Le premier problème de
la société humaine, en ancienneté, horreur et importance, c'est le
patriarcat. La volonté machiste de dominer et maltraiter les femmes.
Cette volonté est portée par un très grand nombre d'hommes et
aussi une partie des femmes, qui approuvent cette démarche qui leur
porte pourtant préjudice. Il n'y a qu'à feuilleter certains
magazines féminins faisant l'apologie de la femme objet sexuel de
trente ans, pour en avoir l'exemple.
Le patriarcat ne
s'affiche pas toujours sous sa forme grimaçante et caricaturale. Il
peut prendre une forme beaucoup plus policée et « présentable ».
Il ne s'agira pas d'enfermer les femmes mais de les protéger. De les
traiter en objets sexuels mais d'admirer leur beauté... De les
encager, mais de les « aimer ».
Insidieusement, la
démarche traitant les femmes en êtres mineurs et subordonnés à
l'homme sera travestie en ensemble de « bonnes intentions ».
Voir une femme inconnue ou peu connue et l'imaginer d'avance et
forcément dans le rôle « d'amoureuse » sera la forme de
pensée qui niera son existence intrinsèque. Un ami me disait il y a
bien des années : « la femme est faite pour l'amour ».
Ce qui implique qu'elle n'existe pas par elle-même mais seulement à
condition d'être... le complément d'un homme.
C'est l'éducation, le
conditionnement qu'on ne cesse de chercher à donner aux filles dès
le plus jeune âge. On n'arrêtera pas de seriner aux fillettes :
« tu es belle ! » « comme tu es belle ! »
Ce qui donnera à leur beauté physique une place primordiale. Et qui
dit beauté sous-entend admirateurs pour la souligner et la faire
vivre... donc une fille n'existera qu'à travers le regard des autres
et naturellement... des garçons. Elle n'existera que par et pour eux
et pas par elle-même.
Les divagations sur
l'amour recouvrent aussi ce discours machiste. L'amour serait le but
de la vie d'une femme... l'amour d'un homme. Donc, une fois encore la
femme ne pourra prétendre exister que par et pour un homme. Le
patriarcat qui pointera une fois de plus ici son nez va vouer aux
gémonies les discours autres. L'homme sera « le vainqueur ».
Il ne saura pas tolérer prendre la place de la femme. Il sera fort
et « dirigeant ». Jusque y compris au bal où
traditionnellement c'est lui qui invite à la danse. Et aussi qui
invite éventuellement au lit. C'est la tradition qui le dit.
La démarche masculine
sera celle de l'appropriation. Si la femme accepte tel ou tel geste,
telle ou telle situation, ça signifiera qu'elle « doit »
passer à la casserole... Dans toutes sortes de situations pas
spécialement visiblement violente on verra poindre la violence
idéologique du patriarcat. Celle qui nie son identité humaine à la
femme et la veut seulement comme un être incomplet, dépendant,
subordonné à l'homme.
Habituées à jouer le
jeu, certaines femmes ne supporteront pas de ne pas être traitées
patriarcalement. De se retrouver respectées de façon inhabituelle
pour elles. Ne pas être regardée comme un objet met mal à l'aise
certaines femmes considérées comme très jolies. Elles se
retrouvent dans une situation inhabituelle qui les déstabilise. Je
me suis fait engueuler un jour par une jolie femme parce que je ne la
dévorais pas des yeux comme les autres hommes le faisaient. C'était
une situation plutôt cocasse et étrange. Inversement je me suis
fais une fois rappeler à l'ordre par une jeune fille qui, entrant
dans un kebab où je déjeunais, s'était retrouvée juste devant
moi. J'avais commis à ses yeux l'impertinence de regarder devant moi
où elle se trouvait. Je n'ai pas contrarié cette jeune fille. J'ai
ensuite fait exprès de regarder ailleurs que devant moi. Il vaut
mieux rire intérieurement de ce genre de situations. Ce qui
n'empêche pas que c'est d'abord aux hommes qu'il appartient de faire
bien attention à ne pas cultiver le patriarcat dans la vie
quotidienne.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 11 mai 2017
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