mercredi 31 mai 2017

774 L'immense problème patriarcal est rarement posé

Le patriarcat est comme la pression atmosphérique : c'est une pression gigantesque, mais comme elle est omniprésente, elle passe en quelque sorte inaperçue. Quelquefois la pression atmosphérique se révèle à nous, par exemple quand on pompe trop le contenu d'un robuste wagon citerne en métal. Subitement le voilà écrasé ! C'est la pression atmosphérique qui s'est exercée ! Avec la pression du patriarcat sur l'Humanité c'est pareil. Tout paraît aller de soi. On naît, on grandit, on se marie, on a des enfants, on devient grand père ou grand mère... Et parfois un incident révèle la pression patriarcale : un viol, un suicide, une anorexie, une déclaration puante d'une célébrité à propos d'une affaire de mœurs, l'impunité d'un violeur riche et important que tout accuse, etc. Et puis le révélateur s'efface et à nouveau tout va bien. Si vous parlez du patriarcat on vous regarde d'un air soupçonneux. « Mais pourquoi parler de ce sujet ? Le patriarcat n'existe pratiquement plus. Il vit ses derniers soubresauts. Les femmes à présent ont tout ce qu'elles veulent... » Pourtant le patriarcat est bien là et tient la société entière sous sa domination, mais... officiellement il n'existe pas !

Le patriarcat imprègne tous les strates de la société. Il est structuré, organisé et se retrouve abondamment dans la conscience masculine. La plupart des hommes sont adeptes d'une véritable mythologie sexuelle patriarcale et connaissent très peu leur propre sexualité.

Un premier point de cette mythologie et la recherche du coït en permanence. Un homme qui rencontre une femme, surtout si elle est catégorisée jeune, jolie, séduisante, doit absolument chercher le coït avec elle. Pesante ânerie qui nie toutes les qualités d'un être humain de sexe féminin pour le résumer à une quinzaine de centimètres de gaine de chair. S'ajoute à cette systématisation abusive et harceleuse l'encouragement de situations classées avec fantaisie comme pré-coïtal : si on rencontre la femme en vacances ou en boîte de nuit elle est réputée forcément plus réceptive à la revendication coïtale masculine. Et si l'homme entre en érection, ça y est ! Il croit qu'il a faim de coït, alors qu'en réalité la plupart des érections ne sont pas intromissives et ne surgissent pas pour révéler l'urgence du coït. Un homme bande (il n'existe pas de verbe « correct ») s'il a par exemple du plaisir ou s'il vient de se réveiller. Sur cette base entreprendre la recherche du coït c'est nier un aspect fondamental de la sexualité : le vrai et authentique désir.

Ce désir est ressenti comme une envie de pénétrer ou être pénétré sexuellement. Il ne s'agit pas d'un raisonnement. Ce désir peut être absent y compris quand il est « techniquement » possible de pratiquer le coït. Ce désir est une condition nécessaire et pas suffisante pour réaliser l'accouplement. La plupart du temps les hommes vont chercher à pratiquer le coït simplement parce qu'ils ont le sentiment que c'est « techniquement » possible. Ce faisant ils vont ruiner leur relation, qui un beau jour se terminera par une rupture. Car l'acte sexuel n'est pas un acte anodin. Et le pratiquer sans vrai désir conduit à la disharmonie, au désaccord avec l'autre.

Quand un homme pénètre sexuellement une être humain avec son pénis en érection, il se dit : « je fais l'amour. » Le plus souvent il a tout faux. En fait il se contente de se masturber dans un orifice naturel. En dépit des apparences il ne fait rigoureusement pas l'amour. Le porteur de l'orifice naturel utilisé fini toujours par en avoir assez et tôt ou tard va rompre.

La plupart des hommes croient à une vieille fable patriarcale. Celle-ci prétend mettre un signe égal entre éjaculation et jouissance. L'homme connaîtrait une jouissance automatique extrême chaque fois qu'il éjacule. Cette soi disant jouissance automatique n'existe pas. L'homme éjaculant ressent un plaisir très variable et peut même avoir mal. Ces éléments patriarcaux et d'autres encore ruinent la vie des humains et leur interdisent le bonheur réel au nom d'un bonheur suprême en fait imaginaire. Bonheur suprême qu'on croit souvent avoir vu s'échapper et alors on peut même se suicider.

Basile, philosophe naïf, Paris le 31 mai 2017

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