L'origine du patriarcat
est très ancienne et remonte à la période du début de la
civilisation humaine. Quand les humains quittent l'état sauvage
originel, où seul les régit l'instinct et où ils commencent à
développer des industries.
Appartenant à une espèce
animale de grande taille et pourvue de mâchoires mordeuses
développées, vivant en groupes, les humains ignorent les
prédateurs. Un grand carnivore leur préférera comme pitance une
antilope ou un lapin, plutôt que prendre le risque de voir sa proie
humaine défendue par une troupe mordeuse. A la rigueur, un petit
humain isolé fera l'affaire pour satisfaire l'appétit d'un grand
fauve. Mais les petits humains courent très vite, ce qui leur
permet, en cas d'éloignement, de rejoindre rapidement le groupe
protecteur des adultes.
Si les humains commencent
néanmoins à produire des industries, ce n'est pas pour satisfaire
des besoins, excepté celui de jouer. Le jeu est l'origine de notre
civilisation.
En développant
industries et langages, les humains font et généralisent des
découvertes. Une d'elle, par exemple, c'est l'escalier, une autre la
route, etc.
Cependant six découvertes
au moins vont bouleverser leur vision du monde.
Les humains vont finir
par découvrir un jour qu'eux tous sont appelés inévitablement à
passer de l'état apparemment « vivant » à l'état
apparemment « pas ou plus vivant ». Cette découverte
bouleversante va amener la naissance de croyances et de religions. Et
stimulera quantité de recherches comme la recherche médicale,
chirurgicale, pharmaceutique.
Une autre découverte
bouleversante que les humains feront un jour est celle du lien entre
la grossesse suivie de la reproduction et l'acte sexuel.
Une troisième découverte
qui aura d'abondantes conséquences est qu'une femme peut devenir
enceinte de tout homme en état de procréer, qu'elle ait ou non des
liens affectifs avec lui.
Enfin, découvertes
datables par les vestiges laissés, les humains inventèrent
l'agriculture, l'élevage et l'exploitation minière. Ce qui va
conduire à la production de richesses liées à la possession d'un
territoire pour faire pousser les futures récoltes ou nourrir les
bêtes élevées ou récolter le minerai.
Se posera alors la
question de la transmission intergénérationnelle des richesses. Une
organisation complexe des liens dits familiaux est étroitement liée
à l'invention de l'héritage.
Pour qu'un bien passe
légitimement d'un propriétaire à son descendant, celui-ci doit
être bien son descendant. Pour en être sûr, l'homme va traiter la
femme en objet reproducteur à contrôler, surveiller, tuer s'il ne
marche pas droit.
Ce sera la naissance du
patriarcat. Il est un enfant de l'héritage. Et tous les tabous,
interdits, règlements, rêves, illusions ou obligations sexuelles
sont des sous-produits du patriarcat.
Une amie me reprochait
dans un texte dénonçant le patriarcat de ne pas parler de la
lesbophobie, entre autres. Mais l'homophobie comme la lesbophobie et
toutes les intolérances à caractère plus ou moins « sexuel »
sont des sous-produits du patriatrcat.
On retrouve le patriarcat
à l'insu des concernés en filigrane dans les motifs de la séduction
dite « amoureuse ». Comme de l'hostilité sexuelle qui
est son opposé.
Au début des années
1970 je commence à être amoureux d'une belle brune. Puis elle se
fait draguer par un beau moniteur de voile. Peu après ils se
séparent. Françoise, c'est son prénom, vient me voir un jour et me
dit : « tu sais, je ne suis plus avec Vincent »
appuyant son propos avec un clin d’œil. Mieux, elle me fera du
pied. Et moi je n'en voudrais pas. Pourquoi ? Parce qu'imprégné
de patriarcat je ne supportais pas l'idée qu'elle ai couché avec un
autre ! Chose que j'ai analysé seulement des décennies après.
Deux voisines, l'une
devient une amie, l'autre pas. La première est en couple affirmé.
