui plaît. Sa démarche sera celle d'un drogué, pas d'un homme désirant. La femme le sentira et conservera alors la distance. Comme le jeune homme est plaisant et bien élevée, la femme le fréquentera, mais « comme ami ». Le jeune homme supportera de plus en plus mal sa frustration, entretenue par ses masturbations régulières. Jusqu'au jour où soit il fera « un faux pas », un geste vers le sexe de la femme, soit il marquera son insatisfaction en devenant odieux. Par exemple, il passera un après-midi entier sans desserrer les dents, restant hostilement silencieux. Si la femme en aura marre, elle pourra alors stopper la relation. Ça pourra être aussi le jeune homme qui s'éloignera, jugeant la femme « trop compliquée ». En fait il s'agit d'un drogué qui renifle sa dose possible d'endorphine à obtenir en se masturbant avec un vagin et pas d'un jeune homme qui veut « faire l'amour ». Qu'un rapprochement ait finalement lieu ou non, il sera ici de toutes façons faux. Car il consistera pour le jeune homme a transformer cette femme en objet masturbationnel, pas en partenaire sexuel. Cette relation fausse sera triste et sans avenir positif.
Imaginons un jeune homme « bien élevé ». Il se branle entre deux et huit fois par semaine. Il va apprécier une femme de son entourage. Souhaitera s'en rapprocher. Mais sa pratique masturbationnelle, son état de toxicomane endorphinien, d'endorphinomane, va créer en lui une obsession : il voudra à tous prix baiser la femme qui lui plaît. Sa démarche sera celle d'un drogué, pas d'un homme désirant. La femme le sentira et conservera alors la distance. Comme le jeune homme est plaisant et bien élevée, la femme le fréquentera, mais « comme ami ». Le jeune homme supportera de plus en plus mal sa frustration, entretenue par ses masturbations régulières. Jusqu'au jour où soit il fera « un faux pas », un geste vers le sexe de la femme, soit il marquera son insatisfaction en devenant odieux. Par exemple, il passera un après-midi entier sans desserrer les dents, restant hostilement silencieux. Si la femme en aura marre, elle pourra alors stopper la relation. Ça pourra être aussi le jeune homme qui s'éloignera, jugeant la femme « trop compliquée ». En fait il s'agit d'un drogué qui renifle sa dose possible d'endorphine à obtenir en se masturbant avec un vagin et pas d'un jeune homme qui veut « faire l'amour ». Qu'un rapprochement ait finalement lieu ou non, il sera ici de toutes façons faux. Car il consistera pour le jeune homme a transformer cette femme en objet masturbationnel, pas en partenaire sexuel. Cette relation fausse sera triste et sans avenir positif.
J'ai été ce jeune homme
bien élevé durant de longues années. Je ne comprenais pas ma
situation et la supportais encore moins. Mais, pour rien au monde, je
n'arrivais à renoncer à cette situation qui me faisait mal. Je
m'éloignais puis revenais vers la cause de mon malaise. Qui se
trouvait en fait en moi. J'étais un endorphinomane qui rêvait de
prendre « sa dose » avec une personne précise de son
entourage. Quand cette situation dure pendant longtemps, le malade
masculin qu'elle concerne prend le nom de sigisbé...
C'est une situation
classique. On parlera aussi « d'amoureux transi », ce qui
est la même chose. J'ai eu l'occasion très récemment d'observer de
l'extérieur ce genre de situation touchant d'autres que moi. La
jeune fille pleine de vie, le jeune homme enfoncé dans son obsession
et bien élevé se retenant de faire un geste « déplacé ».
Des mois il a passé à tourner autour de son gros gâteau au
chocolat tout en retournant chez lui bredouille à chaque fois pour
se branler. Finalement il est devenu fermé, odieux, insupportable
et, bien sûr, jaloux de tous ses « concurrents » sexuels
potentiels. La jeune fille a mis un terme à cette relation devenue
étouffante. Combien de jeunes gens « bien élevés » ont
connus, connaissent ou connaîtront ce genre de situations ? Encore
beaucoup, très certainement. La toxicomanie masturbationnelle a
encore de beaux jours devant elle. Il suffit de relever l'ampleur du
trafic sur les sites Internet pornographiques pour s'en rendre
compte. Ou, très simplement, d'écouter les propos des jeunes hommes
parlant de sexualité, y compris les jeunes hommes « sages et
bien élevés ». Tout en pratiquant la masturbation en
solitaire et n'en parlant autant dire jamais, ils ne rêvent que de
beaux objets masturbationnels féminins ou masculins. Ils ne savent
pas pour la plupart reconnaître le vrai désir et les vrais
relations. Les femmes généralement s'en défient. Et elles ont
malheureusement bien raison.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 9 juillet 2016
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