Selon un sondage cité
par Madame Figaro le 12 juin 2014, 72% des étudiantes
interrogées dans le cadre d'une enquête menée à Bordeaux se
disent stressées avant de sortir le soir, alors qu’ils ne que sont
que 10 % chez les garçons à partager le même sentiment. Ça
n'empêche pas les femmes de sortir, bien sûr, mais la barbarie est
bien là tant que la peur durera.
De quoi découle toute
cette horreur dont nous souffrons toutes et tous de façons qui peuvent
varier et à des degrés qui peuvent aussi être différents ? On
invoque la Nature : l'homme est en moyenne plus fort que la
femme. Ce n'est pas une réponse. Il existe des femmes plus fortes
que la moyenne des hommes. Et tous les hommes costauds ne sont pas
des violeurs. Il faut arrêter d'invoquer comme explication de telles
âneries.
La Nature a bon dos.
Depuis des lustres on prend pour prétexte de les massacrer que les
homosexuels auraient des mœurs « contre-nature ». Mais
où est la Nature « respectable »? Mon père m'a dit que
Tertullien, un des pères de l’Église catholique, qui vivait au
cinquième siècle de notre ère a écrit : « il est impie
de teindre des étoffes, car ainsi on prétend corriger l'œuvre de
Dieu. Si Dieu avait voulu que nous portions des vêtements de
couleurs, il aurait fait des moutons de couleurs. » L'argument,
que je cite de mémoire, est imparable. On voit aussi tous les jours
invoquer le respect de la Nature par des personnes qui mangent des
aliments chauffés, salés et cuits, et conservés avant au froid
artificiel, toutes choses qui ne sont absolument pas naturelles.
Une amie me disait tout à
l'heure que les petites filles sont des femmes qui n'ont pas encore
grandi et les hommes sont des petits garçons qui ont grandi. Propos
féroce et objectif, si nous confions la direction des affaires du
monde aux hommes, il y aura en permanence des guerres et des pénuries
artificielles. Tiens, mais c'est le cas ! Et qui dirige les
affaires du monde ? Les hommes.
Il ne s'agit pas à
propos de l'Appel aux femmes que j'ai rédigé le 21 avril
dernier de faire des meetings et des pétitions. Il faut concrètement
que les femmes organisent la représentation politique qu'elles n'ont
jamais eu face à l'immémorial pouvoir politique et économique
patriarcal. Et ce n'est pas parce qu'une situation dure depuis des
milliers d'années qu'elle doit toujours durer. L'Assemblée
féminine, contre-pouvoir face au pouvoir patriarcal n'a jamais été
proposé jusqu'à présent. Mon amie me disait que ça s'était
amélioré pour les femmes depuis quelques décennies et que
certaines choses ne changeraient jamais. Comme le fait qu'une femme
jolie et seule a peur la nuit en traversant Paris. Certaines choses
ont changé en mieux, oui, et c'est très bien. Mais combien d'autres
inadmissibles et révoltantes subsistent encore ? Et pourquoi
devraient-elles toujours durer ?
Les hommes respectueux
des femmes souffrent aussi du patriarcat. Des femmes qui ont peur,
certaines qui ont été violées, m'ont plu, des fois. Il n'a jamais
été possible d'établir des relations bonnes, chaleureuses,
équilibrées, avec elles. Elles fuient. Elles ont peur. Et que
puis-je leur faire remarquer ? Que contrairement à ce qu'elles
racontent, elles ne vont pas bien du tout et que je ne suis pas un
violeur ? Situation sans issue, il vaut mieux renoncer pour moi,
qui ai déjà largement payé mon tribut au désordre régnant. J'ai
été violé quand j'étais enfant. La fréquentation trop proche de
victimes de viols s'avèrent pour moi trop douloureuses. Je ne suis
pas leur médecin ou leur confesseur. Et comme elles ne me demandent
pas mon aide et ne sont pas amoureuses de moi, autant me mettre à
l'abri. Et chercher la fréquentation de femmes moins traumatisées.
Je me suis longtemps
demandé pourquoi certaines femmes auxquelles je n'avaient rien fait
de mal et à qui apparemment je plaisais, me fuyaient
inexplicablement. A présent je sais pourquoi : parce que
l'ordre patriarcal règne et les a blessé. Je les saluerai et
aimerai sans les approcher.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 2 mai 2017
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