Dans la société
française et parisienne, quand les jeunes hommes atteignent l'âge
de 12, 13 ou 14 ans débute leur activité sexuelle quotidienne : la
masturbation, qui les accompagnera tout le long de leur vie. Ils
pourront la pratiquer y compris à plusieurs, par exemple en
regardant une vidéo pornographique. De cette vie sexuelle on ne
parlera guère dans les articles et ouvrages prétendument
vulgarisateurs. Il faut dire que la masturbation masculine est un
sujet tabou. Pratiquement tous les hommes la pratiquent. Très peu
s'en vantent ou, simplement, en témoignent. Je n'ai jamais vu de
statistiques brandies prétendant évaluer le nombre de fois où les
hommes la pratiquent dans la semaine, l'année, la vie.
Avec l'activité en
question se répétant jusqu'à vingt fois et plus par semaine,
l'accoutumance s'installe. Le plaisir décroit. La prise régulière
d'une drogue génère toujours ce type de phénomène. Mais
l'imagination est toujours là et cherche des issues pour
« ré-enchanter » la sexualité solitaire défaillante.
C'est ainsi que vont se mettre à prospérer les mythes sexuels
masculins.
Le « Grand Amour »
en est un des plus fameux. Remarquons la pauvreté absolu du
qualificatif : « Grand Amour ». Et pourquoi pas : « Amour
de taille moyenne » ou « Amour de 2 mètres 30 » ?
Ce terme ne veut rien dire, ou plutôt il signifie « Très
grande illusion ». C'est la femme « idéale ». Mais
un être humain peut-il être idéal ? Et qui le définit ainsi ici
et selon quels critères ? Ce fantôme indigent va néanmoins réussir
à faire rêver. Il ne corresponds à rien de réel, juste à un
fantasme.
Le « Grand Amour » pousse le ridicule jusqu'à se définir comme « éternel ». A l'inverse, limité dans le temps apparaît « le bon coup ». C'est une femme qui ne pense à rien, ne veut rien, ne fait rien, excepté penser comme vous voulez qu'elle pense, vouloir ce que vous voulez, faire tout uniquement pour votre satisfaction. Difficile d'inventer un concept plus stupide et détaché de la réalité.
La « fille sérieuse » est un mythe d'origine caricaturale. L'homme qui se branle et court après tout ce qui bouge, un peu par image en négatif de ce qu'il est, imagine une fille qui va joindre le lavage de ses slips à des nuits d'amour torrides. L'égoïsme le plus absolu est reflété par l'attachement à ce mythe.
La « fille qui vous
rend heureuse au lit ». Paradoxalement, si elle adore « faire
l'amour » c'est uniquement avec vous. Et pourquoi avec vous ?
Parce que ça vous arrange, pardi ! Bref, elle est « folle du
cul », mais uniquement du vôtre. On ne voit pas pourquoi il
devrait séduire plus qu'un autre. Mais, mis à part son aspect
caricatural, ce mythe reflète bien la carence à son origine.
L'adepte de ce mythe se masturbe depuis des mois, des années, des
centaines de fois. Il n'arrive pas à se passer de cette activité.
Mais elle le déçoit. Alors, il imagine que le fantôme qui s'agite
sur l'écran de son ordinateur quand il regarde un porno, s'extrait
de l'écran. Le voilà en chair et en os et il est parfaitement
heureux ! Et cette créature est là uniquement pour sa satisfaction
personnelle !
On édite des centaines
d'ouvrages prétendant vous expliquer votre sexualité en détails.
Des multitudes de sites Internet vous promettent monts et merveilles
dans le domaine du sexe à condition de suivre leurs conseils
« avisés ». Mais je n'ai jamais vu nulle part commencer
par relever comment la vie sexuelle se passe en réalité. Et à
quels rêves indigents vous poussent l'insatisfaction qui en résulte.
De plus on verra souvent
vanter l'existence et le développement des « fantasmes »
soi-disant « indispensables » pour « enrichir »
notre « vie sexuelle » ! C'est là une prétention aussi
ridicule que de prétendre enrichir un maigre repas avec des rêves
de restaurants gastronomiques inaccessibles.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 10 juillet 2016
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