samedi 13 mai 2017

756 Le virus subtil, dissimulé et démolisseur du patriarcat

Le virus du patriarcat est chez lui dans notre société. Infiltré partout il se dissimule parfois sous un masque anodin, inoffensif voire presque féministe. J'ai pu en mesurer la nocivité et la malignité. J'en donnerai ici trois exemples :

Tout le monde sait que partout plane plus ou moins le danger d'agression sexuelle menaçant tout particulièrement les femmes. Ce danger auquel tout le monde pense, mais dont on ne parle pratiquement jamais, fait que peuvent surgir des attitudes inquiètes, protectrices des victimes féminines éventuelles. Il suffira d'accentuer l'expression de ces craintes et de ces protections pour conférer aux femmes un statut d'individus mineurs, incapable d'évoluer seules en société. Ainsi, au nom parfois de l'antipatriarcat on promotionnera le plus ordinaire et classique des patriarcats. Ayant eu à m'occuper d'une femme gravement malade, il m'est arrivé très bêtement de souligner à plusieurs reprises mon rôle en disant à la malade : « que ferais-tu si je n'étais pas là ? » Soulignant mon indispensabilité je donnais à cette femme le rôle d'une mineure dépendante. J'ai perdu là des occasions de me taire. Et j'ai rendu mon soutien odieux.

Le regard masculin sur la beauté féminine est l'occasion de témoigner, parfois innocemment, du plus odieux des patriarcats. L'homme qui prétend juste apprécier la beauté féminine, détaille la femme qu'il admire au passage comme si c'était une pièce de boucherie. Un homme me disait il y a environ un an : « ce que je regarde d'abord chez une femme, ce sont ses yeux, son regard, sa bouche et ses seins. » Beau résumé pour un être humain à part entière de sexe féminin ! Certains hommes, dont j'ai fait partie, croient innocemment mater le cul des dames qui leur tournent le dos. Elles ne remarquent pas qu'on dévore des yeux leur postérieur. Certes, c'est vrai. Mais d'autres femmes contemplent la scène de plus loin, vous et votre objet de délectation, et ainsi vous faites partie intégrante de la pression patriarcale dominante.

Un des plus beaux déguisements du patriarcat c'est l'amour... Vous rencontrez une demoiselle ou une dame qui vous paraît très jolie et pleine de qualités. Et voilà que vous fantasmez aussi sec sur la perspective du mariage. Cela pourrait être émouvant si ça ne témoignait pas exactement de la démarche patriarcale qui prétend qu'une femme ne saurait exister par et pour elle-même. Et qu'il faudrait nécessairement qu'elle ait ou on lui donne un monsieur à mettre dans son lit.

J'ai pratiqué jusqu'à il y a peu cette démarche stupide et machiste. Mais bon sang ! Laissons vivre leur vie aux femmes, y compris belles, séduisantes, sympathiques ! Elles ne vivent pas « pour l'amour » et pour mettre un monsieur dans leur vie. Elles vivent d'abord pour elles !

L'homme, traditionnellement, a du mal à envisager les femmes comme des êtres entiers et à part entière. Il a tendance à ne voir que des culs plus ou moins accompagnés de sentiments. Abusé par son éducation il délire et veut le rut en permanence. Il devient l'esclave de sa queue. S'agissant du regard masculin, il faut que les hommes, moi le premier, se rééduquent. Les femmes regardent le plus souvent avec discrétion. Elles usent souvent d'un regard photographique. Elles ne regardent qu'un instant un homme inconnu qui passe à leur proximité. Faisons comme elles, mes amis ! Assez dévorer d'un regard collant les formes des femmes qui passent ! Et vous savez quoi ? En agissant ainsi vous mettrez mal à l'aise quantité de femmes qui souhaitent être regardées par les hommes. Sans rien leur donner. Elles font ainsi souffrir des hommes. Faisons-les souffrir en ne les regardant pas ou plus avec un regard collant. C'est la réciprocité si elles auront mal et ce n'est que justice. Car bien souvent elles ne mettent guère d'égards pour rembarrer les hommes. Qu'elles disent non c'est leur droit. Mais le faire violemment verbalement n'est pas toujours loin de là justifié. Alors, prenons notre revanche, les mecs, en cessant de coller notre regard sur elles !

Basile, philosophe naïf, Paris le 13 mai 2017

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