Le patriarcat est comme
la pression atmosphérique : c'est une pression gigantesque,
mais comme elle est omniprésente, elle passe en quelque sorte
inaperçue. Quelquefois la pression atmosphérique se révèle à
nous, par exemple quand on pompe trop le contenu d'un robuste wagon
citerne en métal. Subitement le voilà écrasé ! C'est la
pression atmosphérique qui s'est exercée ! Avec la pression du
patriarcat sur l'Humanité c'est pareil. Tout paraît aller de soi.
On naît, on grandit, on se marie, on a des enfants, on devient grand
père ou grand mère... Et parfois un incident révèle la pression
patriarcale : un viol, un suicide, une anorexie, une déclaration
puante d'une célébrité à propos d'une affaire de mœurs,
l'impunité d'un violeur riche et important que tout accuse, etc. Et
puis le révélateur s'efface et à nouveau tout va bien. Si vous
parlez du patriarcat on vous regarde d'un air soupçonneux. « Mais
pourquoi parler de ce sujet ? Le patriarcat n'existe
pratiquement plus. Il vit ses derniers soubresauts. Les femmes à
présent ont tout ce qu'elles veulent... » Pourtant le
patriarcat est bien là et tient la société entière sous sa
domination, mais... officiellement il n'existe pas !
Le patriarcat imprègne
tous les strates de la société. Il est structuré, organisé et se
retrouve abondamment dans la conscience masculine. La plupart des
hommes sont adeptes d'une véritable mythologie sexuelle patriarcale
et connaissent très peu leur propre sexualité.
Un premier point de cette
mythologie et la recherche du coït en permanence. Un homme qui
rencontre une femme, surtout si elle est catégorisée jeune, jolie,
séduisante, doit absolument chercher le coït avec elle. Pesante
ânerie qui nie toutes les qualités d'un être humain de sexe
féminin pour le résumer à une quinzaine de centimètres de gaine
de chair. S'ajoute à cette systématisation abusive et harceleuse
l'encouragement de situations classées avec fantaisie comme
pré-coïtal : si on rencontre la femme en vacances ou en boîte
de nuit elle est réputée forcément plus réceptive à la
revendication coïtale masculine. Et si l'homme entre en érection,
ça y est ! Il croit qu'il a faim de coït, alors qu'en réalité
la plupart des érections ne sont pas intromissives et ne surgissent
pas pour révéler l'urgence du coït. Un homme bande (il n'existe
pas de verbe « correct ») s'il a par exemple du plaisir
ou s'il vient de se réveiller. Sur cette base entreprendre la
recherche du coït c'est nier un aspect fondamental de la sexualité :
le vrai et authentique désir.
Ce désir est ressenti
comme une envie de pénétrer ou être pénétré sexuellement. Il ne
s'agit pas d'un raisonnement. Ce désir peut être absent y compris
quand il est « techniquement » possible de pratiquer le
coït. Ce désir est une condition nécessaire et pas suffisante
pour réaliser l'accouplement. La plupart du temps les hommes
vont chercher à pratiquer le coït simplement parce qu'ils ont le
sentiment que c'est « techniquement » possible. Ce
faisant ils vont ruiner leur relation, qui un beau jour se terminera
par une rupture. Car l'acte sexuel n'est pas un acte anodin. Et le
pratiquer sans vrai désir conduit à la disharmonie, au désaccord
avec l'autre.
Quand un homme pénètre
sexuellement une être humain avec son pénis en érection, il se
dit : « je fais l'amour. » Le plus souvent il a tout
faux. En fait il se contente de se masturber dans un orifice naturel.
En dépit des apparences il ne fait rigoureusement pas l'amour. Le
porteur de l'orifice naturel utilisé fini toujours par en avoir
assez et tôt ou tard va rompre.
La plupart des hommes
croient à une vieille fable patriarcale. Celle-ci prétend mettre un
signe égal entre éjaculation et jouissance. L'homme connaîtrait
une jouissance automatique extrême chaque fois qu'il éjacule. Cette
soi disant jouissance automatique n'existe pas. L'homme éjaculant
ressent un plaisir très variable et peut même avoir mal. Ces
éléments patriarcaux et d'autres encore ruinent la vie des humains
et leur interdisent le bonheur réel au nom d'un bonheur suprême en
fait imaginaire. Bonheur suprême qu'on croit souvent avoir vu
s'échapper et alors on peut même se suicider.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 31 mai 2017
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