Vouloir pénétrer
l'autre avec son pénis indépendamment d'un authentique désir
réciproque revient à ravaler l'autre au rang d'accessoire, d'objet
pour se masturber. L'autre devient un godemiché vivant en négatif.
On va « le posséder ». En fait on ne possédera
rigoureusement rien.
Pour compenser cette
impossibilité l'homme va chercher à posséder des objets. S'il
s'agit d'argent on aura affaire à la chrématistique dénoncée par
Aristote il y a 2300 années. Mais il est d'autres chrématistiques :
n'importe quoi fera l'affaire. L'essentiel sera d'amasser, se sentir
possédant et dominant à défaut de posséder et dominer une ou
plusieurs ou toutes les femmes.
L'accumulation d'objets inutiles pourra prendre la forme d'un
amoncellement de livres, de morceaux de bois, de vêtements, de sacs
plastique, de journaux... L'essentiel sera d'accumuler et se sentir
dominant, propriétaire de ce substitut à la femme.
J'ai vu des clochards
accumuler des objets jetés et sans valeurs. Des milliers de livres
s'entasser chez d'autres personnes peu fortunées, qu'ils conservaient
sur trois rangées dans des étagères en plein milieu de leur
habitation. J'ai aussi vu des armoires remplis de vêtements jamais
mis.
Un remarquable artiste
peintre odonien me fit apprécier l'immense qualité de ses toiles et
dessins. Rien qu'avec ce qu'il avait accumulé en une vie on pouvait
créer un remarquable petit musée riche et varié. Il n'a jamais
vendu une seule œuvre. Il les a entassé chez lui dans une pièce
entière. S'il n'est plus de ce monde il est parfaitement possible
que tous ces trésors ont finit à la benne.
J'ai à une époque
accumulé du matériel pour les Beaux-Arts ou des livres, pourquoi ?
Sans le savoir pour compenser l'envie patriarcale et insatisfaisable
de « posséder » l'autre.
Chez un homme habitué
des bords de mer, de très grands récipients transparents étaient
remplis de milliers de morceaux de verre microscopiques roulés par
la mer et ramassés sur les plages durant le cours de dizaines
d'années. Collectionner tout et n'importe quoi peut également
exprimer une chrématistique.
Cette faim de posséder
est d'autant plus insatisfaisable qu'elle éloigne et fait fuir ceux
ou celles qu'on serait tenté d'essayer de « posséder ».
Le patriarcat dérange
tous les aspects de la vie. En prétendant favoriser « jeux »
sexuels et « séduction » il brise tous les liens, toutes
les complicités possible entre les humains. Il empêche la
fraternité-sororité entre les hommes et les femmes.
Ensuite on voit des
hommes et des femmes chercher à faire coïncider la vie réelle avec
les fantasmes patriarcaux. Par exemple, d'une joyeuse amourette ils
veulent absolument faire un grrrrrand marrrrriage ! Pour donner
consistance à ce mirage ils s'empressent de se mettre en ménage
alors qu'ils se connaissent à peine. Pour confirmer que c'est « du
sérieux », l'homme liquide son précieux logement social. Et
peu de semaines après, le rêve s'étant dissipé, la belle met
son galant dehors. Il se retrouve sans domicile fixe connaissant des
hébergements de fortune. Le patriarcat a encore frappé ! Il
dépossède de leur corps et leur raison ceux qui en sont les
victimes. Et rend l'amour douloureux, incertain, dangereux,
inextricable, décevant, terrorisant. C'est là encore une autre
bonne raison de porter résolument à la poubelle cette survivance
néfaste des temps anciens : le patriarcat. Il faut réinventer
l'amour, un amour débarrassé enfin de cette chose horrible qui
l'encombre et le déforme. Il nous faut des nouveaux mots, de
nouvelles idées, pour notre liberté.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 1er juin 2017 .
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