Le conflit dont il s'agit
ici, c'est : SIG. C'est-à-dire, en italien : « siamo in
guerra », « nous sommes en guerre ». Il s'agit
du conflit très ancien homme-femme. Si ancien qu'on l'attribue à la
Nature-même ou à « la fatalité ». SIG est très
subtil, car il amène à ne pas poser les bonnes questions. Deux très
jeunes filles encore vierges ayant réalisé que je ne développais
aucune menace d'agression quelle qu'elle soit envers elles, m'ont
posé un jour diverses questions très directes sur le sexe et ma vie
sexuelle. Elles souhaitaient ainsi satisfaire une curiosité générale
sur un domaine qui les agite beaucoup à leur âge. Une de leurs
questions était : « est-ce que faire l'amour c'est agréable
? » La question est très mal posée. Elle revient en effet au
même que poser cette autre question : « est-ce que manger est
agréable ? » Ça dépend. Manger peut être très agréable,
agréable, voire extrêmement désagréable. C'est la même chose
pour ce qui est de « faire l'amour ». Cependant, on
notera que quantité de livres ou articles font une apologie
inconditionnelle de cet acte qui en fait est totalement subordonné à
l'ensemble de la relation. Bien trop souvent on fait de l'acte sexuel
une sorte de summum de la relation humaine.
Cette flamboyante ânerie
règne en maître dans la tête de nombre d'individus. Quand ils
abordent une créature nubile du sexe opposé ayant un joli cul, les
garçons, dès treize ou quatorze ans, ont bien souvent cette idée
derrière la tête. Et ça ne va pas en s'améliorant avec les
années. Soi-disant que ce serait là un effet de « la
Nature ». Ladite « Nature » a bon dos. On lui
attribue quantité de choses. Ça permet d'éviter de réfléchir et
poser les bonnes questions. Ainsi, instrumenté par la pensée unique
et omniprésente du tout sexuel, j'ai fonctionné durant bien des
années. Je me souviens très bien à ce propos d'un incident qui
m'est arrivé il y a six ou sept ans.
Seul dans ma vie,
c'est-à-dire sans petite amie, j'avais fait la connaissance d'une
jeune et jolie femme. Nous avions un peu sympathisé. Et, un jour,
comme nous marchions ensemble, la jeune femme me sort impromptu :
« il est exclu que nous fassions l'amour ensemble ! » Je
me suis senti intérieurement blessé et contrarié. Stupidement je
me suis dit : « mais, je n'ai rien fait ou dit en ce sens. La
question ne s'est même pas posée et par avance elle dit non ! C'est
un propos abusif ! » Je me suis senti vexé, agressé. Certes,
je rêvais de coucher avec elle peut-être un jour... belle
illustration de la pensée unique. Une femme égal un cul. Mais comme
je me disais : « je n'ai rien dit en ce sens » j'ai interprêté les paroles de la jeune femme comme une agression qui brisait
un rêve personnel dont je n'avais pourtant rien dit. J'ai mis six ou
sept ans à comprendre ce que signifiait cet incident. Une jeune
femme à Paris est agressée trois, quatre, cinq fois par jour quand
elle se déplace seule, par des imbéciles qui voient juste un cul à
consommer qui passe. Elle est donc sur la défensive face à cet
harcèlement. Et, habituée à subir cette situation elle voit bien
que moi, pauvre andouille, je suit la même optique.
Certes en évitant d'être
grossier. En étant plus aimable que les crétins qui cherchent à
l'aborder dans la rue, le métro. Crétin moi-même, je ne réalise
pas que c'est facile de m'identifier quand on est habituée à
croiser ou rencontrer d'autres crétins. Là, j'ouvre une parenthèse
: « les femmes sont-elles contre le fait de faire l'amour? »
C'est le point de vue que m'exprimait un dragueur professionnel :
« elles ne veulent jamais ! » La question est une fois de
plus ici mal posée.
Pour répondre à cette
question, j'en poserais une autre. Il existe une banlieue de Paris
appelée Gennevilliers. On peut s'y rendre. Et, pourquoi pas ? Y
manger des fraises... Et, pourquoi pas ? A la crème. A présent,
imaginons que tous les hommes sans pratiquement aucune exception
soient obsédés par l'idée de manger des fraises à la crème à
Gennevilliers avec la femme qu'ils rencontrent. Ce serait vraiment
énervant pour les femmes. Pourquoi ? Parce que c'est du formatage
qui nie la réalité de la vie. Avec le sexe, c'est pareil. Une femme
est un être humain avec toute sa richesse, sa diversité, son
originalité... et, à chaque fois qu'un homme l'aborde, ou presque,
surtout si elle est belle, la seule chose qu'il sait lui proposer
c'est : « allons ensemble manger des fraises à la crème à
Gennevilliers »... Prétendre rétrécir systématiquement la
relation homme-femme à la même petite chose, et l'acte sexuel est
une petite chose, revient à nier la réalité de la femme en tant
qu'être humain. D'où la réaction souvent épidermique des femmes
face aux crétins masculins.
Pour rencontrer quelqu'un
il faut commencer par éviter de le nier. Ce que font souvent les
hommes avec les femmes. Mais les critiques faites ici sur les hommes,
ne signifient pas pour autant que les femmes soient parfaites.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 21 avril 2015, avec retouches le 23 novembre 2015
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