Combien d'hommes
préfèrent aux femmes la compagnie de leurs amis hommes voire de
leur animal de compagnie qui leur paraît plus rassurant et proche
d'eux. La plupart du temps, les hommes ne sont pas à l'aise avec les
femmes, affirment « ne pas les comprendre », et, en
résumé en ont peur. Quelle explication donner à une telle
situation où celles qui devraient être les plus proches des hommes
ne le sont pas ?
L'explication de ce
trouble se trouve en l'homme lui-même. Une illustration statistique
de ce trouble est donnée par le colossal marché de la pornographie.
Il témoigne de ce que les mâles humains dès l'âge de 12-13-14 ans
pratiquent régulièrement la masturbation. Ce qui détraque leur
appétit sexuel. Ils ont tout le temps faim et sont à tout bout de
champs motivés artificiellement par la recherche de l'acte sexuel.
Il n'existe pas de trouble complémentaire chez la femme/ Ce qui fait
que le comportement masculin les dérange et les éloigne. Cette
fringale masculine de coïts, cette coïtomanie se révèle donc être
une faim inassouvissable. L'éjaculation obtenue par divers moyens
mécaniques joue pour la plupart des hommes le rôle d'un flash de
drogue. Ils sont drogués. Quand bien-même pour leur masturbation
ils remplacent leur main par le vagin d'une femme. Ils pensent à
eux. Il ne s'agit pas d'amour, mais d'utilisation de l'anatomie
féminine en substitution de leur main habituelle.
Un dragueur frénétique
que j'ai connu, et qui obtenait un certain succès dans ses
entreprises, m'a dit un jour, il y a quelques années, parlant du
désir de coït chez la femme : « de toutes façons, elles ne
veulent jamais ! » Mais, s'est-il posé la simple question :
« et moi, pour quelle raison ai-je tout le temps envie ? »
Bien sûr que non, cette question-là, il ne se l'est pas posé.
Si les femmes selon lui
« ne veulent jamais » baiser, ça signifie qu'à chaque
fois qu'il est parvenu à ses fins avec une femme, c'est-à-dire au
coït, c'était par la pression morale. Quand on pratique
systématiquement et durant des années la pression morale de cette
façon, on finit facilement un jour par violer. Je connais au moins
un cas de personnes à qui c'est arrivé.
La tension engendrée par
la revendication masculine coïtale permanente va contrarier
l'ensemble des relations entre l'homme et la femme. Ainsi, il en sera
du regard. Si je regarde le décolleté d'une jolie Parisienne, il
arrive qu'elle s'empresse d'arranger celui-ci pour réduire son
échancrure. Mais, en aucun cas elle va m'exprimer verbalement sa gêne.
On est confronté là comme à une zone de communications où on doit
éviter la rencontre directe.
Il est, bien sûr, en
principe interdit de toucher l'autre pratiquement où que ce soit, y
compris dans des zones de l'épiderme considérées comme neutres
sexuellement. Tout contact même léger et accepté débouchant
soi-disant et forcément sur la recherche du coït.
Parler librement devient
impossible. Les mots sont piégés. On peut dire à quelqu'un qu'on
aime la peinture qu'il a réalisé, le gâteau qu'il a cuit, le livre
qu'il a écrit. Mais allez dire à quelqu'un, une femme par exemple,
qu'on aime ses jambes, ses seins ou ses fesses ! Ça ne se fait pas,
c'est vulgaire. L'homme a le droit de témoigner de sa proximité
avec un livre ou un gâteau, pas avec un cul.
Comment d'ailleurs la
communication pourrait-elle ici s'exercer ? Sachant le problème du
non : si une femme paraît dire « oui » et après dit
« non » au coït, il est entendu pour un grand nombre
d'hommes que seul le « oui » reste effectif. On peut
refuser un café, un gâteau, une promenade, mais un coït non, ça
ne se fait pas. Cette aberration intellectuelle est très bien
traduite par la phrase stupide et odieuse : « quand elles
disent non, en fait c'est toujours oui ». Il suffirait
soi-disant d'insister pour arriver au coït dans de bonnes conditions.
Quelle belle ânerie et que d'abus à la clé !
