Notre langue est régie
par la logique formelle, qui prétend que nous avons le choix entre
une chose ou son contraire. Ce choix n'est pas suffisant et j'en
donnerai ici un exemple :
Selon l’Église
catholique, à Lourdes la Vierge est apparue à plusieurs reprises à
une bergère nommée Bernadette Soubirous. Ce qui est à l'origine de
la naissance d'un très important pèlerinage de pèlerins
venus du monde entier. En l'honneur de celui-ci a même été créé
un prénom féminin en usage au Mexique : Lourdes, qui se prononce
Lourdéss.
Si je m'en tiens aux
possibilités données par notre langue, j'ai deux possibilités :
ou bien je crois aux apparitions, ou bien je n'y crois pas et je mets
en doute celles-ci. Or je ne suis d'aucune de ces deux opinions.
Je ne suis pas de la
première qui avalise le miracle, mais n'ai aucune compétence ou
prétention à le mettre en doute. Je ne suis pas animé par
cette croyance. Je laisse à d'autres le fait de croire ou dénoncer
la véracité des faits rapportés. Je ne suis pas hostile à ceux
qui croient au miracle mais ne partage pas leurs convictions sans
pour autant les mettre en doute. En effet, au nom de quoi pourrais-je
prétendre que la Vierge n'existe pas ou qu'elle n'est pas apparue à
la bergère ? Et je ne me sens pas non plus motivé pour
affirmer que c'est vrai. Je n'étais pas là au moment où ces
apparitions miraculeuses sont sensées s'être produites.
En résumé je dirai que
« je ne suis pas animé par cette conviction ». Et
mon attitude reste neutre et pacifique à l'égard de ceux ou celles
qui croient ou mettent en doute qu'il s'est passé ce qui a été
rapporté par la bergère.
Cette manière de
considérer la question, je l'utilise aussi en politique. Quand
quelqu'un me parle d'une personnalité politique que je ne connais
pas du tout pour m'en dire le plus grand bien ou le plus grand mal,
je l'écoute, tout simplement. Et lui dis que la chose qui importe
c'est la sincérité.
Sincérité amenant à
dire le plus grand bien ou le plus grand mal d'une personne que je ne
connais pas.
Pour nombre d'autres
propos, le plus sage est d'écouter sans prendre position. Quand
quelqu'un est convaincu de quelque chose, respecter la sincérité
des convictions sans forcément les partager. Sachant que le parcours
de vie de quelqu'un peut l'amener à penser tout autrement que soi.
J'ai eu l'occasion d'avoir des échanges avec des personnes
d'opinions les plus étranges et exotiques. Ces échanges m'ont
enrichi et appris sur le monde parfois plus que des échanges avec
des personnes plutôt d'accord avec moi.
Les légendes sont
parfois révélatrices de grandes vérités sur ceux qui y adhèrent
ou s'y opposent.
Et des faits incroyables
peuvent se révéler vrais. Il y a des siècles on envoyait aux
savants parisiens des cailloux qu'on déclarait « tombés du
ciel ». En s'esclaffant leurs destinataires mettaient ces
cailloux aux ordures. C'est ainsi qu'une quantité d'authentiques
météorites, cailloux tombés du ciel, ont finit aux ordures...
En 1988, un chercheur
parisien, le docteur Jacques Benveniste, a démontré l'action de
dilutions homéopathiques sur des globules blancs. Comme la réalité
contredisait les dogmes scientifiques établis, il fut persécuté et
traité de fumiste. Une vérité étonnante peut déranger et être
mise en doute.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 20 mai 2017
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