Je n'ai pas de soucis pour sympathiser avec elle. La deuxième est
beaucoup plus jeune. Je ne me lie pas avec elle, au motif que je ne
veux pas la déranger, l'empêcher de « vivre sa vie ».
En fait je ne développe pas une relation avec elle parce qu'elle est
trop jeune pour faire une épouse ! Ce comportement stupide est
typiquement patriarcal et va m'empêcher d'établir une relation avec
une voisine plutôt sympathique. Alors que je suis le premier à
prôner les relations de bon voisinage entre voisins !
Une femme me plaît
beaucoup et je lui plais. Mais elle est en couple. Je commence à
m'énerver après cette relation, alors qu'il n'y a rien entre la
femme concernée et moi. Sinon de la sympathie. Mais, influencé par
le patriarcat je ne vois comme relation possible que le « mariage ».
Cette vision ultimatiste et réductrice de la relation possible va me
poursuivre. Je finirais en vitesse une belle aquarelle à offrir à
la femme. Puis l'oublierais complètement. Et vais même cesser de
peindre plusieurs mois. Le patriarcat m'a ici incliné à vouloir
« séduire » quelqu'un. Ce qui a pris la forme
substitutive de l'aquarelle. Ensuite, devant la réalité le
stratagème s'est évaporé et j'ai oublié mon œuvre ! Des
semaines plus tard je suis retombé dessus par hasard. Elle avait été
totalement effacée de ma mémoire !
Le patriarcat n'en fini
pas de jouer sa petite musique parasite. Une jolie femme qui me plaît
me prévient qu'elle est en couple et que je ne dois pas me faire des
idées sur elle. J’acquiesce et continue à la connaître et
fréquenter sans manquer de la complimenter. Elle en prend ombrage et
s'éloigne. Parce que le patriarcat l'a habitué à assimiler les
compliments à de la drague. J'ai beau lui dire clairement qu'il n'en
est rien, elle n'en tient pas trop compte. Le patriarcat exerce une
sorte d'hégémonie sociétale. Même si je ne suit pas ses
directives je suis considéré comme les suivant. C'est en tous cas
ce qui se passe ici.
Toute la mythologie
amoureuse et sexuelle de la société humaine est l'expression de
l'organisation de la transmission par héritage, camouflée et
déguisée avec des oripeaux fabuleux. La femme faisant partie des
biens que l'homme acquiert. Elle n'est qu'un objet reproducteur.
Objet qui n'a pas à élever la voix ou exprimer une opinion. Et s'il
se « laisse violer » il est coupable de ne pas
s'être sauvegardé !!! Le travail de la femme n'est pas ou
imparfaitement reconnu... Mais est-ce qu'un objet est sensé
travailler ? Être payé ? Paye-ton les chevaux d'attelage
ou les bœufs de labour ? Non, une caresse et le picotin
suffisent. La femme n'est pas mieux traitée. Elle s’occupe des
enfants en commençant par les porter et mettre au monde. Son travail
n'est ni reconnu ni rémunéré.
Le tabou de l'inceste
n'est pas d'origine sexuel, ou destiné à protéger la qualité des
enfants des problèmes liés à la consanguinité. Il existe pour
protéger le fonctionnement des filiations donnant droit à la
transmission des biens par héritage. Cette raison est même avouée
par le droit français qui interdit la reconnaissance paternelle des
enfants nés de couples consanguins : frère, sœur, père,
fille, mère, fils. Le droit italien de son côté n'interdit pas les
couples incestueux à condition qu'on ne leur fasse aucune publicité.
La qualité d'objet reproducteur auquel le patriarcat réduit la
femme, explique quantité d'interdits ou d'obligations sexuels. A
chaque fois l'héritage, sa transmission, explique l'origine des
règles établies. Si l'héritage disparaît, quantité d'obligations ou interdits sexuels disparaîtront.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 18 mai 2017
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