Il s'agirait soi-disant
d'évidences. Je me souviens d'un fait survenu au début des années
1970. Je connaissais un groupe de quatre ou cinq jeunes hommes tous
âgés d'environ dix-sept, dix-neuf ans. A un moment-donné je les ai
vu accompagnés par une très jolie jeune fille de seize ans. Elle
avait la particularité de s'être fait teindre les cils en violet.
Ce qui lui conférait un regard étrange et très beau. Puis je n'ai
plus vu cette jeune fille. Elle a disparu de circulation. J'en ai
entendu parler par un des jeunes hommes du groupe. Il fut très
satisfait de me raconter qu'un jour la jeune fille en question avait
consentit à une séance de pelotage nue avec le groupe, à la
condition de ne pas faire l'amour. Après quoi, les garçons avaient
cachés ses vêtements et n'avaient consentit à les lui rendre qu'à
condition quelle accepte de passer sous chacun des garçons. Ce
qui fut fait.
C'est seulement en y
repensant à présent que j'ai mis une définition à ce fait vieux
de bientôt un demi-siècle. Il s'est agit d'une tournante, un viol
en réunion. Car quelle que soit la situation souhaitée au départ
par cette jeune fille, quand elle a dit ne pas vouloir de coït, sa
volonté devait être respectée. Ces soi-disant si belles années
soixante-dix ne l'ont pas été pour tout le monde.
Mais la confusion n'est
pas que dans la tête des hommes, mais peut aussi l'être dans la
tête des femmes, en l'absence de vision claire et analysée de la
situation. Au début des années 1990, une dame quadragénaire
connait une mémorable après-midi de pelotage avec un ami. Par la
suite, celui-ci lui propose de recommencer. Elle prétexte pour
refuser qu'elle a un problème d'infection gynécologique. Pour elle,
la suite des événements signifiait nécessairement le coït. Comme
elle n'en voulait pas, elle a trouvé pour justificatif une infection
diplomatique.
Imaginer qu'un homme
puisse ne pas suivre l'ornière commune dépasse l'entendement de la
plupart des hommes et des femmes. J'ai ainsi raconté un jour à un
ami que j'avais en vacances partagé huit nuits de suite le lit d'une
jolie fille. Et qu'il ne s'était rien passé entre nous de ce qui
est sensé se passer selon beaucoup en pareil cas. Il n'en revenait
pas. Mais pourquoi ce ne serait pas possible ? Réponse : en général
c'est impossible parce que la plupart des hommes veulent tout le
temps obtenir leur flash d'endorphines produit par l'éjaculation
masturbatoire.
Comme cette situation
générale conduit les jeunes filles dès très jeunes à être sur
leurs gardes et craindre l'agression sexuelle, elles vont avoir peur.
Or, il faut savoir qu'une des particularités des sentiments humains
est qu'ils sont plus ou moins contagieux. Si vous êtes par exemple
au milieu de gens tristes, apeurés ou joyeux, sans partager leurs
motivations, vous risquez fort de finir par partager leurs
sentiments. Et si vous y résistez de contrarier votre entourage.
L'homme ne comprend pas
sa situation, n'arrive pas à communiquer avec la femme. Celle-ci a
plus ou moins peur en permanence de l'agression sexuelle, même si
elle évoque rarement cette peur. Ce qui fait que l'homme va avoir
peur lui aussi.
Si, pourtant, à force de
travailler individuellement sur lui, l'homme surmontera cette peur,
il connaîtra un changement étrange. Et déstabilisera les femmes
qu'il rencontrera. Car elles percevront en lui quelque chose
d'inhabituel. Peut-être alors un nouveau type d'accord naîtra.
C'est le souhait que je formule ici.
Les ressources
intérieures en l'homme et en la femme sont extrêmement grandes et
rarement sollicitées. L'homme d'aujourd'hui est semblable à un
jardin qui n'a pas encore été semé. Et qui n'a pas encore fleuri.
Beaucoup de choses
positives sont possible. À
condition de commencer par croire qu'elles sont possible. Rien ne
s'oppose au bonheur à condition d'aller le chercher où il est.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 25 juillet 2016
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