jeudi 1 juin 2017

775 La pénétration de l'autre et les chrématistiques

Vouloir pénétrer l'autre avec son pénis indépendamment d'un authentique désir réciproque revient à ravaler l'autre au rang d'accessoire, d'objet pour se masturber. L'autre devient un godemiché vivant en négatif. On va « le posséder ». En fait on ne possédera rigoureusement rien.

Pour compenser cette impossibilité l'homme va chercher à posséder des objets. S'il s'agit d'argent on aura affaire à la chrématistique dénoncée par Aristote il y a 2300 années. Mais il est d'autres chrématistiques : n'importe quoi fera l'affaire. L'essentiel sera d'amasser, se sentir possédant et dominant à défaut de posséder et dominer une ou plusieurs ou toutes les femmes.

L'accumulation d'objets inutiles pourra prendre la forme d'un amoncellement de livres, de morceaux de bois, de vêtements, de sacs plastique, de journaux... L'essentiel sera d'accumuler et se sentir dominant, propriétaire de ce substitut à la femme.

J'ai vu des clochards accumuler des objets jetés et sans valeurs. Des milliers de livres s'entasser chez d'autres personnes peu fortunées, qu'ils conservaient sur trois rangées dans des étagères en plein milieu de leur habitation. J'ai aussi vu des armoires remplis de vêtements jamais mis.

Un remarquable artiste peintre odonien me fit apprécier l'immense qualité de ses toiles et dessins. Rien qu'avec ce qu'il avait accumulé en une vie on pouvait créer un remarquable petit musée riche et varié. Il n'a jamais vendu une seule œuvre. Il les a entassé chez lui dans une pièce entière. S'il n'est plus de ce monde il est parfaitement possible que tous ces trésors ont finit à la benne.

J'ai à une époque accumulé du matériel pour les Beaux-Arts ou des livres, pourquoi ? Sans le savoir pour compenser l'envie patriarcale et insatisfaisable de « posséder » l'autre.

Chez un homme habitué des bords de mer, de très grands récipients transparents étaient remplis de milliers de morceaux de verre microscopiques roulés par la mer et ramassés sur les plages durant le cours de dizaines d'années. Collectionner tout et n'importe quoi peut également exprimer une chrématistique.

Cette faim de posséder est d'autant plus insatisfaisable qu'elle éloigne et fait fuir ceux ou celles qu'on serait tenté d'essayer de « posséder ».

Le patriarcat dérange tous les aspects de la vie. En prétendant favoriser « jeux » sexuels et « séduction » il brise tous les liens, toutes les complicités possible entre les humains. Il empêche la fraternité-sororité entre les hommes et les femmes.

Ensuite on voit des hommes et des femmes chercher à faire coïncider la vie réelle avec les fantasmes patriarcaux. Par exemple, d'une joyeuse amourette ils veulent absolument faire un grrrrrand marrrrriage ! Pour donner consistance à ce mirage ils s'empressent de se mettre en ménage alors qu'ils se connaissent à peine. Pour confirmer que c'est « du sérieux », l'homme liquide son précieux logement social. Et peu de semaines après, le rêve s'étant dissipé, la belle met son galant dehors. Il se retrouve sans domicile fixe connaissant des hébergements de fortune. Le patriarcat a encore frappé ! Il dépossède de leur corps et leur raison ceux qui en sont les victimes. Et rend l'amour douloureux, incertain, dangereux, inextricable, décevant, terrorisant. C'est là encore une autre bonne raison de porter résolument à la poubelle cette survivance néfaste des temps anciens : le patriarcat. Il faut réinventer l'amour, un amour débarrassé enfin de cette chose horrible qui l'encombre et le déforme. Il nous faut des nouveaux mots, de nouvelles idées, pour notre liberté.

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er juin 2017 .

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