Le virus du patriarcat
est chez lui dans notre société. Infiltré partout il se dissimule
parfois sous un masque anodin, inoffensif voire presque féministe.
J'ai pu en mesurer la nocivité et la malignité. J'en donnerai ici
trois exemples :
Tout le monde sait que
partout plane plus ou moins le danger d'agression sexuelle menaçant
tout particulièrement les femmes. Ce danger auquel tout le monde
pense, mais dont on ne parle pratiquement jamais, fait que peuvent
surgir des attitudes inquiètes, protectrices des victimes féminines
éventuelles. Il suffira d'accentuer l'expression de ces craintes et
de ces protections pour conférer aux femmes un statut d'individus
mineurs, incapable d'évoluer seules en société. Ainsi, au nom
parfois de l'antipatriarcat on promotionnera le plus ordinaire et
classique des patriarcats. Ayant eu à m'occuper d'une femme
gravement malade, il m'est arrivé très bêtement de souligner à
plusieurs reprises mon rôle en disant à la malade : « que
ferais-tu si je n'étais pas là ? » Soulignant mon
indispensabilité je donnais à cette femme le rôle d'une mineure
dépendante. J'ai perdu là des occasions de me taire. Et j'ai rendu
mon soutien odieux.
Le regard masculin sur la
beauté féminine est l'occasion de témoigner, parfois innocemment,
du plus odieux des patriarcats. L'homme qui prétend juste apprécier
la beauté féminine, détaille la femme qu'il admire au passage
comme si c'était une pièce de boucherie. Un homme me disait il y a
environ un an : « ce que je regarde d'abord chez une
femme, ce sont ses yeux, son regard, sa bouche et ses seins. »
Beau résumé pour un être humain à part entière de sexe féminin !
Certains hommes, dont j'ai fait partie, croient innocemment mater le
cul des dames qui leur tournent le dos. Elles ne remarquent pas qu'on
dévore des yeux leur postérieur. Certes, c'est vrai. Mais d'autres
femmes contemplent la scène de plus loin, vous et votre objet de
délectation, et ainsi vous faites partie intégrante de la pression
patriarcale dominante.
Un des plus beaux
déguisements du patriarcat c'est l'amour... Vous rencontrez une
demoiselle ou une dame qui vous paraît très jolie et pleine de
qualités. Et voilà que vous fantasmez aussi sec sur la perspective
du mariage. Cela pourrait être émouvant si ça ne témoignait pas
exactement de la démarche patriarcale qui prétend qu'une femme ne
saurait exister par et pour elle-même. Et qu'il faudrait
nécessairement qu'elle ait ou on lui donne un monsieur à mettre
dans son lit.
J'ai pratiqué jusqu'à
il y a peu cette démarche stupide et machiste. Mais bon sang !
Laissons vivre leur vie aux femmes, y compris belles, séduisantes,
sympathiques ! Elles ne vivent pas « pour l'amour »
et pour mettre un monsieur dans leur vie. Elles vivent d'abord pour
elles !
L'homme,
traditionnellement, a du mal à envisager les femmes comme des êtres
entiers et à part entière. Il a tendance à ne voir que des culs
plus ou moins accompagnés de sentiments. Abusé par son éducation
il délire et veut le rut en permanence. Il devient l'esclave de sa
queue. S'agissant du regard masculin, il faut que les hommes, moi le
premier, se rééduquent. Les femmes regardent le plus souvent avec
discrétion. Elles usent souvent d'un regard photographique. Elles ne
regardent qu'un instant un homme inconnu qui passe à leur proximité.
Faisons comme elles, mes amis ! Assez dévorer d'un regard collant les
formes des femmes qui passent ! Et vous savez quoi ? En
agissant ainsi vous mettrez mal à l'aise quantité de femmes qui souhaitent être regardées par les hommes. Sans rien leur donner.
Elles font ainsi souffrir des hommes. Faisons-les souffrir en ne les regardant pas ou plus avec un regard collant. C'est
la réciprocité si elles auront mal et ce n'est que justice. Car
bien souvent elles ne mettent guère d'égards pour rembarrer les
hommes. Qu'elles disent non c'est leur droit. Mais le faire
violemment verbalement n'est pas toujours loin de là justifié.
Alors, prenons notre revanche, les mecs, en cessant de coller notre
regard sur elles !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 13 mai 2017
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