Tout à l'heure je rentre
dans Le Moulin à Café, le café associatif du 14ème
arrondissement. J'aperçois une dame qui étiquette des petits pots
en verre remplis de gros sel de mer. Je la questionne sur le motif de
son occupation. Elle me répond qu'elle va fêter ici son
anniversaire. Les pots serviront à souhaiter la bienvenue aux
invités. Tout près de là, légèrement derrière elle, une très
jolie fille brune aux longs cheveux assise sur une chaise regarde la
scène. Elle porte un mini-short fait d'une sorte de tissu brodé de
gros fils noirs. Ce vêtement souligne plus qu'il ne dissimule ses
très belles jambes et cuisses croisés. Je remarque que sa présence
fait plus que me toucher. Elle m'attire comme si elle avait pour moi
un caractère magnétique. Je m'arrache à cette attirance et m'en
vais.
Chemin faisant dans la
rue je m'interroge : « qu'est-ce qui a pu bien donner à cette
très jolie brune cette qualité d'impression particulière ? »
Après tout, je croise alors quantité de très jolies filles qui ne
me font nullement éprouver cette attirance. En cherchant je trouve
l'explication. Son regard était absolument libre. Elle m'a regardé
en souriant aussi directement et innocemment que le font les petits
enfants. Vu le contexte : un anniversaire, probablement celui de sa
maman avec laquelle je m'entretenait, elle m'a regardé sans aucun
détours, sans aucune peur. Mais alors et les autres jolies filles ?
Et bien les autres passent leur temps par la force des choses à
snober tous les hommes inconnus, pour éviter de paraître les
draguer. Ce comportement fruit de la résistance féminine aux
obsessions coïtales masculines génère un désert affectif organisé
par et pour les hommes.
Nous sommes tellement
accoutumés à cette situation que nous ne réalisons pas qu'elle
existe. Le blocage est général. Peur et défiance ne font pas bon
ménage avec l'amour. Le désamour entre l'homme et la femme est déjà
présent là. Avant même qu'un mot ait put être échangé, le
regard détourné dit déjà non.
Cette situation
catastrophique est causée par le comportement sexuel masculin
détraqué qui cherche en permanence l'accouplement. Pour que ça
change il faut que l'homme cesse de se shooter aux endorphines
masturbatoires comme il en a l'habitude depuis l'âge de douze,
treize ou quatorze ans. C'est un effort à fournir pour mettre un
terme à une addiction qui ruine ses rapports avec les personnes du
sexe opposé et au final y compris avec les autres hommes et
lui-même.
Comme l'excès de
recherche du coït éloigne de lui les femmes, l'homme va se
masturber encore plus et verrouillera complètement sa solitude. Et
ce n'est pas la masturbation dans le vagin d'une prostituée
rémunérée ou d'une victime de viol qui le sortira de sa solitude.
Les grands jouisseurs sans âme finissent seuls et malheureux. Ils
construisent eux-mêmes leur malheur année après année. Ils font
de grands efforts pour devenir malheureux. Et leurs efforts sont
récompensés.
Un dragueur professionnel
me disait, parlant des femmes qu'il convoitait : « de toutes
façons elles ne veulent jamais. » Ce qui signifie que toutes
ses « conquêtes » sont passées à la casserole contre
leur volonté. Ce furent des viols par pression morale. Jusqu'au jour
où il en commit un par pression physique, qui resta impuni, comme le
sont la majorité des viols.
Tant que dans notre
société française et parisienne il y aura abondance de viols et de
risques de viols, crainte omniprésente de l'agression sexuelle en
traversant de nuit la ville, nous ne pourrons pas dire que notre
société est civilisée.
Les violeurs sont des
gens malheureux. Mais ils rendent malheureux d'autres qui ne leur ont
rien demandés. La solitude, le « manque de femmes »
n'explique rien, n'excuse rien. C'est à l'homme de se corriger s'il
veut s'humaniser et trouver ou retrouver le chemin du cœur des
femmes.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 24 septembre 2016
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