Le
mot philosophie signifie littéralement « ami de la sagesse ».
Mais, à considérer bien des propos « philosophiques »,
la façon de limiter ou poser les questions, les raisonnements
sous-jacents, je me demande si bien des fois il ne s'agit pas de
philosophie, mais de philoanoesie. Ce dernier mot je l'ai concocté
maladroitement sans doute, à partir du mot ανοησία
(anoēsía) : bêtise, en grec. Il
s'agirait des amis de la bêtise plutôt que des amis de la sagesse.
Notre culture est issue
d'une société dominée depuis de nombreux millénaires par le
patriarcat. Celui-ci nie son existence. Elle est camouflée derrière
des interprétations de la réalité qui servent à empêcher une
remise en question. On va par exemple invoquer le rôle
« incontournable » de la « Nature ». Le
prétendu plaisir suprême de l'éjaculation qui en réalité peut
être tout, y compris décevante et même douloureuse.
L'art de présenter les
choses permet aussi de falsifier la vision du réel. « Mariez-vous,
vous aurez quelqu'un qui s'occupera de vous si vous êtes malade »,
susurre le patriarcat à l'oreille des hommes. Oubliant que l'inverse
est possible : se retrouver en bonne santé à devoir s'occuper
d'une conjointe malade. On parle aussi de « dysfonctionnement
érectile » quand l'homme voudrait « faire l'amour »
et ne bande pas. En revanche on ne parle jamais du problème posé
par l'homme qui bande, n'a pas envie et se retrouve embarqué dans
des gymnastiques d'alcôve mal venues.
Il est une question qui
mériterait d'être posée à Aristote et qu'il n'a pas posé. Il a
décrit le fléau très actuel encore aujourd'hui de la
« chrématistique ». La manie d'accumuler de l'argent non
pour jouir des plaisirs de la vie mais juste pour accumuler sans
autre but qu'accumuler.
Aristote a fort justement
dénoncé cette manie, mais n'a pas posé la question : pourquoi
elle existe ? Qu'est-ce qui amène des hommes raisonnables et
intelligents à la réalisation de cette accumulation nuisible et
insensée ?
Il s'agit d'un substitut
à la possession d'une chose qu'on ne peut pas posséder :
l'autre. C'est ici que le patriarcat pointe le bout de son nez.
L'homme imprégné d'idées patriarcales croit pouvoir « posséder »
la femme. Or un être humain ne saurait posséder un autre être
humain. C'est impossible.
Alors, en quelque sorte
comme « lot de consolation » l'homme va chercher à
posséder de l'argent. Le plus d'argent possible. Telle est l'origine
de la chrématstique, qui amène une poignée d'individus à être
« milliardaires » et une multitude d'êtres humains à
avoir faim. Le très riche Henri Ford disait : « si riche
que je sois, je ne peux pas manger plus de trois fois par jour. »
Aujourd'hui soixante-deux
individus « possèdent » autant que trois milliards
d'êtres humains. Cette concentration va en s’accélérant. Il y a
à présent des milliardaires dans des pays pauvres et des dizaines
de millions de pauvres dans les pays riches. Toutes les politiques
dites « d'austérité » ou « de croissance »
visent le même but absurde et odieux de favoriser l'amoncellement en
main privée de gigantesques tas d'or inutiles et l'augmentation
vertigineuse de la misère du plus grand nombre. Vous souhaitez
connaître le visage du patriarcat accumulateur ? Il suffit de
regarder la photo des plus grands chefs politiques ou économiques.
Ils ne savent faire que ça : accumuler, car ils ne parviennent
pas et ne pourront jamais parvenir à posséder l'autre. Ils
détiennent le pouvoir mais n'ont pas la conscience. Ils emmènent le
vaisseau du monde au naufrage, à moins qu'on ne change l'équipage,
mais est-ce possible ? Le patriarcat menace l'existence-même de
l'Humanité et doit être remis en question.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 24 mai 2017
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