Dans la culture et les
traditions de mon entourage parisien, et certainement en d'autres
endroits également, règnent trois fausses évidences qui détruisent
l'accord homme femme.
La première est la
croyance dans le caractère absolument mécanique de l'acte sexuel.
Une érection signifierait forcément toujours besoin, désir et
bienvenue de l'acte sexuel. Cette monumentale ânerie est confortée
par les interdits visuels de la vue des parties génitales et à
fortiori de celle du pénis en érection. Or l'érection survient en
de multiples occasions et pour de multiples raisons. Prétendre
devoir systématiquement la mobiliser pour réaliser le coït est
complètement aberrant. C'est ce qui se fait couramment. Il suffirait
pourtant de s'interroger quand l'érection arrive pour réaliser que
le plus souvent la démarche est erronée et mal venue.
Un médecin à qui je
parlais de la sexualité m'a sorti que l'homme en baisant « se
prouve qu'il est un homme ». Quel étrange propos ! Dois-je
« prouver » que je suis ce que je suis ? Et le prouver à
qui, pourquoi et avec quelle périodicité ? Quand bien-même je ne
ferais jamais l'amour, cesserais-je pour autant d'être un homme ? Et
si c'est par la pratique du coït que « je prouve que je suis
un homme », ça signifierait que j'ai besoin d'une tierce
personne pour « prouver » que j'existe ? Ici on nage dans
l'absurde et l'incohérent.
L'autre fausse évidence
consiste à prétendre que l'éjaculation étant toujours agréable,
ce qui en fait n'est pas toujours le cas, ce serait là la
justification de sa recherche et sa légitimité. Ceci en vertu de
l'affirmation : « c'est agréable, donc c'est bienvenu et
positif. ». Pourtant fumer, boire de l'alcool, se saouler, trop
manger peut être agréable. Est-ce bienvenu et positif pour autant ?
La troisième fausse
évidence consiste à rappeler que le sexe ayant été généralement
condamné par la morale traditionnelle, celle-ci étant obsolète, le
sexe deviendrait universellement positif. En vertu de ce
raisonnement, toutes les choses traditionnellement condamnées
pourraient se justifier. La guerre ou la torture deviendraient ainsi
des choses positives.
La soumission à ces
fausses évidences concernant le sexe conduit à ruiner la relation
entre l'homme et la femme. La femme se retrouve face à des
comportements mécaniques et prédéterminés. L'homme qui bande par
le fait du simple plaisir de regarder une jolie fille et absolument
pas la plupart du temps parce qu'il la désire sexuellement, se dit :
« je dois absolument parvenir à la baiser. » La jolie
fille sent bien l'absence de désir réel et authentique, le
raisonnement stupide qui la ravale au rang d'outil à masturbation.
Elle ne peut pas se sentir à l'aise dans ces conditions.
Au lieu de se remettre en
question après des râteaux successifs, la plupart des hommes se
disent : « le monde est mal fait » ou « les femmes
sont incompréhensibles, capricieuses. » Pour ces hommes, si
c'est bon à faire, l'amour devrait être en libre-service. Les
femmes désirables devraient être des putes bénévoles et le monde
un grand bordel gratuit. J'ai ainsi entendu un homme dire un jour que
les bordels devraient être des services publics gratuits. Ces hommes
ne se posent jamais la question pourquoi leur démarche ne fonctionne
pas. J'en ai même croisé qui, à force d'échecs, se disent qu'il
est plus simple de chercher le coït avec d'autres hommes plutôt que
des femmes. C'est même une démarche qui aujourd'hui paraît assez
répandue à Paris.
Il est pourtant évident
qu'il ne faut pas rechercher « le sexe » mais
« l'amour ». Mais voilà, la plupart des hommes ne savent
ni ce qu'est l'un, ni ce qu'est l'autre. Et ne veulent surtout pas le
reconnaître. Alors ils parlent de sexe et d'amour. Mais ce qu'ils
recherchent, c'est une masturbation de luxe. C'est-à-dire pas faite
à la main, mais dans une bouche, un anus ou un vagin.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 15 septembre 2016
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