mercredi 7 septembre 2016

644 La politique comme divertissement et le prix des patates

Quelles sont les motivations qui existent pour faire de la politique ? Il en existe de plusieurs sortes, qui influent sur les choix d'orientations pris.

Il y a les courtisans quémandeurs. J'en ai connu au moins deux. L'un affichait une préférence pour la gauche, l'autre l'apolitisme le plus complet. Le premier a fait des collages pour la droite aux élections. Le second a subitement pris position pour l'élection d'un maire de gauche. L'un et l'autre y ont gagné à chaque fois un emploi municipal en récompense.

Il y a les carriéristes. Les députés européens à 13 000 euros de traitement par mois et d'autres encore pour qui la politique est d'abord une activité professionnelle et une source de revenus.

Il existe des personnes qui vivent la politique comme une religion. Elles sont de plus en plus rares.

Il y a enfin la masse de ceux qui pratiquent la politique comme un hobby, un délassement, un passe-temps intellectuel. Qui trompent leur ennui avec une cause politique ou une autre.

L'ensemble de ces motivations diverses pour faire de la politique explique la bizarrerie qu'elle prend parfois. Ainsi 96, 4 % des prix de vente au détail des produits agricoles tels que les fruits et légumes ne va pas aux producteurs mais aux intermédiaires. Le transport, le stockage et la distribution de ces produits ne justifient absolument pas un tel prélèvement régalien. Il prive une très large partie de la population d'une alimentation saine et agréable. Ceux qui font de la politique comme hobby s'attaquent-ils à ce problème ? Jamais, et pour quelle raison ?

D'abord parce que ceux qui font de la politique comme hobby, en général mangent bien. Ils font partie des personnes plutôt aisées dans leur vie. Ensuite parce que comme hobby parler du prix des patates n'est guère amusant. Tandis qu'aller hurler en défense de la cause du valeureux peuple X martyrisé par les méchants Y est beaucoup plus amusant et valorisant.

Et puis, protester contre les 96, 4 % de sur-facturation des produits agricoles amènerait à se confronter avec la grande distribution. Le veut-on ? Sans doute non, c'est tellement plus tranquille de ne pas déranger ces gros capitalistes. On reste copains avec eux tout en hurlant son soutien au valeureux peuple X martyrisé par les méchants Y.

C'est comme pour le logement des pauvres. Ne pas en parler est nettement plus tranquille. Surtout que ceux qui font de la politique ne sont souvent pas concernés car ils sont plutôt bien logés. A quoi bon alors déranger les gros capitalistes du bâtiment et des travaux publics ? Rester amis avec eux et hurler son soutien au valeureux peuple X martyrisé par les méchants Y est tellement plus amusant !

Et puis, s'occuper du prix des patates ou de loger les pauvres ne fait pas partie des traditions des hobbyistes de la politique. Tandis que faire du bastringue en faveur d'une cause quelconque bien carrée fait partie des traditions.

Le but des hobbyistes de la politique est de s'amuser, pas de faire avancer les choses de par le monde. Les pauvres on s'en fout si ce n'est pas divertissant de les aider, car en fait le seul et vrai but des hobbyistes de la politique est de se divertir.

Alors, ce n'est pas demain la veille, un jour peut-être, qu'ils penseront à s'occuper du prix des patates ou de loger bien les gens mal logés ou pas logés du tout.

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 septembre 2016

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