samedi 24 septembre 2016

657 Le désert affectif organisé par et pour les hommes

Tout à l'heure je rentre dans Le Moulin à Café, le café associatif du 14ème arrondissement. J'aperçois une dame qui étiquette des petits pots en verre remplis de gros sel de mer. Je la questionne sur le motif de son occupation. Elle me répond qu'elle va fêter ici son anniversaire. Les pots serviront à souhaiter la bienvenue aux invités. Tout près de là, légèrement derrière elle, une très jolie fille brune aux longs cheveux assise sur une chaise regarde la scène. Elle porte un mini-short fait d'une sorte de tissu brodé de gros fils noirs. Ce vêtement souligne plus qu'il ne dissimule ses très belles jambes et cuisses croisés. Je remarque que sa présence fait plus que me toucher. Elle m'attire comme si elle avait pour moi un caractère magnétique. Je m'arrache à cette attirance et m'en vais.

Chemin faisant dans la rue je m'interroge : « qu'est-ce qui a pu bien donner à cette très jolie brune cette qualité d'impression particulière ? » Après tout, je croise alors quantité de très jolies filles qui ne me font nullement éprouver cette attirance. En cherchant je trouve l'explication. Son regard était absolument libre. Elle m'a regardé en souriant aussi directement et innocemment que le font les petits enfants. Vu le contexte : un anniversaire, probablement celui de sa maman avec laquelle je m'entretenait, elle m'a regardé sans aucun détours, sans aucune peur. Mais alors et les autres jolies filles ? Et bien les autres passent leur temps par la force des choses à snober tous les hommes inconnus, pour éviter de paraître les draguer. Ce comportement fruit de la résistance féminine aux obsessions coïtales masculines génère un désert affectif organisé par et pour les hommes.

Nous sommes tellement accoutumés à cette situation que nous ne réalisons pas qu'elle existe. Le blocage est général. Peur et défiance ne font pas bon ménage avec l'amour. Le désamour entre l'homme et la femme est déjà présent là. Avant même qu'un mot ait put être échangé, le regard détourné dit déjà non.

Cette situation catastrophique est causée par le comportement sexuel masculin détraqué qui cherche en permanence l'accouplement. Pour que ça change il faut que l'homme cesse de se shooter aux endorphines masturbatoires comme il en a l'habitude depuis l'âge de douze, treize ou quatorze ans. C'est un effort à fournir pour mettre un terme à une addiction qui ruine ses rapports avec les personnes du sexe opposé et au final y compris avec les autres hommes et lui-même.

Comme l'excès de recherche du coït éloigne de lui les femmes, l'homme va se masturber encore plus et verrouillera complètement sa solitude. Et ce n'est pas la masturbation dans le vagin d'une prostituée rémunérée ou d'une victime de viol qui le sortira de sa solitude. Les grands jouisseurs sans âme finissent seuls et malheureux. Ils construisent eux-mêmes leur malheur année après année. Ils font de grands efforts pour devenir malheureux. Et leurs efforts sont récompensés.

Un dragueur professionnel me disait, parlant des femmes qu'il convoitait : « de toutes façons elles ne veulent jamais. » Ce qui signifie que toutes ses « conquêtes » sont passées à la casserole contre leur volonté. Ce furent des viols par pression morale. Jusqu'au jour où il en commit un par pression physique, qui resta impuni, comme le sont la majorité des viols.

Tant que dans notre société française et parisienne il y aura abondance de viols et de risques de viols, crainte omniprésente de l'agression sexuelle en traversant de nuit la ville, nous ne pourrons pas dire que notre société est civilisée.

Les violeurs sont des gens malheureux. Mais ils rendent malheureux d'autres qui ne leur ont rien demandés. La solitude, le « manque de femmes » n'explique rien, n'excuse rien. C'est à l'homme de se corriger s'il veut s'humaniser et trouver ou retrouver le chemin du cœur des femmes.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 septembre 2016

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