L'enfance prolongée agit
comme un conditionnement. Il est différent selon qu'on est une fille
ou un garçon. Aux petites filles dès l'âge le plus tendre, pour
peu qu'elles soient belles selon les critères esthétiques à la
mode, on n'arrête pas de faire des compliments à propos de leur
beauté. Le leitmotiv tant entendu est : « qu'est-ce que tu es
belle ! » C'est un véritable lavage de cerveau. Aux
filles on assigne le devoir de plaire avec leur apparence physique.
Plus tard elles auront acquis ainsi un conditionnement qui valorise
et privilégie la coquetterie. Pour continuer à plaire en fait
inconsciemment à leurs père et mère et surtout père, les jeunes
filles chercheront systématiquement à se « mettre en
valeur ». L'industrie des « produits de beauté »
est d'ampleur colossale. Quand on voit tout l'arsenal de produits
divers sensés valoriser la beauté et la prolonger dans le temps, on
est étonné.
Le problème auquel les jeunes filles vont vite se heurter est qu'en cherchant à plaire elle exciteront l'appétit des endorphinomanes, c'est-à-dire des drogués aux endorphines. Plus elles ressembleront aux canons de beauté en vigueur, plus elles se feront pourchasser et emmerder par les endorphinomanes.
Ce qui créera une
contradiction : chercher à plaire oui, cela est plaisant, mais ça
attire aussi des ennuis. D'où la gêne visible dont témoignent bien
souvent des jolies filles habillées et maquillées « sexy ».
Elles se seront faites les plus belles et séduisantes possible, en
fait sans en être conscientes pour plaire à leurs papa et maman. Et
ce faisant elles se feront emmerder par des ahuris.
Comment se sentir bien
dans ce cas ? C'est une véritable quadrature du cercle féminin
à laquelle les jeunes filles et les femmes vont se heurter.
Certaines vont réagir en
niant toute séduction ou féminité de leur part. Elles
s'habilleront moche, « baggy », c'est-à-dire « sac »
en anglais.
En fait, en France et à
Paris les femmes et les jeunes filles ne sont pas libres de
s'habiller comme elles veulent. Surtout quand elles sortent seules
dans la rue ou dans des lieux publics.
Commentant cette
situation, on entend dire parfois de ces jeunes filles : « il y
en a qui exagèrent ! » Voire on entendra s'élever des propos
prétendant justifier des agressions sexuelles si « on
s'habille trop sexy. » Mais quand une fille légèrement vêtue
se fait agresser par un endorphinomane, la responsabilité relève de
son agresseur, pas de la victime ! Si je vois une fille court vêtue,
je ne la viole pas. Et le ferais-je, je mériterais d'être
sévèrement condamné, sans que les vêtements courts de ma victime
représentent une quelconque « circonstance atténuante ».
Ce qui est extraordinaire
c'est le véritable black out qui entoure cette situation. Les femmes
et les jeunes filles ont peur en permanence de se faire agresser
sexuellement. Et leur peur est malheureusement beaucoup trop souvent
justifiée. Mais il est de bon ton de se taire. Ne pas en parler. On
peut parler de tout, de politique, de cuisine, de littérature, de
médecine, de bandes dessinées... Mais on ne parlera pas de
harcèlement sexuel, agressions, viols. Et combien de femmes et
jeunes filles agressées se culpabilisent à tort en se considérant
au moins un peu « responsable » de leur agression ? Ont
honte d'en parler ? Si on vous vole votre portefeuille, si on vole
votre voiture, on peut en parler. Si on vous viole on ne doit pas en
parler, pourquoi donc ? Et ainsi en se taisant, on contribue à ce
que les règles injustes de la société perdurent et continuent à
empêcher de vivre. Mais quand enfin laissera-t-on les femmes et les
jeunes filles séduire en paix ?
Basile, philosophe
naïf, Paris le 5 juillet 2016
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