Quelles sont les
motivations qui existent pour faire de la politique ? Il en existe de
plusieurs sortes, qui influent sur les choix d'orientations pris.
Il y a les courtisans
quémandeurs. J'en ai connu au moins deux. L'un affichait une
préférence pour la gauche, l'autre l'apolitisme le plus complet. Le
premier a fait des collages pour la droite aux élections. Le second
a subitement pris position pour l'élection d'un maire de gauche.
L'un et l'autre y ont gagné à chaque fois un emploi municipal en
récompense.
Il y a les carriéristes.
Les députés européens à 13 000 euros de traitement par mois et
d'autres encore pour qui la politique est d'abord une activité
professionnelle et une source de revenus.
Il existe des personnes
qui vivent la politique comme une religion. Elles sont de plus en plus
rares.
Il y a enfin la masse de
ceux qui pratiquent la politique comme un hobby, un délassement, un
passe-temps intellectuel. Qui trompent leur ennui avec une cause
politique ou une autre.
L'ensemble de ces
motivations diverses pour faire de la politique explique la
bizarrerie qu'elle prend parfois. Ainsi 96, 4 % des prix de vente au
détail des produits agricoles tels que les fruits et légumes ne va
pas aux producteurs mais aux intermédiaires. Le transport, le
stockage et la distribution de ces produits ne justifient absolument
pas un tel prélèvement régalien. Il prive une très large partie
de la population d'une alimentation saine et agréable. Ceux qui font
de la politique comme hobby s'attaquent-ils à ce problème ? Jamais,
et pour quelle raison ?
D'abord parce que ceux
qui font de la politique comme hobby, en général mangent bien. Ils
font partie des personnes plutôt aisées dans leur vie. Ensuite
parce que comme hobby parler du prix des patates n'est guère
amusant. Tandis qu'aller hurler en défense de la cause du valeureux
peuple X martyrisé par les méchants Y est beaucoup plus amusant et
valorisant.
Et puis, protester contre
les 96, 4 % de sur-facturation des produits agricoles amènerait à
se confronter avec la grande distribution. Le veut-on ? Sans doute
non, c'est tellement plus tranquille de ne pas déranger ces gros
capitalistes. On reste copains avec eux tout en hurlant son soutien
au valeureux peuple X martyrisé par les méchants Y.
C'est comme pour le
logement des pauvres. Ne pas en parler est nettement plus tranquille.
Surtout que ceux qui font de la politique ne sont souvent pas
concernés car ils sont plutôt bien logés. A quoi bon alors
déranger les gros capitalistes du bâtiment et des travaux publics ?
Rester amis avec eux et hurler son soutien au valeureux peuple X
martyrisé par les méchants Y est tellement plus amusant !
Et puis, s'occuper du
prix des patates ou de loger les pauvres ne fait pas partie des
traditions des hobbyistes de la politique. Tandis que faire du
bastringue en faveur d'une cause quelconque bien carrée fait partie
des traditions.
Le but des hobbyistes de
la politique est de s'amuser, pas de faire avancer les choses de par
le monde. Les pauvres on s'en fout si ce n'est pas divertissant de
les aider, car en fait le seul et vrai but des hobbyistes de la
politique est de se divertir.
Alors, ce n'est pas
demain la veille, un jour peut-être, qu'ils penseront à s'occuper
du prix des patates ou de loger bien les gens mal logés ou pas logés
du tout.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 7 septembre 2016
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