Le virus du patriarcat
fait penser à un virus informatique. Caché, il se faufile, pourri
et perverti des programmes sains. J'en ai fait l'expérience.
L'essence-même du patriarcat c'est de nier toute vie individuelle,
toute indépendance aux femmes. Elles sont sensées n'exister que par
et pour les hommes. Traditionnellement, une fois mariée, casée ou
maquée, la femme « appartient » à l'homme. C'est « la
copine à untel » ou « l'ex de untel » ou « la
veuve » de untel. Elle perd jusqu'à son nom et son prénom. La
femme de Louis Dupont c'est Madame Louis Dupont... En tous cas cette
pratique sémantique prospérait il y a encore juste quelques
décennies chez nous, en France.
Sans en avoir conscience,
j'ai suivi le troupeau. Une femme jeune et jolie et sympathique, ou
bien elle est avec quelqu'un et on n'envisage rien avec. Ou bien elle
est « seule » et, comme je suis seul, voilà que
j'envisage tout de suite, sans me préoccuper de ce qu'elle pense,
d'arriver à en faire « ma » femme... C'est-à-dire qu'au
nom de « l'amour » et de ma volonté de remédier à mon
célibat, je lui nie d'emblée toute existence indépendante. Tout
ceci au nom de « l'amour ». Cette démarche ignoble et
ridicule, soi-disant justifiée par les meilleures intentions du
monde, je m'en suis débarrassé. Après avoir tout dernièrement et
pour la énième fois eu des prétentions imaginaires, matrimoniales
et ridicules à propos d'une jolie femme quasi inconnue, j'ai jeté
le scénario à la poubelle. Rencontrant depuis une femme qui a tout
pour me plaire, j'ai décidé de ne rien envisager. J'ai fermé le
cinéma habituel où je me réfugiais avec mes rêves imbéciles et
patriarcaux. J'ai éteins le projecteur. « Cette femme est
jeune, belle, indépendante, a une belle profession, est aussi
artiste, sympathique et m'aime bien... qu'est-ce que j'envisage de
particulier avec elle ? Et bien rien !!! »
Renoncer à des illusions
donne l'impression de renoncer à quelque chose alors qu'en fait on
renonce à des fantômes. J'ai eu un peu l'impression de renoncer à
quelque chose. Cette femme et moi avons parlé agréablement, échangé
des informations, projeté de nous revoir, promener et aller à la
piscine.
Et voilà que le quatorze
mai, lendemain de notre rencontre est arrivé. Et ce fut pour moi
comme le premier matin du monde. Car le matin en me réveillant
j'ai réalisé ceci : nous avons besoin d'aimer et être aimé.
J'ai rencontré cette femme. Nous avons parlé agréablement, échangé
des informations, émis les projets communs de nous revoir, nous
promener et aller à la piscine ensemble. Nous avons passé un moment
très agréable ensemble.
Et bien nous nous aimons.
Bien sûr, je peux l'admettre à condition de redéfinir l'amour. Qui
n'est pas chercher absolument et à tous prix au minimum le mariage.
Mais rechercher et accepter l'amour réel. Où il est possible que
nous ne couchions jamais ensemble. Mais où nous passons ensemble des
moments très agréables. Avec les projets de nous revoir, nous
promener et nager ensemble. L'amour, le vrai amour c'est ça. Pas les
suppositions fumeuses et les fantasmes d'amour toujours et autres
balivernes. C'est ça l'amour réel loin de tous les fantasmes et
toutes les jalousies.
Mon obsession passée de
trouver « l'amour » dissimulait mal le patriarcat qui nie
à la femme toute indépendance. Ce qui peut se faire au nom de
« l'amour ». Le harcèlement matrimonial qui en découle
empêche les bonnes relations de s'établir entre l'homme et la
femme.
J'entreprends
littéralement une auto-correction pour éliminer de moi autant que
possible le patriarcat. Jusque y compris dans le domaine de la façon
de regarder les femmes dans la rue et les lieux publics. L'amour
existe, mais il n'est pas ce qu'on croit. Ceux qui le cherchent font
penser à des personnes qui chercheraient des arbres dans une
prairie, déclarant que seuls les arbres représentent la Nature.
Mais l'herbe c'est aussi la Nature, même si sa forme est différente
de celle des arbres. Qui existent aussi par ailleurs. Mais ce qui
nous intéresse à présent c'est l'herbe.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 15 mai 2017
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