À
écouter certains, notre vie serait coupée en deux : d'un côté
la vie publique, de l'autre : la vie privée, intime,
personnelle. L'une et l'autre bien séparées et se rejoignant en
nous. Pourtant il est visible que le vécu de l'un conditionne plus
ou moins le vécu de l'autre. Ainsi, celui ou celle qui perd son
travail ou son logement dans la vie publique, perd souvent ensuite
son compagnon ou sa compagne. Celui ou celle qui perd son compagnon
ou sa compagne pourra inversement perdre suite à ça son travail et
son logement. Tout paraît lié. En fait il n'y a rien de moins privé
que la vie privée et la vie publique est souvent le reflet de l'état
de la vie privée. De la vie privée on évite souvent de parler. Ou
parfois au contraire on n’arrête pas d'en parler, surtout quand il
s'agit de celle des autres.
Ce qui fait le lien entre
la vie publique et la vie privée c'est l'éducation, le
conditionnement reçu et singulièrement le patriarcat dont
l’existence est souvent ignorée voire niée. À
entendre certains, à partir du moment où il existe des femmes
gendarmes, militaires, sapeurs-pompiers, ministres, cheffes d'états,
etc. ce serait le signe que l'égalité est acquise. Que les hommes
ne dominent pas et ne maltraitent pas les femmes. Pas tous les hommes
ni toutes les femmes, heureusement, mais un très grand nombre
d'hommes continuent à dominer et maltraiter et un très grand nombre
de femmes continuent à être maltraitées et dominées. C'est comme
une espèce de guerre. Mais en même temps ce n'en est pas tout à
fait une. Car l'homme a besoin de la femme et la femme a besoin de
l'homme et donc il ne saurait y avoir de vainqueurs et vaincus. Il y
a ou bien deux perdants, ce qui est le cas aujourd'hui, ou deux
gagnants, ce qui sera le cas demain. À
condition bien sûr que nous y mettions du nôtre. Rien ne sera
obtenu sans efforts.
Ce qui déstabilise
hommes et femmes est un conditionnement venu du fond des âges, qui
prétend donner un rôle de dominateur sexuel à l'homme, et de
dominée sexuelle à la femme. Or la sexualité n'a pas pour objet et but de conférer une quelconque
supériorité à l'un et infériorité à l'autre. Et puis qu'est-ce
que la sexualité ?
Mise à part sa fonction
reproductive éventuelle, c'est une chose secondaire car
subordonnée à des phénomènes affectifs infiniment plus
importants. Quand je vois définir certaines personnes comme
homosexuelles ou bisexuelles, j'ai envie de poser une question :
« et là-bas, lui ou elle, le définissez-vous, la
définissez-vous comme hétérosexuel ? » Ce n'est
généralement pas le cas.
À
écouter certains qui se voudraient protecteurs des minorités
sexuelles, leur particularismes affichés ou non leur fondrait dessus
un jour comme la foudre. Les voilà homo à vie ou bi à vie ou
hétéro à vie. Et pourquoi donc ? Parce que le patriarcat
prétend faire de la sexualité une institution rigide qui obligerait
à s'adonner à certaines pratiques impératives. Si j'apprécie la
vue des seins d'une jeune femme je suis donc, selon le patriarcat si
je suis un homme, hétéro. Et j'ai envie de lui enfoncer mon pénis
dans son vagin. Et pourquoi donc ? Non, simplement j’admire
ses seins. Et quoi de plus ? Rien, sauf si je suis intoxiqué
par le patriarcat qui prétend m'ordonner la recherche du coït.
C'est en suivant le schéma patriarcal que quantité d'hommes ou de
femmes détruisent des possibles amitiés. Si on est réaliste,
sensible, respectueux et conscient, il faut simplement s'écouter.
Tâche ô combien difficile quand on a été programmé, abusé pour
se conformer au patriarcat.
Beaucoup vont s'imaginer
qu'une simple excitation au niveau génital suffit pour exprimer le
désir de « faire l'amour ». Il n'en est rien. J'ai mis
des années pour le comprendre. Une érection ou son équivalent
féminin peut surgir pour de multiples motifs, Et le plus souvent
sans qu'il existe un désir précis de faire l'acte sexuel. Et
chercher à pratiquer celui-ci sans désir réel est une des plus
grandes et dévastatrices erreurs qui soient. Quand on n'a pas un
vrai et authentique désir il ne faut rien faire, sous peine de
détruire de belles amitiés et ne plus comprendre la réalité de
l'amour.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 20 mai 2017
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