Quand deux êtres humains
en âge de procréer se retrouvent à se faire en tête-à-tête des
câlins très « chauds », ils croient être deux. En
fait, ils sont le plus souvent trois. Le troisième partenaire
présent c'est le patriarcat, qui va saboter et fiche en l'air la
belle relation potentiellement possible.
La première femme qui
dans ma vie a suscité des émois liés à la génitalité a été ma
sœur. Dans le vase clos de ma famille il était difficile qu'il en
soit autrement. Je n'allais pas à l'école, ne savais même pas ce
que pouvait être l'amitié. Mes parents s'étaient brouillés avec
leurs familles respectives et n'avaient autant dire pas d'amis. Je
grandissais à l'écart du monde. Et dans le cocon familial la seule
jeune fille proche était ma sœur, de trois ans et demi plus âgée
que moi. Quand vint l'été 1969, nous partîmes en vacances en
famille à la Tour d'Aygues en Provence. La première nuit, mes
parents, en parfait inconscience et irresponsabilité, décidèrent
qu'un grand lit pourrait très bien être partagé par ma sœur et
moi. Elle avait vingt-deux ans et moi dix-huit.
Le soir vint. J'en étais
tout excité. On nous laissa tous les deux seuls dans une des pièces
de la location de vacances. J'allais en premier au lit. Je réalisais
à cet instant que si ma sœur m'avait laissé à certains moments
explorer très relativement sa personne et son lit quand elle
dormait, en fait elle faisait semblant. Je n'avais donc pas à
craindre de « la réveiller ». Il faisait chaud, c'était
l'été en Provence. J'avais juste sur moi mon slip. Je l'ôtais puis
effrayé le remis. Ce qui m'avais effrayé était la crainte en
allant trop loin de me retrouver avec une sœur enceinte de mes
œuvres... De cela il n'était pas question. Inutile de dire que la
contraception et ma famille étaient aussi étrangères l'une à
l'autre que la planète Mars l'est de la Terre.
Si je n'allais donc pas
m'approcher de tout mon corps de ma sœur, restait possible d'en
approcher mes mains. Une fois ma sœur allongée pas loin de moi et
la lumière éteinte, les volets clos, dans l'obscurité, les
opérations pouvaient commencer. J'ai cherché sous les draps et la
couverture en direction de la jeune fille qui faisait semblant de
dormir à mon côté. Et suis abouti direct de ma main droite sur son
ventre nu. J'ai posé doucement ma main dessus. En ai ressenti un
plaisir incroyable. Ce plaisir était inhabituel et nouveau. Il a
suscité l'instant d'après en moi une intense et inexplicable
frayeur spontanée. Qui a fait que j'ai retiré promptement ma main.
C'est là que le
troisième partenaire, le patriarcat, est entré en action.
Qu'allais-je faire ? J'avais renoncé à ce qui me faisait
plaisir. Je prenais une direction absurde, si je voulais continuer.
Et c'est là que le patriarcat m'a conseillé. Que pouvais-je faire ?
Je me suis souvenu du catalogue d'une exposition pornographique
danoise que mon frère aîné avait ramené au domicile familiale.
J'avais feuilleté cet ouvrage illustré. J'y avais remarqué un
dessin ou une gravure en noir et blanc figurant une grande main nue
masculine velue et laide vue par dessus, en train de pénétrer avec
son index le vagin velu d'une femme. J'allais faire pareil. C'est ce
que j'ai entrepris de réaliser et que j'ai fait ensuite, sans
plaisir particulier. Le patriarcat m'avait conduit à « faire
comme tout le monde », ou plus exactement comme tous ceux qui
s'égarent à le suivre. Faire du sexe le but et le centre de tout,
quitte à imiter des comportements artificiels. Le seul comportement
authentique aurait consisté à suivre mon plaisir en laissant ma
main sur le ventre de ma sœur. Je ne l'ai pas fait.
Le lendemain, j'ai été
effrayé par la perspective d'une pente qui risquait de m'amener à
mettre enceinte ma sœur. Ce qui fait que j'ai, à son grand
étonnement, exigé de dormir loin d'elle, sans donner d'explication
de ma motivation. Et me suis retrouvé dès la nuit suivante à
dormir seul sur un étroit lit de camp de camping prêté par un ami
de la famille. Par la suite, pour les mêmes motifs d'éviter de nous
retrouver dans une très délicate situation, j'ai toujours refusé
d'emmener ma sœur en vacances en camping avec moi. J'ai préféré
partir seul, quitte finalement à m'ennuyer un peu.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 20 mai 2017
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