Il existe en français un
mot interdit : le mot « caresse ». Quand on veut
toucher l'autre, il n'est pas question de le caresser, à moins que
ce soit « sexuel ». On peut... le masser. Avec un
alibi thérapeutique on peut « mettre les mains », sinon
non. Et le but du massage ne sera pas « le plaisir »,
quelle horreur !! Mais, le confort, ou bien l'amélioration des
résultats scolaires...
Avec la nudité c'est
pareil. Bien des fois j'ai vu des articles dans des revues naturistes
où on cherchait à justifier le fait de se mettre nu en public
dans un centre naturiste. Alors que les seuls qui auraient à se
justifier pour leur conduite étrange sont ceux qui portent des
« vêtements de bains ». On devrait dédier des plages
spéciales à ceux qui s'obstinent à rester habillés pour nager ou
prendre le soleil.
Si c'est le fait d'être
habillé en plein soleil qui paraît de prime abord justifié à
beaucoup et aller de soi et non le fait d'être nu, c'est parce que
le patriarcat domine la société. Son poids explique beaucoup de
soucis bizarres et comportements incompréhensibles.
Le patriarcat a fait du
« sexe » une sorte de marchandise, de « bien à
consommer ». À lui
est associé d'office la « nudité ». Le « sexe »
est lui-même très sévèrement réglementé. Suivant les
circonstances, il est soit interdit, soit obligatoire. Et lui est
associé la femme, réduite au rang d'objet sexuel que l’homme
aurait pour devoir de « consommer » sous certaines
conditions.
L'autre jour, à la
sortie d'un spectacle, le chanteur qui avait chanté à cette
occasion fait mine de chahuter un groupe d'admirateurs et prend ce
prétexte pour mettre les mains sur les seins d'une des femmes
présentes. Puis élude les questions qu'elle lui pose en s'étonnant
de sa grossièreté. Cette femme m'a confié ensuite :
« aurais-je du le gifler ? Je n'ai pas osé. » En y
réfléchissant je pense que la réponse juste à cette interrogation
est oui. Une femme ou un homme n'a pas à être utilisé comme un
objet. Une gifle aurait été légitime, quitte à troubler la
« bonne ambiance » post concert.
Il importe de détruire
le patriarcat d'abord à l'intérieur de nous, ce qui n'est pas
évident vue la pression patriarcale régnante. Ici l'atmosphère
chaleureuse d'une soirée festive qui aurait été gâchée par une
bonne baffe bien méritée. Autre exemple de cette pression que me
rapportait une amie : elle se promenait au bord de la mer et
arrivée sur une plage naturiste elle a eu très envie d'ôter tous ses
vêtements. Et ne l'a pas fait car elle était accompagnée par des
amis qui restaient habillés, eux. Encore une fois la pression
patriarcale qui ritualise le « sexe » et l'encadre avec
une quantité d'obligations qui vont toutes dans le sens de la domination
et la maltraitance de la femme par l'homme. Cette domination pouvant
prendre les apparences fallacieuses d'une « protection ».
Le patriarcat qui
officiellement n'existe pas a l'occasion de se manifester de
multiples façons. Le seul fait de regarder les femmes comme des
objets sexuels témoigne du patriarcat et de sa grossièreté. Mais
s'il arrive qu'un homme grossier va déguiser son regard pour se
faire passer pour respectueux alors qu'il ne l'est pas, l'inverse est
également possible. J'en ai fait l'expérience. Durant tout ma vie
adulte jusque tout dernièrement, je regardais la beauté des formes
féminines rencontrées comme si je n'avais pas de considération
pour les femmes. Ayant pris conscience de ce dérangement, j'ai
entrepris de me rééduquer. Il m'a fallu à peine huit jours pour
perdre sans regrets cette mauvaise habitude. Ce qui montre que si on
veut on peut s'améliorer. Et mettre son apparence en conformité
avec ce qu'on est. Se débarrasser de certaines choses apparemment
petites, peut être comme défaire la maille d'un filet. Car cette
action pourra entraîner la disparition de quantité d'autres
éléments parasites de notre personnalité. Formant une pollution
spirituelle introduite en nous par la culture patriarcale dominante
qui piétine la femme, l'homme et la communauté humaine.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 23 mai 2017
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